Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le pire c’est la lecture de la bible… en plus par Danielle Bleitrach

Si vous croyez que le jour où l’immense majorité de la planète pourra se débarrasser du chantage permanent qu’exercent nos capitalistes et leurs “élites” … Du discours hypocrite qui masque le pillage des ressources, et l’exploitation des êtres humains… en utilisant des corrompus et des lâches qui les vendent eux et leurs pays… Le jour où ils ne craindront plus blocus, sanctions dans lesquels les enfants, les vieillards sont les principales victimes tandis qu’on leur lit la déclaration des droits de l’homme, tandis qu’on leurvante le bien fondé des élections qui aboutissent à nommer de tels dirigeants… Le jour où ils auront une alternative à cette résistance héroïque dont Cuba est l’exemple… vous croyez qu’ils ne nous renverront pas, nous nos armées, nos experts et nos prêcheurs? Ce jour est proche… et nous aurons bien du mal à leur dire la stricte vérité : à savoir qu’ils ont également maltraité leur classe ouvrière, leurs créateurs, leurs intellectuels, de ces derniers ils ont prétendu faire des domestiques… Avec l’aide de ceux à qui ils donnent publication, notoriété en échange, ils ont procédé à un lavage de cerveau massif. Les “élites” grace aux médias de masse ont expliqué aux populations qu’elles avaient bien de la chance d’être en “démocratie”… confondue depuis les origines jusqu’à nos jours avec les exactions des maîtres et le culte de la propriété privée,le fétiche ultime…

Illustration : Nous sommes en 1908. Des Belges lisent la Bible avant de pendre un enfant noir de 7 ans au Congo sous le roi Léopold II. Le garçon a été pendu parce que son père n’a pas réussi à produire son quota de blé pour nourrir les colons blancs.

Oui là où les mêmes exécuteront Lumumba… et installeront Mobutu le boucher quitte à expliquer que les Africains ont raté le train de l’histoire et qu’ils n’ont que des dictateurs grotesques…

Quels que soient les crimes accomplis depuis l’aube de l’humanité, ils l’ont rarement été à un telniveau, avec de tels moyens, au nom de l’excellence morale. Le cannibalisme est pourtant nettement plus défendable. Et à ce qu’on dit les nazis ont réussi à le réintroduire comme mode de survie dans leur enfer industrialisé.

J’ai découvert en Afrique puis à Cuba jusqu’où pouvait aller cette horreur, ce que l’imagination humaine peut inventer de pire assorti de l’hypocrisie puritaine et du prétexte de sauver les âmes d’un enfer que l’on crée sur terre… De Cuba, je suis partie dans toute la Caraïbe, l’Amérique latine. Dans mes mémoires j’aurais dû consacrer un chapitre à Haïti, cela m’aurait permis d’expliquer la tendresse qui unit Cuba à cette île rebelle. Ces esclaves noirs qui refusent l’oppression et baptiseront l’île dans laquelle ils ont été déportés du nom de ses occupants indiens massacrés, pour établir la filiation entre opprimés par les mêmes salopards…

Mars 1495 : à Haïti, les Espagnols organisent une grande chasse à l’esclave et rassemblent 1500 Arawaks (hommes, femmes et enfants), qu’ils parquent dans des enclos sous la surveillance d’hommes et de chiens. Cinq cent d’entre eux sont embarqués vers l’Espagne. Deux cent meurent pendant la traversée, et les survivants sont mis en vente dès leur arrivée. Colomb vend chaque indien pour 5000 maravedis. Avril 1502 : Nicolás de Ovando s’active tant à la « colonisation » de Haïti qu’en 1507 elle ne comptera plus que 60 000 indigènes, les autres étant morts de maladie, dans les travaux forcés ou au cours de la répression des révoltes.“ Dans l’île de Haïti ”, dit Handelmann, “ le nombre des indigènes trouvés par les Espagnols se montait en 1492 à un million, en 1508 il n’en reste plus que 60 000 et neuf années plus tard, 14 000, de sorte que les Espagnols durent recourir à l’importation d’Indiens des îles voisines pour avoir la main-d’œuvre nécessaire. Pendant la seule année 1508, 40 000 indigènes des îles Bahama furent transportés à Haïti et transformés en esclaves. ”

Après avoir découvert Haïti et même son vaudou, autant que ses combattants et sa faim, j’ai lu ses poètes et j’ai pleuré en achevant la lecture du magnifique “compère général soleil”. C’est à Paris, où il résidait de 1946 à 1954 que Jacques Stephen Alexis a écrit ce premier roman qui dit la fin de l’espérance du Gouverneur de la Rosée de Jacques Roumain, le communiste (1). Oui j’aime la peinture, le cinéma, la littérature pour comprendre ce qu’est un peuple et je défie quiconque de parler d’Haïti ou de Cuba en ignorant l’immense créativité de ces îles, comment la révolte devant l’injustice a arraché le merveilleux du rêve au fouet de l’esclavage(1)… On m’a raconté que la tête du poète révolutionnaire avait été apportée au sinistre Duvalier… Oui Haiti est invivable et j’ai connu des lieux où règne la peur, parce qu’en plus vous voulez que la misère soit la saintété garantie pour vos “bonnes oeuvres” quand vous daignez jouer les dames patronnesses ?

Ceux qui font des discours savants sur le socialisme soviétique opposé au socialisme chinois oublient ce que tous ont ressenti l’abomination de la scission et la manière dont elle favorisé la contre-révolution… j’ai tenté de décrire cet effondrement psychotique vécu par l’Afrique après cet effondrement de l’URSS, les plans d’ajustement structurel, la guerre en Irak dans le chapitre sur le Bénin… Il n’y avait plus rien à analyser, simplement à décrire…

La leçon cubaine celle qui retisse les liens entre gens de bonnes volonté contre cette horreur est la seule qui pouvait me guider…

Celui qui a compris cela et à un minimum de cœur et d’intelligence ne peut plus accepter leurs discours.

On ne comprend rien à Cuba, si l’on ne perçoit pas à quel point l’île se veut l’épicentre de ce tiers monde et un défi à l’inhumanité coloniale devenue impérialisme avec toujours les mêmes prétextes des droits de l’homme.

A l’ordinaire je me méfie de l’anticléricalisme, mais je voudrais que nos amis congolais se rassurent, le traitement que l’inquisition a infligé chez nous était de même nature sur ceux qui prétendaient à une autre liberté et dénonçaient l’hypocrisie morale, le conformisme… à leur manière…

Voici la machine que l’inquisition avait inventé pour briser les mains des artistes qui n’obéissaient pas à leurs dogmes. Cette machine-là exhiste encore de nos jours et elle n’a même plus la croix comme emblème. Elle fonctionne par censure, en alientant la simple idée que nous sommes d’une telle essence supérieure que nous ne saurions vivre ailleurs que dans LEUR DÉMOCRATIE…

Cela évite toute argumentation, toute démonstration… Hier dans le débat sur la 5 j’ai eu envie de flanquer une baffe à Pelloux, l’urgentiste quand il a dit d’un ton suffisant : “nous ne voudrions ni vous ni moi être dans le régime chinois, cela ne souffre aucun commentaire. ” Ce type,en disant cela, n’était ni de gauche, ni même médecin préoccupé de vaincre une épidémie, non rien ne l’y autorisait, sinon que c’était un idéologue comme il y en a tant… face à l’angoisse de tant de pauvres gens…

Il était alors question dans une émission consacrée à la lutte contre l’épidémie, de l’ensemble des sociétés asiatiques, de la manière dont elles avaient fait face à l’épidémie, on avait cité la Corée du Sud, le Japon,taiwan, le Vietnam et la Chine… Cet urgentiste appelé là en spécialiste n’a eu que ça à dire et cette manière de dénoncer la Chine sans aucune raison relevait de la peur, de la xénophobie, peut-être d’un racisme ancré si profond qu’il ne le maîtrisait pas, d’un anticommunisme primaire que dans ses proclamations d’homme de gauche, proche duPS et d’un certain communisme, l’incitait à aller au-delà de ce que sa spécialité justifiait pour éviter que l’on réfléchisse à des solutions… Personne n’a pensé à le contredire.. Voilà le fonctionnement ordinaire de la perversion du savoir dans nos sociétés… ce qui fait qu’un “savant-praticien” est autorisé à donner son avis… cela vaut bien la machine à briser les doigts des artistes…

(1) Jacques Alexis est comme Franz fanon, médecin, écrivain, anti-impérialiste, dans son dernier ouvrage, paru en 1960, un recueil de contes intitulé Romancero aux étoiles, il réinvestit les deux figures tutélaires de la tradition orale haïtienne héritée d’Afrique de l’Ouest : Bouqui et Malice, puis revisite dans le Dit de la Fleur d’Or la tradition précolombienne grâce à la fameuse Reine Anacaona, cacique et poétesse amérindienne qui résista jusqu’à la mort à la conquête espagnole, et forge plusieurs fables modernes qui enrichissent l’univers du « Merveilleux » des Haïtiens, porté par la voix colérique et bienveillante du “Vieux Vent Caraïbe”. Il est également l’auteur de l’Étoile absinthe, une œuvre posthume publiée chez les éditions Zulma. En 1959, il rédige le Manifeste de la Seconde Indépendance et cofonde le Parti d’Entente Populaire (PEP), parti d’union et d’opposition à la dictature duvaliériste.

En 1961, il passe par Moscou à la rencontre des représentants des partis communistes de 81 pays, afin de recueillir un soutien international à la résistance au régime de « Papa Doc », et cosigne la « Déclaration des 81 », au nom des communistes haïtiens. La même année, il est reçu à Pékin par Mao Tsé Toung, qui saluera une intelligence puissante et une tête politique.

Débarqué clandestinement en avril 1961 sur la côte nord-ouest d’Haïti, près du Môle Saint-Nicolas où Christophe Colomb avait lui-même touché la terre américaine en décembre 1492. Il est trahi, attendu par quelques miliciens du côté de la plage de Bombardopolis, au lieu-dit Chansolme. Son débarquement suit de quelques jours celui de 1400 mercenaires ordonné par Dwight Eisenhower à la Baie des Cochons, au sud-est de La Havane (Cuba), qui précipitera le régime cubain dans les bras du bloc soviétique. Au cœur d’une âpre phase d’affrontement armé Est/Ouest et dans une zone de haute turbulence de la guerre froide, aussitôt capturé, il dévoile sa véritable identité, puis est vraisemblablement exécuté et enseveli sur place avec ses compagnons Charles Adrien George, Guy Béliard, Hubert Dupuis-Nouillé et Max Monroe.

Plus qu’un brillant neurologue, un intellectuel articulé et un romancier accompli, Jacques Stéphen Alexis fut avant tout un humaniste fervent, un résistant et militant fortement engagé dans le débat social, esthétique, politique et anticolonial de son époque. Il demeure un écrivain majeur de la littérature caribéenne et haïtienne, constamment enseigné et étudié à l’Université en France, en Afrique francophone et aux États-Unis. Son œuvre, traduite dans une vingtaine de langues, centrale dans la littérature caribéenne du XXe siècle, est régulièrement rééditée par les Éditions Gallimard en collection de poche « L’Imaginaire ».

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