Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Elections présidentielles : Bonnet blanc et blanc bonnet

Ce diagnostic célèbre de jacques Duclos face au duel Poher Pompidou, ou l’affrontement politicien de deux droites proposant la même politique et face auxquelles il est impossible de trancher, est tout à fait d’actualité. Et pourtant, personne n’a envie de la politique du pire, chacun espère que la réalité contredira les faits, tant les conséquences d’un tel constat sont inquiétantes et nous obligent à un effort que nous ne nous sentons pas toujours en état de fournir.

En faisant ce constat, nous sommes dans l’état des Cubains qui attendent à la fois l’arrivée d’un ouragan et l’élection de Trump aux Etats-Unis. Ils savent que quelque soit celui qui sera élu, il y aura les mêmes buts les concernant et parce qu’ils se battent l’illusion leur est plus difficile, mais ils ne peuvent s’empêcher de penser que l’un , Biden, accordera plus de délai pour prendre souffle, tandis que l’autre est prêt à n’importe quoi. Ce diagnostic est celui que le monde entier partage inconsciemment, y compris la Chine qui a sans doute cru pouvoir pacifier “le monstre” comme l’appelait José Marti, et a été contrainte au réalisme puisqu’elle est désignée comme la cible de cet empire en crise.

Le problème dépasse les individus qui se proposent à la présidence, car le système de sélection des “démocraties”, est tel qu’il offre un vivier de plus en plus limité. Résultat nous assistons à un combat de cirque entre un fasciste mégalomane prêt à n’importe quoi pour conserver le pouvoir et un politicien diminué dans ses capacités, usé, placé là faute de pouvoir concilier l’inconciliable. La caricature comme toujours dans les chutes d’empire va au-delà de l’anecdotique, l’incapacité à renouveler un personnel politique est significatif d’une stagnation, alors qu’ily a urgence.

Les Etats-Unis ont toujours ignoré le reste du monde, tout a été toujours orienté vers la maximisation des intérêts d’une oligarchie qui était plus ou moins capable de faire ruisseler sur la nation ce qu’elle imposait au monde. La même logique prévalait dans ses alliances et la fiction d’un plan Marshall orienté vers les seuls intérêts américains mais paraissant redonner vie à l’Europe au prix de sa vassalisation, laisse la place à une sorte d’imposition d’avoir à entretenir les frontières pour poursuivre le pillage impérial.

Car la crise de l’hégémonie est celle de l’incapacité à ce “ruissellement”, les “eaux glacées du calcul égoïste” pour reprendre l’expression de Marx ont inondé à la fois l’intérieur et l’extérieur face à cette faillite programmée des ambitions. Les individus eux -mêmes sont les produits de cet égoîsme généralisé et la rebellion s’y présente comme le caprice infantile de celui qui veut des armes ou celui qui refuse le masque et les mesures de protection. Pour faire jonction avec le désespoir d’une classe ouvrière sacrifiée.

Le discours sur la défense de la démocratie est devenu de plus en plus inaudible avec la réduction des avantages que chacun pouvait espérer de la soumission à la domination. C’est en ce sens que le coronavirus, l’acceptation du sacrifice de l’humanité au nom des droits d’une élite est devenu un révélateur car l’égoïsme de chacun est devenu le fondement de tout pouvoir.

Le masque est tombé et le discours qui faisait de Trump une exception grotesque étrangère à l’Amérique est démonté par les premiers résultats et la manière dont ils démentent les pronostics et tout ce que n’ont cessé de nous répéter nos médias, eux qui suspendaient tout l’avenir de la planète à ce jeu d’ombre.

les Etats-Unis paraissent déchiré par deux forces mais celles-ci ne se battent pour leurs propres intérêts, tous les coups sont permis, le mensonge est devenu leur rationalité sur fond de l’acceptation de 230.000 morts du COVID-19 comme depuis toujours les morts de l’impérialisme étaient selon le mot de Madeleine Albright face au blocus de l’Irak, c’était “le prix à payer”. Il s’agissait de 5000 enfants mourant par suite du blocus américain qui était salué ainsi , désormais les morts assumés sont planétaires et internes.

Rien n’est sorti de cette élection sur la manière de chager d’orientation au contraire et la division a nécessairement perduré parce que les choix justement ne relèvent plus du rationnel mais du simple maintien des idéologies les plus obscurantistes.

Il parait évident que quelque chose est en train de mal tourner non seulement aux Etats-Unis mais dans les pays qui depuis tant de temps se sont situé dans leur sillage jusqu’à choisir leur propre déclin et comme eux refuser d’envisager une autre politique que celles qui a fait leur force jadis, du colonialisme à l’impérialisme, avec des évolutions du capitalisme pour aller toujours plus avant dans son essence le profit, jusqu’à l’autodestruction.

La crise des institutions, le jeu du mensonge ou tout le moins du maniement de faux rapports de forces, les théâtres d’ombre des sondages et des éditoriaux, qui n’ont plus destinés qu’à impressionner est en train de dévoyer irrémédiablement le grand atout des sociétés occidentales, après le progrès social, le développement inégal, mais le développement c’est la démocratie avec ses fondements, l’indépendance de la presse, celle de la justice, c’est l’élection qui devient une comédie.

Ce n’est pas un hasard, si les médias et singulièrement ceux de gauche en France s’accrochent à l’idée d’une alternative fondamentale, c’est de leur propre incapacité à proposer une politique qui soit autre chose qu’une rivalité de clans s’opposant en surface et s’entendant sur le fond. Ce n’est pas seulement des Etats-Unis dont il est question.

Ce capitalisme là en est arrivé à un tel niveau qu’il est obligé de tenter à la fois la démonstration que la Chine est mauvaise parce que communiste, tandis que d’autres viennent en renfort de sa démonstration pour expliquer que la Chine n’est pas communiste mais capitaliste… Et il en est ainsi de toute perspective, le nihilisme d’un système incapable de défendre ce sur quoi il a un temps assuré son hégémonie.

Réformer de tels pays, retrouver les voies d’un effort collectif pour le reconstruire, pour mobiliser toutes les énergies exigerait un très grand effort qu’aucune force politique ne parait en état d’imposer et il ne reste plus qu’à inventer la nécessité de la guerre sous toutes ses formes et dans tous ses états pour tenter de recréer une unité nationale qui part à vau l’eau.

La seule logique d’une telle élection serait de pouvoir nous libérer de cette tutelle pour chercher notre propre voie.

Danielle Bleitrach

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2 Commentaires

  • Xuan

    Dans tous les cas le cynisme froid de l’argent balaie l’hypocrisie.
    Ce qui ne va pas sans conséquences pour le second monde impérialiste, ni pour la rivalité entre la social-démocratie et le souverainisme, y compris dans les élections de 2022.
    Il est juste de souligner l’identité entre Trump et Biden en particulier pour la politique étrangère, quel que soit l’élu il n’y aura pas de changement profond ni avec la Chine, ni avec la Russie, ni avec l’Iran, le Venezuela, Cuba, ni même avec les “alliés”, sinon dans le style.
    Sur le fond les causes de la politique US ne sont pas ses leaders mais l’effondrement de l’hégémonie et la nouvelle mondialisation.
    Par contre il se produit une transformation qui accompagne le repli sur soi, le protectionnisme et l’antimondialisation.
    Je crois que la social-démocratie assiste avec impuissance à la “résistible ascension” de Donald Trump.
    Defend Democracy publie un article dans ce sens. Et bien que les chinois ne se fassent aucune illusion sur la politique de Biden, Global Times signale un changement dans le déroulement des élections cette année
    “Dans le passé, seul le résultat des élections, et non les élections elles-mêmes, était incertain. Cela avait été un haut lieu politique et moral pour les États-Unis en tant que pays occidental développé. Les Américains croyaient que seuls les pays en développement puissent être témoins de graves différends au sujet de leur processus électoral, et qu’il pourrait même y avoir des émeutes, la partie perdante refusant d’accepter le résultat. Ils ne sont pas censés s’embêter avec le même malaise pour le premier pays occidental. 
    Les États-Unis se sont dans une certaine mesure dégradés. Telle est la conclusion. Ces dernières années, les États-Unis ont ignoré les règles de la communauté internationale. Tout a été orienté vers la maximisation des intérêts américains. L’égoïsme a inondé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’arène politique intérieure américaine a également tendance à prendre parti. Les mensonges dominent, la ligne de fond initiale de la valeur a été violée, et la fin justifie les moyens. Ces hypothèses sont devenues de vrais problèmes «tout d’un coup»….Quelque chose a dû mal tourner avec la compétitivité nationale des États-Unis et sa gouvernance sociale”.

    En effet quelque chose tourne mal, c’est la place de dominant qui est en cause, avec des conséquences incalculables quant il s’agira de régler la note de décennies de grivèlerie mondiale.

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  • etoilerouge6
    etoilerouge6

    Ne serait-ce pas plus précisément bonnet brun et brun bonnet?

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