Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comment pardonner une telle chose? !! … Lettre d’adieu d’une jeune fille esclave des fascistes …

Il y a dans la colère des Russes face à l’occident et à la tentative des USA de constituer un “bloc” contre eux quelque chose d’assez comparable à ce qui existe en Chine, la colère et le mépris au souvenir de ce que ces pays sont capables d’infliger à d’autres êtres humains et leur hypocrite prétention à incarner la vertu démocratique. Ce sentiment est largement partagé dans un monde où chacun continue à vivre le néo-colonialisme, ses interventions. Ce qui se passe en Colombie, où les vassaux des USA tirent à balle réelle sur un peuple, à Cuba égorgé par le blocus, fait monter la colère et chacun fouille comme ici dans l’album de famille pour dire leur faits à ces barbares donneurs de leçons (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

12 avril

https://zen.yandex.ru/media/id/5f6a0b90fb974d467a35c0a4/razve-mojno-prostit-takoeproscalnoe-pismo-devochki-s-fashistskoi-katorgi-607408edfe84f84e63dcfe15

Récemment, j’ai mis la main sur un livre qui m’a profondément secoué. Le livre a été publié à l’époque soviétique et réimprimé plusieurs fois. Mais, je pense que, malheureusement, elle n’est pas familière à la jeune génération moderne. Ce livre s’appelle “Les héros morts prennent la parole”. Il contient des lettres de suicidés, des appels, des notes et des serments de personnes tombées dans des chambres de torture nazies, de soldats –dans leur dernier moment avant la mort. Combien de douleur et de souffrance ces gens ont-ils éprouvés, combien ils avaient de force d’esprit et d’héroïsme! Chaque lettre ou note est toute l’histoire d’une vie qui a été ruinée dans la fleur de l’âge. Des larmes ont coulé d’elles-mêmes de mes yeux … Mais surtout j’ai été choqué par la lettre écrite par une jeune biélorusse de quinze ans – Katya Susanina, qui a été emmenée en l’esclavage chez un propriétaire terrien allemand. Et là, désespérée, le jour de son quinzième anniversaire, elle s’est suicidée …

Après la libération de la ville biélorusse de Liozno en 1944, la maçonnerie d’un four cassé a été démantelée. Et là, ils ont trouvé une petite enveloppe avec l’adresse: “Armée active. Numéro de courrier de campagne … à Piotr Susanin.” Et au dos de la lettre était écrit: “Chers oncle et tante [manière familière et un peu enfantine de s’adresser à des inconnus, NdT], quiconque trouvera cette lettre cachée aux Allemands, je vous en supplie, déposez-la directement dans une boîte aux lettres. Mon cadavre sera déjà pendu à une corde” …

Cette lettre a été publiée en 1944, dans le journal “Komsomolskaya Pravda” … Je donne le texte de la lettre. Lisez-la. Et montrez la à vos enfants …

    “12 mars, Liozno, 1943.

Mon cher, mon gentil papa! Je t’écris cette lettre de la servitude allemande. Quand tu liras cette lettre, je ne serai plus en vie. Et ma demande à toi, père: punis les sangsues allemandes. C’est le testament de ta fille mourante.

    Quelques mots sur ma mère. Quand tu reviendras, ne cherche pas maman. Les Allemands lui ont tiré dessus. Lorsqu’ils se sont renseignés à ton sujet, l’officier l’a frappée au visage avec un fouet, ma mère ne pouvait pas le supporter et a dit fièrement, voici ses derniers mots: «Vous ne m’intimiderez pas avec des coups. Je suis sûre que mon mari reviendra et vous jettera, ignobles envahisseurs, hors d’ici! ” Et l’officier a tiré sur maman dans la bouche … Papa, j’ai eu 15 ans aujourd’hui, et si tu me rencontrais maintenant, tu ne reconnaîtrais pas ta fille. Je suis devenu très maigre, mes yeux sont enfoncés, mes nattes ont été rasées, mes mains se sont desséchées, elles sont comme des râteaux. Quand je tousse, du sang sort de ma bouche – mes poumons sont détruits. Tu te souviens, papa, il y a deux ans, quand j’ai eu 13 ans? Quelle belle fête fut mon anniversaire! Tu m’as dit, papa: “Grandis, ma fille, pour faire ta joie et la nôtre!” On a écouté des disques, nos amis m’ont félicité pour mon anniversaire et nous avons chanté notre chanson de pionniers préférée.

    Et maintenant, papa, quand je me regarde dans le miroir – ma robe est déchirée, en lambeaux, je porte un numéro sur le cou, comme un criminel, et je suis maigre comme un squelette –tandis que des larmes salées coulent de mes yeux. A quoi ça sert que j’ai 15 ans. Personne n’a besoin de moi. Ici, il y a beaucoup de gens dont personne n’a besoin. Les affamés errent, chassés par les chiens de berger. Chaque jour, ils sont emmenés et tués.

    Oui, papa, je suis esclave d’un baron allemand, je travaille pour l’allemand Charlene comme blanchisseuse, je lave le linge, je récure  les sols. Je travaille beaucoup, et je mange deux fois par jour dans une auge avec “Rose” et “Clara” – c’est le nom des cochons du maître. Le baron l’a ordonné. «Tu es Russe et donc tu es un porc», dit-il. J’ai très peur de “Clara”. C’est une grosse truie gourmande. Elle m’a presque mordu le doigt une fois quand j’ai voulu attraper des pommes de terre dans l’auge.

    Je vis dans un hangar à bois: je ne peux pas entrer dans la maison. Une fois, la femme de chambre polonaise, Jozefa, m’a donné un morceau de pain, la maîtresse de maison l’a vu et a battu Jozefa à la tête et sur le dos avec un fouet pendant longtemps.

    Deux fois, j’ai fui les propriétaires, mais leur concierge m’a trouvé. Puis le baron lui-même a déchiré ma robe et m’a donné des coups de pied. J’étais sur le point de perdre connaissance. Alors un seau d’eau a été versé sur moi et on m’a jeté dans la cave.

    Aujourd’hui, j’ai appris une nouvelle: Jozefa m’a dit que les maîtres partaient pour l’Allemagne avec un grand groupe de prisonniers et de prisonnières de la région de Vitebsk. Maintenant, ils m’emmènent aussi avec eux. Non, je n’irai pas dans cette Allemagne trois fois maudite! J’ai décidé qu’il valait mieux mourir dans mon pays natal que d’être piétinée dans le sol allemand maudit. Seule la mort me sauvera des coups et des sévices. Je ne veux plus souffrir en tant qu’esclave des Allemands maudits et cruels qui m’ont empêchée de vivre! ..

Voici mon testament, papa: il faut venger maman et moi. Au revoir, bon papa, je vais mourir.

    Votre fille Katya Susanina …

    Mon cœur croit: la lettre arrivera. “

Письмо Кати Сусаниной. Фото из книги автора
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1 Commentaire

  • Papadopoulos G
    Papadopoulos G

    Je n’ai rien a ecrire, rien a dire. La colere m’etouffe.

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