Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le vaccin est devenu un outil important de la géopolitique

Il y a théoriquement trois peuples frères, les Russes, les Biélorusses et les Ukrainiens, mais depuis que les dirigeants de ces derniers se sont jetés dans les bras de l’occident, autorisent des retraites aux flambeaux sous des bannières nazies, et font la guerre dans le Donbass, tout s’est gâté et les Russes dénoncent non sans ironie ce pouvoir ukrainien qui dans sa vassalité ne connait plus de limites. Ici l’accès ou plutôt le non accès aux vaccins donne lieu à un article satirique traduit par Marianne Dunlop. Mais je crois que cet article surtout si on le met en lien avec l’article que nous publions aujourd’hui sur les complicités ukrainiennes dans les massacres nazis montre comment l’esprit nazi existe fondamentalement dans le capitalisme et la manière dont il organise le meurtre sélectif des êtres humains, l’argent étant ce qui condamne ou sauve d’une mort programmée par la seule recherche du profit dans les soins. (note de Danielle Bleitrach)

par Gleb Prostakov

analyste commercial

16 janvier 2021

https://vz.ru/opinions/2021/1/16/1080196.html

Les plus grands pays du monde annoncent le début de la vaccination de masse. Les cartes reflétant la fourniture de l’un ou l’autre vaccin contre le coronavirus aux différents pays montrent en quelque sorte un nouveau partage du monde entre « ceux qui peuvent » et « ceux qui n’ont pas les moyens ». La première liste comprend des pays développés et en développement, grands et petits, démocratiques ou non.

Parmi eux, on distingue un sous-groupe spécial d’États qui développent leurs propres vaccins, comme la Russie, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suède, l’Allemagne, la Chine et également le Kazakhstan. On peut dire que cette liste reflète un mélange d’ambitions et d’opportunités de se battre pour le leadership dans le «brave new world» dans lequel nous sommes tous entrés en 2020. Presque toute l’Afrique, la plupart de l’Amérique latine, l’Indochine, ainsi que des pays comme l’Ukraine et la Turquie brillent comme autant de points blancs sur cette carte. Cette carte reflète en effet assez fidèlement la plénitude de la souveraineté des États.

Cependant, la Turquie susmentionnée a déjà commencé à acheter le vaccin et a même annoncé le début de la vaccination de masse. A partir de l’exemple de la Turquie et de l’Ukraine, on peut voir à quel point une question purement médicale comme la vaccination peut devenir politisée. La Turquie est le partenaire clé de la Chine dans le monde musulman. Pour Ankara, Pékin n’est pas seulement le deuxième partenaire commercial après Moscou, mais aussi une énorme base de ressources dont Erdogan a besoin pour réaliser son rêve d’hégémonie turque dans la région. La Chine accorde à la Turquie de généreux prêts, tandis que cette dernière est extrêmement fidèle à la mise en œuvre par la RPC de projets d’infrastructure sur son territoire dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie.

Le choix par la Turquie de la société chinoise de vaccins SinoVac, en raison de la pénurie de vaccins occidentaux épuisés en «prévente» – AstraZeneca, Pfizer-BioNTech, Moderna et autres – s’explique également par les facteurs énoncés ci-dessus. En d’autres termes, le choix d’un vaccin est aussi un choix géopolitique, aussi étrange que cela puisse paraître pour ceux qui pensent à la vaccination de manière purement médicale.

La Turquie a annoncé le début de la vaccination de masse avec le vaccin chinois, en dépit des données publiées hier selon lesquelles son efficacité dépasse à peine 50%. Mais l’approbation du vaccin chinois est un geste politique, qui n’exclut pas la possibilité que la Turquie achète par la suite des vaccins à d’autres fabricants. Et, si, après s’être brouillée avec ses partenaires de l’OTAN, Ankara a décidé d’acheter des systèmes de défense aérienne russes S-400, alors, suivant la logique d’une répartition égale des intérêts géopolitiques, la priorité dans le choix d’un vaccin a été donnée à la Chine. En fait, le vaccin lui-même dans un monde chauffé à blanc est devenu une arme pas moins efficace que les systèmes de missiles antiaériens.

La situation est complètement différente en Ukraine. Cette dernière est toujours au centre de l’attention de l’Occident en tant qu’instrument de pression sur la Russie. Cependant, ni les États-Unis ni l’UE ne souhaitent investir des fonds supplémentaires en Ukraine.

Washington montre de l’irritation contre Kiev, où des groupes d’influence ont décidé de participer à la confrontation entre Trump et les démocrates du côté des uns ou des autres afin d’être les premiers à plaire au futur gestionnaire du soutien de la part de la métropole. Et, deuxièmement, le degré de contrôle occidental sur la vie politique ukrainienne ces dernières années est devenu si complet qu’il n’a pas besoin d’être réalimenté.

En conséquence, l’Ukraine, malgré son”alliance” avec les États-Unis et l’UE, n’a pas pu participer à la distribution des premiers lots de vaccins occidentaux, et donc le pays restera pendant très longtemps l’une des principales sources de propagation du Covid-19 sur le continent, avec les conséquences qui en découlent, y compris l’interdiction de voyager vers l’UE, malgré le régime sans visa obtenu par le Maïdan.

Dans le même temps, l’Ukraine est peut-être le premier pays à déclarer officiellement que l’achat de vaccins sera effectué sur la base de considérations politiques. Dans le même temps, la différence essentielle entre Kiev et Ankara est que cette dernière avait à la fois des opportunités et un choix lors de la prise de décision, tandis que l’Ukraine n’a ni les premières ni le second. Les vaccins occidentaux ne sont pas disponibles pour l’Ukraine parce qu’ils ne les lui vendent tout simplement pas. Les achats du vaccin chinois sont effectués dans des volumes si infimes – 1,9 million de doses pour 40 millions d’habitants, que la vaccination de masse est hors de question. Alors que le Spoutnik V russe, dont la production peut être facilement lancée en Ukraine même, fait l’objet d’un refus en raison de l’effet de propagande qu’aurait une telle décision.

C’est ce qu’a d’ailleurs ouvertement déclaré le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, Dmitri Kuleba. « En tant que membre du gouvernement, je m’opposerai à une telle décision. – dit Kuleba. Parce que la Russie ne se soucie pas de la santé des Ukrainiens, elle se soucie d’imposer ses clichés et son idéologie de propagande en fournissant le vaccin… même s’il était efficace. » En d’autres termes, même les tests réussis du Spoutnik V et la possibilité de sa production directement en Ukraine ne sont pas des raisons suffisantes pour l’acheter. Si vous résumez les paroles du ministre, vous obtenez ce qui suit: la vie des Ukrainiens a moins de prix que notre réputation de combattants irréconciliables contre la Russie. Et c’est la pure vérité.

Et quand, poursuivant sa pensée, il dit « … on veut nous faire croire à cette histoire, que “tout le monde vous a rejetés, vous ne pouvez rien faire, et nous, comme toujours, vos frères, sommes prêts à vous aider” », Kuleba a parfaitement raison. Les achats de vaccins russes le démontreront. Mais c’est la réalité objective. Dans ce contexte d’impuissance de l’Etat ukrainien, un scandale a éclaté au sujet des vaccinations VIP avec le vaccin Pfizer dans l’une des cliniques privées à 3 000 euros la dose. L’histoire est en effet plutôt moche. Le scandale a atteint le bureau du président, qui a promis de mettre fin à cette pratique.

Ce serait formidable si l’État pouvait garantir un accès rapide et égal au vaccin. Mais ce n’est pas le cas. En d’autres termes, même les Ukrainiens riches qui ont décidé de se faire vacciner en privé sont pris en otages par l’État. C’est là où l’on voit que l’impuissance tue.

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