Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le Plus difficile est l’essentiel

A la suite du texte sur Lénine et Hegel, j’ai répondu à un lecteur, ce qui ‘a permis d’exposer la ligne directrice de ce blog. Le capitalisme dit pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué… les communistes se creusent la tête pour rendre la complexité compréhensible du plus grand nombre sans pour autant masquer la multiplicité des causes et de ce qu’il faut affronter… Face à la manière dont le capitalisme rend compliqué pour masquer sa responsabilité, le peuple peut tomber dans le complot et chercher des simplifications abusives, des boucs émissaires, mais les communistes doivent aller à l’essentiel. Question quel est l’essentiel sinon ce qui crée le mouvement : la lutte des classes. à partir de là on doit voir toute la réalité, la penser dans la multiplicité de ce qui influence la conscience des êtres humains, repenser stratégies et tactiques, possibles et nécessaires, etc… .

je’ n’étais pas nécessairement d’accord avec le texte, le parti choisi, proche de Rosa Luxembourg… Il m’arrive souvent de publier des textes avec lesquels je ne suis pas en accord total mais qui apportent des faits et donnent matière à réflexion. Quelquefois le lien est malaisé au premier abord, ainsi en est-il de la référence à des romans, à des films.

Ce que j’apprécie particulièrement dans le débat ici c’est la volonté d’approfondissement et d’élucidation sur tout quand le texte ose comme ici poser une question complexe…Je vous renvoie à ce que j’ai exposé dans un autre texte consacré à la lutte contre la pauvreté en Chine, la difficulté à comprendre la politique chinoise… Et les deux réflexions que m’avait faites Risquet qui allait en Chine discuter avec les communistes chinois au nom du gouvernement cubain, puisqu’il était moitié chinois (1/8e africain et le reste espagnol comme la plupart des cubains):

– PREMIERE REMARQUE : il y a une question simple que l’on peut partager sans problème avec tous : la nécessité de nourrir un milliard trois cent mille chinois tout en réalisant l’accumulation primitive à partir d’un pays qui en 1949 a le niveau du zimbawe, le faire sans faire la guerre à d’autres peuples pour les piller, le faire en tentant néanmoins d’éduquer, de soigner, toute chose dont on ne peut faire abstraction sauf en imagination.

A partir de là retournons à Lénine et au texte et ce qu’il nous aide à percevoir. Je fais un parallèle entre ce que Lénine retire de l’échec de l’internationale socialiste qui a accepté la guerre. et le fait que les Chinois pensent à partir de l’échec de l’URSS. A l’inverse de l’affirmation de Rémy Herrera et d’autres chercheurs, pour moi cet échec est tout relatif même s’il produit un séisme dans le mouvement communiste international et au-delà (pour l’Afrique, l’Amérique latine en proie à l’assaut des multinationales c’est une catastrophe que je décris dans mes mémoires en décrivant le Bénin, j’appelle ça un effondrement psychotique).

Pourtant, l’échec est relatif, parce que sans l’URSS rien n’aurait été possible: la démonstration a été faite pendant 70 ans de la capacité par la classe ouvrière de tenir un pouvoir que la Commune de Paris n’avait tenu que 70 jours (Lénine se fait ensevelir dans un drapeau de la Commune de Paris). Ensuite, en 1815, au retour des rois, la révolution française paraissait un échec (la terreur et les assignats), on ne peut pas juger de l’histoire en dehors de la période dans laquelle intervient notre jugement. Et comme la révolution française, il faut mesurer que son impact est national mais beaucoup plus large y compris en France en matière de “conquis sociaux”, de luttes de libération nationale et même des formes d’émancipation individuelle.

Mais partons de l’article sur Lénine et le retour à Hegel,: Lénine part d’un double échec, celui de la faillite de l’internationale face à la guerre, l’horreur de celle-ci et la disqualification de la social démocratie, mais il y a l’autre échec celui affronté par Marx, celui de la Commune de Paris.Pour Marx ce sera le début d’une nouvelle réflexion politique, sur la nécessité de la dictature du prolétariat . Pour Marx comme pour Lénine la réflexion porte alors sur la “dictature du prolétariat”, comme la terreur a été la dictature de la bourgeoisie rassemblant les masses pour abolir la féodalité. IL repart vers Hegel, vers l’histoire consciente, comme Rosa Luxembourg.

Mais l’article que j’ai publié sur Lénine et Hegel, selon moi, tire trop sa démonstration de Lénine vers Rosa Luxembourg. celle-ci veut plus de démocratie et sera victime des corps francs, ceux de la trahison d’Ebert, par idéalisme ? Alors que Lénine envisage et met en oeuvre une autre démocratie, dictature du prolétariat, concept emprunté à Marx à partir de l’expérience de la commune de Paris, avec le rôle d’un parti- Etat.

La Chine, de même tente sa propre voie à partir des acquis et des erreurs de l’URSS. La Révolution chinoise, comme toutes les révolutions réussies est léniniste c’est-à-dire que le rôle du parti qui tient le pouvoir politique, transforme la nature du marché est essentiel.

Mais tenir la bête sauvage, des intérêts particuliers de la société civile (c’est l’expression consacrée de Hegel)en particulier dans sa forme financiarisée n’a rien d’évident et je n’ai pas les mêmes certitudes que Xuan quant à la réussite, même si je partage totalement l’analyse qu’il fait de qui est Payette. Quand on voit les enjeux financiers et technologiques, le rôle des multinationales financiarisées, on mesure que peu d’Etat sont assez forts pour résister à une telle pression. Le développement des forces productives crée les possibles et les nécessités, mais la domination du capital en fait sa chose y compris politique contre les travailleurs. C’est la dualité, la contradiction est elle évolue depuis Lénine.

DEUXIEME REMARQUE : là il y a la deuxième réflexion de Risquet, il me dit souvent que le capital veut manipuler les masses, les éloigner de la compréhension, il doit donc rendre les choses simples compliquées, alors que les communistes qui doivent s’appuyer sur les masses doivent rendre simples des choses complexes avec de multiples déterminations.

Ma question est que je ne sais pas ce qu’il en est du parti communiste chinois, je vois bien qu’il y a une nouvelle phase, mais jusqu’où a-t-elle pénétré? C’est une question générale pour tous les partis communistes et en particulier pour le PCF que cette coupure avec la classe ouvrière, les couches populaires, les rôle des couches moyennes… La lutte au sein des directions ne s’appuie pas sur une conscience des militants devenus simples adhérents, désorganisés, sous formés… Ce blog avec d’autres qui aujourd’hui se multiplient s’est donné pour but de favoriser cette formation en apportant des faits, mais aussi d’aider à la réflexion en tentant de comprendre des faits complexes mais aussi de dégager l’essentiel, ce qui n’a rien d’évident parce que justement l’essentiel c’est l’intervention consciente et là il faut faire avec ce qu’on a.


Le problème est devant nous il est dans l’articulation entre avant-garde et masses surtout si la puissance dominante de la financiarisation reste les USA.

Danielle Bleitrach

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