Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

CLOUSCARD, LE MARXISME-LENINISME ET LE PCF

La réflexion de Clouscard et d’autres sont tout à fait utiles comme nous le transmet ici notre camarade J.P.Legrand. Notons au passage que j’ai de moins en moins de peine à remplir ce blog, vu qu’il y a désormais de nombreux camarades et amis qui m’envoient des informations, des textes. J’ai ainsi une liste d’attente passionnante pour tout le weekend. Personnellement, si j’apprécie et publie cette référence à Clouscard, nous avons atteint dans ce blog la conviction d’être au plan international dans une transition masquée par le village Potemkine médiatique et l’illusion de dominations en train de s’effondrer. Au plan national et sans doute européen, cela me rend de moins en moins optimiste. Comme j’ai tenté de l’exposer dans mes mémoires je suis convaincue que si la France n’a pas un parti capable d’élaborer une véritable stratégie de transformation sociale nous allons dans le mur. Depuis que je les ai écrites je crains que la fenêtre qui s’était ouverte soit en train de se refermer. Et nous avons toute chance de connaitre le sort des États-Unis et de l’Allemagne où le capital a réussi à marginaliser toute contestation sociale, lui interdisant l’accès au pouvoir. Depuis pas mal de temps, alors que certains délirent sur l’actualité du communisme, pour mieux justifier l’absence de stratégie concrète et les compromis politiciens, nous alternons des mouvements sociaux sans perspective politique et des solutions de gestion du moins pire qui débouchent toutes sur l’idée que l’on ne peut pas faire autrement. Une trahison qui finit par s’en prendre aux droits sociaux faute de s’en prendre au capital. Cela ne peut que développer l’abstention et celle-ci prend des proportions dramatiques pendant que le politicien des alliances de sommet s’en donne à cœur joie. Ce ne sont plus seulement les électeurs qui sont évacués de la décision citoyenne mais les militants eux-mêmes. Donc la réflexion de certains penseurs qui ont vu les bases de l’abandon stratégique est bien utile, mais celle-ci a désormais une évidence du nez au milieu de la figure et qui nous fait repenser les étapes de nos abandons et la négligence des mises en garde qui malheureusement se poursuit. Il suffit de voir ce qu’ils ont fait de mai 68, du grand mouvement ouvrier ils ont fait une révolution de couleur du libéralisme libertaire, seul un parti communiste était capable de nous sortir de là, mais rares sont ceux qui ont le courage de cet état des lieux et de la nécessité d’œuvrer ensemble. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

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Si les “huistes” pensent en avoir fini avec le marxisme-léninisme, la dictature du prolétariat et tout une culture communiste qui perdure, je crois qu’ils se trompent.

Car je ne pense pas qu’ils aient totalement réussi à éteindre ce courant. Les faits de ces dernières années ont plutôt tendance à donner raison à la lucidité de Clouscard même si on n’est pas obligé de partager toutes ses idées, sa réflexion vis à vis des alliances nécessaires de la classe ouvrière avec les autres salariés, le travail de récupération que le capitalisme a réussi en direction de certaines couches devenues salariées sans être ouvrières pour les intégrer dans l’idéologie libérale-libertaire, la “désouvriérisation” du PCF au profit d’une direction et de cadres de plus en plus éloignés de la production, tout cela nous interroge sur les 40 dernières années. Est-ce que le fait que le PCF a perdu un effectif militant considérable des travailleurs de la production n’est-il pas la manifestation que ces travailleurs se sont moins reconnus dans le parti mais aussi une conséquence qui pèse sur les travaux du PCF, où la dimension à la fois de la production, de l’industrie, de la recherche sont intégrées davantage comme des apports d’études sociologiques que des apports concrets de militants du fait de la disparition des cellules d’entreprises ? Pour réaliser des alliances peut-on considérer de façon indifférenciée les différentes couches sociales qui composent désormais le salariat ? Ne doit-on pas estimer que la question des alliances constitue un enjeu de classe que la grande bourgeoisie a quant à elle très bien compris mais que le PCF a négligé en n’analysant pas la réalité de la bataille des capitalistes de nier l’existence de la classe ouvrière, de systématiquement la censurer et l’ignorer et d’entrainer les couches moyennes dans son sillon idéologique du libéralisme-libertaire d’un Cohn-Bendit macronien ou dans le sillon populiste de droite avec Le Pen et de gauche avec Mélenchon, le tout ayant pour objectif de nier la nécessité objective du socialisme comme seule réponse économique, écologique, morale bref humaine à la crise du capitalisme ? Depuis près d’un demi-siècle d’engagement dans le militantisme communiste, j’en viens à ces questions, ces réflexions qui ne semblent pas être ineptes car je me suis aperçu qu’un nombre important de communistes se les posent aussi. Je profite de ma retraite pour étudier autant que je peux les textes de Rousseau, ceux de Marx, de Engels, de Lénine, la littérature socialiste comme celle de Jaurès ou d’autres et je trouve chez ces camarades une richesse incomparable pour l’action militante. Clouscard fait partie des incontournables. Il nous avait interpellé à la fin des années 80 et malheureusement il n’avait pas été entendu, sans doute parce que sa pensée était du fait de la profondeur de ses analyses bien à l’image du réel et de ce fait en avance sur son temps. Il n’est pas acceptable que des dirigeants du PCF et notamment la direction de l’Humanité aient censuré cette pensée, comme j’apprends que les excellentes Editions Delga animées par Aimeric Monville soient exclues de certaines tables dans les initiatives nationales ou fédérales du parti.

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1 Commentaire

  • Joseph D. Casado
    Joseph D. Casado

    Michel Clouscard propose une pensée sous tendue par une méthode d’analyse marxiste depuis le début des années 70 ou il avance sa première version de neofascisme et idéologue du désir. Il est publié dans l’huma à l’occasion de ses livres au début des années 80 et ce n’est certainement pas par esprit de nuisance qu’il n’agrandit pas son audience. Outre son style assez hermétique dans l’époque, ( nous étions rare à l’interpeller sur le capitalisme de la séduction et la bête sauvage, son propos pointe les aficionados, ceux qui peuvent interpréter ses incessantes références socio-philosophiques Allant et venant des anciens aux modernes. Il est le seul à avoir démonté le champs d’action ouvrant sur le neoliberalism et les usages qui conduisent les citoyens à y chercher leurs petits. Il a proposé sa version des solution avec le travailleurs collectif et son parlement, qui devrait se construire à côté des chambres instituées. Clous card était un homme préoccupé par l’indifférence de ses contemporains à l’égard de ses analyses. Lui aussi ignoré quand tout semblait encore bien aller tandis que le mouvement progressiste bradait ses conquis pour prolonger de quelques années l’illusion que l’histoire suivait un sens évolutif. Et une poignée de personnes s’est intéressé à lui au début du siècle. En 1999, il était tout aussi malheureux de sa solitude en tant que chercheur que de sa maladie naissante. Et il reeditait neofascisme et idéologie du désir, terriblement précurseur.
    Aujourd’hui, il n’y a pas d’autre choix que de le prendre au sérieux. Et de saluer la pertinence de son oeuvre. Que n’a-t-il pas eu cette oreille il y a quarante ans !

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