Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Occident fait une réaction pathologique au vaccin Spoutnik-V

Il faut se faire une raison constate Timofei Bordatchev, l’auteur de l’article quand on est dans le capitalisme ça se passe comme ça… Comme nous Russes sommes restés d’incorrigibles soviétiques, nous espérons toujours que “les grandes puissances” vont changer mais non chaque fois c’est pire et puis il faut bien dire que puisque nous avons fait l’idiotie d’être nous mêmes des capitalistes y a pas de raison de le leur reprocher. Je résume mais c’est à peu près ça et l’auteur est loin d’être communiste, c’est un “patriote” soutien de Poutine et qui ne craint pas les contacts non seulement avec les souverainistes français mais y compris avec le club de l’horloge. D’où la conclusion résignée que bien que pensant que l’URSS était le meilleur, il faut se faire une raison avec le marché. L’idée de Poutine, celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur, celui qui la regrette n’a pas de cervelle. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

              15 mars 2021

https://vz.ru/opinions/2021/3/15/1089416.html

Chaque choc d’envergure ou d’importance mondiale provoque inévitablement une vague d’espoir que les grandes puissances seront en mesure de limiter leurs intérêts égoïstes et de s’attaquer au problème ensemble. Cependant, cet espoir est presque toujours déçu. De plus, nous constatons qu’à mesure que l’ordre international de l’après-guerre froide disparaît, il y a de moins en moins de place pour la coopération. En fait, lorsque les États-Unis ont refusé de suspendre la pression des sanctions contre l’Iran ou la Corée du Nord pendant la pandémie, comme le suggérait la Russie, tout était déjà clair: les pays occidentaux utiliseraient le défi commun pour renforcer et affaiblir les autres.

L’apparition des premières vaccinations contre le virus a de nouveau suscité des espoirs de coopération. Mais maintenant, chaque jour sont annoncées de nouvelles décisions ou actions des pays occidentaux dans la «guerre des vaccins» qu’ils mènent contre la Russie. L’Union européenne va instaurer des “passeports de vaccination” sur son territoire pour les citoyens souhaitant voyager et il ne sera possible d’obtenir un tel document que s’il s’agit d’une vaccination approuvée par l’Agence médicale européenne (EMA). Plus l’EMA tardera à approuver le vaccin russe, plus les citoyens de l’UE choisiront entre Spoutnik et la possibilité de se rendre dans un pays voisin de l’UE.

De plus, cela s’appliquera également aux ressortissants de pays tiers. Une excellente opportunité de «punir» les citoyens de ces États qui préfèrent se tourner vers la Russie, plutôt que d’attendre un vaccin occidental inconnu.

L’annonce que Spoutnik est plus efficace et plus sûr que les vaccins occidentaux se confirme chaque jour, et la lutte contre lui devient une priorité bien plus importante pour Bruxelles que le taux de vaccination des citoyens de l’UE. Ce n’est certainement pas surprenant. En fin de compte, prendre soin des entreprises de l’UE, quels que soient leur professionnalisme et leur efficacité, est la tâche la plus importante des fonctionnaires bruxellois. 

Des absurdités évidentes sont utilisées, rappelant ce que l’on appelait auparavant la «pensée soviétique». Ce ne sont plus seulement des ministres, Dieu me pardonne, lituaniens, mais la chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui s’étonne que la Russie offre Spoutnik aux pays étrangers alors qu’elle n’a pas encore vacciné tous ses citoyens. Vous imaginez peut-être qu’il y a au moins un pays produisant un vaccin contre le coronavirus qui aurait terminé la vaccination chez lui. Un tel pays n’existe pas. Et surtout,il n’a jamais été question que la Russie exporte des millions de doses de ses vaccins dans les pays de l’UE, mais seulement la possibilité donnée à ces pays de fabriquer le vaccin russe dans leurs propres installations de production. Nous voyons ainsi que le non-sens et la vulgarité n’existent pas qu’à Kiev ou Vilnius, mais qu’on les rencontre aussi chez des politiciens européens tout à fait respectables.

Photo: Adel Ezzine / Global Look Press

Tout cela provoque une variété de théories du complot, faciles à croire, sachant quel rôle jouent les laboratoires pharmaciens dans le système de corruption politique en Europe et aux États-Unis. Ce genre d’intrigues est traditionnellement présent dans toutes sortes de littérature de divertissement. Compte tenu de l’ampleur de la pandémie du coronavirus et de l’importance qu’elle a acquise dans les affaires mondiales, à un niveau spéculatif, les pronostics les plus terribles sur ce qu’ils pourraient faire dans la compétition avec la Russie sont permis.

De plus, des accusations contre Moscou selon lesquelles elle discréditerait les vaccins occidentaux ont déjà été formulées. Et tout le monde sait par l’expérience passée que si les États-Unis et leurs alliés accusent quelqu’un de comportement indélicat, cela signifie qu’ils le font eux-mêmes. Par exemple, la méthode de la «guerre hybride», élaborée par l’Occident depuis longtemps, a été appelée pour les médias et experts impressionnables «la doctrine Gerassimov». Dans l’ensemble, nos partenaires occidentaux sont constants dans leur capacité à prétendre que la guillotine et la chambre à gaz ont été inventées à Kostroma.

À quoi nous attendions-nous réellement? La Russie continue de bénéficier des avantages de sa participation au marché mondial et ne devrait pas s’étonner que des méthodes de concurrence lui soient appliquées. Malgré le conflit diplomatique avec les États-Unis et leurs alliés, la confrontation quasi ouverte avec l’OTAN et toutes sortes de pressions économiques, l’économie russe fait partie des liens économiques mondiaux et n’a pas l’intention de les rompre. De plus, chaque nouveau tournant dans la destruction du monopole occidental sur la gestion des marchés mondiaux ouvre de nouvelles opportunités pour la Russie et ses entreprises.

Une «guerre des vaccins» de l’Occident contre l’URSS était impossible parce que l’Union soviétique ne faisait pas partie du marché mondial. L’interaction entre l’URSS et l’Occident a toujours été limitée et toujours facile à gérer. Dans les pays et régions où l’URSS dominait, il n’y avait pour ainsi dire pas de concurrence. Dans les pays du tiers monde, l’Europe et les États-Unis pouvaient coopérer avec Moscou, car ils comprenaient qu’elle ne pouvait pas réellement leur faire concurrence dans le cadre d’une économie de marché libre. Des cas particuliers de pénétration de la médecine soviétique dans des pays que l’Occident considérait comme «leur domaine» ne menaçaient en rien les entreprises européennes et américaines, l’URSS était marginale et fournissait souvent son aide gratuitement.

Tout a changé lorsque la Russie est devenue une économie de marché. De plus, le monopole de l’Occident avait déjà été détruit par la Chine, que les États-Unis eux-mêmes avaient fait monter dans leur propre intérêt. Soit dit en passant, l’Occident ne s’en est pas encore rendu compte et pense donc que la Russie devrait «s’effondrer» sous la pression des soi-disant sanctions. 

Mais en même temps, cela signifie que nous ne devons compter sur aucune indulgence ou être surpris face aux méthodes les plus drastiques. C’est la Chine qui est entrée sur le marché mondial dans des conditions de faveur maximale des États-Unis – cela les a aidés à combattre l’URSS dans les années 1970-1980. Aujourd’hui, la situation est différente – il ne reste qu’un seul groupe de pays dans l’économie et la politique mondiale, qui cherche à s’opposer à tous les autres et à freiner leur développement. Ces pays sont plus ou moins capables de mener des politiques non hostiles les uns envers les autres. Bien qu’ici le gage d’amitié soit la subordination de tous aux États-Unis.

Comme pour tout le monde, le monde est en effet revenu à son état habituel de lutte de tous contre tous, où le potentiel de miséricorde et de coopération est extrêmement limité. Qu’est-ce que cela signifie pour la Russie? Seulement la nécessité de poursuivre une politique qui suive le principe de «faire ce que vous devez et être ce que vous êtes». Il n’y a pas lieu de paniquer que l’Occident dénigre l’une de nos réalisations. Il le fera quand même, mais il recevra en plus une satisfaction morale.

Malgré toute la composante éthique de l’histoire de la promotion des vaccins russes dans le monde, ce qui se passe n’est qu’un des premiers exemples de ce qui nous attend dans le futur. Le vaccin contre le coronavirus est un nouveau produit d’exportation pour la Russie par rapport aux habituels armes, ressources énergétiques ou produits agricoles. Personne en Occident n’attendait une telle énergie de Moscou, et les raisons de l’irritation sont compréhensibles. Ici, ce n’est pas seulement le chef de la Commission européenne qui sera obligé d’emprunter le langage de la propagande soviétique.

Cela signifie-t-il que les États modernes sont généralement incapables de faire quoi que ce soit qui tienne compte de considérations altruistes ou de la plus simple miséricorde? Non, ce n’est pas le cas. Premièrement, parce que c’est ce que la Russie fait plus souvent que les autres. Deuxièmement, parce que la concurrence avec les vaccins russes obligera l’Occident à faire au moins quelque chose pour les pays en développement. Sous la pression des circonstances, les États, comme les personnes, peuvent être hypocrites. Mais l’hypocrisie vaut toujours mieux que le cynisme complet – elle vous permet au moins parfois de répondre aux attentes des autres.

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2 Commentaires

  • Laurent Pringard
    Laurent Pringard

    Excellent article. Cela corrobore l’entretien d’Aymeric avec Guillaume Suing intitulé : “Marxisme et biologie 1. Vaccins capitalistes / vaccins socialistes” sur son site.https://www.youtube.com/watch?v=clgRzcjbSZI

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    L’affaire AstraZeneca est apparue au même moment que le Spoutnik V était à l’étude de l’institution anti démocratique EMA. Ce doute semé au bon moment présente plusieurs aspects positifs pour nos dirigeants, masquer l’incompétence, la culpabilité et la trahison en cassant notre industrie pharmaceutique avec l’aide de la droite et de leur clone du PS. Et d’un autre côté renforcer l’industrie des USA, AstraZeneca étant Britannique.
    La capacité de destruction de l’Impérialisme est nettement visible, destruction des services publics, de l’industrie, de pays, des forces de résistance, et de vies humaines aussi bien dans les pays pauvres qu’au sein même de l’Empire.
    Il est temps que le peuple français et les députés communistes demandent des comptes au gouvernement français. C’est ce gouvernement qui est souverain en France, pas l’UE, pas l’OTAN, pas les USA. Les responsables doivent être désignés et répondre de leurs actes.
    Tout ce qui résiste doit être balayé et tout ce qui ne résiste pas sera écrasé.

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