Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Lettre de Ziouganov au président Poutine

Ziouganov : Pour répondre à la volonté du peuple – changer de cap

Lettre ouverte au Président de la Fédération de Russie V.V. Poutine. Ce texte que nous vous avions annoncé hier est très important parce que, comme souvent chez Ziouganov, il rassemble l’état des positions des communistes russes, la principale et quasiment la seule force d’opposition en Russie. Le gouvernement doit tenir compte de ce positionnement non seulement parce qu’il représente cette force, mais parce qu’il en sait le patriotisme et la capacité à dépasser les positions partisanes pour le salut du pays. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/202999.html

2021-05-31 18:35

Cher Vladimir Vladimirovitch !

Cette période alarmante et dangereuse m’oblige à vous adresser une lettre ouverte.

Cela fait maintenant 30 ans qu’une trahison sans précédent a conduit à la destruction de notre grande Patrie soviétique. Elle a commencé avec les réformes malencontreuses de Gorbatchev et a culminé avec l’abandon des intérêts nationaux. Les concessions faites à Reagan à Genève et à Reykjavik se sont soldées par une capitulation totale devant Bush père à Malte.

Aujourd’hui, les États-Unis et leurs satellites de l’OTAN mènent contre nous une guerre hybride à grande échelle et multidimensionnelle. Et lors de toute négociation, nous devons toujours nous rappeler que les mondialistes n’ont pas besoin que nous soyons forts, intelligents et performants. Je suis sûr que la Russie aura suffisamment de force pour résister aux défis les plus aigus. Mais les principales menaces, comme toujours, nous guettent de l’intérieur.

Une importante campagne électorale commence. Elle se tiendra dans un contexte de crise qui menace la paix civile dans le pays et sa souveraineté. Dans une telle situation, il est nécessaire d’assurer la cohésion sociale et le renforcement global de notre sécurité stratégique. Ces défis appellent à un changement du vecteur socio-économique du développement. Si, au contraire, l’ancien cours est imposé aux citoyens par des élections truquées et manipulées, l’intimidation et le harcèlement des opposants, cela ne renforcera pas la stabilité de l’État, mais contribuera à sa désintégration.

Les principales menaces

Dans mon rapport politique au 18e congrès du KPRF et dans mon discours au gouvernement lors du rapport du Premier ministre M.V. Mishustin, j’ai souligné que les menaces systémiques pour le pays sont en augmentation. Tout d’abord, la menace d’extinction et d’appauvrissement massif, la poursuite du retard économique et technologique, l’épuisement du potentiel intellectuel. L’inégalité sociale devient extrêmement dangereuse. D’où la principale menace d’une scission définitive de la société en une minorité riche et une majorité absolue de personnes trompées, appauvries et insatisfaites. Il s’agit d’une explosion et d’une confusion sociales, sur lesquelles les extrémistes de l'”opposition libérale” rêvent de se chauffer les mains. Ils sont vigoureusement parrainés par des manipulateurs étrangers et comptent sur un “Maidan” dévastateur à la russe basé sur les résultats des élections.

Lors du congrès du parti, nous avons réitéré notre conviction qu’il existe une alternative au cours destructeur des événements. Il peut s’agir d’un cours dont les fondements et les principes sont énoncés dans le programme des forces patriotiques populaires approuvé lors du Forum économique international d’Oryol. Il est soutenu par les meilleurs experts travaillant dans la sphère de l’économie, de la science, de l’éducation et de la médecine.

C’est à Oryol que nous avons également organisé une conférence scientifique qui est consacrée à la formation d’une image claire de l’avenir. Le “parti du pouvoir” n’a pas réussi à l’offrir à la société pendant trois décennies post-soviétiques. La nouvelle industrialisation et la planification stratégique fondées sur l’idéologie de la démocratie et de la justice sociale y occupent une place centrale. Sans planification, le pays ne peut envisager l’avenir avec confiance et se développer avec succès. En outre, au cours des derniers mois, le KPRF a organisé des auditions parlementaires sur les questions les plus pressantes et les plus urgentes en matière d’économie, de démographie, de médecine, d’éducation et d’éducation patriotique.

Les documents relatifs à tous ces événements vous ont été envoyés personnellement ainsi qu’à d’autres représentants de la direction du pays. Je dois malheureusement dire que, jusqu’à présent, nous n’avons constaté aucune réaction à leur égard ni aucune volonté des autorités d’entamer un dialogue responsable, de discuter sérieusement de nos propositions. Ils sont toujours ignorés, tout comme notre programme anti-crise est ignoré par le “parti du pouvoir”. C’est le seul programme dont nous disposons aujourd’hui qui offre des recettes sensées pour mettre en œuvre des politiques conformes aux principaux critères de référence énoncés dans vos décrets et messages. C’est-à-dire : une croissance économique rapide, une percée technologique, et le dépassement de la pauvreté de masse et de la crise démographique.

Je suis convaincu qu’un véritable dialogue entre les autorités, l’opposition patriotique et la société sur les questions les plus importantes est indispensable. Sur la question d’une révision fondamentale de la politique sociale et économique. Les prochaines élections parlementaires devraient également servir à ce dialogue. J’espère que vous ferez de votre mieux pour faciliter cela. Mais jusqu’à présent, au lieu d’organiser un tel dialogue, vos aides ont créé de faux partis pour continuer à tromper les citoyens crédules.

Sortir de l’impasse

Le ministère des finances a récemment indiqué que la croissance économique était en avance sur le calendrier. Mais sur quoi repose une telle évaluation, dont le ministère des finances tente de convaincre les dirigeants du pays ? Pour atteindre l’objectif fixé dans vos décrets et messages de devenir l’une des cinq premières économies du monde, le PIB de la Russie doit croître à un taux supérieur à la moyenne mondiale annuelle. Et il a diminué de 3 % l’année dernière et connaîtra une baisse de 1 % au premier trimestre de cette année, par rapport à la même période l’année dernière. En 1990, la Russie produisait 9% de la production mondiale ; aujourd’hui, elle en produit moins de 2%. L’économie américaine a connu une croissance de 16 % au cours des dix dernières années, celle de l’Union européenne de 31 % et celle de la Chine communiste de 101 %. Et en Russie, le taux de croissance moyen a été de 0,9 % par an. Nous n’avons même pas connu une croissance de 10% en une décennie !

On nous assure que la cause des problèmes actuels réside uniquement dans l’impact de la pandémie sur les processus économiques. Malgré la pandémie, le PIB chinois a augmenté de 18 % au premier trimestre de cette année. C’est parce que là-bas, sous la direction du parti communiste, on poursuit une voie qui n’est pas orientée vers les intérêts d’une oligarchie cupide, mais vers le véritable développement de l’économie nationale et de la sphère sociale. Une politique fondée sur une véritable responsabilité pour l’avenir du pays est poursuivie. Une politique selon laquelle, dans le cadre du nouveau plan quinquennal, il y aura une augmentation annuelle de sept pour cent des dépenses de recherche et de développement technologique. Et les dépenses consacrées à la recherche scientifique fondamentale augmenteront de 11 % par an. Ce parcours, qui sert aujourd’hui d’exemple convaincant au monde entier, est assuré par l’idéologie et la pratique du socialisme rénové. Je suis convaincu que nous devons le reconnaître et en tirer les conclusions appropriées.

Nous devrions également réfléchir à ce que disent aujourd’hui les grands experts étrangers. Par exemple, le lauréat américain du prix Nobel Joseph Stiglitz et l’économiste le plus autorisé de l’Europe moderne Tom Piketty. Ils insistent sur le fait que le modèle capitaliste mondialiste, qui s’est imposé après l’effondrement de l’URSS et du système mondial du socialisme, a atteint une impasse insurmontable, est complètement dépassé et doit être abandonné. Le milliardaire Ray Dalio, qui dirige le plus grand fonds d’investissement américain Bridgewater, a récemment fait la même remarque dans une interview accordée aux médias russes. Il a averti que si ce modèle de gestion économique et financière n’est pas fondamentalement revu, la planète peut s’attendre à une série de révolutions sociales. Ce que les pouvoirs en place ne sont pas disposés à faire pacifiquement sera fait autrement par des citoyens poussés au bout du mécontentement.

Même les membres les plus riches de l’élite financière aux États-Unis et en Europe ne peuvent plus le nier. Et le bloc libéral du gouvernement, qui n’a pas été affecté par votre décision de l’année dernière de renouveler le cabinet, continue à nous imposer l’héritage destructeur Eltsine-Gaidar des années 1990. Et il s’accroche aux recettes du FMI et de la Banque mondiale, qui visent directement à couper la Russie d’un développement à part entière et à consacrer irrévocablement son rôle d’appendice de l’Occident pour les matières premières.

Si notre système économique continue à se construire sous la dictée des sociétés oligarchiques de matières premières, dans 5 à 10 ans nous tomberons définitivement dans un abîme – sans aucune possibilité d’en sortir. Le développement rapide des technologies promet une réduction significative de la demande de produits d’exportation de matières premières traditionnelles. Il est évident que le modèle russe actuel n’a aucun avenir. Il suffit de rappeler qu’au cours des quatre premiers mois de cette année, les exportations de pétrole russe à l’étranger se sont effondrées de 20 %.

Une crise artificielle

Si nous voulons être compétitifs dans le monde contemporain et nous assurer un avenir digne de ce nom, nous devons augmenter sérieusement le soutien à la science nationale et renforcer fondamentalement ses liens avec la production. Nous devrions passer des promesses à l’augmentation des dépenses scientifiques et lancer des programmes urgents avec des délais strictement définis pour introduire des développements spécifiques.

Mais aujourd’hui, notre industrie non seulement ne reçoit pas un soutien technologique digne de ce nom, mais malgré de nombreuses assurances contraires, il manque également d’un soutien économique approprié de la part de l’État. Alors que les tarifs de l’énergie pour les entreprises diminuent aux États-Unis et dans la plupart des pays européens, ils ont augmenté dans notre pays pendant la pandémie. Alors qu’en 2019, l’électricité était 5 % plus chère pour l’industrie russe qu’aux États-Unis, en 2020, l’écart a doublé pour atteindre 10 %. En Norvège, les tarifs ont diminué de moitié pendant l’année “covid”. Aujourd’hui, ils sont déjà deux fois inférieurs aux nôtres.

Les régions russes ont été soumises à des rations de famine et forcées d’accumuler des dettes. Dans le même temps, un pari dangereux avec la vente des EUM (entreprise unitaire municipale) et des EUN (entreprise unitaire nationale) se poursuit. Une pression est exercée sur les dirigeants régionaux qui ne veulent pas les laisser aux mains de particuliers. À mon avis, ceux qui le font sont les vrais provocateurs. La stabilité et l’ordre ne peuvent être maintenus dans les villes sans une gestion centralisée des complexes économiques.

La politique tarifaire en cours et la disparité des prix ont particulièrement touché la paysannerie russe. La production dans les zones rurales est impitoyablement étranglée. Cela empêche le renouveau du village et l’approvisionnement du pays en nourriture de qualité. Et il faut commencer par arrêter la hausse des prix des carburants et des lubrifiants. Elle ruine les entreprises agricoles et entrave leur travail normal. Le gouvernement doit obliger les monopoles miniers à modérer leurs appétits irrépressibles et à mettre fin à la politique de vol sous prétexte de “marché libre”. Mais même ici, aucun progrès n’est encore visible.

Le monde est en proie à la plus grande inflation alimentaire de ces dernières années. Les experts préviennent que cela pourrait entraîner une crise alimentaire mondiale et des troubles sociaux. C’est pourquoi il est extrêmement important pour nous de garantir la sécurité alimentaire de notre pays. Et cela n’est possible qu’avec un soutien complet de l’État au secteur agraire. Au Conseil d’État, vous avez approuvé nos programmes de développement durable des zones rurales et des nouvelles terres vierges. Mais les ministres du gouvernement les ont tronqués et dénaturés.

Nous sommes persuadés que le gouvernement cherche à stimuler l’économie. Mais l’un des principaux moyens de déclencher sa croissance est la politique de prêt favorable aux entreprises. De quel type de soutien pouvons-nous parler si la Banque centrale a une nouvelle fois revu à la hausse le taux directeur, le portant à 5 % ? En effet, le taux d’intérêt minimum auquel les entreprises peuvent obtenir des prêts auprès des banques dépend du taux directeur. Ils tentent de justifier cette augmentation en invoquant l’inflation. Mais il y a de l’inflation tant aux États-Unis qu’en Europe. Or, dans les pays de l’UE, le taux directeur a longtemps été plusieurs fois inférieur au nôtre. L’année dernière également, les États-Unis l’ont réduit à un quart de pour cent, intégrant cette mesure dans leur programme de relance de l’économie nationale. Pourquoi les autres pays réagissent-ils à la pandémie en accordant des allégements fiscaux à leurs entreprises, alors que nous faisons le contraire en durcissant les conditions de prêt et les tarifs douaniers qui leur sont appliqués ?

De quel type de soutien à l’économie nationale pouvons-nous parler si les entreprises populaires qui affichent les résultats les plus probants en matière de production et de société, comme la ferme d’État Lénine près de Moscou, l’usine intégrée Zvenigovsky à Mari El et la coopérative agricole Usolsky, sont attaquées par des raiders criminels qui bénéficient de la protection de mécènes influents ? Pourquoi les chefs de ces entreprises, Pavel Grudinin, Ivan Kazankov et Ilya Sumarokov, sont-ils poursuivis et traînés devant les tribunaux au lieu de donner l’exemple de leurs réalisations à l’ensemble du pays qui a besoin d’une percée et d’une croissance accélérée ? Comment pouvons-nous espérer que la situation s’améliore si les partisans de la justice et de l’autorité du peuple, nos camarades et personnes partageant les mêmes idées Vladimir Bessonov, Andrey Levchenko, Sergey Udaltsov et Nikolay Platoshkin, sont soumis à un harcèlement constant et à des menaces d’emprisonnement ? Et les dirigeants de l’État ne peuvent pas mettre fin à cette honte ?

Ils tentent de nous rassurer en disant que nous sommes censés faire face à l’épidémie avec plus de succès que la plupart des autres pays. Mais pourquoi la mortalité par million d’habitants et la mortalité des médecins en 2020 sont-elles plus élevées que dans tout autre pays développé du monde ? Pourquoi, au cours du premier trimestre de cette année, les médicaments ont-ils augmenté de 9 % en moyenne, et ceux qui sont les plus demandés, de 20 % ? La réponse est évidente : il s’agit des résultats de la dépendance toujours plus grande de notre marché du médicament à l’égard des importations, qui menace directement la sécurité nationale face à la pression croissante des sanctions contre la Russie. C’est une conséquence du vol du secteur médical, qui se répète sans cesse dans la formation du budget russe. En Russie, seuls 3,6 % du PIB sont consacrés aux soins de santé, contre 5 % dans les pays d’Europe orientale et près de 8 % dans les pays d’Europe occidentale. De plus, le budget pour 2021-2023, présenté par Russie Unie à la Douma d’État, propose une réduction de quatre pour cent des dépenses réelles en matière de soins de santé. Mais bien sûr, dans sa campagne électorale, le parti au pouvoir ne dit rien à ce sujet. Il en sera de même pour les fonctionnaires qui soutiennent le parti et qui joueront le jeu pour lui lors des élections.

Russie Unie garde le silence sur le fait que pour résoudre les problèmes les plus urgents du système national de soins de santé, ses dépenses devraient être portées à au moins 5% du PIB. Cela signifie qu’au cours des trois prochaines années, ils devront investir environ 7 000 milliards de roubles dans les soins de santé. En d’autres termes, il faut ajouter chaque année au moins 520 milliards de roubles aux dépenses précédemment prévues.

Allons-nous continuer à dépérir et à nous appauvrir ?

Nous sommes doublement obligés à une révision fondamentale de la politique dans ce domaine, par la catastrophe démographique en cours dans le pays, qui résulte d’un faible taux de natalité et d’un taux de mortalité élevé parmi les citoyens en âge de travailler. Au cours des décennies de capitalisme libéral, le nombre de Russes a diminué de 20 millions. Au cours des deux dernières années, la population de la Russie a diminué d’un million de personnes supplémentaires. Les prévisions pour l’avenir sont également préoccupantes. Rosstat promet que dans les 10 prochaines années, la population autochtone diminuera d’au moins 530 000 personnes par an, et de plus de 5 millions.

Nous sommes confrontés à un défi démographique qui, s’il n’est pas relevé, ne laissera personne pour défendre nos vastes territoires et nos ressources naturelles contre les empiètements extérieurs. Dans le même temps, sont  obstinément ignorées les propositions spécifiques du Parti communiste, dont la mise en œuvre concentrera les industries stratégiques non pas entre les mains de l’oligarchie, mais entre celles de l’État et canalisera les réserves financières vers le développement du pays, en soutenant l’économie et la sphère sociale. Et nous devons adopter un nouveau budget qui soit à la hauteur de ce défi et s’élève à au moins 33 000 milliards de roubles.

Sans la mise en œuvre des mesures proposées dans notre programme, nous ne pouvons sérieusement espérer vaincre la pauvreté. Aujourd’hui, le salaire le plus courant dans le pays est de 27 000 roubles par mois. La pension moyenne est presque deux fois plus faible. Le salaire moyen des “enfants de la guerre” qui ont subi l’horrible tragédie du fascisme dans leurs premières années de vie est de 14 000 en ville et de 9 000 à la campagne. Et Russie unie, qui pendant la campagne électorale assurera aux électeurs qu’elle se soucie de leur bien-être, bloque année après année à la Douma d’État notre initiative visant à augmenter ces paiements.

Selon les données officielles, nous avons 20 millions de pauvres – un sur sept. Mais selon les critères acceptés par tous les pays économiquement développés, un revenu mensuel inférieur à 500 dollars est considéré comme une pauvreté absolue. Et force est de constater que plus de la moitié de nos citoyens sont réduits à cela.

Dans le même temps, les revenus réels continuent de baisser. Au premier trimestre de cette année, ils étaient inférieurs de 3,6 % à ceux de l’année précédente. Le rythme de leur déclin a été multiplié par quatre par rapport à la fin de 2020. Et au cours des six dernières années, ces revenus ont diminué d’au moins 10 %. Les dettes des citoyens envers les banques, dans lesquelles ils s’enfoncent pour survivre, ont dépassé 21 000 milliards de roubles et ont presque égalé le budget fédéral.

Les médias d’État nous ont fièrement informés que le fonds de pension a versé 10 000 roubles à chaque ancien combattant pour le jour de la Victoire. Mais en Ouzbékistan, par exemple, les anciens combattants ont reçu incomparablement plus le 9 mai.

Je ne peux que me réjouir de l’instruction que vous avez donnée au Cabinet de développer des approches visant à créer un système complet de soutien aux familles avec enfants. En Russie, une famille sur quatre avec enfants est pauvre, même selon les normes officielles. Mais ce problème aigu ne peut être résolu par les paiements uniques que vous avez promis dans votre discours d’avril. Et pour que ces instructions se traduisent dans la réalité, elles doivent reposer sur une base économique et financière solide. Elle ne peut être trouvée sans une révision fondamentale de la politique actuelle. Malheureusement, pour l’instant, cela contredit les ordres de votre programme.

On nous dit depuis longtemps que l’un des moyens les plus efficaces de soutenir financièrement les jeunes familles est l’amélioration des mécanismes hypothécaires et la baisse systématique des taux hypothécaires. Après tout, le problème du logement est aussi l’un des principaux facteurs de la crise démographique. Mais que se passe-t-il réellement ? La Sberbank et la plupart des autres banques augmentent le taux d’intérêt des hypothèques sur les logements finis de 7,3 % à 7,7 %. Et une fois de plus, ils renforcent l’inflation. Mais aux États-Unis, où l’inflation est également présente, ce taux est tombé à un niveau historiquement bas de 2,7 % par an. En Allemagne et dans les pays scandinaves, il est de 1,5 % à 2 %. En France, il est d’environ 2 %. En Angleterre – de 2,5% à 3%. Les représentants du gouvernement ont répété à plusieurs reprises que nous devions réduire le taux hypothécaire et le rapprocher des pays les plus développés. Mais la communauté bancaire n’est pas à l’ordre du jour. Elle semble ne pas vouloir se conformer à vos ordres et instructions.

Vous pouvez les réaliser si vous écoutez nos demandes. Nous demandons le doublement de l’investissement public dans le secteur social. Nous insistons pour que le niveau de subsistance soit révisé en fonction des besoins réels des personnes et du coût réel d’une survie au moins élémentaire. Elle doit être portée à un minimum de 25 000 roubles par mois. Et nous devrions élaborer des programmes de soutien aux pauvres sur la base de cet indice.

Seule l’oligarchie s’engraisse

Entre-temps, le cours actuel est toujours basé sur l’oligarchie qui ne veut rien investir dans le développement du pays et de la société. Mais les oligarques ne peuvent pas être le soutien d’un gouvernement responsable, dont la politique est conforme aux objectifs d’un État social. L’objectif de l’oligarchie est le profit. L’objectif d’un État social est le bien-être et la sécurité de ses citoyens.

La Russie est aujourd’hui le premier pays de la planète en termes de richesse globale des milliardaires par rapport au produit intérieur brut. Selon cet indicateur, il est deux fois plus important qu’aux États-Unis et en France, deux fois et demie plus important qu’en Allemagne et au Brésil, et presque trois fois plus important qu’au Canada. Nos milliardaires ont accumulé des actifs financiers à hauteur de 500 milliards de dollars, soit 37,5 trillions de roubles. Cela représente plus d’une fois et demie le budget fédéral annuel, et 35 % du PIB de la Russie, ce qui constitue un record mondial.

Au Canada, les milliardaires en dollars possèdent 12 % du PIB du pays ; au Brésil, ce chiffre est de 13 % ; en Allemagne, de 14 % ; en France, de 17 % ; et aux États-Unis, de 18 %. En d’autres termes, un petit groupe d’hommes d’affaires concentre dans notre pays deux ou trois fois plus de parts d’actifs que dans les pays les plus développés. Comment pouvons-nous espérer rattraper leur développement si nous avons un déséquilibre financier aussi colossal et un écart social aussi scandaleux ?

Permettez-moi de vous rappeler que nous avons salué votre décision de démettre le précédent gouvernement, qui était manifestement incapable d’assurer la mise en œuvre des tâches nationales les plus importantes. En même temps, nous ne doutions pas qu’une telle décision ne pouvait qu’impliquer un ajustement du cours socio-économique. Cependant, force est de constater que ces attentes ne sont toujours pas confirmées. La Russie a un énorme potentiel pour une véritable percée. Mais il faut utiliser ces opportunités au profit du pays et de la société, et non les diriger pour renflouer le magot oligarchique.

La part des réserves étrangères dans notre PIB est gigantesque, deux fois plus importante que dans le PIB des pays les plus performants. 40 % contre 20 %. Et ce n’est pas une raison pour être fier. Parce que les pays leaders consacrent une part beaucoup plus importante de leurs réserves à la médecine, à la sphère sociale et à l’économie nationale. Mais dans notre pays, des fonds indispensables sont cachés dans les coffres, ne leur permettant pas de travailler pour le bien-être des citoyens, pour surmonter la crise, pour un réel développement, ce qui, au niveau actuel des investissements publics dans les domaines clés, est tout simplement intolérable. Nous demandons qu’au moins la moitié de ces réserves soit consacrée aux besoins réels du pays et de la société. Arrêtez d’attendre qu’ils partent à nouveau en fumée dans une crise de plus ou pour compenser les pertes du capital bancaire et des matières premières !

C’est la racine de tous nos problèmes de ces dernières décennies. Et nous entendons encore des références à des circonstances “objectives” et exclusivement “externes” destinées à expliquer l’absence d’alternative à la politique socio-économique sans issue. Ils sont empreints d’une démagogie éhontée par laquelle les créateurs de cette politique cherchent à justifier leur abandon du virage à gauche qui aurait dû être pris depuis longtemps.

Arrêtez le cirque russophobe.

Nous ressentons une fierté légitime lorsque nous voyons le matériel militaire russe traverser la Place Rouge lors du défilé du jour de la Victoire. Nous nous réjouissons des succès du complexe militaro-industriel russe. Nous soutenons le renforcement du bouclier défensif qui protège la Russie des menaces extérieures. Mais nous ne pouvons que nous demander : entre les mains de qui sera demain cette arme puissante, entre les mains de qui sera le destin de notre pays ? De quoi seront remplis les cœurs et les pensées des nouvelles générations si nous ne parvenons pas à surmonter la menace interne de la russophobie, de l’antisoviétisme et du mépris de la mémoire historique ? Aujourd’hui, cette menace ne vient pas seulement des médias libéraux, mais souvent aussi des médias d’État, qui débordent eux aussi de faux feuilletons et de babioles “documentaires”. Il siège dans de nombreuses hautes fonctions et est fomenté par des instructions venant d’elles.

L’apothéose honteuse de l’antisoviétisme officiellement légalisé qui piétine la vérité historique et la dignité de la société est le drapage du Mausolée le 9 mai. Derrière cet vulgaire panneau bleu, ils cachent non seulement le nom de Lénine, mais aussi la grande vérité sur ce pays et ce système social, qui a rendu possibles nos réalisations exceptionnelles du XXe siècle. Et sans laquelle la plus importante d’entre elles – la Grande Victoire, qui a sauvé notre peuple et le monde entier de l’asservissement fasciste – ne pouvait avoir lieu. Ce rideau hypocrite cache aux yeux des gens la nécropole du Kremlin où sont enterrés les commandants héroïques qui ont vaincu Hitler. Où est enterré Youri Gagarine, symbole de la remarquable percée de la puissance soviétique vers l’avenir. De qui le cachent-ils ? Des descendants des héros-victorieux qui devraient être fiers d’eux ? Ils ne peuvent pas sauver la Russie s’ils ne sont pas imprégnés d’amour et de respect pour son histoire.

Si les autorités elles-mêmes effacent avec autant de cynisme les plus belles pages de l’histoire du pays, faut-il s’étonner de l’insensibilité et du manque d’éducation des jeunes ? Que 60% des jeunes de 19 à 24 ans admettent qu’ils sympathisent avec les USA, qui nous ont déclarés ennemi numéro un. Le fait que plus de la moitié des étudiants interrogés déclarent vouloir quitter la Russie. Le fait que, selon une étude réalisée par des sociologues de l’université d’État de Moscou, les traits distinctifs de la conscience des jeunes d’aujourd’hui sont l’anxiété, le brouillage des images des “nôtres” et des “étrangers” et des idées peu claires sur la place de la Russie dans le monde.

Le pays tout entier a été secoué par le récent crime commis par un fou qui a pris les autres pour des “biodéchets” et a perpétré un massacre dans une école de Kazan. Je voudrais vous rappeler qu’avant 2013, il n’y avait pas de tels cas en Russie. Mais l’origine de l’émergence de ces monstres moraux ne réside pas dans l’imperfection des lois régissant la circulation des armes, comme ils tentent de nous en convaincre. Les origines se trouvent dans le système défiguré d’éducation et de formation dans les années post-soviétiques. La propagande de la violence, de l’amoralité et de la volonté de marcher sur les cadavres d’autrui pour atteindre ses propres objectifs égoïstes. Ce poison remplit encore les écrans de télévision, malgré les discours sur le patriotisme et la spiritualité prononcés depuis les hautes tribunes. L’origine réside dans le fait que le paysage informationnel et culturel de la Russie, qui était célèbre pour sa littérature humaniste, son opéra et son ballet uniques, son théâtre dramatique unique et ses brillants musiciens qui ont conquis le monde grâce à leurs talents d’interprètes, est aujourd’hui façonné par ceux qui continuent à humilier et à déshonorer notre pays. Ceux qui appellent à la réhabilitation de Vlassov et Koltchak. Qui corrompent la jeunesse avec des concours et des projets de spectacle douteux. Qui viole l’esprit des gens avec des publicités vulgaires et agressives.

Éduquer de vrais patriotes.

Dans une telle atmosphère, le nombre de personnes aux âmes et aux esprits esquintés ne peut que se multiplier. Les défauts moraux se répandront inévitablement dans la société si le gouvernement donne le feu vert à ceux qui les sèment délibérément.

Les vrais patriotes, les personnes pensantes et spirituellement saines ne peuvent être élevées que dans un pays qui respecte son passé et ne permet à personne de le piétiner dans la boue pour plaire à la conjoncture politique. Sinon, en s’en prenant à l’esprit russe, l’État soviétique et l’idée immortelle de justice sociale, nous ne pouvons qu’augmenter le nombre de personnes trompées, qui demain rejoindront les colonnes de navalnistes, prêtes à démolir tous les piliers de notre État.

Il est tout à fait naturel que d’éminents écrivains soviétiques – Mikhail Cholokhov, Yury Bondarev, Valentin Rasputin, Vasily Belov… que les grands érudits et les personnalités culturelles d’aujourd’hui nous rappellent constamment la nécessité de respecter son passé et de se souvenir des leçons de l’histoire.

Si nous voulons former une génération instruite, responsable et patriotique, nous devons adopter la loi “Éducation pour tous”, élaborée par une équipe de nos meilleurs experts sous la direction du prix Nobel Jaures Alferov. Mais il est bloqué par Russie Unie depuis des années maintenant.

Les russophobes et les antisoviétiques ne se lassent pas de noircir Staline et son époque. Mais si nous voulons sauver le pays et renforcer la cohésion sociale, nous ne devons pas discréditer l’expérience soviétique, mais nous en inspirer, en en adoptant le meilleur, tout en façonnant notre propre avenir. Pendant l’ère stalinienne, nous avons été en mesure d’éduquer les nouvelles générations sur les actes héroïques et les réalisations exceptionnelles de l’histoire millénaire de notre État.

L’expérience soviétique nous rappelle qu’au cours des premières décennies de l’après-guerre, les dépenses du Trésor pour la science sont passées de 4,5 % à 11 % du budget soviétique total. Et les dépenses pour l’éducation ont atteint 17%. Au total, l’éducation, la santé, la science et l’art ont représenté près de 40 % du budget des dépenses. Le système soviétique de vaccination s’est brillamment justifié dans la lutte contre les épidémies, bien plus terribles que le coronavirus actuel – peste, choléra, varicelle. Nous avons vaincu les maladies les plus terribles grâce à la formation d’un personnel hautement qualifié. En termes de nombre de chercheurs en médecine, de médecins et d’infirmières, l’Union soviétique figurait parmi les premières puissances mondiales. Nous avions non seulement une qualité élevée, mais aussi des médicaments gratuits pour tous. En 1900, l’espérance de vie était de 32 ans en Russie et de 49 ans aux États-Unis. Mais en 50 ans de régime soviétique, nous n’avons pas seulement rattrapé, mais dépassé les États-Unis. En 1967, l’espérance de vie moyenne était de 70 ans ici, contre 67 ans aux États-Unis.

Grâce au talent de gestionnaire de Staline, l’Union soviétique a connu une modernisation sans précédent, qui s’est traduite par une croissance économique vertigineuse. C’est alors qu’ont été posées les bases militaires, industrielles, scientifiques et culturelles de la Victoire. Puis, sous les slogans “Communistes, en avant !” et “Pour la patrie, pour Staline !”, les hordes d’Hitler, prêtes à effacer notre pays de la surface de la terre, ont été vaincues.

Puis, au début des années 50, l’Institut d’ingénierie électrique de Kiev et l’Institut de mécanique de Moscou, sous la direction du professeur Sergei Lebedev, ont créé les premiers ordinateurs électroniques d’Europe – le prototype des futurs ordinateurs. Cette expérience unique a été poursuivie dans les années 60 et 70 à l’Institut de cybernétique de Kiev par l’un des plus grands scientifiques soviétiques, Viktor Glouchkov. Il a participé non seulement au développement des dernières technologies, mais aussi à la mise en œuvre des techniques de calcul et des méthodes économiques et mathématiques dans l’économie nationale. Il est devenu l’initiateur et le principal idéologue du développement et de la création d’un système national automatisé de comptabilité et de traitement de l’information. Il était destiné à contrôler l’ensemble de l’économie de l’URSS et lui a permis d’améliorer fondamentalement le mécanisme de planification stratégique. Ce n’est pas un hasard si l’académicien Glouchkov a été conseiller du secrétaire général des Nations unies en matière de cybernétique. Et le comité de rédaction de la plus grande encyclopédie du monde, Britannica, lui a confié l’article sur cette science. Pouvons-nous nous vanter de quelque chose de similaire aujourd’hui ?

Pendant l’ère stalinienne, nous étions à la pointe du progrès, menant des percées technologiques. Sous la direction de Brejnev et de Kossyguine, l’URSS a atteint rapidement la parité stratégique avec les États-Unis. Mais aujourd’hui, le pays est incapable de produire son propre téléphone portable.

La Russie continue de s’enfoncer dans une dangereuse dépendance technologique vis-à-vis de l’Occident. Dans le monde d’aujourd’hui, cela signifie inévitablement une dépendance politique. Trente ans de “réformes” ont entraîné un énorme exode de spécialistes à l’étranger. Plus de 600 000 scientifiques de talent, dont les recherches ont une incidence directe sur le développement technologique, ont quitté la Russie. Nous en avons perdu 70 000 au cours des deux dernières années. Ils ne sont pas partis parce qu’ils n’aiment pas leur patrie. Mais la politique que nous avons menée pendant tout ce temps les a empêchés de mener une vie décente en Russie, de mettre pleinement à profit leurs connaissances et leurs talents ici. Si cette politique est modifiée, ils reviendront certainement et travailleront pour le bien de notre pays.

Nous sommes tous des enfants de la Victoire

Depuis 30 ans, les citoyens de la Russie post-soviétique entendent des histoires sur les raisons “objectives” de la crise, du retard, de l’échec économique et des difficultés sociales. Mais le pays soviétique a non seulement compensé les pertes subies lors de la plus terrible des guerres, mais a également réussi à devenir en peu de temps la plus grande puissance scientifique et spatiale. Devenir l’une des trois premières économies. Créer la science et l’éducation les plus avancées. Et grâce à cela, elle a gagné le respect de la planète entière, qu’elle n’a jamais eu à mendier. Après trois décennies de réformes libérales, nous continuons à patauger entre les crises et à nous serrer la ceinture. Et nous continuerons à le faire jusqu’à ce que nous apprenions à nous appuyer sur l’expérience millénaire de notre pays. Jusqu’à ce que nous abandonnions la politique construite sur les recettes russophobes et antisoviétiques.

Je vous demande, Vladimir Vladimirovitch, de reconsidérer ces politiques. Tout retard peut avoir des conséquences fatales pour la Russie. C’est un appel à changer le cours socio-économique destructeur. Rejeter la “réforme des retraites” cannibale qui est devenue la principale erreur de ces dernières années. La poursuite de la révision fondamentale de la Constitution, qui doit inclure les articles que nous proposons, garantissant fermement le droit des citoyens à une vie décente.

Lors des récentes audiences de la Douma d’État à l’occasion du 800e anniversaire de la naissance d’Alexandre Nevsky, qui a jeté les bases de l’État russe, le patriarche Kirill a rappelé dans sa brillante allocution que la justice est un fondement moral sur lequel l’existence et le développement du monde russe ont toujours reposé.

C’est pour cette raison que, malgré tous les efforts des russophobes et des antisoviétiques, la plupart de nos citoyens évaluent positivement le rôle historique de Lénine et de Staline et considèrent l’époque soviétique comme le sommet de notre histoire nationale. C’est pourquoi le mouvement populaire “Pour l’URSS – Patrie forte, juste et socialiste!”, ses participants et ses sympathisants estiment qu’il est d’une importance fondamentale de renforcer notre indépendance nationale, de restaurer l’alliance avec les peuples traditionnellement amis, de renforcer l’Union du Belarus et de la Russie.

Il est extrêmement dangereux de persister dans une politique sociale et économique peu prometteuse. Oui, on peut pour un temps obtenir un résultat réjouissant aux élections et justifier l’irréversibilité de la politique. Mais il est impossible d’éluder sa condamnation historique. C’est manquer de perspicacité que d’ignorer la demande croissante de l’opinion publique pour un retour aux principes de justice sociale, pour un virage à gauche de la politique de l’État.

Si nous nous considérons comme de vrais patriotes, nous devons suivre le principal devoir imposé à ce titre – le devoir d’entendre la voix du peuple. Et de tout faire pour accomplir sa volonté, en garantissant la protection des intérêts légitimes de la majorité et un avenir digne pour notre patrie.

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