https://www.kpu.ua/ru/97576/belarus_uroky_mynskogo_majdana
Il est clair pour tous ceux qui suivent les événements en Biélorussie: ici, au centre même de l’Europe, on a tenté une “révolution de couleur“. Les forces qui ont dirigé et continuent de diriger les “marches de protestation“ sont en dehors de la république. Depuis plus d’un quart de siècle, les États-Unis et leurs satellites – les pays de l’UE – avec l’aide de nombreux fonds, les médias et la “cinquième colonne“ sous leur contrôle, mènent un travail subversif, qui s’est transformé en “guerre hybride“ contre la république, et une nouvelle tentative de “coup d’État coloré“. Beaucoup ne peuvent cacher leur surprise: pourquoi les manifestations en Biélorussie ont-elles pris une telle ampleur et des dizaines de milliers de personnes sont-elles devenues objectivement un outil dans la mise en œuvre des plans occidentaux?
Au sujet d’une duperie mondiale
Il semblerait qu’il n’y ait aucune raison à cela. L’économie de la Biélorussie se compare favorablement à celle des autres pays post-soviétiques. Les principales branches de production ont été préservées et développées sur la base des technologies scientifiques modernes. Belaz, Mazy, tracteurs, moissonneuses-batteuses de nos usines sont en demande dans des dizaines de pays à travers le monde. Le village biélorusse est en train de devenir une chose du passé, il se construit des agrovilles avec de bonnes routes, des communications techniques et tous les services publics. La viande et les produits laitiers sont fournis aux marchés de l’étranger proche et lointain – la Biélorussie est l’une des premières sources d’approvisionnement au monde. Il n’y a pratiquement pas de chômage, de nombreuses entreprises manquent même de travailleurs. Les salaires et les retraites augmentent constamment et sont payés à temps. Il y a une grande construction de logements, d’installations sociales, d’installations culturelles et sportives, de nouvelles entreprises dans l’industrie, les transports, l’agriculture.
Mais, comme vous le savez, l’homme ne vit pas que de pain. Dans mon article “Qui et pourquoi joue avec la ‘cinquième colonne’?” (la Pravda, n ° 74, 16-17 juillet 2013) j’ai averti les dirigeants biélorusses: «Une base sans superstructure idéologique appropriée peut au bout du compte être déchirée, explosée de l’intérieur, tôt ou tard. L’effondrement tragique de l’Union soviétique ne nous a-t-il rien appris, lorsque les questions idéologiques, la théorie du développement social ont commencé à jouer un rôle secondaire, lorsque le formalisme a tout rongé et que la compréhension de l’essence et de l’importance de l’idéologie a disparu? » Et là, j’ai rappelé l’avertissement de Joseph Staline: «Nous avons commis beaucoup d’erreurs. Nous pouvons nous empêtrer parfois dans l’économie, mais nous surmonterons quand même les problèmes. Cependant si nous nous trompons dans la théorie, cela peut s’avérer irréparable. Sans théorie, c’est la mort, la mort, la mort. »
C’est dans le domaine de l’idéologie que les autorités ont commis un certain nombre d’erreurs majeures. Bien entendu, un travail positif a également été réalisé. Le président a utilisé l’expérience soviétique: il a défendu et promu la forme de propriété étatique, n’a pas permis la vente d’entreprises, a dans une large mesure préservé les acquis du socialisme comme le droit au travail, à l’éducation gratuite et aux soins médicaux. Le Parti communiste de Biélorussie et son organe de presse, le journal “Communiste de Biélorussie. Nous et le temps”, ont promu les valeurs socialistes et dénoncé leurs opposants.
Mais parallèlement à cela, un autre processus était en cours dans notre pays. L’idée de la supériorité de l’Occident, principalement dans l’économie, a été ancrée dans la conscience de la société à travers les médias “démocratiques” et les chaînes Internet et TV étrangères: il possède les technologies les plus avancées et la productivité la plus élevée. Qui peut contester cela? Mais les médias d’État n’ont pas pris la peine d’expliquer l’essentiel: sur la base de quoi cette supériorité a été obtenue. Mais c’est l’essence de la question.
Il y a plus de cent ans, le millionnaire, le roi des finances Cecil Rhodes, parlait de l’idée, dans laquelle il s’est finalement fermement ancré, après avoir écouté lors d’une réunion de chômeurs dans l’East End de Londres “des discours endiablés qui étaient comme un cri continu: du pain, du pain!” «Mon idée chérie», a-t-il dit, «est une solution à la question sociale, à savoir: pour sauver les quarante millions d’habitants du Royaume-Uni d’une guerre civile meurtrière, nous devons prendre possession de nouvelles terres pour loger la population excédentaire, acquérir de nouvelles zones de vente pour les biens produits dans les usines et les mines. L’Empire, je l’ai toujours dit, c’est une question d’estomac. » Et cette question doit être résolue, « si », a averti Rhodes, « vous ne voulez pas d’une guerre civile ».
Le roi des finances s’est rendu compte que le capitalisme était au bord de l’effondrement. Même avec une exploitation effrénée et une journée de travail de 10 heures, il ne pouvait plus résoudre le “problème d’estomac” – pour répondre aux besoins de l’écrasante majorité de la population. En général, bon nombre des plus hauts pouvoirs et couches possédantes de la société à travers l’Europe occidentale l’ont compris. Et ils sont arrivés à la conclusion: « la question de l’estomac de l’empire doit être résolue à l’extérieur du pays, pour qu’il n’y ait pas d’explosion à l’intérieur ».
Le capitalisme, ayant épuisé ses capacités, est entré dans la tombe d’un pied et n’a pu être sauvé «qu’en faisant des affaires à l’extérieur du pays». Grâce aux «affaires à l’extérieur du pays» en 33 ans – de 1865 à 1898 – les revenus de l’économie nationale anglaise ont augmenté d’environ deux fois, et les revenus «de l’étranger» – de neuf fois! Ce mode de vie – aux dépens des autres – a été choisi par les dirigeants capitalistes non seulement en Angleterre, mais aussi aux États-Unis, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, en Italie, au Danemark. Le vol effréné en dehors de leur pays est devenu pour eux à la fois la solution au “problème d’estomac” de leurs classes inférieures, la source d’enrichissement de la couche supérieure de la société prédatrice, et la bouée de sauvetage du capitalisme. De manière aussi parasite, d’énormes ressources ont été créées et la supériorité des pays d’Europe et des États-Unis (le «milliard d’or») sur le reste du monde a été établie.
La pompe financière, qui ne cesse d’augmenter sa puissance, est devenue le principal instrument du massacre économique pur et simple. De 1914 à 1990, les sorties de capitaux des États-Unis, de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne vers les pays sous-développés ont presque décuplé. Les bénéfices reçus par les États-Unis et leurs alliés des prêts pour l’achat d’armes et de biens (produits) par les pays sous-développés, notamment en raison des guerres dévastatrices entre eux, provoquées par le capitalisme, au début des années 1990 ont augmenté dix fois plus vite.
Malgré un enrichissement parasitaire et le pillage du monde, le capitalisme s’est plus d’une fois trouvé au bord de la mort, mais il a été sauvé en améliorant sa pompe financière. La théorie désastreuse de la “compression” de leur masse monétaire a été imposée aux pays les moins développés, dont la pénurie était comblée par le dollar, leur passant autour du coup le nœud coulant du crédit et leur imposant un taux de change étouffant. Aux États-Unis, la citadelle du capitalisme, ils ont commencé à imprimer deux mille milliards de dollars par an et, vendant leur majeure partie à l’extérieur du pays, reçoivent une quantité colossale de marchandises pour essentiellement rien que du papier. Et aujourd’hui, sans parler des capitalistes milliardaires, la moitié des revenus du travailleur américain provient du vol d’autres pays moins développés.
Les vraies dimensions de ce vol monstrueux, son mécanisme économique, élaboré depuis des siècles, ses formes modernes sont montrés dans l’article analytique de la Pravda “L’atout maître du capitalisme” (n ° 96 du 1er au 4 septembre 2017) et dans un entretien avec le docteur en économie V.F. Baynev «Le fascisme financier sans masque ni embellissement» (la Pravda n ° 118, 26-29 octobre 2012). À cause du fascisme financier, selon les experts, rien que de la faim et des maladies connexes tous les dix ans dans les pays où le «milliard d’or» est parasitaire, plus de gens meurent que dans toutes les guerres que l’humanité a connues.
Le lauréat du prix Nobel Jaurès Ivanovitch Alferov a défini de manière succincte et percutante l’essence de la société capitaliste: «Le capitalisme est une tumeur cancéreuse de l’humanité, et les affaires sont ses métastases». S’il n’y avait pas eu le vol universel, auquel participent les pays d’Europe occidentale avec les États-Unis, le capitalisme aurait claboté depuis longtemps.
Malheureusement, cette vérité n’a pas été communiquée à la société par les médias d’État biélorusses. La conscience d’une partie importante de celle-ci est obscurcie par les arguments des “démocrates” sur la “plus haute efficacité” et la “supériorité” de l’économie capitaliste sur l’économie socialiste, qui s’est développée sur sa propre base plus de deux fois plus vite que l’économie capitaliste. Le faux postulat de la supériorité de ces derniers est en grande partie inculqué non seulement par la propagande, mais aussi par le système éducatif, de l’école à l’université. Dans l’article déjà mentionné “Qui et pourquoi joue avec la ‘cinquième colonne’?” (sous-titre : «Les compromis dans la sphère idéologique s’apparentent souvent à de la trahison») J’ai déclaré avec amertume: «C’est triste à admettre, mais dans notre république, comme dans tout l’espace post-soviétique, il y a une déliquescence larvée de la société, en particulier chez les jeunes, à laquelle l’idéologie étatique assiste impuissante.
L ‘”occidentalisation” spirituelle n’a pas eu lieu uniquement dans le domaine de l’idéologie économique. Il y a plus de huit ans et demi, dans le plus diffusé des journaux de notre pays”SB. Belarus Today”- organe de l’administration présidentielle, est paru un article complet de quatre pages « Société. Pouvoir. Temps ». Son auteur est l’académicien Anatoly Roubinov, président du Conseil de la République (chambre haute) de l’Assemblée nationale de la République du Bélarus.
Sur quoi l’un des plus hauts fonctionnaires, qui occupait alors le troisième échelon de la hiérarchie de l’État, a-t-il insisté?
« … Le vecteur de notre mouvement, en principe, est clair: nous nous efforcerons inévitablement d’atteindre ces normes de base qui sont adoptées dans les pays développés de l’Occident. »
Cet académicien, chef du Sénat, en appelant à des normes occidentales, sans réaliser apparemment qu’il tombait dans une contradiction, a montré l’essence pourrie des normes occidentales: la lutte pour les droits de l’homme, développée ces derniers temps par les Américains et les Européens à travers le monde entier, est une profanation et une hypocrisie,visant à masquer leurs aspirations expansionnistes. Où est cet HOMME, au nom duquel les Américains, avec la complicité des Européens, ont tué et continuent de tuer des centaines de milliers de personnes – autrefois au Vietnam, ensuite en Yougoslavie, maintenant en Irak et en Afghanistan? Quel est le nom de cet HOMME? Peut-être l’Oncle Sam? » Et en outre, sur des faits concrets, il montre qu’aux États-Unis, la liberté d’expression est gravement violée, le droit au travail n’est pas garanti et le nombre de condamnés pour cent mille personnes, indiquant le degré de criminalité, c’est-à-dire la décomposition de la société, est beaucoup plus avancée qu’en Biélorussie. Et que les politiciens occidentaux, se cachant derrière le slogan de la démocratie, encensent les provocateurs qui commettent des infractions pénales dans la république insoumise comme des combattants de la liberté.
Mais contrairement à la vérité qu’il a lui-même reconnue, l’auteur de l’article tente de convaincre les lecteurs qu’il est nécessaire «de progresser régulièrement vers le niveau de la démocratie occidentale». Il est séduit par l’essence profonde d’une telle “démocratie” – «un pouvoir équitablement réparti basé sur la propriété privée dominante des moyens de production, répartis entre les membres de la société». Hélas, dans sa”thèse”centrale également, la troisième personne de l’État (bien que couverte par le masque d’un académicien), excusez-moi, se couvre de ridicule.
Voici les chiffres des statistiques américaines. Dans le bastion de la démocratie – les États-Unis – en 2006, de la population employée du pays de plus de seize ans, 16,6 millions de personnes étaient des travailleurs indépendants (c’est-à-dire propriétaires), et en 2011 – 14,5 millions, soit environ 10% des personnes valides. Si nous suivons l’essence de la démocratie occidentale formulée par Roubinov, alors tout se révèle être à l’inverse: 90% de la population employée des États-Unis n’a pas de pouvoir obtenu par la propriété, puisqu’elle n’a pas la propriété des moyens de production. Et le pouvoir appartient aux plus grands propriétaires.
Le chemin désastreux sur lequel le chef de son Sénat propose de conduire la Biélorussie dans son article amphigourique, a été dénoncé par la Pravda (Le fantôme de la “démocratie rampante”, n ° 37 du 13 au 16 avril 2012). Cependant, les idées et les propositions pour la transition vers la démocratisation sur le modèle occidental ont commencé à pénétrer de manière obsessionnelle dans les discours des responsables de divers grades. Ils ont sérieusement assuré à leurs partenaires occidentaux: “Nous allons faute atteindre votre niveau de démocratie, laissez-nous juste du temps”.
Cette attitude à l’égard du capitalisme et de ses “normes démocratiques” a naturellement pénétré la conscience d’une grande partie de la société, en particulier des esprits jeunes et fragiles. Il n’est pas surprenant qu’il y ait autant de jeunes dans les rangs des manifestants, et pas seulement des étudiants, mais aussi des lycéens, des adolescents, incapables de comprendre où on les mène. Ils emboitent le pas volontairement et, comme c’est le cas chez les jeunes, avec grand enthousiasme, à la duperie mondiale, qui n’a pas été dénoncée comme il se doit dans notre république.
Un drapeau à croix gammée
D’autres facteurs d’une importance exceptionnelle ont également contribué au caractère de masse des “marches de protestation”. Les processions des manifestants ont défilé sous le drapeau blanc-rouge-blanc omniprésent, avec l’emblème “Poursuite” et le cri “Vive la Biélorussie!”. Sous ces symboles et avec le cri “Vive la Biélorussie!” que pendant les années de l’occupation fasciste, les complices d’Hitler, la milice, ont commis leurs atrocités. Ces symboles sont devenus la “carte de visite” du régime d’occupation, sous lequel jusqu’à un tiers de la population de la république a été détruit.
Le drapeau blanc-rouge-blanc et les armoiries “Poursuite” ont été approuvés pour les serviteurs-policiers d’Hitler par le Gauleiter de Ruthénie blanche (District Général de Biélorussie) Wilhelm Kube. À l’époque de Chouchkevitch, ils ont de nouveau été déclarés symboles d’État, ce qui a provoqué une vague d’indignation parmi le peuple. Des lettres de gens ordinaires ont été envoyées à diverses autorités et aux médias. Voici juste l’une d’entre elles – du vétéran de la Grande Guerre patriotique et du travail Felix Osveisky: «Je ne peux pas me tenir sous le drapeau blanc-rouge-blanc et le considérer comme un symbole de ma patrie. Sous cette bannière, des policiers – des nazis biélorusses – aux brassards blanc-rouge-blanc, ainsi que les punisseurs fascistes, ont tiré sur mon père, ma mère, trois sœurs mineures et mon frère. Mon frère avait alors sept ans. »
Il est clair que pour la majorité absolue des citoyens de la Biélorussie, le 1er mai 1995 fut une véritable fête, lorsque le référendum pan-biélorusse, initié par le président Loukachenko, avec une écrasante majorité de votes a annulé les symboles profascistes – le drapeau blanc-rouge-blanc et les armoiries “Poursuite”, les remplaçant par le drapeau cher à l’âme du peuple, et des armoiries qui coïncident presque complètement avec leurs prédécesseurs soviétiques.
Et maintenant, un quart de siècle plus tard, les symboles des serviteurs-bourreaux fascistes du peuple biélorusse ont de nouveau émergé du passé sanglant. Le tribunal de Nuremberg a condamné les atrocités du fascisme hitlérien, qui n’ont pas de délai de prescription. Son symbolisme, la croix gammée, a également été reconnu comme illégal. Son utilisation même en Allemagne est considérée comme un crime. Pourquoi alors dans notre pays les symboles collaborationnistes profascistes, approuvés pour les collabos par le Gauleiter Kube, ont littéralement inondé les colonnes des “protestataires”?
Aussi amer qu’il soit à admettre, le pouvoir lui-même a donné le “feu vert” aux symboles des collabos. Il n’a pas dissipé le mythe de l’ancêtre du drapeau blanc-rouge-blanc – le fantôme de la République populaire biélorusse (BNR), dont la Rada a rompu les liens avec la Russie. Au contraire, ce sont les autorités qui ont créé les conditions pour honorer cette “république” sous ses symboles. Au printemps 2018, avant le centenaire de la BNR, l’ancien président de la commission parlementaire pour l’éducation, la science et la culture Igor Marzalyuk a déclaré que la BNR est la source de l’État biélorusse et que la BSSR est “le successeur direct et légitime de la BNR”.
Et l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères, chef du Département de la politique étrangère de l’administration présidentielle, président de la Commission permanente des affaires internationales de la Chambre des représentants Valery Voronetsky a ajouté: «Nous disons que c’est un jour de fête, alors faisons la fête! .. Une nation ne peut être consolidée et unifiée que par son histoire nationale, ses traditions nationales. L’un de ces facteurs qui consolide les Biélorusses est le 25 mars 1918 (jour de la création de la BNR – V.K.). Les autorités l’ont non seulement reconnu, mais l’ont également accepté comme un fait. » Et ils ne l’ont pas seulement reconnu, mais ont créé les conditions morales et matérielles pour une grande célébration d’anniversaire sous le drapeau blanc-rouge-blanc.
Inévitablement, la question se pose: les échelons du pouvoir ont-ils oublié les faits historiques bien connus? Comment les membres de la Rada de la BNR à un moment où le peuple biélorusse, avec ses frères de classe russe, emmenés par une direction bolchevique, gagnait avec son sang le droit à la vie à égalité avec la Russie sous le régime soviétique, se sont agenouillés devant le Kaiser, puis Pilsudski dans l’espoir de leur céder la Biélorussie ? Comment en territoire occupé, ils ont aidé les envahisseurs nazis à mater les rebelles.
Le bourreau le plus sanglant – le serviteur nazi Boris Ragulia, sous la direction duquel des milliers de civils ont été tués, décoré par Himmler de hauts grades et récompenses SS, après avoir fui à l’étranger, est devenu vice-président de la Rada de BNR, sous l’égide des États-Unis. Et plus d’une fois, il a pris le thé lors des réceptions de Bill Clinton, coordonnant les plans pour l’effondrement de l’Union soviétique et la séparation de la Biélorussie et de la Russie.
Pourquoi les autorités ont-elles rejeté les nombreux documents historiques qui ont suivi la piste sanglante de la Rada de la BNR? Il est impossible de les énumérer, et encore moins de les citer sur les pages de ce journal. Mais je ne peux que citer deux publications Internet: « Quelle fête veulent-elles nous imposer? » et «À propos des drapeaux blanc-rouge-blanc, le panneau “Poursuite” et le cri “Vive la Biélorussie!” ». Les textes documentaires et les photographies dans les journaux et magazines profascistes publiés par les partisans de la Rada de la BNR font l’éloge d’Hitler, appellent sous le drapeau blanc-rouge-blanc à lutter contre ses adversaires et, avec l’Allemagne hitlérienne, à poursuivre la “sainte cause” de la Rada.
Encore une fois, je tiens à rappeler avec gratitude qu’en analysant en profondeur la situation créée avec la participation des autorités, la Pravda a mis en garde contre le danger imminent posé par l’idéologie hostile des porte-drapeaux blanc-rouge-blanc («Ombre du Maidan sur Minsk», n ° 30 du 27-28 mars 2018 ): «Ni l’Occident, ni ses serviteurs en Biélorussie, que les autorités ont récemment appelé la “cinquième colonne”, n’ont changé ni leurs buts ni leurs objectifs. Et les drapeaux blanc-rouge-blanc qui remplissaient la place près de l’opéra du Bolchoï dans le centre de la capitale biélorusse, et l’hymne «Nous sortirons en rangs serrés » (l’hymne de la police profasciste. – V.K.) ne sont pas que des symboles de la république collaborationniste fantoche. C’est l’ombre du Maidan sur Minsk. »
Mais même maintenant, les médias d’État ne disent la vérité qu’occasionnellement et trop discrètement sur les symboles des traîtres nationaux trempés dans le sang du peuple, ravivés dans les “marches de protestation”. Dans ce contexte, la seule voix, ferme et confiante dans la justice historique a été celle du ministre de la Défense V.G. Khrenina: « Nous n’autoriserons pas dans ce lieu saint (près du Musée de la Grande Guerre patriotique. – V.K.) d’actions anti-étatiques avec le drapeau sous lequel on a tué des Biélorusses, des Russes, des Ukrainiens et des représentants d’autres nationalités. »
Le sang gèle dans vos veines lorsque vous voyez sur l’écran de télévision comment, près d’un lieu tout aussi sacré – l’obélisque de la victoire, érigé à la mémoire de ceux qui, sans épargner leur vie, se sont battus contre des collabos profascistes, des jeunes, réchauffés par des chaînes de télégrammes hostiles à la Biélorussie, accrochent ces symboles de traîtres et de tueurs. Et comment une colonne de «protestataires» fait une «marche des partisans» – un tel blasphème ne peut être appelé autre chose qu’une trahison de la mémoire sacrée des partisans qui se sont battus contre des criminels blanc-rouge-blanc et sont morts de leurs mains.
Une visée à long terme
Le fils exceptionnel du peuple biélorusse, le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de la république P.M. Macherov, l’un des leaders du mouvement partisan, qui s’est battu contre les nazis et leurs complices blanc-rouge-blanc, a exigé un respect particulier pour l’histoire de la patrie. «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir », écrit-il. « Oublier les idéaux crée le chaos et la destruction. » Nous devons admettre avec amertume que non seulement la parole ferme du peuple qui, en 1995, a dit «non» à la fascisation dans la république et approuvé son drapeau, ses armoiries et son hymne, a été oubliée. Comme auparavant, dans les manuels et les matériels de propagande, ce n’est pas seulement le mythe de la BNR qui envahit les cerveaux.
Toute l’histoire de la Biélorussie est déformée et falsifiée, avec le consentement tacite, et parfois à la demande des autorités. Une fausse théorie historique a été jetée dans la conscience de la société, qui prétend que la nation biélorusse est l’une des plus anciennes d’Europe et du monde. Et maintenant, Francysk Skaryna est appelé un Biélorusse (bien qu’il ait écrit: «Je suis né dans la langue russe»). Après tout, il n’y avait pas de Biélorusses en tant que nation, il y avait un peuple russe, dont trois branches fraternelles ont émergé plus tard. Du titre de son œuvre principale –la «Bible russe» («Bible Ruska») dans les documents de propagande, dans les expositions et dans les affiches installées le long des routes pour le 500e anniversaire de la grande œuvre de Skaryna, le mot «russe» a été supprimé. Et la «Bible» (en fait la «Bible russe») a commencé à être glorifiée comme la première édition biélorusse.
Je crois comprendre que les autorités ont utilisé cette “théorie” dans une situation difficile. Depuis la création de l’État de l’Union de la Biélorussie et de la Russie, l’administration Poutine a déclaré le traité inacceptable. Et a immédiatement mené une politique de désintégration, violant l’article principal du traité – sur l’égalité des prix des ressources énergétiques en pénurie en Biélorussie, sans laquelle il est impossible d’assurer l’égalité des conditions économiques. Et plus la Biélorussie, dans des conditions aussi inégales, assurait un développement économique incomparablement plus rapide que la Russie, plus le Kremlin la frappait avec force. Dans de telles conditions, la direction de la république s’est engagée dans une démarche de diversification des achats de ressources énergétiques et de renforcement de la souveraineté.
Même si ce cours est reconnu comme correct, je suis convaincu qu’il n’aurait pas dû y avoir recours à la falsification de l’histoire pour renforcer la souveraineté. Les grandes sommités de la Russie – VasilyTatishchev, Nikolai Karamzine, Sergey Soloviov, Vasily Kliouchevski – ont révélé les jalons de la voie slave et l’émergence de la nation russe, dont sont issues les pays ukrainiens et biélorusses. Nos compatriotes, de Pavel Shpilevsky, Evdokim Romanov à Lavrenty Abetsedarsky, Vasily Bondarchik et Eduard Zagorulsky, ont montré de manière convaincante que la nation biélorusse a commencé à prendre forme à partir d’une nation entièrement russe à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. L’époque de la formation du peuple biélorusse proprement dit, distinct du peuple russe ancien, est la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Les autorités biélorusses n’ont-elles pas vu la falsification elle-même ou les mines à retardement? Après tout, si nous suivons la vérité historique, alors au Moyen Âge, pendant la période de fragmentation féodale, des guerres intestines ont été menées entre les anciennes principautés russes. Si nous admettons que même alors il y avait une nation biélorusse, il y avait des Biélorusses, alors il s’avère que les Russes se sont battus contre les Biélorusses. Cet objectif même – creuser un fossé entre les Biélorusses et les Russes et semer l’inimitié entre eux – a été poursuivi par les créateurs de la fausse théorie sur l’origine ancienne des Biélorusses.
La principale contribution à la falsification de l’histoire a été apportée par l’Institut d’histoire de l’Académie nationale des sciences avec l’aide de la Faculté d’histoire de l’Université d’État du Bélarus. Les actions de cette institution se sont clairement manifestées dans le contexte de l’effondrement de notre pays commun. En 1993, ils ont préparé et organisé la célébration du 50e anniversaire de l’Union de la jeunesse biélorusse (UBM) – une organisation fasciste créée sur le modèle de la jeunesse hitlérienne avec l’insigne sur la casquette “Poursuite” et le cri “Vive la Biélorussie! ».
Telles sont les tâches de l’UBM, annoncées par le chef d’état-major, Mikhail Ganko: «Nous jurons que nous serons fidèles au leader de la nouvelle Europe, Adolf Hitler! Devenez garde SS, combattez pour une nouvelle Biélorussie libre. Le chef Adolf Hitler vous appelle. Soyez digne de sa confiance. »
Une énorme annonce a été affichée à l’Institut d’histoire: «L’Union de la jeunesse biélorusse a 50 ans». Elle invitait à la soirée anniversaire de l’UBM: “Vous pouvez apprendre beaucoup de choses intéressantes sur l’organisation patriotique, rencontrer les participants de l’UBM et passer un moment intéressant.”
Des murs de cet institut ont été publiés des ouvrages sur les racines lituaniennes des Biélorusses et leur “âge d’or” dans le cadre du Rzeczpospolita polono-lituanien. Avec l’arrivée à la présidence d’Alexandre Loukachenko, la situation a changé: le camp pro-occidental et profasciste a commencé à être nettoyé. Mais, curieusement, après un certain temps, beaucoup de choses ont refait surface. L’Institut a publié un livre en deux volumes “L’histoire de l’État biélorusse de la fin du XVIIIe au début du XXIe siècle”. Le Grand-Duché de Lituanie et la Rzeczpospolita étaient représentés par les formes historiques de l’État biélorusse, mais l’Empire russe, voyez-vous, bien qu’il existait sur les terres biélorusses, n’est pas la forme historique de l’État biélorusse.
C’est à cette institution qu’à la veille du 100e anniversaire de la BNR, la direction de la République a demandé d’expliquer idéologiquement et historiquement ce qu’était la BNR et comment la traiter dans la réalité politique actuelle. Partant d’une explication “convaincante”, les autorités ont donné le feu vert à une grande célébration de cet anniversaire. Les dirigeants de tous les partis “démocratiques” – fervents opposants non seulement à une alliance avec la Russie, mais aussi à toute intégration dans l’espace post-soviétique – ont pris part aux événements de l’anniversaire.
J’écris sur tout cela de manière si détaillée uniquement parce que tout près, en Ukraine, le chemin vers le destructeur “Maïdan” a commencé par une falsification de l’histoire: là aussi, des ancêtres antiques ont été “découverts” – les Ukres, qui se sont opposés aux Russes, à la Russie, et cette découverte a été l’un des supports idéologiques de la contestation de masse.
Vue de l’intérieur
Avec douleur, je me souviens des événements des années 90. Dans le sillage de l’euphorie de la pseudo-démocratie, l’anarchie et le chaos ont frappé notre belle et hospitalière Biélorussie. Le travail des entreprises a commencé à être suspendu, le chômage a augmenté, et ceux qui travaillaient devaient attendre des mois pour toucher leurs salaires, de même pour les retraités, un système de tickets de rationnement a été introduit pour la nourriture et les produits de première nécessité. Le manque d’argent a frappé les transports, la construction, l’agriculture et la criminalité a commencé à croître. Tous ces problèmes n’ont pas épargné ma ville natale de Borisov.
Alors, me soumettant à la discipline de parti, j’ai rejoint la lutte pour le poste de chef de la ville et j’ai gagné. Les piliers de mon travail étaient les communistes, les députés du conseil municipal et le corps de nos directeurs soviétiques, ils travaillaient en étroite collaboration avec les organes des affaires intérieures et le KGB.
Derrière chacun de nous il y avait l’école soviétique et la conscience qu’aux heures des épreuves les plus difficiles on ne peut rester seul. En quelques semaines, nous avons liquidé le système de tickets et, sur décision du conseil d’administration, nous nous sommes mis à organiser des magasins de marque basés sur les produits de nos propres industries et de l’agriculture de la région. Au total, nous avons ouvert plus de 80 magasins pour 150 000 habitants. Les dirigeants des entreprises ont commencé à créer activement des associations de jardinage pour leurs travailleurs et retraités, pour les aider dans la conception et l’amélioration des sites, la pose de routes, les services publics et, dans certains endroits, à émettre des prêts pour la construction.
Nous avons tenu bon. Les pertes par rapport à la dernière année soviétique de 1991 étaient de 22%, tandis que d’autres villes de la république dans son ensemble avaient perdu environ 40% de leur PIB. Par la suite, trimestre après trimestre, il y a eu une augmentation de 5 à 7%. Nous avons constamment analysé le travail des entreprises, résumé et diffusé les meilleures pratiques.
Bien entendu, toutes les entreprises ne fonctionnaient pas dans ce mode. Pour garder les gens occupés, nous avons ouvert quatre marchés commerciaux bien développés, qui ont maintenu le chômage à environ 2,5%. Les salaires et pensions ont été payés à temps. Le transport urbain a commencé à fonctionner normalement. Les constructeurs ont reçu un large éventail de travaux dans les sphères industrielle, municipale et sociale de la ville. En près de quatre années difficiles de notre travail, nous n’avons pas cédé une seule entreprise.
Le Comité exécutif ne résolvait pas seulement les problèmes du jour. Le plan général révisé de la ville couvrait toutes les sphères de la vie économique, culturelle et sociale. Le projet d’une zone de parc couvrant les sites historiques de 1812, qui a été soutenu par le ministère des Richesses naturelles et de la Protection de l’environnement, s’est déclaré prêt à participer à sa mise en œuvre.
En travaillant avec les gens, nous sommes revenus à l’expérience soviétique des “journées d’information” – une réunion mensuelle d’un groupe de travailleurs municipaux responsables avec les collectifs de travail. À cette fin, la télévision par câble a été lancée. Nous avons installé un buste de Sergo Ordjonikidze dans la rue portant son nom, en tant que participant aux hostilités près de la ville de Borisov pendant la guerre civile. Les organisations du parti de la ville et de la région ont été parmi les premières de la république à relancer le mouvement des pionniers. Nous avons rendu le nom d’origine à l’équipe de football BATÉ et avons ouvert le premier stade répondant aux normes internationales.
Nous célébrions régulièrement les fêtes soviétiques, les dates majeures de l’histoire du pays et de la ville devant le monument à V.I. Lénine. Des équipes créatives célèbres étaient invitées. Les événements se clôturaient en présence d’une foule immense avec de grands feux d’artifice. Pour célébrer le 50e anniversaire de la Grande Victoire, nous avons reçu de nombreux invités de différentes régions de l’ancien pays soviétique, dont le sort était lié aux événements des années de guerre dans notre ville. Avec beaucoup de chaleur et d’amour, leurs réunions se sont tenues dans des collectifs de travail. En disant au revoir, les larmes aux yeux, ils ont avoué: «Nous venons de faire un séjour en Union soviétique, peut-être pour la dernière fois de notre vie. Mais nous sommes sûrs que vous n’abandonnerez notre Victoire à personne. »
Je me souviens de la visite du président Alexandre Loukachenko dans l’une de nos principales entreprises – l’usine n ° 140. Il a été étonné du travail précis et bien coordonné de l’équipe, qui n’avait pas assez de jours de travail pour exécuter des commandes croissantes et a dû recourir à des heures supplémentaires. Le président s’est également intéressé au système du travail idéologique. Bien sûr, pas seulement dans notre région. Et, certes, il était constamment guidé par l’expérience soviétique. Je le répète, un énorme travail a été fait dans l’économie. Beaucoup a également été fait dans le domaine idéologique.
Mais par la suite, les autorités, selon Loukachenko, ont commis des erreurs. Je les vois dans ma ville. Ainsi, dans l’économie, la ville a perdu l’usine de pianos, connue du monde musical de nombreux pays, l’usine Proletarsky Molot, qui fondait des cadres pour les pianos et produisait des accessoires de mobilier, l’usine Krasny Metallist, qui produisait des plats émaillés. Le fleuron de notre industrie, l’usine d’équipements électriques pour automobiles et tracteurs, BATÉ, s’est retrouvée dans une situation difficile; elle a perdu plus de quatre mille employés et le marché de la vente; la plus ancienne usine de produits en cristal avec un musée du verre d’art unique qui a été pillé est sur le point de fermer.
Le nouveau personnel de l’administration municipale n’a pas pu sauver ce que nous avions préservé. Le ministère de l’Industrie locale et l’actuel ministère de l’Industrie de la République sont à blâmer pour cela. Un sort similaire est arrivé non seulement à Borisov, mais aussi à Orsha, Bobruisk, Baranovichi, Molodechno – ils sont maintenant placés sous le contrôle personnel du président. Le fait que la république, surmontant la crise dans les villes et régions individuelles, se soit engagée dans un cours pour y développer les principales industries et l’agriculture, inspire l’optimisme.
Mais je vois un grand danger pour l’avenir dans l’impuissance idéologique des autorités de la ville. Prenons, par exemple, l’attitude de ses dirigeants, notamment du “corps idéologique”, envers la jeunesse: cela ne cause rien d’autre que l’alarme pour l’avenir du pays. Quelle sorte de perspective faut-il avoir pour ne pas être fier de la grandeur de la gloire du Komsomol léniniste, couronné des six ordres les plus élevés de la Patrie? Comment s’éloigner de la participation au 100e anniversaire du Komsomol et du Komsomol, ne pas féliciter et ne pas soutenir moralement et financièrement les héritiers actuels du Komsomol? Un sage a dit: si la tribu piétine les pères, la tribu périra.
Les racines des événements tragiques actuels résident également dans le fait que le 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’octobre, le 100e anniversaire de la République socialiste soviétique de Biélorussie, ainsi que le 100e anniversaire du Komsomol, le 70e anniversaire de la réunification de la Biélorussie occidentale avec le BSSR, ont été échangés contre la célébration de 100 anniversaire de la BNR.
Le mépris, je ne trouve aucune autre définition, a également affecté l’attitude envers le corps des directeurs soviétiques, qui a joué un rôle majeur dans la préservation des collectifs de travail et des industries et mérite non seulement des souvenirs brillants, mais aussi un monument éternel.
Et encore une fois, je reviens à mon article déjà mentionné dans la Pravda. Le front des ouvriers idéologiques de la république, on l’a rappelé là-bas, n’est pas petit. Dans chaque collectif de travail – dans l’industrie, l’agriculture, la construction, les établissements d’enseignement et les unités militaires – il y a des personnes impliquées dans le travail éducatif. Pour la plupart, ce sont des interprètes moralement corrects et bons. Mais pas plus: le niveau de leur formation, malheureusement, n’est pas élevé. La majorité est incapable de mener des discussions politiques, de défendre des positions qui correspondent aux intérêts étatiques d’une république qui ne s’est pas précipitée dans le maelström de l’omnipotence du capital. Il faudra leur apprendre à riposter avec audace et à résister activement aux falsificateurs de l’histoire et aux agents d’influence de l’extérieur. Alors que leur base théorique est faible. Alors que des articles et des émissions de télévision apparaissent, désorientant les jeunes,portant préjudice à la société.
Il est déconcertant que le siège de la présidence manque d’une équipe de scientifiques-spécialistes mûrs et hautement érudits capables d’analyser, de guider et de former des cadres idéologiques. L’une des raisons, à mon avis, est que le président a clos presque toutes les questions au niveau de l’État. Il n’y a pas d’équipe forte et cohésive au sommet. Beaucoup se considèrent comme des travailleurs temporaires. Il y a un changement fréquent de personnel à tous les niveaux. Et, comme le montre la pratique, pas toujours pour le mieux. Lors de l’approbation d’un membre du personnel, la performance des indicateurs économiques est mise à la base de ses activités, et les questions d’ordre idéologique sont laissées de côté.
Les conséquences inquiétantes de cette situation étaient visibles avant même les émeutes. Lorsqu’on a demandé à des collégiens qui jouaient au ballon dans la rue Alexandre Matrosov: « En l’honneur de qui votre rue porte-t-elle ce nom? », la réponse a été : « Probablement, en l’honneur d’un marin. » Dans une enquête rapide dans les rues de Minsk, la plupart des jeunes ont seulement entendu vaguement parler de Khatyn ou même pas du tout. Dans les cerveaux vides de la jeunesse et des petits bourgeois, qui n’ont aucune idée de l’essence brutale du capitalisme et de l’histoire de leur pays, les chaînes de télégrammes d’outre-mer ont introduit leurs informations subversives. Les marches des “manifestants”, qui ont reçu les noms de “marche des vainqueurs”, “marche des partisans”, “marche de la volonté populaire”, etc., provenant des mêmes canaux, sont essentiellement devenues des marches d’idiots d’Internet, perdus de vue par les autorités.
Il semble que le Parti communiste de la république devrait assumer une grande part de responsabilité. Le travail d’information réalisé par le biais du journal «Communiste de Biélorussie. Nous et le temps »devrait être soutenu par des actions plus résolues, en soutien aux forces qui s’opposent à la destruction du Bélarus. Dans cette lutte, il est nécessaire de recourir à l’aide d’académiciens russes, de scientifiques russes d’orientation socialiste et d’organiser une discussion à grande échelle avec une large participation du public avec la démonstration de matériaux exposant l’essence perfide des mercenaires fascistes et de leurs partisans actuels.
Je voudrais en particulier noter que les leçons du “Maidan” de Minsk ne sont pas seulement importantes pour la Biélorussie.
Les idiots d’Internet et les “sages du Kremlin“
Personne ou presque ne conteste que les troubles actuels dans la république soient dirigés contre la Russie. Mais ce n’est pas toute la vérité. Non moins dangereux est un autre élément, et de l’avis de beaucoup, bien plus pernicieux: la préparation d’un Maïdan en Russie même. Et cette préparation vient, n’en soyez pas surpris, de la direction du Kremlin. Ayant mis le pays sur les rails capitalistes, elle propage dans l’esprit des gens l’idée de l’efficacité du capitalisme.
Dans le récent programme “Dimanche soir avec Vladimir Soloviov”, le réalisateur Karen Chakhnazarov a fait la preuve que cette approche de classe entrainait déjà la bourgeoisie russe à se jeter dans les bras de l’Occident. Et la propagande massive pour le “brillant avenir capitaliste” séduira bien sûr (comme la Place Bolotnaya l’a déjà montré en 2012), une partie importante des petit-bourgeois bernés, et en particulier la jeunesse, à qui les plus grandes réalisations du socialisme sont cachées. Ainsi, pour ce qui est de cet enjeu principal – le système social – le Kremlin pousse le pays dans la boue des marécages et le tire vers le Maidan.
Je pense que c’est une politique désastreuse. Le Kremlin n’a pas encore compris: même si l’économie capitaliste de la Russie fonctionne au niveau de l’économie capitaliste de l’Occident, la Russie restera à la traîne, car pour la production d’une unité de production, en raison des conditions naturelles, elle a besoin d’une fois et demie plus de ressources. Mais elle ne pourra pas fonctionner au niveau de l’économie occidentale. Pour la raison qu’elle ne sera pas autorisée à piller la majeure partie du monde, à faire ce que fait l’Occident, voler de manière parasitaire. Ce qui l’attend, c’est seulement un retard de plus en plus important et l’effondrement. La Russie, en fait, est plongée dans une impasse historique. Je ne dirai rien sur le fait que la tentative même d’entrer dans la meute de loups des voleurs du monde et des bandits est déjà un crime contre le peuple russe, dans lequel l’idée de justice est toujours vivante.
Le mouvement vers une issue néolibérale à travers un Maïdan est encore accéléré par la perversion sans précédent de l’histoire russe dans un esprit antisocialiste. Ces facteurs sont bien plus profondément ancrés dans la politique des échelons dirigeants en Russie qu’en Biélorussie. Et en plus, le travail de sape des “sages du Kremlin”ne s’arrête jamais – la lutte effrénée qu’ils ont déclenchée contre tout ce qui est soviétique. Il semble que c’est à eux que s’appliquent les paroles du grand dramaturge et philosophe Bernard Shaw: «L’histoire nous apprend que les gens n’apprennent jamais rien de l’histoire».
Et il est temps d’apprendre. Surtout à notre époque troublée. Et de prendre en compte les leçons du Maidan de Minsk.
Victor Kapoultsevitch,
Vétéran du Parti Communiste et du Travail.
Borisov, région de Minsk.
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