Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Quel est le rôle de la critique? — Sur la critique de la prédation chinoise

What Does Critique Do? — On the Critical Predation of China — Qiao Collective

Cet article, un de plus sur la Chine qui nous oblige à une réflexion en profondeur a en ce qui me concerne mis à jour deux constats dont je n’opérais pas suffisamment le lien. La gauche radicale et les communistes en occident et en France n’ont aucune stratégie révolutionnaire. Le second constat tenait à ma connaissance de la planète et il aboutissait ce que je sois effrayée par l’ignorance dont ces mêmes forces faisaient preuve à l’égard des ravages impérialistes et du vide réel du discours sur les droits de l’homme. Cet article m’oblige à faire le lien entre ces deux constats: le discours moral sur les droits de l’homme que l’impérialisme exige de la gauche et des communistes masque mal le fait que ces forces se sont montrées incapables de faire la révolution et qu’il est exigé pour la survie du captif dans la rédition. La manière dont des communistes français que je rencontre et qui grâce à ce blog et d’autres découvrent la Chine, Cuba, et d’autres mais n’osent même pas aborder ces questions au sein du PCF en dit long, comme en dit long leur intérêt pour le Kerala, pour lequel par ailleurs comme pour d’autres partis communistes indiens nous éprouvons de l’intérêt, mais sans nous dissumler la nature de la découverte du PCF et de l’Humanité: enfin un parti qui tient certaines promesses communistes mais cède périodiquement le pouvoir et accepte celui fasciste de l’Inde. L’absence de formation théorique, l’abandon du marxisme et du léninisme pour un discours creux humanisant garantit cette soumission de l’ensemble des militants sous la garde vigilante de directions alliées de l’iimpérialisme. Les conséquences internes sont l’absence de stratégie et de but politique. Ce n’est pas un hasard si ce n’est pas simplement le terme de dictature qui déplait, ce qui permet d’éliminer d’ailleurs l’idée qu’il n’y aurait pas démocratie mais dictature du capital et surtout que pour faire la révolution il faut lui opposer la dictature par l’Etat et le parti, les organisations de masse, la mobilisation populaire la dictature du prolétariat. Encore un texte à ne pas rater. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

LE 5 JANVIER ÉCRIT PAR QIAO COLLECTIVE

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La gauche occidentale a largement suivi les platitudes interventionnistes de « faire pour le peuple chinois, pas pour le gouvernement chinois ». Mais leur « critique fondée sur des principes » montre que la critique n’existe pas dans le vide. Dans ce cas, elle est simple graissage des roues en faveur de l’intervention impérialiste occidentale sous les auspices d’une « nouvelle » guerre froide.


Début novembre 2020, la députée britannique Diane Abbott a participé à un panel  de non-guerre  froide, sur la montée de la sinophobie en Europe et aux États-Unis. Peu de temps après son discours, Cependant, Abbott a envoyé une série de tweets, s’excusant abondamment pour sa participation.

[A screenshot from Diane Abbott’s Twitter account reads: “On Saturday I took part in a meeting entitled ‘Uniting against racism and the new cold war.’ I had no idea that there were people on the call who denied Chinese harassment and massacres of Muslims in Uyghur [sic]. The treatment of those communities is a human rights violation.”]
[Une capture d’écran du compte Twitter de Diane Abbott se lit comme suit : « Samedi, j’ai participé à une réunion intitulée « Unir contre le racisme et la nouvelle guerre froide ». Je n’avais aucune idée qu’il y avait des gens sur l’appel qui ont nié le harcèlement chinois et les massacres de musulmans en Ouïghour [sic]. Le traitement de ces communautés est une violation des droits de l’homme.”]
[A screenshot from Diane Abbott’s Twitter account reads: “Both I and the Labour Party condemn the human rights violations in Uyghur [sic]. I apologise if my involvement in Saturdays event sent a different message. I continue to campaign against racism and for human rights internationally.]   A Labour Party MP and the first Black woman elected to the UK Parliament, Abbott is no stranger to reputational “controversy,” common in an intensely antiblack country such as the UK. Her critiques in the past, of British intervention in Syria and domestic racism, have inspired leagues of backlash, often laced with racist undertones. This case was no different, except Abbott’s preemptive personal apology   and admittance of wrongdoing sent a message that she had, in fact, gone  too far —too far being, in this case, sharing the stage with CGTN journalist   Li Jingjing  , an outspoken critic of Western   misinformation   around China’s policies on ethnic minorities. Seeking to clear her name, Abbot implicitly positioned Li as the primary antagonist. Yet Abbott was only able to claim ignorance by  abstracting  Li, referring to her generically as “people...who denied Chinese harassment and massacres of Muslims in Uyghur [sic].” It’s as if Li, one of the only Chinese nationals who participated on the panel, was so debased she couldn’t be named, and so beyond the boundaries of proper liberal political discourse that she could only be conjured as an anonymous member of a despotic yellow mass.  To audiences who could not conceive of a native Chinese voice that might challenge the dominant Western narrative, Li, rendered by Abbott’s framing, appears as a maniacal Mandarin doll puppeteered by thoughtless nationalism. That this abstracted, maniacal Chinese figure emerged as the primary antagonist in the Abbott controversy reveals both existing Sinophobia and a litmus test of Sinophobic critique: the protest of anti-Chinese acts can go on, only insofar as it doesn’t seriously challenge the imperial agenda of the Western powers.  Following her concession, opportunistic British media outlets leapt at the opportunity to take their shot at Abbott: “Diane Abbott has apologized,”   articles     abounded  , “for appearing at an event alongside a China human rights abuse denier…” The Daily Mail Online one-upped its peers with its   bald listicle   that inquired: “What are Some of Diane Abbott’s Other Gaffes and Controversies?” Laden with antiblack connotation, these articles attempt to dismiss Abbott’s history of anti-racist activism as the racialized hysteria of an “angry Black woman”—a stereotype laden with   misogynoir   and eugenic   theories   of racial inferiority. At the same time, these pundits scrabbled to take a shot at the Labor Party, suggesting that the British progressive-left writ large was morally suspect.   In her apology, Abbott appeals to the   imperative   of  moral purity  which has long plagued socialist movements in the West—in which Western progressives claim moral   superiority and doctrinal orthodoxy in the face of retracted political power and strategic defeat.   This appeal to moral purity, as historian Jones Manoel reminds us, is a cover for the fact that a Western leftist organization “has never produced a revolution anywhere on the face of the Earth.” It matters not that the “sins” of “Chinese despotism” from which Abbott seeks to purify herself are founded on imperialist   misinformation  . What matters is that the normative assumptions of a liberal political order are held (“China is dictatorial”; “We, the Labor Party, are fighting for justice”) and the Party’s PR machine remains well-oiled.   Here, a second, more incendiary irony arises: that Abbott critiques China as an official representative of the single most powerful former empire in the world—one whose ledger includes most of the worst human rights offenses committed in the history of mankind, the infliction of which   laid waste   to 90% of the world, including every single one of China’s major ports. 
[Une capture d’écran du compte Twitter de Diane Abbott se lit comme suit : « Moi et le Parti travailliste condamnons les violations des droits de l’homme en Ouïghour [sic]. Je m’excuse si mon implication dans l’événement du samedi a envoyé un message différent. Je continue de faire campagne contre le racisme etpour les droits de l’homme à l’échelle internationale.]
Député du Parti travailliste et première femme noire élue au Parlement britannique, Abbott n’est pas étrangère à la « controverse » dans un pays intensément anti-noir comme le Royaume-Uni. Ses critiques dans le passé, sur l’intervention britannique en Syrie et contre le racisme domestique, ont inspiré des tirs de barrage de réactions négatives, souvent accompagnées de connotations racistes. Cette affaire n’était pas différente, si ce n’est les excuses personnelles préventives d’Abbott et sa reconnaissance d’actes répréhensibles ont envoyé un message de rconnaissance d’avoir été en fait, allée troploin — trop loin étant, dans ce cas, d’avoir partagé la scène avec le journaliste cgtn  Li Jingjing, un critique franc de  la désinformation occidentale autour  des politiques de la Chine sur les minorités ethniques. Cherchant à effacer son nom, Abbot a implicitement désigné Li comme l’antagoniste principal. Pourtant, Abbott n’a été en mesure d’obtenir l’ignorance en abstrait Li, se référant à elle génériquement comme « les gens … qui a nié le harcèlement chinois et les massacres de musulmans en Ouïghour [sic]. » C’est comme si Li, l’un des seuls ressortissants chinois qui ont participé au panel, était si avili qu’il ne pouvait pas être nommé, et si au-delà des limites du discours politique libéral approprié qu’il ne pouvait être évoqué que comme un membre anonyme d’une masse jaune despotique.Pour les auditoires qui ne pouvaient concevoir une voix chinoise indigène qui pourrait remettre en question le récit occidental dominant, Li, tel que le définit le cadrage d’Abbott, apparaît comme une marionnette poupée mandarine animée par le nationalisme insensé. Le fait que cette figure chinoise abstraite et maniaque soit apparue comme le principal antagoniste de la controverse Abbott révèle à la fois la sinophobie existante et un test décisif de la critique sinophobe : la protestation des actes anti-chinois peut continuer, seulement dans la mesure où elle ne conteste pas sérieusement l’ordre du jour impérial des puissances occidentales.Suite à sa concession, les médias britanniques opportunistes ont sauté sur l’occasion de prendre leur revanche sur Abbott: « Diane Abbott  s’estexcusée »,  les articles  abondent , « pour apparaître à un événement aux côtés d’un individu qui dénie les droits de l’homme en Chine … » Le Daily Mail Online a montré le sens de l’assaut à ses pairs avec  son linrerpellation   qui s’enquiert: « Quels sont les autres Gaffes de Diane Abbott et controverses? Chargés de connotation anti-noire, ces articles tentent de rejeter l’histoire de l’activisme antiraciste d’Abbott comme l’hystérie racialisée d’une « femme noire en colère », un  stéréotype chargé de théories misogynes  et eugéniques d’infériorité  raciale. Dans le même temps, ces experts se sont employés à tirer sur le Parti travailliste, suggérant que tout ce qui était de gauche progressiste britannique était moralement suspect.

  Dans ses excuses, Abbott fait appel à l’impératif de pureté morale qui sévit depuis longtemps dans les mouvements socialistes occidentaux, dans lesquels les progressistes occidentaux revendiquent la supériorité morale et l’orthodoxie doctrinale face au pouvoir politique et à la défaite stratégique.

Cet appel à la pureté morale, comme nous le rappelle l’historien Jones Manoel, est une couverture pour empêcher que l’on s’interroge sur le fait qu’aucunce organisation occidentale de gauche « n’a jamais produit de révolution nulle part sur la surface de la Terre ». Il n’importe donc pas que les « péchés » du « despotisme chinois » duquel Abbott cherche à se purifier soient fondées sur la  désinformation impérialiste. Ce qui importe, c’est que les hypothèses normatives d’un ordre politique libéral soient tenues (« La Chine est dictatoriale »; « Nous, le Parti travailliste, nous nous battons pour la justice ») et la machine de relations publiques du Parti reste bien huilée. Ici, une seconde ironie, plus incendiaire, se dessine : Abbott critique la Chine en tant que représentant officiel de l’ancien empire le plus puissant du monde , dontl l’histoire comprend la plupart des pires violations des droits de l’homme commises dans l’histoire de l’humanité, dont l’abomination à été vue par 90% du monde, y compris chacun des principaux ports chinois.




L’autocensure préventive d’Abbott et la moquerie joyeuse qui a suivi nous disent quelque chose au sujet de la politique de plus en plus agressive de l’Ouest de son discours politique sur la Chine dans le cadre de l’hostilité croissante envers la Chine et le peuple chinois.

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Surtout, l’autocensure préventive d’Abbott et les railleries joyeuses qui ont suivi nous disent quelque chose au sujet de la politique de plus en plus agressive de l’Ouest du discours politique sur la Chine dans le cadre de l’hostilité croissante envers la Chine et envers le peuple chinois. En reniant ses critiques de la sinophobie avec des excuses malheureusement fondées sur son propre déni, Abbott a succombé à la logique tordue de l’observation impérialiste de la Chine, dans laquelle un arsenal régulier  d’accusations  occidentales sans preuves désignent la Chine comme une nation exceptionnellement despotique dont le mépris des droits de l’homme légitime la nécessité d’une intervention euro-américaine. Ajoutant un flair rhétorique aux flammes impérialistes, la presse britannique bondit sur l’occasion de tirer parti des sentiments anti-chinois et anti-noir réunis pour utiliser le « fait » du despotisme chinois, comme un boomerang qui revient frapper la gauche progressiste britannique.

Enfin, les excuses d’Abbott révèlent les limites du discours libéral, le sien et celui du paysage politique britannique dans son ensemble. Le fait que la critique trépidante d’Abbott à l’égard du racisme se soit arrêtée dès qu’il a touché la « Chine » révèle le processus opportuniste d’autocensure par lequel la critique occidentale est détournée pour stabiliser la démocratie impérialiste et fabriquer le consentement interne à l’agression étrangère. La critique anti-chinoise du noyau impérialiste, en d’autres termes, est plus efficace comme permettant à l’opinion d’être distraite du fonctionnement de l’empire suprémaciste blanc. Il nous fait nous nous demander: quelles sont les conditions de l’«éthique » qui est ainsi convoquée dans les deux sens par Abbott dans ses excuses, puis par les médias britanniques qui, dans leur châtiment anti-noir d’Abbott, prétendent avoir l’ autorité éthique ultime?


Nous nous sommes réveillés pour nous retrouver dans une zone crépusculaire où la condition préalable pour s’engager face à la sinophobie est l’adoption d’un autre type d’antipathie sinophobe, qui désavoue la possibilité d’une légitimité politique chinoise alors qu’elle témoigne de l’engagement du critique occidental envers la « justice ».

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Le cas d’Abbott n’est ni nouveau ni surprenant, mais il nous amène au cœur d’un grave dilemme auquel la gauche progressiste occidentale ne s’est jamais permise de faire face. Au milieu des critiques fiévreuses de la Chine faites par un développement exponentiel des « érudits de la Chine, des « observateurs de médias, » et des « pigistes de think tank » à travers le monde occidental (le « monde libre, » comme ils l’affirment), manifeste un dégoût virulent envers la Chine pour des raisons soi-disant éthiques est devenu lanorme. Nous nous sommes réveillés pour nous retrouver dans une zone crépusculaire où la condition préalable pour s’engager face à la sinophobie est l’adhésion à unautre type d’antipathie sinophobe, qui désavoue la possibilité d’une légitimité politique chinoise alors qu’elle témoigne de l’engagement du critique occidental envers la « justice ».

Les critiques occidentales à l’endroit de la Chine, cependant, ont mis à nu ses enjeux alors même que cette critique désavoue fiévreusement la position même dont elle émerge. En tant que marxistes de principe, nous devons toujours nous demander quel est le contexte historique et quelles sont les fonctions politiques dans lesquelles nos paroles et nos actions prennent un sens. Pourquoi, nous devons nous demander, est-il si séduisant de désigner la Chine comme le « nouveau » visage de l’impérialisme, alors même que les États-Unis conservent une suprématie militaire mondiale incontestée, avec plus  de 800  bases militaires à l’étranger et un régime international de sanctions permis par la norme dollar? Pourquoi continuons-nousà insister sur l’argument de la faillite morale de l’«anti-impérialisme» et des péchés partagés alors que ceux qui en sont bénéficiaires sont dans l’ordre  l’armée américaine,le complexe industriel  militaire euro-américainet les organisations  suprémacistes blanches internationalesde droite ?

***

I. Qu’est-ce /qui/comment est en train de critiquer?

Une série d’hypothèses terriblement simples nous permetde placer dans leur contexte ce que disent des observateurs de la Chine de l’engagement éthique. Beaucoup d’éléments de leur réflexion a commencé avec la proclamation que la nouvelle ère celle de la multipolarité sera définie non pas par l’impérialisme américain, mais par l’ascendant hégémonique chinois. Ces arguments, tels qu’ ils sont avancés  par les  gauchistes occidentaux, se rapportent à une définition simple de l’impérialisme, défini par Lénine. cette  analyse théorique  en résumé est celle-ci : l’impérialisme est le stade le plus élevé du capitalisme, porté par « la tendance persistante des systèmes d’État capitalistes mûrs à générer des conflits violents », comme l’a dit Amiya Kuma. Puisque la Chine est capitaliste, comme le reste du monde, elle doit aussi se tourner fonctionner sur le mode impérialiste, d’autant plus qu’elle semble ouvrir un certain nombre de partenariats commerciaux avec d’autres nations du Sud mondialisé.

À la différence des dons capitalistes tardifs de l’Europe et des Etats-Unis, cependant, ce « capitalisme » chinois est alors décrit comme plus agressif et prédateur; Les relations de la Chine avec d’autres nations du Sud mondiaisél ne peuvent être qu’une exploitation, puisque l’exploitation a été le thème dominant des relations post-1945 entre les empires euro-américains et les autres. La Chine doit suivre le même chemin pour se hisser à une domination similaire : son appétit sans bornes pour le travail et les matières premières du monde en développement lui fait part de sa cupidité sans fin, nous alertant sur les enjeux de sa montée menaçante. (Naturellement, ce discours vibre aussi de pathologie sexualisée et d’excès racialisés.) Puisque c’est le travail de n’importe quel marxiste de s’opposer à l’ennemi capitaliste, « nous » devons nous opposer aux pratiques de mauvaise foi de la Chine, et, armés des sources douteuses et de beaucoup de matériel de médias département d’État américain-commandité, « nous » devons corriger le développement malin de la Chine.

Il faut se demander, sur le fond, ce que signifie vraiment la profonde ignorance d’une telle mise en garde de la gauche occidentale. Leur dénonciation de l’avidité la Chine – au visage rouge et haletant, comme un pauvre enfant qui court pour rejoindre la « ligne de parti » – n’est-elle pas tout à fait un désaveu plutôt désastreux du projet socialiste international lui-même ? Prenons un article largement cité en 2016  par  Ashley Smith de l’International Socialist Review, qui note :

Le boom néolibéral du début des années 1980 à 2008 est la principale cause de cette nouvelle rivalité impériale [entre les États-Unis et la Chine]…. Des États comme la Chine sont devenus de nouveaux centres d’accumulation de capitaux. Inévitablement, ceux-ci sont devenus de plus en plus affirmés dans le système mondial les mettant en conflit dans leur pouvoir hégémonique, avec les États-Unis, qui a subi un déclin relatif à la suite de crises économiques, impériales et politiques.

La crise de la « rivalité inter-impériale », nous dit-on, relève de l’intégration capitaliste mondiale. Cette intégration, qui a officiellement absorbé la Chine à partir du « début des années 1980 », est devenue si absolue que les Nouveaux États « capitalistes », « comme la Chine », sont devenus aptes à défier les anciens maîtres pour la suprématie. En d’autres termes, l’affrontement contemporain de la Chine à l’impérialisme américain est conditionné par son appartenance au capitalisme.

Cette affirmation n’est pas seulement étonnante, mais comique. Elle suggère que, en fait,la confiance capitaliste nouvellement acquise a poussé les pays en développement à se retourner contre les impérialistes occidentaux. Non pas parce que ces impérialistes ont commis la guerre ou installé secrètement des dictateurs génocidaires, ou soutenu les systèmes d’après-guerre du capitalisme comprador à travers la moitié du monde, comme cet écrivain pourrait en être convaincu, mais parce que « l’accumulation du capital » a habilité les pays en développement à éprouver un « inévitable » désir de domination du monde. Écoutez, écoutez, de quelle manière l’Autre soumis ne peut qu’ imiter le pouvoir hégémonique, et maintenant ils menacent de nous dépasser.

En définissant l’«agression » supposée de la Chine comme « inévitable », Smith exclut commodément la possibilité de poser une série de questions beaucoup plus historiquement fondées, par exemple, pourquoi la Chine a-t-elle commencé à autoriser aux entreprises occidentales un accès intérieur partiel, après trente ans de sanctions brutales imposées par les États-Unis? Comment le socialisme chinois s’est-il occupé à modérer et à réorienter le flux des capitaux occidentaux, après 1979 ? L’absence flagrante de ces questions à travers toute ue série de commentaires si vigilants « Chine-observation » en fait nous décrivent la manière dont ces gens décrivent leur propre histoire leurs propres contradiction. [Qiao a offert une évaluation historique de l’agenda de la Chine de développement national par l’injection contrôlée de capitaux  étrangers ici  et  ici.]

Au cas par exemple, où Smith se trouverait en difficulté face au contraste durable entre le socialisme chinois et le capitalisme euro-américain, alors même qu’il dénonce le gouvernement chinois comme une « bande de voleurs ». Quelques pages plus tard, il admet : « La Chine a conservé la propriété de l’État sur des secteurs clés de son économie (comme l’énergie), a forcé les investisseurs étrangers à s’associer à des sociétés chinoises et a développé sa propre classe capitaliste privée. »


Étant donné qu’il n’y a jamais eu de révolution socialiste réussie dans le monde occidental, il semble terriblement suspect que tant de gauchistes occidentaux se sentent compétents pour légiférer ce qui est et n’est pas le socialisme.

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La Chine est-elle capitaliste ou socialiste ? Impérialiste ou anti-impérialiste? Nous savons très bien ce que signifie être capitaliste. Pourtant, on ne sait toujours pas si les gauchistes occidentaux savent réellement ce que signifie être socialiste, ou s’opposer véritablement à la structure impériale qui est à la base de leur appréhension de leur réalité. Étant donné qu’il n’y a jamais eu de révolution socialiste réussie dans le monde occidental, il semble terriblement suspect que tant de gauchistes occidentaux s’estiment compétents pour légiférer ce qui est et n’est pas le socialisme. Contrairement au capitalisme, une théorie qui justifie rétroactivement une pratique brutale, les théories du socialisme sont fondées sur des pratiques de révolution et responsables . Contrairement aux théories du capitalisme, dont le langage apparemment bénin obscurcit les brutalités à l’œuvre, le socialisme existant – en Chine, à Cuba, en RPDC et au Venezuela, pour n’en nommer que quelques-uns – sont des pratiques dynamiques qui expliquent la survie stratégique face à l’hostilité génocidaire impérialiste, capitaliste et raciste du bloc capitaliste occidental. Non seulement survivre, mais prospèrer, les  réalisations du  socialisme chinois parlent d’eux-mêmes.

***
II. Que fait la critique?

La critique occidentale contre la Chine sert trois buts principaux.

Tout d’abord, il reifie le mythe du péril jaune, en tablant sur la peur séculaire de la menace orientale. Vous pouvez le constater nous sommes face à une réitération lancinante de la terreur xénophobe profondément ensemencée dans la conscience blanc-occidental. De  Fu Manchu à  la caricature populaire du  peuple  chinois comme des rats, le spectre d’une Chine montante a longtemps hanté le complexe culturel occidental, éveillant en lui-même un sentiment d’infériorité civilisationnelle.


Cette crainte du capital en ce qui concerne la Chine, la menace orientale et le péril jaune despotique du jour, est rendue possible parce que l’idéologie impérialiste est capable de redéfinir continuellement la Chine contrairement aux néocolonies dociles et « démocratiques » des États-Unis en Asie de l’Est et du Sud-Est. Face à ces Modèles néocolonies, s’oppose la possibilité de l’existence du grand méchant loup.

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Aujourd’hui, le péril jaune continue d’être réactualisé en tant que Chinois en dépit de l’indétermination géopolitique plus large de ce qui est « jaunâtre » comme marqueur racial. C’est une tâche difficile de plaider la spécificité ethnique du péril jaune contre une ligne de la même couleur qui se veut élargissement. Mais les impérialistes, ont trouvé dans leur boîte à outils domestique de triage raciste, une solution opportune en mettant en évidence les néocolonies asiatiques comme modèles de « démocraties » contre l’autoritarisme supposé de la « Chine rouge ». Cette crainte du capital autour de la Chine, la menace orientale et le péril jaune despotique du jour, est possible parce que l’idéologie impérialiste est capable de recadrer continuellement la Chine contrairement aux néocolonies dociles et « démocratiques » des États-Unis en Asie de l’Est et du Sud-Est. l Aux Modèles des néocolonies, on oppose le grand méchant loup.

Ensemble, ces néocolonies, y compris, sans s’y limiter, Taiwan, la Corée du Sud, le Japon, la Thaïlande, Singapour et les Philippines, forment un archipel d’influence américaine dans la région. Ces nations asiatiques constituent également l’empire de base des États-Unis. En vertu des traités établis par la guerre américano-philippine (Philippines), la Seconde Guerre mondiale (Japon), la guerre de Corée (Corée du Sud, Taiwan) et la guerre du Vietnam(Singapour),ils ont cédé une partie de leurs territoires à des fins militaires américaines et offrent un  soutien  technologique, biopolitique et monétaire à la domination militaire américaine en Asie-Pacifique. Par conséquent, à travers les bases militaires américaines d’Asie de l’Est et du Sud-Est, des ogives nucléaires et un contingent actif de soldats (le plus grand de tous les avant-postes étrangers de l’armée) encerclent le ventre de l’Asie continentale, menaçant la Chine, la RPDC et la Russie de ce que le Pentagone appelle dans un doux euphémisme un « avantage asymétrique ». Dans cette lumière, la vérité émerge, que sous la distraction rhétorique du péril jaune chinois se trouve un programme impérialiste rigoureux des États-Unis de titrisation et d’expansion, qui coûte aux contribuables américains des billions de dollars par an et a dirigé une guerre permanente en Asie et dans le Pacifique depuis 1950.

Contrairement à leur contribution à l’anxiété explosive autour de la « Chine montante », nous pourrions considérer comment et pourquoi les États-Unis ont embrassé, voire instrumentalisé, la montée du soft power sud-coréen avec beaucoup de promotion sur le néant, sur rien sauf une obsession continentale avec eyeliner et masque L’analyse géopolitique nous offre une autre explication de cette distribution comique du ressentiment impérial. En tant que protectorat américain qui s’appuie sur les États-Unis militairement et économiquement, la Corée du Sud ne constitue pas une menace, mais une façade de « postcolonialité » indigène pour le système de l’impérialisme américain. Tant que les États-Unis restent dans une  guerre permanente contre  la RPDC, tant que les États-Unis sont sur le ventre de l’Asie à travers ses « hôtes » dans le Pacifique, la Corée du Sud, l’un de ses plus anciennes néocolonies régionales, n’est rien d’autre qu’une plume dans le chapeau de l’empire multiculturel des États-Unis.

En revanche, la Chine, qui reconnaît l’impérialisation de la plupart de ses voisins de l’Est et du Sud-Est, est l’un des derniers bastions contre l’empire militaire américain en Asie-Pacifique. Pour beaucoup, il est terrifiant que la Chine ait osé défier avec méfiance les avances de l’impérialisme occidental (une symphonie discordante qui suit habituellement les quatre formes de mouvement des sanctions, de la pénétration économique, de l’engagement politique et du changement violent de régime). Terrifiant, parce que vous êtes un rouage dans la machine impériale et croyez à la ligne qui veut que tous ceux qui ne sont pas avec « nous » sont contre nous, et tout le monde qui est contre nous doit mourir. Cette paranoïa classique de la guerre froide a produit plus quelques génocides soutenus par les États-Unis-cum-puppet régimes (en Indonésie, Chili, El Salvador, Irak, Afghanistan, Japon et corée, pour n’en nommer que quelques-uns), et à conduit certains chercheurs à la désigner comme l’impulsion qui conduit la cible des États-Unis du monde.


La critique occidentale contre la Chine aspire à être l’élan de l’opposition de principe à l’expansion des États-Unis de son empire de bases dans l’Asie-Pacifique sous les auspices d’une doctrine de confinement anti-Chine renouvelée.

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