Pour illustrer cet excellent entretien avec le secrétaire général du Parti communiste irlandais Eugene McCartan dans la Pravda, traduit par Marianne pour Histoire et société, impossible de mettre la main sur une photo de McCartan, alors j’en ai profité pour vous faire partager mon goût du cinéma et pour le théâtre dans ces temps d’interdiction culturelle. Il s’agit en effet d’une photographie illustrant la pièce de l’immense dramaturge irlandais Sean O’Casey, Junon et le paon, c’est à Brecht et à l’opéra de quat’ sous que l’on peut comparer ce chef-d’œuvre sur le prolétariat de Dublin. La photo est tirée du film qu’Hitchcock a tenté à partir de cette pièce et que le cinéaste n’aimait pas (le film) parce que cela restait du théâtre et pas du cinéma. L’œuvre de Sean O’Casey a été publiée dans l’Arche, personnellement j’aime beaucoup en ces temps de Noël l’Étoile rouge de Bethléem. Cette introduction n’est pas quoi que vous en pensiez en rupture avec le fond de l’interview mais au contraire une manière de donner aux propos politiques, aux combats d’aujourd’hui le fondement mythique, la chair des luttes prolétariennes irlandaises parce que Sean O’Casey dit bien l’essence de la lutte irlandaise, la présence de l’impérialisme britannique autant que la misère du prolétariat : ”Par conséquent, nous devons lutter pour l’indépendance nationale, pour la souveraineté nationale – éléments clés de notre stratégie politique. Les trois pierres angulaires de nos opinions politiques sont, premièrement, la nature de classe de notre politique. Deuxièmement, c’est notre attitude envers l’État: l’État n’est pas neutre, puisqu’il est un instrument de pouvoir de la classe dirigeante. Le troisième élément est l’anti-impérialisme”. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireet societe).
Andrei Doultsev, correspondant de la Pravda, s’entretient avec Eugene McCartan, secrétaire général du Parti communiste d’Irlande
https://kprf.ru/international/capitalist/199199.html
la Pravda, 16/12/2020
- Qu’est-ce que le Parti communiste d’Irlande aujourd’hui?
- Notre parti fêtera son centenaire l’année prochaine: il a été fondé en octobre 1921. Le mouvement communiste dans notre pays a deux origines: les traditions sociales et républicaines dans la lutte du peuple irlandais pour l’indépendance nationale. Sous la direction de James Connolly et James Larkin, deux personnalités importantes de notre mouvement, ces forces se sont réunies. Après la guerre contre les Britanniques pour notre indépendance, qui dura jusqu’en 1921, ils réussirent à rallier la classe ouvrière autour d’eux et fondèrent le Parti communiste. La lutte pour la liberté nationale, combinée à la lutte des classes, est la base historique de notre mouvement, auquel nous sommes fidèles à ce jour. Ce sont les deux faces d’une même médaille: le socialisme est impossible sans l’indépendance nationale et la souveraineté de l’État.
Nous travaillons sur ces deux éléments clés pour nous, en gardant à l’esprit que la classe ouvrière est la seule force motrice de la souveraineté nationale et de la démocratie. La classe dirigeante construira toujours ses attitudes et ses priorités: le discours bourgeois sur les « défenseurs de la démocratie nationale » met en danger la souveraineté nationale, agissant dans l’intérêt des grands monopoles et de la classe capitaliste. Par conséquent, nous considérons la classe dirigeante irlandaise comme une bourgeoisie compradore. Son essence peut être retracée dans ses relations avec le capital transnational et l’impérialisme mondial en la personne des États-Unis, de l’Union européenne et de la Grande-Bretagne. L’Irlande est sous un triple verrou impérialiste. Notre avenir, notre politique socio-économique est contrôlée par les intérêts du capital monopoliste américain et des grandes sociétés transnationales, et nos relations avec l’Union européenne sont imposées depuis Bruxelles. Peu leur importe ce que les Irlandais disent ou pensent – ils ne peuvent pas influencer la politique économique ou sociale de l’Union européenne. Et en Irlande du Nord, l’impérialisme britannique continue d’être le facteur déterminant, qui à partir de là influence la classe dirigeante en République d’Irlande.
Par conséquent, nous devons lutter pour l’indépendance nationale, pour la souveraineté nationale – éléments clés de notre stratégie politique. Les trois pierres angulaires de nos opinions politiques sont, premièrement, la nature de classe de notre politique. Deuxièmement, c’est notre attitude envers l’État: l’État n’est pas neutre, puisqu’il est un instrument de pouvoir de la classe dirigeante. Le troisième élément est l’anti-impérialisme. Nous apprenons à nos jeunes cadres du parti à prendre en compte ces trois éléments et, à travers nos publications, principalement Socialist Voice, nous transmettons à nos partisans et à un large éventail de lecteurs notre position sur les questions de démocratie, de souveraineté et de la nature de classe de la politique.
La librairie de notre centre du parti porte le nom du remarquable révolutionnaire irlandais James Connolly, le «père» du mouvement ouvrier irlandais, qui, avec James Larkin en 1907-1911, a contribué à établir le rôle indépendant de la classe ouvrière irlandaise dans sa lutte pour la liberté nationale. Par conséquent, les travailleurs irlandais ont pris part au soulèvement de 1916 contre les Britanniques, et plus tard à la guerre d’indépendance. La classe ouvrière irlandaise doit être indépendante aujourd’hui, avoir sa propre stratégie politique, être capable de formuler ses propres revendications politiques et se battre pour elles. Mais la majorité du mouvement ouvrier ici, malheureusement, a perdu cette vision de son rôle indépendant.
Il y a trente ans, nous avons été extrêmement affectés par le coup d’État contre-révolutionnaire en Union soviétique et en Europe de l’Est: nous n’utilisons pas le terme «effondrement de l’Union soviétique», nous parlons de la contre-révolution imposée par les forces contre-révolutionnaires au sein du mouvement communiste en Europe de l’Est et renversant le socialisme. Cela a démoralisé le mouvement ouvrier irlandais, a dérobé le sol sous les pieds de la classe ouvrière, mais au cours de la dernière décennie, notre parti s’est considérablement développé, les jeunes sont attirés par notre parti, et c’est un facteur clé pour nous: quand on demande à nos jeunes membres du parti pourquoi ils rejoignent notre rangs, ils répondent qu’ils sont avec nous, parce qu’ils sont contre l’impérialisme. Ils comprennent parfaitement la politique de la bourgeoisie irlandaise et la nature prédatrice du capital.
- Quelle est la structure de votre mouvement?
«Nous avons trois organisations régionales: une organisation d’Irlande du Nord avec une ramification à Belfast, une autre à Galway, et plusieurs à Dublin… Dans l’ouest, nous sommes représentés à Cork, tandis que des membres individuels du parti construisent leur réseau dans tout le pays. Ils sont tous liés par notre cause commune. Cette année, nous traversons une période très difficile. L’année dernière, nous avons constaté une croissance significative de nos effectifs dans nos cellules, mais la pandémie de COVID-19 nous a lié les mains alors que nous organisions notre préparation politique et la coordination de nos activités en ligne. Les conditions sont difficiles – nous, manquons comme l’air d’interaction humaine, de rencontres avec les travailleurs et les jeunes pour mieux comprendre leurs problèmes et leurs aspirations. Les communications vidéo modernes sont très limitées.
En plus de notre travail politique principal, nous coopérons avec des mouvements progressistes avec qui nous sommes amis à travers un certain nombre d’associations. Ainsi, dans le cadre de la réunion des syndicats de gauche, les communistes travaillent en étroite collaboration avec les militants ouvriers pour donner à la politique du mouvement syndical un caractère de classe. Le mouvement ouvrier a besoin de développer la conscience de classe par l’éducation politique, et nos tactiques nous aident. Nos militants ont joué un rôle majeur dans la résolution des problèmes de manque de protection individuelle des travailleurs des hôpitaux, des usines de transformation de la viande et d’autres entreprises, dont les employés ont été exploités pendant toute la période de la pandémie. Nous dénonçons constamment les racines du travail à bas salaire et de la nature précaire de l’emploi.
La pandémie a également révélé des lacunes dans la politique du logement. Les sociaux-démocrates parlent de logement social et abordable depuis des décennies. Nous remettons cette approche en question en exigeant un parc de logements sociaux. Nous les avons donc mis au défi en affirmant que nous voulions que tout le monde ait droit au logement. Qui définit ce qu’est le logement abordable? Les spéculateurs et les banques: ils nous apprennent ce qui est disponible et ce qui ne l’est pas, qui peut acheter une maison et qui ne le peut pas. Qu’est-ce que le logement social? Selon quels critères devrait-il être fourni: les personnes occupant des emplois faiblement rémunérés, recevant des allocations de chômage, les mères seules? Qui définit ce cadre? Nos arguments sont idéologiques, nous introduisons l’idéologie dans le mouvement syndical, dans la lutte pour la croissance de la conscience de classe et la compréhension de l’essence du capitalisme.
Une autre organisation avec laquelle nous travaillons est le Forum anti-impérialiste pour la paix et la réunification, qui travaille avec des membres du mouvement républicain Sinn Fein et d’autres organisations: nous nous réunissons pour discuter du travail politique commun et de nos campagnes pour l’indépendance nationale et souveraineté nationale. Notre tâche ici est de développer le niveau idéologique des forces avec lesquelles nous travaillons.
Notre participation à ces mouvements repose sur une compréhension du cadre objectif: ces dernières années, nous avons effectué une analyse détaillée du mouvement communiste moderne en Europe, en essayant de comprendre ce qui s’est passé au cours des 50-60 dernières années: certains partis communistes en Europe n’existent plus ou sont l’ombre d’eux-mêmes. Pour comprendre les raisons de ce phénomène, nous avons analysé la nature du réformisme au sein du mouvement communiste: son apparition est principalement associée à un manque d’idéologie. Mais le fait que pendant des décennies, pendant la guerre froide, nous ayons défendu l’Union soviétique, ayant oublié ce qui se passait ici, la déformation du capitalisme, a également joué un rôle. Nous attendions comme manne du ciel l’effondrement du capitalisme monopoliste d’État, alors qu’il était déformé, transférant l’industrie vers l’Asie du Sud-Est et l’Amérique du Sud, vers l’Afrique …
Nous nous sommes éloignés de la voie de la perception objective de ce qui se passe et certains d’entre nous passent maintenant du temps à défendre les normes de la social-démocratie européenne des années 50 et 70, oubliant que nous devons être beaucoup plus clairvoyants. Nous ne devons pas nous concentrer sur la défense des droits acquis de la classe ouvrière. Le monde a changé: l’Union soviétique, malheureusement, n’existe plus, il y a un fort mouvement de capitaux mondiaux vers le sud, la production mondiale est structurellement interconnectée par des chaînes d’approvisionnement, et ces biens de consommation bon marché que les Européens utilisent sont obtenus grâce à l’exploitation extrêmement dure des pays du tiers monde.
- Vous avez décrit un système néolibéral dont le début, nous le savons bien, a été posé par la politique de Margaret Thatcher au début des années 80. Mais même au sein de ce système néolibéral, l’Irlande est un exemple extrême d’économie de marché qui jouit d’une mauvaise réputation en tant que zone offshore. Quelle est votre vision de cela? Quel impact cette politique a-t-elle sur la société irlandaise?
- Les travailleurs irlandais travaillent massivement au salaire minimum, nous avons le pourcentage le plus élevé d’emplois précaires. Les travailleurs paient des loyers de 60 à 70% de leur revenu et le marché du logement est dominé par des fonds privés. La raison de cette évolution est le fait qu’en 2010, le gouvernement irlandais a repris 42% de la dette des banques européennes en faillite. Ainsi, un petit pays d’une population comparable à la population d’une seule ville allemande a pris en charge 42% des dettes bancaires européennes. Ainsi, les Irlandais ont été sacrifiés pour maintenir l’euro à flot. La dette publique a été rachetée par des spéculateurs financiers grâce à des fonds de voucher, et le gouvernement irlandais a donné carte blanche à ces fonds pour acheter des biens immobiliers, ce qui a donné lieu à une forte hausse des prix de l’immobilier et à une augmentation vertigineuse des loyers. En outre, la pandémie COVID-19 a affecté le marché immobilier: après les faillites en cascade de plusieurs entreprises, la plupart des biens immobiliers commerciaux sont vides.
Les salariés des sociétés américaines Microsoft et Google, largement représentées en Irlande, seront au travail à distance au moins jusqu’en juin de l’année prochaine, les salariés d’un grand nombre de grandes entreprises européennes sont également tombés sous ce régime: c’est une gigantesque expérience sociale. Les entreprises étudieront l’efficacité de ces conditions d’exploitation. Cela aura d’énormes implications pour le marché du travail dans son ensemble. L’État irlandais attire volontairement et systématiquement les capitaux étrangers dans le pays. La politique fiscale est ici une question de main-d’œuvre hautement qualifiée et flexible, de contournement des contrats tarifaires et du droit du travail. Mais il ne faut pas oublier que l’Irlande est aussi la clé britannique de l’Europe, des grands monopoles européens. La politique fiscale de la bourgeoisie irlandaise est de préserver les droits de propriété intellectuelle de ces monopoles en Irlande grâce à des incitations fiscales. Ainsi, Dublin est l’un des centres mondiaux de blanchiment d’argent. Ici, vous pouvez trouver de nombreux complexes de bureaux avec 20 à 30 boîtes aux lettres avec d’innombrables noms d’entreprises dans les halls des immeubles, malgré le fait qu’il n’y ait pas un seul véritable bureau sur place. C’est pourquoi, par exemple, Apple adore payer des impôts en Irlande. Le système actuel est une bulle qui ne reflète pas la production et qui n’a pas de véritable base matérielle. Par conséquent, le budget du gouvernement irlandais est très volatil et dépend de la bonne volonté des monopoles, tandis que le secteur économique réel est extrêmement faible.
- Dans quelle mesure le Brexit a-t-il affecté l’économie irlandaise?
- Jusqu’à présent en rien. Nous sommes favorables au Brexit car nous pensons que l’Union européenne en tant que telle est un instrument du capital monopoliste européen. L’Allemagne possède la forme de capital la plus concentrée d’Europe, et l’UE reflète donc l’hégémonie du capital allemand, et la France participe à ce tandem en tant que partenaire de second ordre. Nous parlons d’un capital monopoliste allemand qui contrôle la politique fiscale de l’euro pour tous les pays de la zone euro. L’Union européenne ne peut être ni réformée ni transformée: elle doit être détruite. Par conséquent, nous surveillons de près les Britanniques, comment ils vont gérer les effets de la sortie de l’UE. Nous ne sommes pas d’accord avec la gauche britannique, qui dit que la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE est une grave erreur.
L’Union européenne utilise la frontière irlandaise comme une arme contre les Britanniques, et les Britanniques utilisent l’Irlande pour contourner les politiques douanières de l’UE. Ainsi, l’Irlande se retrouve à nouveau entre les meules de deux blocs impériaux opposés: britannique et européen. Aucun d’eux ne se soucie des intérêts des Irlandais – nous ne parlons que des relations entre la Grande-Bretagne et l’UE. Le comportement de la Grande-Bretagne est très controversé. Mais la vieille anecdote irlandaise est plus que jamais d’actualité: « Pourquoi le soleil ne se couche-t-il jamais sur tout le territoire de l’Empire britannique? Parce que cet Empire est trop grand … Pas du tout, affirment les Irlandais: le soleil ne se couche jamais sur toute la Grande-Bretagne, car on ne peut pas lui faire confiance dans l’obscurité. »
- Quel impact le Brexit a-t-il eu sur le problème de l’Irlande du Nord? La société irlandaise est-elle consciente que l’Irlande du Nord est un pays occupé? Alors que les impérialistes ont réclamé à cor et à cri pendant plus de 40 ans «l’unification» de l’Allemagne, le problème irlandais ne dérange pas les cercles occidentaux au pouvoir. De plus, ceux qui appellent à l’unification de la nation irlandaise opprimée sont taxés de terroristes …
- Commençons par l’effet pratique de la pandémie. La crise sanitaire a montré que l’on ne peut pas avoir deux approches différentes de la santé: l’Irlande est un seul pays, les gens sont un seul peuple et on ne peut pas avoir deux tactiques dans la lutte contre le virus. Au cours des 50 à 60 dernières années, l’establishment irlandais a essayé de faire taire et de piétiner toutes les revendications d’unité nationale: quiconque revendiquait l’unité nationale était traité comme un terroriste. Dans les conditions actuelles, cette question est plus que jamais d’actualité: la vie de notre peuple en période de pandémie est paralysée et les familles sont désunies. La volonté des Britanniques d’imposer à l’Irlande du Nord un traité qui leur convient est un moyen d’assurer leur hégémonie impérialiste. Le fait même que les Britanniques soient disposés à permettre un certain degré d’unité irlandaise est un signe d’impérialisme, pas une approche démocratique.
Et c’est un point de désaccord avec les républicains irlandais: ils font des demandes à Washington, à Londres et à l’Union européenne. Tandis que nous avons soutenu et continuerons d’affirmer que l’impérialisme n’a pas d’amis. Le seul intérêt de l’impérialisme est de poursuivre ses propres objectifs. Par conséquent, nous devons oublier ce non-sens – nous ne devons pas parler de “nos amis en Europe”. L’Irlande n’a pas d’amis – il y a des partenaires avec des intérêts particuliers. Et tout accord avec les Britanniques se transformera en un acte de contrôle de l’impérialisme britannique et de ses alliés à Dublin et aux États-Unis. Les Britanniques seront très préoccupés par l’unification de l’Irlande, car l’un des fondements de la politique britannique est l’unionisme, le soutien de la communauté anglicane d’Irlande du Nord. Si l’Irlande est unifiée, elle devra chercher de nouveaux alliés. Les Britanniques ne sont pas prêts à sacrifier l’unionisme maintenant car cela leur donne la capacité d’influencer la politique irlandaise à travers tout le pays.
- Comment est votre siège à Dublin? Vous êtes connu pour avoir une librairie et un théâtre …
«La pandémie du COVID-19 nous a poussés à améliorer notre librairie en ligne, Connolly Books. Nous vendons de nombreux livres de nos classiques: les œuvres de Marx, Engels et Lénine. Nous vendons également des livres sur des questions politiques d’actualité liées à la crise environnementale mondiale, la lutte des classes de notre époque. Nous avons des publications critiquant la théorie monétaire moderne, soutenue par la gauche en France et en Allemagne, qui stipule que tous les États devraient imprimer plus d’argent pour pouvoir payer les factures, alors que nous disons que ce n’est que de la stupidité parce que cela va à l’encontre de la nature monopolistique du capital. Nous, travailleurs, devrons payer ces factures bourgeoises, y compris les prêts liés au COVID-19.La classe ouvrière doit être prête pour une attaque massive du capital monopoliste au cours des deux prochaines années. Nous proposons des livres sur la lutte en Amérique latine, en Asie, en Afrique … Nous avons des livres sur la culture irlandaise, des ouvrages de nos classiques James Joyce et Samuel Beckett … Nous avons un petit café dans notre librairie. Dans notre centre également, il y a un théâtre professionnel dans lequel des pièces sont mises en scène.
La culture est importante pour nous. Il n’y a pas de mouvement vraiment radical sans culture. La culture aide l’idée communiste à se développer: sans perception créative, la politique communiste est impossible.
Nous avons également notre organisation de jeunesse Connolly’s Movement, qui se développe rapidement, impliquant les jeunes dans les luttes politiques.
Nos activités culturelles sont paralysées par la pandémie, mais nous ne pouvons pas tout mettre sur le compte du virus. Nous déclarons: ce n’est pas la pandémie qui crée les sans-abri, elle ne fait qu’exposer le problème du manque de logements sociaux, ce n’est pas la pandémie qui a créé des emplois à bas salaires et non protégés, elle a seulement révélé la contradiction existante. Il en va de même pour le système de santé. Tous ces problèmes existaient bien avant la pandémie, qui n’a fait que montrer en Europe et en Amérique du Nord le sous-financement catastrophique du secteur social au cours des 20 à 30 dernières années. Par conséquent, nous utilisons cette situation pour montrer la différence entre les systèmes de santé privés et planifiés en Chine, au Vietnam et à Cuba, où cela fonctionne parfaitement. Nous utilisons la pandémie et ses conséquences comme une arme idéologique contre la classe dirigeante.
- Comment évaluez-vous les relations russo-irlandaises?
- Les relations officielles de l’Irlande avec la Russie sont désormais reléguées au second plan en raison de la confrontation internationale. Les dirigeants irlandais estiment que le président Poutine pousse la Russie à se développer. Par conséquent, le gouvernement irlandais adhère à la politique de sanctions de l’UE. L’UE et les États-Unis considèrent aujourd’hui la Russie comme une menace, comme un miroir de leur propre hégémonie impérialiste. Par conséquent, ils sont engagés dans l’instigation de “révolutions de couleur” dans les anciennes républiques soviétiques. Les événements biélorusses sont la dernière tentative de ce type. De plus, les impérialistes encouragent les conflits ethniques. Cela peut être vu dans l’exemple de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie. La Russie est considérée comme un pays riche en pétrole, en gaz et en minéraux, et les impérialistes occidentaux veulent mettre la main sur cette richesse. La Russie est entourée de puissances impérialistes, et c’est important de le comprendre. Mais comprendre les faits et les positions individuelles ne signifie toujours pas que vous êtes d’accord avec eux: si vous essayez de comprendre ce que fait le président Poutine et pourquoi, cela ne doit pas signifier que vous partagez ses vues. Cela ne signifie pas que vous soutenez Poutine, mais seulement que vous essayez de comprendre quelles forces s’opposent dans le monde moderne. La Russie ne sert plus les États-Unis, elle essaie de trouver de nouveaux alliés, établissant des relations avec la Chine. Mais il ne faut pas oublier que Poutine et les oligarques russes agissent avant tout dans leur propre intérêt: si la Russie entretient aujourd’hui de bonnes relations avec un certain nombre de pays d’Amérique latine, c’est parce qu’elle y défend ses propres intérêts, et non par la volonté de fournir une assistance à la population locale, qui y vit parfois dans la pauvreté.
- Quel serait votre message aux communistes russes?
- Nous apprécions nos bonnes relations avec nos camarades russes et attendons avec impatience leur renforcement et leur développement. Nous, communistes, devons retourner aux racines de notre idéologie. Nous devons nous tourner vers les leçons de l’histoire de notre mouvement, et nous demander à quel degré de précision nous connaissons les enseignements de Marx, Engels et Lénine. Nous ne voyons pas le moindre besoin d’une révision radicale du fondement idéologique créé par Marx, Engels et Lénine pour le mouvement ouvrier international. Leurs enseignements sont à la base de notre idéologie et de notre stratégie de lutte contre l’impérialisme. Ce dont nous avons besoin, c’est de l’unité maximale de toutes ces forces qui luttent contre l’impérialisme, pour la paix, pour la justice économique et sociale. Nous avons besoin de nous battre et nous le ferons non seulement contre l’opportunisme au sein du mouvement de gauche, mais aussi contre la maladie du «gauchisme». L’unité dont nous parlons ne doit pas être abstraite, mais concrète: nous savons qui est notre ennemi, de quoi il est capable, comment lui faire face et quels sacrifices et quels risques nous devons être prêts à prendre.
- Quelles sont les conditions de votre travail?
- Notre parti travaille légalement. Nous n’avons pas de représentants élus, nous nous limitons à influencer au sein du mouvement ouvrier, nous agissons par des campagnes sociales, touchant aux problèmes clés de la société. Nous traçons une ligne entre transformation et réformisme. Le réformisme dans le mouvement de gauche est aujourd’hui une réaction défensive, il s’accroche à ce que nous avons; ce n’est pas le salut – nous devons agir offensivement. Permettez-moi de vous expliquer par un exemple précis: pour aborder la question du logement, les réformateurs demandent plus de logements abordables et sociaux, tandis que notre demande de transformation consiste à socialiser le parc de logements et à remettre en question le pouvoir de négociation du secteur immobilier privé et les fonds d’investissement qui dictent les prix. Notre idée d’un parc de logements partagés est une attaque directe contre les spéculateurs.
Nous travaillons soigneusement sur notre politique de communication: nous participons activement aux réseaux sociaux, les considérant non pas comme une fin en soi, mais uniquement comme un moyen de transmettre nos idées et nos exigences aux gens. La communication est importante pour l’éducation politique, car les changements étaient et restent des actions conscientes de personnes conscientes.
*** le film d’Hitchock à partir de Sean O’Casey … Il est tout de même intéressant que les partis qui sont restés communistes, l’ont été parce qu’ils ont conservé une dimension anti-impérialiste, presque anti-colonialiste… au stade du libéralisme (note DB).
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