Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les étapes de la Chine dans un environnement globalisé

Cet article émane d’une source que l’on peut considérer comme peu suspecte de sympathies anti-impérialistes puisqu’il s’agit du BESA (Begin-Sadate centre d’études stratégiques) que l’on peut considérer comme proche du pouvoir israélien. Si le plus souvent cette publication reprend les affirmations sinophobes de Trump et de certains cercles néo-conservateurs, et une dénonciation systématique d’un axe du mal qui partirait de la Corée du Nord jusqu’à l’Iran, il y a aussi parfois une vision réaliste de l’évolution des rapports de forces et des informations intéressantes… (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Par Dr. George N. TzogopoulosLe 3 février

China’s Steps in a Globalized Environment (besacenter.org)

Xi Jinping s’adresse au Parlement britannique, image via Wikipedia

BESA Center Perspectives Document n° 1 914, 3 février 2021

RÉSUMÉ: Au cours de son mandat de président américain, Donald Trump a utilisé une politique économique et étrangère qui a remis en question la mondialisation dans une tentative d’endiguer la montée de la Chine, mais cela n’a pas empêché Pékin de prendre ses propres mesures vers le multilatéralisme, le libre-échange et la libéralisation économique. Le Partenariat économique global régional (RCEP) et l’Accord global sino-européen sur l’investissement (IIAC) en sont révélateurs. Le président Biden gouvernera dans un monde où les cadres de la guerre froide ne s’appliquent pas. Lorsqu’il cherchera des partenariats avec des alliés pour limiter l’influence de la Chine, il rencontrera l’engagement profond de Pékin dans un environnement international globalisé.

L’antagonisme sino-américain croissant et l’accent mis par Washington sur la restriction de l’influence de Pékin rappellent à certains érudits la période de la guerre froide. L’historien Niall Ferguson, par exemple, a écrit qu’une nouvelle guerre froide a commencé. De telles comparaisons sont tentantes, mais la Chine, contrairement à l’Union soviétique de l’époque de la guerre froide, est bien placée dans l’environnement international mondialisé et se développe rapidement. Alors que certains analystesoccidentaux duXXIe siècle se sont livrés au vœu pieux que la Chine imiterait le modèle américain, Pékin a fait son propre chemin.

Donald Trump a remodelé l’approche politique et économique américaine à l’égard de la Chine. Il a imposé des limites à l’évolution harmonieuse des relations bilatérales et a inauguré une nouvelle ère dans laquelle des obstacles ont été placés sur la voie de l’évolution économique de la Chine. En juillet 2020, le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, a prononcé un discours intitulé «La Chine communiste et l’avenir du monde libre». Comme son titre l’indique, le modèle de gouvernance de la Chine a été perçu par Pompeo comme antithétique aux idéaux américains et occidentaux.

Trump a trouvé qu’il était loin d’être facile de persuader d’autres pays de soutenir cette cause pour deux raisons principales. Premièrement, sa propre administration a introduit un nouveau type de politique étrangère et économique fondé sur la coopération bilatérale plutôt que multilatérale et qui a remis en question les normes antérieures. Le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique (TPP) en 2017 est un exemple caractéristique qui a aliéné les alliés américains de l’Asie-Pacifique qui espéraient en vain un leadership américain. Deuxièmement, certains partenaires américains en Asie et en Europe ne considèrent pas la Chine en termes de guerre froide, mais comme un partenaire précieux. Ils se sont efforcés de satisfaire certaines demandes américaines, mais seulement dans la mesure où cela pourrait être fait d’une manière qui n’a pas frustré Pékin.

Dans l’intervalle, la Chine s’est concentrée sur la gestion des « difficultés sans précédent» dans les relations sino-américaines qui ont surgi au cours des quatre dernières années sans abandonner les initiatives multilatérales qui favorisent la mondialisation et la libéralisation. Au cours des derniers mois de 2020, ces efforts ont donné des résultats.

À la mi-novembre, la Chine faisait partie des signataires du Partenariat économique global régional (RCEP). Le RCEP donnera aux 10 membres de l’ANASE et à cinq autres pays (Australie, Chine, Japon, Nouvelle-Zélande et Corée du Sud) la possibilité de profiter du libre-échange et d’offrir des avantages à leurs exportateurs, fournisseurs de services et investisseurs au moyen d’un seul ensemble de règles. Le rôle de Pékin dans l’élaboration d’une nouvelle chaîne d’approvisionnement asiatique dans l’ère post-COVID-19 sera crucial, car il constitue le plus grand ou le deuxième plus grand marché pour tous les pays de la région et un fournisseur d’importation clé. Une étude du Peterson Institute for International Economics prévoit des avantages pour la Chine, le Japon et la Corée du Sud et des pertes pour les États-Unis et l’Inde.

En outre, le 30 décembre, la Chine et l’UE ont conclu (en principe) des négociations en vue d’un accord global sur l’investissement (IIAC). CAI crée un nouveau cadre inclusif pour l’investissement chinois en Europe et l’investissement européen en Chine. Contrairement au RCEP, il ne couvre pas le libre-échange.

Du point de vue chinois, CAI renforcera encore les liens économiques sino-européens et facilitera peut-être ses efforts pour libérer l’innovation au niveau national. Du point de vue européen, l’accord permettra aux entreprises de l’UE d’accéder davantage au marché chinois et de rééquilibrer le partenariat bilatéral.

Bruxelles estime que sa pression en faveur de la réciprocité a été justifiée par CAI, mais Washington de Trump ne l’a pas vu de cette façon. L’ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale Matt Pottinger a fustigé le CAI et soulevé des préoccupations en matière de droits de la personne. Pour sa part, le candidat de Joe Biden au poste de conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a tweeté avant la conclusion des pourparlers de la CAI que la nouvelle administration accueillerait favorablement des consultations précoces avec ses partenaires européens sur les préoccupations communes concernant les pratiques économiques de la Chine.

La compétition sino-américaine ne se joue pas seulement sur le terrain américain. La Chine est à la fois puissante et patiente et s’efforce systématiquement de préserver, sinon de forger, un nouvel ordre mondial qui garantira son développement sûr. Les négociations pour le RCEP et le CAI ont débuté en 2012 et 2013, respectivement. Les objectifs futurs du président Xi Jinping comprennent la signature d’une zone de libre-échange entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud et la réalisation d’une zone de libre-échange dans l’Asie-Pacifique (ALEAP). Beijing cherchera également favorablement à adhérer à l’Accord global et progressiste pour le Partenariat transpacifique (CPTPP). Le CPTPP, la nouvelle version du PTP, qui a été signée par 11 pays mais qui exclut les États-Unis, a été signé en 2018. Joe Biden a déclaré qu’il ne souhaite pas rejoindre le TPP, mais peut essayer de le renégocier pour inclure des dispositions plus fortes en matière de travail et d’environnement.

À la recherche d’un leadership américain, Biden trouvera une Asie différente et un monde différent. Alors qu’il tente d’établir sa propre politique étrangère et économique, il devra faire face à l’engagement profond de la Chine dans un environnement international globalisé.

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George N. Tzogopoulos est associé de recherche au BESA et maître de conférences à l’Institut européen de Nice et à l’Université Democritus de Thrace.

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