Histoire et société

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Face à la ridicule élection présidentielle aux Etats-Unis, la meilleure attitude consiste à soutenir Cuba, dire ce qu’il y a dire sur ce pays et sur le Venezuela, d’autres pays progressistes. Je rappelle aux lecteurs de ce blog, la souscription lancée par Cuba coopération pour l’aide alimentaire. Vous pouvez adressez vos chèques à Cuba Coopération, 42 rue Lénine, Ivry -sur Sein 94200 (note de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)

Si nous accédons au site web de la Banque mondiale (bm), la première chose que nous allons y trouver est un slogan annonçant que sa mission fondamentale est de lutter contre la pauvreté. Or, la Banque mondiale a été l’une des principales institutions financières internationales, avec le Fonds monétaire international (fmi), dans le déploiement de politiques néolibérales qui ont aggravé la situation de pauvreté dans une grande partie du monde

Auteur: Karima Oliva Bello | internet@granma.cu

3 novembre 2020 12:11:52

• Si nous accédons au site web de la Banque mondiale (bm), la première chose que nous allons y trouver est un slogan annonçant que sa mission fondamentale est de lutter contre la pauvreté. Or, la Banque mondiale a été l’une des principales institutions financières internationales, avec le Fonds monétaire international (fmi), dans le déploiement de politiques néolibérales qui ont aggravé la situation de pauvreté dans une grande partie du monde. Cette donnée, bien que la Banque mondiale la connaisse mieux que nous, elle ne nous la donnera jamais.

En revanche, elle finance d’importantes recherches pour décrire comment vivent les pauvres, quelles sont les causes de leur pauvreté et ce qui doit être fait pour les éradiquer. La Banque mondiale n’a évidemment pas besoin d’enquêter à ce sujet ; elle sait que dans les régions où elle a contribué à imposer le néolibéralisme, la pauvreté est extrêmement dure, sans aucune garantie ni protection d’aucune sorte. Elle sait également que la pauvreté serait éliminée par des changements structurels allant dans le sens inverse des politiques qu’elle promeut, à savoir par la création d’emplois décents, avec des droits et des garanties professionnelles pour les secteurs exploités, ainsi que l’accès gratuit, à caractère universel et inaliénable, à la santé et à l’éducation, par exemple.

Mais ces changements, la Banque mondiale ne les encouragera pas. Alors, pourquoi s’occupe-t-elle de la pauvreté ? Afin de pouvoir gérer le mécontentement social qu’elle génère, sans qu’il ne se transforme en action politique contre le statu quo néolibéral. La Banque mondiale aide à produire la pauvreté et gère les façons dont on doit la percevoir et y faire face, en neutralisant toute matrice d’analyse ou d’action sociale qui assumerait la lutte des classes et la critique du capitalisme.

Cette méthode n’est pas exclusive à la Banque mondiale. Depuis longtemps, l’élite capitaliste étasunienne met en œuvre dans les territoires qu’elle veut dominer politiquement et économiquement des formes d’intervention dans les affaires intérieures, marquées par l’ingérence, en ayant recours à un groupe d’organisations gouvernementales ou non gouvernementales qui, comme la Banque mondiale, opèrent dissimulées derrière une façace, en l’occurrence celle de la défense de la démocratie, des droits humains et les libertés civiles.

En 1997, le New York Times a rapporté que la Fondation nationale pour la démocratie (ned), fondée en 1983 par le Congrès des États-Unis durant le gouvernement de Ronald Reagan dans le but de combattre le communisme, dépensait à l’époque 30 millions de dollars par an pour soutenir « les partis politiques, les syndicats, les mouvements dissidents et les médias » alliés aux intérêts du gouvernement étasunien. Dans le cas de Cuba, il est consigné comment, à ce jour, la ned continue à être une voie pour le financement de personnes, d’organisations et de médias qui travaillent pour un changement de régime sur l’Île.

Pour sa part, la Fondation Open Society est une organisation philanthropique fondée par le magnat étasunien George Soros en 1993, qui investit des millions de dollars dans « des milliers de subventions chaque année pour la construction de démocraties inclusives et dynamiques », comme il le déclare sur sa page web. Elle forme des leaders d’opinion locaux grâce à des bourses pouvant atteindre 40 000 dollars par an et finance des projets pour ce qu’ils appellent l’autonomisation de la société civile.

Présenté de la sorte, il s’agit d’un effort noble et désintéressé, mais ce qu’ils font réellement, c’est fabriquer des matrices d’opinion et gérer des mouvements sociaux dans certains pays en tant que pièce maîtresse dans le cadre de la stratégie de domination capitaliste des États-Unis. Ainsi, l’Open Society a été liée, par exemple, à la chute des régimes politiques en Europe de l’Est et dans les anciennes républiques soviétiques et à l’arrivée au pouvoir de gouvernements, pas nécessairement plus démocratiques, mais certes alliés aux intérêts étasuniens.

Je ne suis pas en train de dire que dans les sociétés où ils sont intervenus par le biais de ce type d’organisation, il n’existe pas de problèmes sociaux qui touchent des secteurs de la population et qui nécessitent une solution politique, économique, législative, etc., mais l’intervention à des fins extrinsèques aux intérêts des peuples est une façon d’envenimer un scénario déjà complexe, sans aucune garantie de bénéfice effectif pour les majorités. Les situations sociales restent prisonnières d’un mécanisme de manipulation politique. Gérer le mécontentement social dans ce cas pour qu’il bénéficie aux intérêts de certains groupes de pouvoir aux États-Unis est en soi assez pervers.

J’ai donné l’exemple la ned et de l’Open Society, car ce sont deux des organisations qui ont soutenu et promu la contre-révolution cubaine, qui a progressivement diversifié son profil au cours de la dernière décennie.

UNE SOCIÉTÉ CIVILE MÉDIATIQUE ET SES MATRICES D’OPINION

En décembre 2010, les révélations de WikiLeaks ont rendu public une dépêche du chef de la diplomatie des États-Unis à La Havane, Jonathan Farrar, dans laquelle il critiquait sévèrement le caractère « personnaliste », « sans racines sociales » et « excessivement intéressé par l’argent » de la dissidence cubaine, reconnaissant que « les dissidents sont peu connus à Cuba en dehors du cercle des diplomates étrangers et de la presse ».

De telle sorte qu’une partie des stratégies visant à promouvoir et à soutenir la contre-révolution cubaine, en accord avec le changement de politique des États-Unis envers Cuba qui eut lieu sous l’administration Obama (2009-2017), a été modifiée dans l’intention de fabriquer un autre type de dissidence.

Depuis lors, l’un des points cruciaux de l’action d’organisations telles que la ned et l’Open Society a été de soutenir, d’une part, la création d’un ensemble de plateformes et de médias numériques – qui se présentent comme indépendants, mais dans la mesure où ils s’agit de médias privés ou payés par le gouvernement des États-Unis, ils ne le sont pas – et, d’autre part, le profilage et le recrutement de personnes issues du monde universitaire et journalistique pour en faire des acteurs médiatiques qui, sur ces plateformes financées de l’étranger, s’expriment comme porte-drapeau de la défense de certains droits et groupes sociaux.

La stratégie s’oriente dans deux directions complémentaires : la fabrication d’une sorte de société civile médiatique (un aspect novateur pour le cas cubain en raison de la manière dont il est géré, du fait d’une plus grande connectivité et d’un meilleur accès des Cubains aux réseaux sociaux sur Internet) et la production, en même temps, d’un ensemble de matrices d’opinion pour créer les conditions subjectives favorables au changement de système politique.

Parmi les questions que ces médias numériques et leurs acteurs monopolisent, figurent un ensemble de problèmes sociaux réels et sensibles, qui touchent certains secteurs de la population et qui ont été peu abordés médiatiquement par les organisations, les institutions et les médias à Cuba. Prenons l’exemple de la violence de genre, même si ce n’est pas le seul problème monopolisé, afin de mettre en évidence les points clés des stratégies de formation des matrices d’opinion.

Un aspect fondamental est de forcer une analogie entre la réalité cubaine et celle de toute société latino-américaine. Ils y parviennent à travers une analyse anhistorique et décontextualisée des données, des chiffres et des faits, qui permet de mettre sur un pied d’égalité, sans aucune considération à ce respect, de la qualité avec laquelle le phénomène de la violence de genre émerge dans notre pays et la façon dont il se produit dans d’autres contextes. Pourquoi insistent-t-ils tant sur l’équivalence ? La question de l’équivalence est essentielle, car :

–         Cela permet d’amplifier le problème, car, sans cesser de considérer que tout acte de violence est grave en soi et mérite la plus grande attention, dans d’autres contextes, la violence apparaît comme l’expression de dynamiques socio-économiques beaucoup plus complexes et, par conséquent, différentes de celles qui se produisent dans le contexte cubain en raison de l’imbrication de la violence de genre avec d’autres types de violence typiques des sociétés capitalistes.

–         Le socialisme est délégitimé en tant que modèle de société efficace. Si l’on ignore toute une série de questions structurelles et systémiques pour conclure que les problèmes sociaux se posent dans le socialisme avec la même qualité que dans les sociétés capitalistes, alors pourquoi le défendons-nous ?

–         Ils fabriquent l’idée du vide institutionnel. Le traitement insuffisant de ces questions par les institutions et les médias à Cuba est utilisé pour transmettre l’idée que rien n’est fait plutôt que de dire que ce qui est doit être perfectionné et traité par les médias. L’État cubain doit être perçu comme un État en faillite, ce qui amplifie le mécontentement et, en même temps, légitime l’importance de placer d’autres voix « alternatives », autrement dit, créer la plate-forme pour le positionnement politique d’autres dirigeants.

–         Cela permet d’importer des formes de lutte provenant d’autres contextes souvent caractérisés par une opposition frontale à l’État par le biais de grèves ou de mobilisations sociales. L’une des aspirations de cette nouvelle contre-révolution serait d’atteindre, à un moment donné, un pouvoir de convocation qui permettrait une explosion sociale pour faciliter l’intervention étrangère tant attendue. Gérer le mécontentement de manière à faire descendre certains secteurs dans la rue et créer les conditions d’une confrontation sociale ou d’une situation de conflit et de déstabilisation du pays serait idéale pour leurs objectifs de « coup d’État en douceur ».

Dans ce scénario, dessiné avec la pointe d’un pinceau importé, le président Diaz-Canel a déclaré que l’État cubain, ses institutions et ses organisations travaillent au perfectionnement des mécanismes de traitement de ces problèmes sociaux, conformément à l’essence humaniste de la Révolution. En même temps, produire des contenus et des leaderships collectifs afin de les positionner dans les médias est une tâche politique majeure.

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