Hier l’ignominie ordinaire, celle pour laquelle Aragon rêvait d’une gomme propre à l’effacer… J’ai publié un sujet sur l’antisémitisme de Soljenitsyne, un individu un de plus s’est mis à insulter, mon âge, des éructations incompréhensibles… J’ai pensé à Bela Tarr à ce vieillard nu devant la haine qui déferle. LES HARMONIES WERCKMEISTER… ce monument où chaque instant est un assassinat de l’espoir… avec la plus belle ouverture dans un bar où de pauvres hères dansent comme des planètes…
une marche dans un paysage dévasté… est-ce que je suis vouée à cela pour venir d’autres temps? Où l’on a cru….
Ce prurit obsessionnel et stupide… J’ai pensé à Politzer disant que la clarté française ne pouvait pas s’accommoder des fantasmagories de l’idéologue du IIIe Reich Rosenberg. Ce romantisme allemand que dénonçait Erhenbourg… Les réseaux sociaux charrient leur masse d’obscurantisme et l’antisémitisme n’est qu’un symptôme parmi d’autres… Alors voilà, il y a le monde que j’ai connu et celui d’aujourd’hui. Les interrogations et combats de Peter Watkins (qui n’est pas juif) mais est comme moi un perdant de cette histoire-là. Quelqu’un qui a tenté de dépasser les frontières du théâtre et du documentaire pour nous aider à percevoir l’aliénation médiatique… On va célébrer la Commune de Paris… C’est si fort ces voix ordinaires qui nous interpellent du passé, simplement sans Histoire et qui sont l’histoire. C’est ce besoin que je ressens de poser ma main sur les mains dessinées sur les parois des grottes pour sentir leurs problèmes de petits êtres humains contre les miens. Comment faire rejoindre ces temps préhistoriques et ceux de ces fermiers en Inde qui exigent d’être politiquement reconnus… Comment dire l’expérience de cette histoire-là? Songez que j’ai connu une arrière-grand-mère qui à 6 ans s’est réfugiée à Saint Ouen fuyant les prussiens… Elle chantait le temps des cerises, buvait sec en proclamant “encore un que les boches n’auront pas!”…
Peter Watking est né en grande Bretagne en 1935.
En 1966, Watkins fait son premier long métrage, Privilege, une allégorie sur la manière dont les mass-médias, l’industrie de la musique pop et l’establishment britannique concourent à détourner l’énergie politique des jeunes. La presse britannique a vertement critiqué ce film, à un moment où Watkins subissait des pressions de plus en plus fortes de la part des professionnels britanniques de la communication, à cause de The War Game.
Watkins quitte la Grande-Bretagne en 1968 pour s’installer en Suède avec sa famille. Il y fait son deuxième long métrage, The Gladiators, un film pacifiste, tourné cette fois-ci avec des acteurs de divers pays. Ce film est très attaqué en Suède et Watkins reprend la route à la recherche d’une base pour travailler plus sereinement…
En 1970, il tourne Punishment Park aux Etats-Unis. Encore une fois, la presse se déchaîne contre le film qui est retiré des cinémas quatre jours après sa première à New York.
Watkins s’installe alors en Norvège, où il réalise un film biographique de trois heures sur Edvard Munch, peintre expressionniste norvégien. Edvard Munch (1973) est un des films les plus connus de Watkins, diffusé dans le monde.
Viendront ensuite The Seventies People (1974) et Evening Land (1976), deux longs métrages produits au Danemark. Le premier traite du nombre élevé de suicides parmi les jeunes danois ; le second parle de grèves, de terrorisme et des tactiques répressives de la police danoise de l’époque. La presse scandinave a attaqué les deux films, et ni l’un ni l’autre n’a été projeté depuis.
Pendant les premières années qui ont suivi la suppression de The War Game, l’insoumis Peter Watkins a beaucoup voyagé, organisant des discussions publiques et des ateliers critiques sur la manière dont les mass-médias contribuaient à laisser le public dans l’ignorance, sur les effets des armes nucléaires et sur l’ampleur de la course aux armements. Il a donné des conférences sur ce sujet dans beaucoup de lycées et d’universités en Europe, en Amérique du Nord, en Scandinavie, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
En 1978 et 1979, avec des amis en Australie, Watkins a participé à la création d’une association à Sydney. “The People’s Commission” contestait le rôle centralisé de la presse et de l’audiovisuel, montait des expositions d’analyses des médias, et a organisé, en collaboration avec d’autres associations, un grand débat public à la mairie de Sydney.
En 1979, l’Institut Suédois du Cinéma et la télévision suédoise ont passé commande à Watkins pour un long métrage sur la vie et l’oeuvre de l’auteur dramatique August Strindberg. Après avoir passé deux ans et demi à faire des recherches et à écrire, Watkins leur a présenté un scénario, mais le film a été annulé. En 1983, Watkins a reçu le soutien d’un important mouvement suédois pour la paix, pour le financement international d’un film pacifiste international. The Journey (1983-86) a été tourné dans douze pays et financé entièrement par le public. Ce film, qui dure 14 heures et demie, critique le rôle des mass-médias dans la course aux armements. Toutes les organisations télévisuelles publiques auxquelles le cinéaste s’est adressé ont refusé de le diffuser.
En 1992, Watkins a enfin tourné son film sur August Strindberg, dans le cadre d’un cours de production vidéo qu’il donnait au lycée Folk, près de Stockholm. The Freethinker (4h35, divisée en trois parties) a été refusé par toutes les principales chaînes de télévision nordiques, et a pratiquement été boycotté en Suède, y compris par le système éducatif.
En 1994, à cause de la marginalisation de plus en plus marquée de ses travaux de cinéaste et de critique des médias, Watkins s’est retiré à Vilnius en Lithuanie, avec sa femme canado-lithuanienne Vida Urbonavicius.
En 1999, il reprend temporairement ses activités de cinéaste pour réaliser La Commune, sur la Commune de Paris de 1871. Ce film à la forme atypique a été mal diffusé à la télévision qui l’a programmé de nuit, marquant la fin du travail du cinéaste pour la télévision.
En 2001, Peter Watkins accepte de diffuser un grande partie de son œuvre sur la télé libre française Zalea Tv, ce qui constitue une première jamais renouvelée sur une chaîne de TV.
Le cinéaste a constitué une véritable théorie critique des médias de masse et de la forme télévisuelle, qu’il nomme “la monoforme”.
En 2004, un livre de Peter Watkins, Media crisis est publié en France (trad. Patrick Watkins), aux éditions Homnisphères, récemment ré-édité à l’Echappée
CinéMutins – Peter Watkins (cinemutins.com)
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