Je pense que Marianne va vérifier la traduction du chinois réalisée ici grâce au traducteur automatique. Mais l’ensemble parait correct et surtout, je l’affirmais à propos d’un récent débat, il est utile de combattre une tendance qui oppose la réussite chinoise à “l’échec” de l’URSS. Cela n’a jamais été la position du parti communiste chinois. Il ne faut pas oublier que la rupture sino-soviétique s’est faite à partir de Khrouchtchev de son rapport mais surtout de son changement de ligne. Comme ne manquent pas de le souligner les adversaires, la Chine a suivi le modèle léniniste et stalinien de la dictature du prolétariat et du rôle de l’Etat, il n’y aucun socialisme victorieux qui n’ait pas suivi cette voie. Enfin, hier comme aujourd’hui et comme le montre ce texte, le parti communiste chinois n’a cessé d’étudier l’expérience soviétique, sur quoi elle a buté. A ce titre, il ne fait pas oublier l’essentiel de cet article, la manière dont un intellectuel chinois juge du “nihilisme” occidental, une manière quasi religieuse d’aspirer à une fin qui soit un renversement total et qui de progressiste sous certains aspects vire aisément à la réaction. Je crois que nous sommes en plein dans ce moment et pas seulement en littérature. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Aymerich Michel 21 Décembre 2020 no comment
L’introduction ci-après et surtout la traduction de l’article chinois sont susceptibles d’améliorations…
Par Michel AYMERICH
Je partage ici les deux premières parties d’un très long article chinois. Les troisième et quatrième parties suivront. J’ai ajouté la carte du Plan Barbarossa d’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie…
Cet article traite du rôle de l’inévitable et nécessaire lutte idéologique et de l’importance de ce champ de bataille qu’est le rapport à l’histoire depuis octobre 1917, au regard de l’histoire de l’URSS et ici de son rôle incontestable dans la victoire contre le nazisme [1].
Plus d’une fois, sur les réseaux sociaux, j’ai observé de la part même de personnes de nationalité françaises d’origine chinoises comme de personnes d’origine non-chinoises (y compris plutôt élogieuses envers la Chine moderne) une tendance à jeter l’histoire de l’URSS aux orties, cédant de la sorte aux pressions de l’idéologie dominante dans toutes ses déclinaisons politiques allant de l’extrême droite – en passant par le binôme droite classique/social-démocratie – aux variétés de « gauche » tactiquement sinon stratégiquement compatibles avec les intérêts systémiques de la classe bourgeoise impérialiste.
Idéologie dominante qui n’est autre que celle de la classe bourgeoise impérialiste, détentrice des pouvoirs économiques, médiatiques principaux et politiques sous la forme dite « démocratique » du «système de la dictature de la bourgeoisie, dont l’État forme le noyau [2] ». Une démocratie pour elle-même et des miettes de « démocratie » (conquêtes et acquis démocratiques) qui se réduisent au fil du développement de la crise organique comme une peau de chagrin, ce que souligne la tendance observable à une fascisation croissante [3], pour des fractions du peuple…
L’article a été traduit à l’aide de DeepL, bien meilleur -et de loin!- que Google traduction. Mais « meilleur » ne signifie pas parfait. Il m’a fallu, donc, comparer entre elles des traductions en des langues différentes (principalement l’allemand et parfois l’anglais), afin de choisir les phrases qui me paraissaient les plus logiques.
Au cours de mon travail de vérification de certaines citations, dont je possède fort heureusement les traductions en français des textes dont elles sont issues (rapport de Xi Jinping au 19ème Congrès du PCC, mais aussi rapport de Khrouchtchev au 20ème congrès du PCUS, dont le rapport secret « Sur le culte de la personnalité et ses conséquences » et discours de Gorbatchev…), j’ai pu découvrir et par là-même une fois de plus constater comment s’exerce la manipulation de l’histoire dans le centre du capitalisme-impérialisme que sont les Etats-Unis. Manipulation qui est l’une des conditions de l’exercice de la dictature idéologique, tantôt indirecte, tantôt directe (selon les circonstances historiques et les pays…), de la classe dominante à l’échelle mondiale.
Ainsi ai-je comparé entre elles trois traductions en français et une traduction en allemand du rapport secret de Khrouchtchev «Sur le culte de la personnalité et ses conséquences» de 1956, afin d’utiliser la traduction de celles des phrases du rapport citées dans la deuxième partie de l’article chinois suivant.
Et qu’ai-je découvert? La version étasunienne publiée en tant que Appendice IV des souvenirs de Khrouchtchev, intitulée «Le rapport secret de Khrouchtchev» [4] est une version tronquée. En termes politiquement exacts, une version censurée d’au moins un assez long passage important relatif à Staline. A ce point important, d’ailleurs, qu’une phrase de ce passage importanta attiré l’attention de l’auteur chinois, dont je partage l’article, afin justement de pouvoir porter un jugement quelque-peu équilibré du rôle de Staline dans l’histoire : «Nous ne pouvons pas dire que ses actes étaient ceux d’un despote pris de vertige. Il était convaincu que cela était nécessaire dans l’intérêt du Parti, des masses travailleuses, pour défendre les conquêtes de la révolution [5]».
C’est qu’il faut de la part de la réaction susciter systématiquement ce que Ouyang Xiangying désigne comme le «nihilisme historique»…
NOTES :
[1] « 4) La quatrième période est celle de la guerre totale [15] de 1941-1945 dirigée par le germano-fascisme, la seconde croisade anticommuniste, cette fois sous le signe de l’anti-judéobolchévisme [16]. Une guerre d’extermination qui a dévasté l’URSS au-delà de l’imaginable (27 millions de morts…) et produit Auschwitz et le judéocide (Shoah) ! et la victoire militaire totale symbolisée par les suicides de Hitler (30 avril 1945) et Goebbels (01 mai 1945) juste avant la prise, le 02 mai 1945, par l’Armée rouge du bunker où ils s’étaient terrés [17].
Staline, «commandant suprême» [18] de l’Armée rouge, a incontestablement vaincu Hitler! » http://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/09/de-l-epoque-de-trotsky-a-staline-et-ses-successeurs.et-maintenant-bilan-et-perspectives.html
[2] « La bourgeoisie exerce sa dictature non seulement à l’aide de l’Etat, mais aussi à l’aide d’un système largement ramifié d’institutions et d’établissements : le système de la dictature de la bourgeoisie, dont l’Etat forme le noyau. » E. Batalov, La théorie de Lénine sur la révolution, Editions du progrès, 1985, p. 126.
[3] «Une nouvelle étape grave a été franchie dans la censure de l’internet. Les plus conscients et informés des utilisateurs des réseaux sociaux savaient déjà la censure non officielle qui s’exerce à travers le filtre des réseaux sociaux, sociétés privées américaines, qui imposent leur filtre idéologique. Une censure qui fait régulièrement rigoler lorsqu’un utilisateur s’aperçoit qu’il est interdit de partager certain nu de Boticelli car non conforme aux règles des publications Facebook. […] Alors, quelle est cette nouvelle étape franchie dans la censure ? Et bien il s’agit tout simplement de la censure ouverte. Celle de l’interdiction de publier certains contenus. De façon discrétionnaire. C’est par exemple le cas du blog de notre ami Michel Aymerich sur Facebook dont nous publions le témoignage ci dessous. D’insidieuse, planquées sous l’application de soit disant règle, obscure et discrétionnaire, la censure s’affiche désormais plus ouvertement.», Symptôme grave de la fascisation : la censure par Facebook de sites internet et blogs.
[4] Khrouchtchev, Souvenirs,Editions Robert Laffont, 1971, p. 572.
[5] N. Khrouchtchev, Rapport secret, in 1956, le choc du 20ème congrès du PCUS, Messidor, Editions sociales, 1982, p. 231.
Tirer les leçons de la désintégration de l’Union soviétique et s’opposer au nihilisme historique
Institut d’histoire du parti et de documentation du Comité central du Parti communiste chinois>>Thèmes d’actualité>>Découverte de faits historiques>>Nihilisme historique
Titre original : Tirer les leçons de l’effondrement de l’Union soviétique et s’opposer au nihilisme historique
Auteur : Ouyang Xiangying Publié : 2018-01-22 Source : China Social Science Network
Dans son rapport au 19e Congrès national, le camarade Xi Jinping a souligné :« La réalisation du grand rêve implique une grande lutte. La société évolue à travers le mouvement des contradictions. Qui dit contradiction dit lutte. Notre Parti, à la tête du peuple, doit mener une grande lutte aux nombreuses caractéristiques historiques nouvelles, afin de faire face aux grands défis, se prémunir contre les risques sérieux, surmonter les graves difficultés et résoudre les contradictions fondamentales; toute idée ou tout acte, tel que la recherche des agréments de la vie, la passivité, le laisser-aller et le contournement des contradictions, est à condamner. »
Le grand rêve du peuple chinois est de parvenir au grand rajeunissement de la nation chinoise, et toute approche qui va à l’encontre de cet objectif est mauvaise et doit être combattue, et la clé de cela est la lutte contre tous ceux qui remettent en question la direction du Parti et les grands projets menés par le Parti. C’est une tâche politique extrêmement importante, non seulement pour la survie de notre Parti, mais aussi pour la réussite du grand projet de rajeunissement national et ethnique. Si nous prenons à la légère les grands défis, les risques, les résistances et les contradictions, nous risquons d’enterrer la grande cause de notre Parti, qui a été lancée par des générations de dirigeants. L’effondrement de l’Union soviétique est un exemple vivant de l’abandon par le Parti de sa position de leader et de l’effondrement du pays. Bien que de nombreux facteurs économiques, politiques, ethniques, culturels et diplomatiques aient joué un rôle dans la désintégration de l’Union soviétique, on ne peut pas sous-estimer la désintégration de l’idéologie, et c’est du nihilisme historique que l’offensive dans la sphère idéologique a commencé.
I. Les origines de la Russie et le nihilisme historique
L’étymologie du nihilisme est le mot latin «nihil», qui signifie «rien». Initialement introduit dans la philosophie par Friedrich Heinrich Jacobi, Nietzsche a construit la philosophie du « nihilisme classique »[1] et lui a donné le sens de « rendre le monde, et la vie en particulier, dépourvu de but, de valeur, de vérité et de sens », tandis que Heidegger fait référence au néant comme à l’existence, affirmant que «le néant du ‘nihilisme’ signifie qu’il n’y a pas d’existence du tout …… il est oublié»[2]. Les philosophes postmodernistes Jean-François Lyotard et Derrida, en revanche, ont poussé l’épistémologie et les systèmes éthiques à l’extrême du relativisme, niant la vérité, la valeur, les processus historiques et le sens des poursuites humaines, et donc les fondements mêmes sur lesquels la civilisation occidentale a été construite. Depuis les initiateurs de la métaphysique de la Grèce antique jusqu’aux maîtres encore vivants du postmodernisme, le nihilisme a longtemps été une vague de philosophie occidentale. Au cours d’une si longue histoire, la Russie n’a pas échappé à la propagation des idées nihilistes, qui ont été largement influencées du monde littéraire au monde intellectuel.
En 1862, Tourgueniev publie son roman «Pères et Fils», dans lequel le personnage principal Bazarov est traité de «nihiliste» qui remet tout en question et n’obéit à aucune autorité, et ce personnage a eu une grande influence sur la littérature russe. Depuis lors, Dostoïevski a créé une série d’images vivantes de nihilistes dans des œuvres telles que «Crime et Châtiment», «Les possédés» et «Les Frères Karamazov». Même le grand écrivain Lev Tolstoï, un nihiliste juridique classique, a tenté de remplacer la loi par une loi morale. [3] Quant à l’influence du nihilisme dans le monde intellectuel, puisque «la pensée russe au XIXe siècle pouvait être directement considérée comme un appendice de la pensée allemande» [4] et que Fichte et les Jeunes Hégéliens s’enfonçaient de plus en plus dans la voie du nihilisme à cette époque, les intellectuels russes européanisés tels que Tchaadaïev, Stankevitch, Belinsky, Herzen et Bakounine ont tous embrassé le nihilisme à des degrés divers. Ils ont porté le nihilisme dans leurs actions et ont mené des mouvements intellectuels et sociaux d’émancipation qui ont nié les anciennes traditions et valeurs. Le grand penseur russe Berdiaev a fait remarquer que derrière le nihilisme russe se cachent des motifs religieux et moraux visant à exiger la fin de l’histoire et à attendre qu’une nouvelle vie commence après la fin [5].
Ainsi, la propagation précoce du nihilisme en Russie a été quelque peu révolutionnaire et pourrait être appelée «l’éclaircissement idéologique d’un mouvement radical». Mais à mesure que l’histoire progressait, la nature métaphysique du nihilisme devenait de plus en plus évidente, et finit par devenir l’ennemi de la pensée humaine progressiste, révélant ses limites et son côté réactionnaire. Exprimé en attitudes historiques et en évaluation historique, le nihilisme se caractérise principalement par une vision unilatérale et isolée du problème, soit en appliquant deux poids deux mesures aux événements historiques et aux personnages historiques, soit en faisant des généralisations, en niant la régularité de l’histoire, en niant le rôle des individus dans l’histoire et en croyant que tout ce qui s’est passé n’a pas de vérité et peut être complètement réécrit. Après la création de l’Union soviétique, grâce au brassage et à la fermentation des périodes de Staline, Khrouchtchev et Gorbatchev, le nihilisme historique s’est accumulé pendant longtemps et a finalement joué un rôle clé au moment critique de l’effondrement de l’Union soviétique.
II. le nihilisme historique comme cause de l’effondrement de l’Union soviétique
Écrire l’histoire et l’évaluer de manière objective, complète et précise est une condition préalable pour critiquer le nihilisme historique. L’exagération, le renversement total, l’ambiguïté et la généralisation ne sont pas des attitudes de matérialisme historique et ouvrent inévitablement une brèche au nihilisme historique.
Le nihilisme historique sous Staline se manifestait principalement dans le culte de la personnalité où la présentation superficielle et absolue de la riche pratique politique et sociale du dirigeant en réduisait la crédibilité et l’authenticité et avait un effet subversif et destructeur sur l’image du dirigeant aussitôt que les informations négatives étaient amplifiées.
Le 24 février 1956, Khrouchtchev, dans son rapport secret «Sur le culte de la personnalité et ses conséquences», parlait de l’abus de pouvoir par Staline, contraire aux principes et aux méthodes de Lénine pour traiter la lutte au sein du parti. [Staline] abandonna le style de travail de Lénine en matière de persuasion et d’éducation, considéra les arguments normaux au sein du parti comme une lutte contre l’ennemi, et prit la voie de la répression de masse et des purges. Khrouchtchev attribue tout cela principalement aux défauts de la personnalité et des caractéristiques personnelles de Staline. «Nous ne pouvons pas dire que ses actes étaient ceux d’un despote pris de vertige. Il était convaincu que cela était nécessaire dans l’intérêt du Parti, des masses travailleuses, pour défendre les conquêtes de la révolution» [6]. Les paroles de Khrouchtchev ont choqué les masses ordinaires à l’extérieur du Kremlin. Personne ne se souciait de la première moitié de la phrase de Khrouchtchev, «Nous ne pouvons pas dire», mais se souvenait de la deuxième moitié, « Ce sont les actions d’un despote pris de vertige». Au lieu d’analyser le contexte historique et les circonstances personnelles de l’époque, il est caractéristique du nihilisme historique de souligner les défauts et les erreurs de Staline et d’effacer complètement les mérites historiques de Staline.
En 1964, lors du plénum d’octobre du Parti communiste de l’Union soviétique, Brejnev remplace Khrouchtchev en tant que chef suprême du Parti communiste de l’Union soviétique et commence à renforcer le contrôle idéologique et la censure des livres et des journaux. Cependant, «il n’a jamais été possible de revenir en arrière. Cela a été vrai même après la destitution de Khrouchtchev par le plénum du Comité central en octobre 1964. Les tentatives pour inverser le processus de déstalinisation ont échoué, et le mouvement dissident s’est développé à la place» [7].
A partir des premiers rassemblements sur la place, le mouvement dissident s’est développé en organisations informelles, et à cette époque, trois factions relativement importantes s’étaient formées : les socialistes démocratiques, représentés par Roy Medvedev, les Occidentaux, représentés par Sakharov, et les néo-Slaves, dirigés par Soljenitsyne, qui en 1964 a commencé à publier une publication clandestine régulière connue en Occident sous le nom de Journal politique. En 1965, après l’affaire Siniavski et Daniel, qui a abouti à des condamnations pour “publications illégales”, l’édition clandestine a prospéré au lieu de décliner. Un grand nombre de mémoires exposant les répressions de la période stalinienne, des lettres de protestation avec un grand nombre de signatures, des pétitions, des déclarations, des articles critiquant le traitement des dissidents par le gouvernement, ainsi que divers documents juridiques issus de procès et des déclarations de la défense des accusés, ont été largement publiés dans des publications privées. Des périodiques sous forme de bulletins ont commencé à paraître en grand nombre, tels que « Chronique de l’actualité », « Libre-pensée », « Bulletin ukrainien », « Émigration », « Chronique catholique lituanienne », etc.
Un grand nombre de livres des dissidents soviétiques publiés à l’étranger sont entrés en Union soviétique à titre privé, et les livres interdits d’auteurs étrangers sont entrés en Union soviétique par divers canaux et ont été réimprimés ou ont circulé secrètement sous forme de manuscrits. Il y a eu une explosion de l’information, une confusion entre le vrai et le faux, et la propagation du mensonge.
Au milieu des années 1980, Gorbatchev, une figure clé de l’effondrement de l’Union soviétique, est arrivé au pouvoir. Il a proposé : « Nous affirmons le pluralisme de l’opinion publique et rejetons la pratique du monopole mental » [8]. En effet, cela signifiait l’abandon de la direction du parti en matière de travail idéologique et la pratique du néolibéralisme dans le domaine culturel. Pour mieux réaliser ses intentions, Gorbatchev nomme A. Yakovlev dans ses fonctions en remplacement de Y. Ligachev en charge du travail idéologique du Parti communiste soviétique. A.N.Yakovlev était un représentant de la renonciation du Parti communiste soviétique aux idéaux communistes et à sa position en tant qu’idéologie directrice du marxisme-léninisme après le milieu des années 1980. En décembre 1985, en tant que proche confident de Gorbatchev à l’époque, Yakovlev a avancé l’idée que « dans la pratique de notre pays, le marxisme n’est rien d’autre qu’une nouvelle religion, soumise aux intérêts du régime autoritaire et aux exigences de ses caprices. L’exposition dogmatique du marxisme-léninismeest suffisamment dangereuse pour détruire toute pensée créative et même la pensée classique. Le diable, c’est le diable… doit faire une telle percée théorique pour arrêter le totalitarisme et le mépris de la liberté et de la créativité, pour mettre fin à l’homogénéisation idéologique… Le problème ne serait pas seulement de démanteler le stalinisme, mais de remplacer l’héritage millénaire de ce modèle d’État » [9]. Il en voulait à la Révolution d’Octobre et appelait à une purge complète du bolchevisme et à l’éradication de ses racines. Le marxisme, disait Yakovlev, était dès le début plein de philosophie fastidieuse, de simples prescriptions pour résoudre les problèmes, de vues utopiques confuses, et le bolchevisme ne pouvait produire que de l’immoralité et de la criminalité [10]. Tout en dénigrant sans raison l’histoire et le système soviétiques, Yakovlev a fait l’éloge du capitalisme. Il a déclaré : « Le capitalisme apporte avec lui une éthique de pragmatisme. Dans ses slogans de liberté, d’égalité et de fraternité, le capitalisme incarne un noble idéalisme fondé sur des considérations sobres et réalistes » [11].
Il n’est pas difficile d’imaginer que sous le régime de Gorbatchev, un homme qui s’était vigoureusement opposé et résistait au marxisme-léninisme et qui détestait la révolution d’Octobre et le mouvement bolchevique, est entré au cœur de la direction du Parti communiste soviétique et est devenu le principal responsable de son travail idéologique, et il n’est pas surprenant que le Parti communiste soviétique ait été renversé de l’intérieur.
Lorsque Mikhail Gorbatchev est arrivé au pouvoir, au lieu de resserrer le contrôle du front idéologique, il a élargi la confusion dans la sphère idéologique en soulignant que «les douleurs d’aujourd’hui et les événements tragiques du passé peuvent faire l’objet d’une analyse dans la presse». En novembre 1986, lors d’une conférence de tous les chefs de départements de sciences sociales de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev a accusé les manuels d’histoire soviétiques d’être stéréotypés, dogmatiques et formalistes et a exigé qu’ils soient réécrits. Lors d’une conférence du parti communiste soviétique en 1987 pour commémorer le 70e anniversaire de la révolution d’Octobre, Gorbatchev a présenté un rapport intitulé «Octobre et la restructuration : la révolution se poursuit », prétendant poursuivre l’œuvre inachevée des années 1960 et rétablir la justice historique [12].
En fait, la soi-disant « justice historique » était un rejet complet de Staline, et donc une critique de Lénine, un bouleversement du système socialiste, et la mise en oeuvre de la « nouvelle pensée » de Gorbatchev, qui était un déplacement total vers la droite.
En juin 1988, les autorités soviétiques ont décidé que les examens du semestre en cours pour les cours d’histoire dans les écoles élémentaires et intermédiaires devraient être annulés et que les manuels d’histoire des écoles élémentaires et intermédiaires devraient être réécrits.
En juin 1988, les autorités soviétiques ont décidé d’annuler les examens du semestre en cours pour les cours d’histoire dans les écoles primaires et secondaires et de réécrire les manuels d’histoire pour les écoles primaires et secondaires. Diverses versions des nouveaux manuels d’histoire sont apparues, mais la plupart d’entre elles n’étaient pas de grande qualité, certaines étaient trop abstraites et d’autres étaient pleines de contradictions [13]. Certains historiens ont insisté sur les taches de l’histoire et ont discrédité l’histoire de l’Union soviétique, y compris la guerre patriotique et le redressement d’après-guerre, faisant de l’Union soviétique un « trou noir de l’histoire ».
Des intellectuels d’orientations idéologiques différentes ont fait beaucoup de tapage pour que leurs propres productions soient inclus dans les manuels scolaires. Le chaos dans les manuels d’histoire s’est poursuivi jusqu’après l’effondrement de l’Union soviétique, avec des ouvrages controversés tels que « Histoire de la patrie au XXe siècle » de Dolutsky en 2003, l’ouvrage de référence du professeur Filippov, « Histoire récente de la Russie, 1945-2006 » en 2007, et l’ouvrage de référence pour enseignants, « Histoire de la Russie (1917-2009) » deBalshchenkov, co-écrit avec Fodorin, 2009. Le nombre étourdissant d’éditions laisse les étudiants perplexes quant à la personne en qui faire confiance. L’histoire est devenue une petite fille en robe.
Outre le gâchis des «manuels d’histoire», il y a le problème de la mise au jour des soi-disant « archives historiques ». Bien avant l’effondrement de l’Union soviétique et la déclassification massive des archives historiques, certaines personnes ont ciblé et exposé de manière sélective les soi-disant « archives historiques » de la période stalinienne – en fait, la plupart d’entre elles étaient des absurdités, diffamant délibérément Staline et préparant le rejet en bloc de Staline et du système socialiste. Oui, préparant à la négation totale de Staline et du système socialiste. Viktor Souvorov, de son vrai nom Vladimir Bogdanovitch Rezen, a travaillé pour la Direction générale du renseignement de l’état-major général soviétique avant de faire défection en Grande-Bretagne en 1978. Depuis lors, il a publié plus d’une douzaine de livres sur la guerre germano-soviétique et l’armée soviétique, qui ont attiré l’attention des historiens internationaux, en particulier des chercheurs et des lecteurs russes, allemands et israéliens. L’argument central de Souvorov est que Staline était un partisan actif des plans d’Hitler pour la guerre mondiale ainsi qu’un planificateur de conspiration. Staline savait qu’un pacte de non-agression entre l’Union soviétique et l’Allemagne conduirait à une déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France contre l’Allemagne, et ainsi il réussit à entraîner Hitler dans la guerre et à en récolter lui-même les bénéfices [14]. Un point de vue aussi farfelu a néanmoins gagné le soutien et l’approbation de nombreux acteurs internationaux, tels que Sakharov, un dissident soviétique de premier plan, qui en est un fan, ainsi que l’historien russe Mikhail Melikyukhov et l’écrivain américain Eric Margolis, qui sont en partie d’accord avec lui. Hitler, disent-ils, a sauvé l’Europe de Staline ; l’inévitable effondrement de l’Union soviétique en 1991 a été la véritable fin de la Seconde Guerre mondiale [15]. Tout aussi absurdes sont les affirmations selon lesquelles Staline n’a pas pu combattre et a gagné grâce à Joukov ; que Staline a une fois essayé de se rendre à Hitler et a supplié les Allemands de lui accorder la paix par l’intermédiaire de l’ambassadeur bulgare. Il y a des affirmations encore plus absurdes selon lesquelles Staline a sauvé la vie d’Hitler parce qu’il était en sympathie avec lui, etc.
Tout cela a été fait sous la bannière des «archives historiques», et Staline non seulement n’a pas mené l’Armée rouge soviétique à la victoire pendant la Seconde Guerre mondiale, mais il est devenu un pécheur historique. Ce vent ne s’est arrêté qu’après l’effondrement de l’Union soviétique. Ces dernières années, la rumeur internationale selon laquelle « Staline a été le véritable initiateur de la Seconde Guerre mondiale » est née de ces fausses révélations archivistiques. Ils ont trouvé les ébauches de Joukov pour le «plan de frappe préventive», en soulignant que Staline prévoyait d’utiliser l’entraînement comme prétexte pour déployer un grand nombre de troupes à la frontière, prêtes à couper la chaîne pétrolière entre l’Allemagne et la Roumanie, et ont conclu que Staline avait commencé la guerre avant Hitler, sans rien dire du «Plan Barbarossa» de Hitler. Oui, le «Plan Barbarossa». Et ils ont même ignoré le fait historique que les Allemands ont attaqué l’Union soviétique en premier pendant la Seconde Guerre mondiale.
En fait, il est établi depuis longtemps dans l’historiographie que la diffamation de l’Union soviétique pour une guerre préventive était précisément le plan d’Hitler.
Alors que les manuels scolaires et les archives historiques étaient l’apanage des experts, les médias et la littérature ont eu une profonde influence sur la conscience populaire. Entre 1986 et 1988, un certain nombre de journaux soviétiques influents ont été repris par le «nouvel homme» notamment Kommersant, Starfire [Ogoniok ? Littéralement «petite flamme». M.A.], Les Nouvelles De Moscou, Komsomolskaya Pravda [Vérité du Komsomol, M.A.], l’hebdomadaire « Argumenty i Fakty » [Arguments et Faits. M.A.], «Moskovskaïa Pravda » [Vérité de Moscou. M.A.], « Moskovski Komsomolets » [Jeunesses communistes de Moscou. M.A.], Youth [il ne m’a pas été possible de déterminer le titre russe. M.A.], Novy Mir [Nouveau monde. M.A.] et d’autres. Les comités de rédaction des journaux soviétiques tels que la « Pravda », le magazine «Communist» et la « Gazette économique » [Ekonomicheskaya Gazeta. M.A.] ont également été considérablement réorganisés. Ce sont ces journaux grand public, entièrement soviétiques, qui ont attisé les flammes et façonné l’opinion publique, devenant ainsi l’avant-garde de la campagne d’«ouverture».
En exposant l’histoire et les documents « cachés », la circulation de certains journaux a augmenté de façon spectaculaire, la diffusion de Novy Mir, Argumenty i Fakty et des images de Starfire [Ogoniok ?] atteignant plusieurs millions d’exemplaires. En 1989, le sixième numéro de Octobre [en russe: Oktyabr. M.A.], l’organe de l’Association des écrivains de la Fédération de Russie, a publié le roman de Grossman, de niveau moyen, «Tout passe», qui a été «la première critique publique du léninisme et de l’homme politique Lénine en Union soviétique». Le roman parle de la dualité du personnage de Lénine, soutenant que «la tragédie de Lénine n’était pas seulement la tragédie de la Russie, elle est devenue la tragédie du monde», que le système socialiste soviétique était un « esclavage caché », et que l’idéologie socialiste russe était le précurseur du fascisme. L’archipel du goulag de Soljenitsyne a ouvertement accusé Lénine d’être l’auteur de toutes les mesures répressives, y compris l’établissement de camps de travail. Dès lors, il était à la mode dans la littérature d’attaquer Lénine. Non seulement la littérature, mais aussi le cinéma et le théâtre, et des dizaines de films interdits ont été projetés, et début décembre 1986, 15 cinémas de Moscou ont projeté pendant trois mois le [… ?] « Le Repentir », qui avait fait sensation auprès du public. Le film, réalisé par le Géorgien Tenguiz Abouladzé, est une métaphore de la vie politique sous Staline en rappelant les jours brutaux et tyranniques du dictateur [Aravite ?]. La sortie du film a été le « début de l’effondrement de l’idéologie communiste » en Union soviétique [16].
En juillet 1987, la cérémonie de clôture du Festival du film de Moscou a donné lieu à la projection du film Le commissaire, longtemps interdit, qui dépeignait un grave affrontement entre une foule en colère et l’Armée rouge. Depuis lors, plusieurs chaînes de télévision ont commencé à diffuser des documentaires sur les victimes soviétiques de la guerre en Afghanistan et de l’accident nucléaire de Tchernobyl, ce qui a provoqué une onde de choc dans la société. Cet impact a fortement affecté l’idéologie qui s’était formée au fil des ans, et les idées et croyances des masses ont été ébranlées.
Face à la lutte idéologique, le Parti communiste de l’Union soviétique non seulement n’a pas joué un rôle actif, mais a également cédé la place dans l’opinion publique, et le 12 juin 1990, la loi sur l’édition en URSS a été promulguée, fournissant une base juridique à la libéralisation des médias. Encouragés par la loi sur l’édition soviétique, certains journaux se sont déclarés « autonomes », profitant de l’occasion pour échapper au Parti communiste de l’Union soviétique et aux autorités. Le résultat a été une défaite écrasante pour la législature suprême et la perte de leur journal de plus de 70 ans. Kommersant est devenu l’avant-garde des libéraux radicaux de Russie et était autrefois contrôlé par des investisseurs étrangers. Parmi les journaux enregistrés, seulement 1,5 % étaient aux mains du Parti communiste de l’Union soviétique [17].
Dans ce contexte, toutes sortes d’attaques et d’articles sur le Parti communiste de l’Union soviétique et le système socialiste ont été publiés, la pensée antimarxiste était répandue et les journaux promouvant la pornographie et la violence étaient nombreux. La presse, la télévision, la radio et les maisons d’édition recherchaient le profit, oubliant non seulement leurs responsabilités politiques, mais perdant même leur conscience sociale. Les travaux universitaires sérieux et les équipes de vulgarisation scientifique avaient presque disparu, comptant sur l’impression interne pour une communication à petite échelle.
Ce ne sont pas seulement Gorbatchev ou Yakovlev, Eltsine et quelques autres qui n’ont cessé d’ébranler les fondations de l’édifice soviétique et l’ont fait s’écrouler. Ce sont ces éléments métamorphosés au sommet du parti communiste soviétique, mais également les intellectuels dissidents, les commentateurs politiques, les écrivains et autres, et même les masses qui écoutaient des mensonges et ne connaissaient pas la vérité, qui ont joué un rôle. En même temps, on ne peut pas ignorer qu’il existe des facteurs internationaux derrière la prolifération du nihilisme historique. La CIA des États-Unis a pris la tête du mouvement, affirmant qu’elle veut « mobiliser tous les moyens, y compris spirituels, pour détruire la volonté de l’ennemi ». Ils soutenaient les dissidents en imprimant des livres qui ne pouvaient pas être publiés en Union soviétique et en les expédiant chez eux, et exportaient des publications en faveur des idées libérales occidentales par divers canaux. La création de Radio Liberty à Munich, consacrée à la propagande et à l’infiltration de l’Union soviétique dans les pays d’Europe de l’Est, a été documentée en détail en 1976 par le Comité de sécurité d’État de l’URSS au Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique: « Rien qu’aux États-Unis, conformément au mandat de la CIA d’étudier l’influence idéologique sur les pays socialistes et les jeunes, il existe quelque 80 centres et instituts de recherche ……. Aujourd’hui, sur le sol capitaliste, 41 stations de radio diffusent 253 heures jour et nuit, dont 7 des 12 programmes réguliers s’adressent aux jeunes auditeurs. Les étudiants universitaires recevaient beaucoup d’informations des stations de radio occidentales, et les émissions 24 heures sur 24 de la Voix de la liberté, de la Voix de l’Amérique et de la Vague française [ ?] devenaient la principale source d’information de nombreuses personnes sur l’Occident, mais, cependant, la propagande hostile des pays occidentaux avait un but politique. Elle servait leurs propres intérêts nationaux et, à certains moments, était motivée par les besoins de la guerre froide, n’était pas entièrement objective et impartiale et avait inévitablement tendance à affaiblir l’influence du socialisme. Le chef du comité de radiodiffusion « La Voix de la Liberté » n’a pas caché ses objectifs de propagande en vue de la désintégration idéologique de l’Union soviétique : «Il n’est pas du tout nécessaire de présenter des slogans positifs spécifiques à la jeunesse soviétique en général. Il suffit qu’ils soient en colère envers leur environnement». Aussi longtemps que la couverture médiatique du mouvement dissident soviétique et de la persécution des dissidents par le gouvernement demeure ininterrompue, «cela influence l’esprit des auditeurs à devenir plus dissident» [18]. Grâce à la création d’organisations de défense des droits de l’homme, les anciens et les nouveaux dissidents en Union soviétique ont pris contact avec la communauté internationale et ont obtenu l’écho et le soutien de l’Ouest. Après 1975, il y a eu des « groupes d’Helsinki » dans la société soviétique, et les organisations des droits de l’homme en Union soviétique ont pu coopérer avec celles de l’extérieur du pays. Certains dissidents sont devenus le centre d’attention des médias occidentaux et ont acquis une renommée mondiale. Les sociétés occidentales ont commencé à financer les dissidents à diverses fins, et certains dissidents d’Union soviétique et d’Europe de l’Est ont souvent reçu des allocations, des récompenses et des prix. Certains écrivains ou intellectuels soviétiques tels que Pasternak, Brodsky, Soljenitsyne et Sakharov ont reçu le prix Nobel. Les autorités soviétiques ont traité la question des dissidents de manière simple et brutale, souvent en les emprisonnant d’abord, puis en les exilant, et enfin en les déportant tout simplement. Parfois insignifiants, parfois désagréables, non seulement ils n’ont pas réussi à résoudre le problème, mais ils ont aussi fait beaucoup de bruit, ce qui a permis à certains dissidents de devenir célèbres en Union soviétique et dans le monde [19].
Le laissez-faire et l’action brutale du parti communiste soviétique dans la sphère idéologique, oui même la création et la tolérance du nihilisme historique, ont donné à l’opposition l’occasion de se propager et de diffuser ses vues. Tout au long des campagnes de « démocratisation » et d’ «ouverture», les intellectuels soviétiques ont fait preuve d’une forte dualité. Au fur et à mesure que les « zones interdites » se sont effondrées, le statut du système socialiste soviétique et du marxisme est tombé en discrédit, tandis que la domination tsariste et la civilisation occidentale ont été glorifiées. Les allégations selon lesquelles la civilisation russe était « historiquement défectueuse » par rapport à l’Occident se sont répandues.
À la fin des années 1980, l’opinion publique soviétique a vanté les réformes comme un « remplacement complet du modèle civilisationnel russe et des pratiques socioculturelles nationales »[20].
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, la situation initiale dans laquelle la majorité des intellectuels du système universitaire et académique soviétique était restée silencieuse et s’en tenait au juste milieu a été brisée et l’aile libérale radicale a progressivement pris le contrôle du discours.
Inspirés par la tempête de 1989 en Europe de l’Est et l’influence des modèles occidentaux, ils ont poursuivi une transformation rapide et ont ouvertement avancé des slogans tels que « anti-centralisation », « dictature antisoviétique à parti unique », « démocratie et liberté », etc.
[Oui], ils ont ouvertement mis en avant des slogans tels que « anti-centralisation », «dictature à parti unique anti-soviétique» et «démocratie et liberté», appelé à abandonner le «pauvre bagage» de certaines des anciennes républiques soviétiques, en particulier les cinq pays d’Asie centrale, et exigé l’indépendance de la Russie vis-à-vis de l’Union soviétique et des réformes profondes axées sur le marché.
Voyant que le Parti communiste de l’Union soviétique était en train de mourir, les dissidents du parti communiste soviétique ont jeté leurs cartes de parti et, pendant un temps, les quitteurs sont devenus des héros.
Insatisfait de la faiblesse et des hésitations de Gorbatchev, Yakovlev s’est réconcilié avec Eltsine, un quitteur avoué.
Dans sa lutte pour le pouvoir avec Gorbatchev, Eltsine a complètement abandonné le socialisme et le communisme, abandonné le marxisme et prôné la déidéologisation. En 1991, Eltsine, élu président de la Fédération de Russie, a déclaré dans un discours à l’Université de New York aux États-Unis, «La Russie a fait son choix final. La Russie ne suivra pas la voie du socialisme, elle ne suivra pas la voie du communisme, elle suivra la voie de la civilisation qui a été suivie par les États-Unis d’Amérique et d’autres nations occidentales civilisées» [21]. À l’instigation d’Eltsine, l’accord de Belovej [également appelé Traité de Minsk. M.A.] a été signé par la Russie, le Belarus et l’Ukraine le 8 décembre 1991, marquant la dissolution officielle de l’Union soviétique en tant que sujet de droit international.
En apparence, c’est le résultat d’un séparatisme national, mais en réalité, c’est un choix de la classe dirigeante soviétique. La puissante Union soviétique, qui existait depuis près de 70 ans, s’est effondrée sous l’effet conjugué de multiples forces sur le territoire national et à l’étranger.
Tout en réfléchissant sur les défauts du système et du modèle soviétiques, nous ne devons pas oublier les facteurs artificiels de l’effondrement de l’Union soviétique, en particulier l’effet désintégrant du nihilisme historique sur le cœur et l’esprit du peuple et du parti.
Le nihilisme historique instille une vision erronée de l’histoire chez les gens, provoquant une confusion extrême dans la compréhension idéologique, entraînant la perte de légitimité du système socialiste et du pouvoir politique, conduisant à la perte de cohésion de l’Union et à la perte des fondements de l’unité et de la lutte pour le pays. La leçon de l’effondrement de l’Union soviétique n’est-elle pas assez profonde pour susciter notre vigilance?!
[L’auteur est chercheur à l’Institut d’économie et de politique mondiales de l’Académie chinoise des sciences sociales]
SOURCE: http://www.dswxyjy.org.cn/n1/2018/0122/c398751-29779119.html
PROCHAINEMENT, LES TROISIÈMES ET QUATRIÈMES PARTIES!
Annotations.
[1] Wang Heng, “Nihilism : Nietzsche and Heidegger”, Nanjing Social Science, n° 8, 2000, pp. 8-12.
[2] Sélection d’ouvrages de Heidegger, Shanghai Sanlian Books, 1996, p. 816.
[3] Ma Yinmao, “Examining Tolstoy’s Legal Nihilism and Its Dilemma”, Social Science Front, n° 5, 2017, pp. 8-15.
4] [Anglais] Isaiah Berlin, Russian Thinkers, traduit par Peng Huitong, Yilin Press, édition 2011, p. 148.
[5] Voir aussi Yang Yang, “Sur le fond intellectuel-historique du nihilisme russe”, Littérature russe, n° 1, 2016, p. 96-102.
6] “Le rapport secret de Khrouchtchev”, traduit par Wang Deshu, Warsaw Press, 1989, p. 64.
7] Roy Medvedev [soviétique] : Sur les dissidents en Union soviétique, traduit par Liu Ming et al, Mass Publishers, édition 1984, p. 61.
8] M. Gorbatchev [soviétique] : “Discours à la séance de clôture à la dix-neuvième conférence nationale du Parti communiste de l’Union soviétique”, dans la Pravda [soviétique], 1er juillet 1988.
9] Y.N. Yakovlev, “A Cup of Bitter Wine – Bolshevism and the Reform Movement in Russia”, Novaya Gazeta, édition 1999, p. 286, pp. 28-30.
10] Ya-Ni Yakovlev, Une tasse de vin amer – Le bolchevisme et le mouvement de réforme en Russie, Maison d’édition Xinhua, édition 1999, pp. 104-109.
[11] Ibid, p. 339.
12] cf. les discours de Gorbatchev, édition russe de 1988, Moscou, vol. 5, p. 386-436.
[13] cf. www.kremlin.ru/text/appears/2007/06/135323.shtml.
[14] Voir Viktor Souvorov, The Master Criminal : Stalin’s Grand Plan to Start World War II, American Naval Institute Press, 2008.
[15] Margolis, Eric. “Ne blâmez pas Hitler seul pour la Seconde Guerre mondiale”. ericmargolis.com. récupéré le 2009-10-21.
[16] [Russe] Y.N. Yakovlev, “Le tourbillon de la mémoire”, Moscou 2000 édition russe, inscription photo.
[17] Voir aussi La défaite du Parti communiste soviétique et les leçons apprises, Central Party School Press, 1994, pp. 168, 171.
[18] Roy Medvedev, “On Dissidents in the Soviet Union”, traduit par Liu Ming et al, Mass Publishers, 1984, p. 13.
[19] [Russe] V. Y. Lissitzkin, L. Y. Serepin, World War III : Information Psychological Warfare, Social Science Literature Publishing House, 2003, pp. 162-163.
[20] Ann Migranyan, “Problems of State Ideology in Contemporary Russia”, in Russian Modernization and Civil Society, Novaya Gazeta Press, édition 2003, pp. 268-269.
[21] Pravda [soviétique], 9 juillet 1991.
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