Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce lundi 2 novembre la dissolution des Loups gris, un groupuscule turc d’extrême droite radicale, nationaliste et xénophobe, après des incidents la semaine dernière en France. C’est une bonne nouvelle! La première question que l’on peut se poser est : comment un mouvement qui a un tel pedigree a-t-il pu ne pas être interdit jusqu’ici? Par quelle complaisance la France tolère-t-elle sur son sol des fascistes en activité? Ce ne sont pas les seuls et quand nous avons Marianne et moi écrit notre livre sur l’Ukraine, nous avions constaté que ce type de mouvement travaillait avec leurs ambassades et rendait des services en transformant la main d’œuvre immigrée en instrument docile du patronat. Il s’agit de partir de ces services rendus au capital dans le cadre de la concurrence instituée dans l’UE dans la main d’œuvre pour étendre l’analyse à la géopolitique et on relativisera la part réelle du religieux là-dedans.
Le pouce, le majeur et l’annulaire joints, l’index et l’auriculaire dressés, pour former le profil du loup. Tel est le signe de ralliement des Loups gris. Ces militants radicaux turcs sont pointés du doigt après de récents incidents ayant opposé les communautés turque et arménienne près de Lyon. Les tensions entre ces deux diasporas sont exacerbées depuis la reprise du conflit dans le Haut-Karabakh, opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie.
Il s’agit d’« un groupement de fait particulièrement agressif pour ne pas dire plus », a déclaré ce lundi le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin à propos des Loups gris, en annonçant leur dissolution qui doit être actée mercredi en Conseil des ministres.
Certes, mais depuis plus de quarante nul ne peut ignorer qui sont ces gens-là. Comment en Turquie, ces moeurs fascistes en priorité orientés contre les communistes une pratique fondatrice de l’organisation, se sont étendues répressions et assassinat contre les Kurdes et maintenant dans le cadre des événements du Caucase contre les Arméniens. A ce titre, les liens de l’organisation fasciste ne se limitent pas à la seule politique turque – qui demeure dans l’OTAN et joue un rôle dans la constitution d’une ceinture hostile à la Russie et même à la Chine puisque les loups gris ont des liens avec le mouvement séparatiste ouïghour en Chine. Ce qui va bien au-delà du folklore fasciste dans lequel se complaisent les membres du groupe. Avoir été à Cuba, dans les années quatre-vingt dix auprès de dirigeants intervenant en Afrique, au Moyen Orient et ouvrant les relations avec la Chine donne des perspectives sur les buts réels de ce type d’organisation.
Attentat contre Jean-Paul II
Ce groupe ultranationaliste et anticommuniste est aujourd’hui réputé proche du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s’est récemment interrogé sur “la santé mentale” d’Emmanuel Macron. Il a la double caractéristique d’être violemment anticommuniste et ultranationaliste et celle d’être composée de voyous mercenaires, mafieux qui tout en étant liés à divers trafics se retrouvent dans des actions dont les commanditaires sont volontairement mystérieux.
A la fin des années 1960 en Turquie, le parti d’extrême droite MHP se dote d’une branche jeunesse (appelée “Foyer idéalistes”) qui prendra au fil des années le loup pour symbole, et mènera plusieurs actions radicales, notamment contre le pape Jean-Paul II. Le 13 mai 1981, Mehmet Ali Agca membre des Loups gris, tente d’assassiner le représentant catholique sur la place Saint-Pierre, au Vatican. Touché à bout portant par trois balles, Karol Wojtyla est opéré en urgence et sauvé, aucun organe vital n’ayant été touché. (1)
C’est à cette époque, dans les années 1980, (comme par hasard dans le cadre de la “révolution conservatrice, néo-libérale, qui partie du Chili multiplie les intimidations fascistes contre les syndicalistes, les militants communistes en Amérique latine et sur le reste de la planète, alors même l’idéologie des “droits de l’homme” leur sert de bannière), que les Loups gris ont commencé réellement à faire parler d’eux. On les voit agir lors d’actions violentes contre des militants de gauche et des minorités. Ils ont à leur actif à cette époque un certain nombre d’assassinats d’intellectuels et militants communistes. Aujourd’hui officiellement ralliés à l’idéologie “panturquiste”, ils sont présents dans plusieurs pays d’Europe, au premier rang desquels l’Allemagne et l’Autriche où ils mènent régulièrement des campagnes d’intimidation, et ont été soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’assassinat de trois militantes kurdes en 2013 à Paris. Ils sont également réputés proches de certains milieux mafieux. La mouvance possède plusieurs filières dans d’autres pays européens, sans qu’elles ne soient jamais officiellement reconnues
Interdite en Turquie dans les années 1980, avant de réapparaître quelques années plus tard, l’organisation terroriste essaime dans la diaspora, en Allemagne, Autriche, France, Belgique, Suisse.
Dans les années 1990, ces ultranationalistes mènent des actions violentes contre les Kurdes, les Arméniens et les Grecs. Ils cultivent aussi des liens avec le mouvement séparatiste ouïghour en Chine. Des militants rejoignent les rangs de l’armée azerbaidjanaise en guerre contre l’Arménie au début des années 1990, dans le premier conflit du Haut-Karabakh. Mais la mouvance est interdite par Bakou en 1995, accusée d’avoir pris part à la tentative de coup d’Etat contre le président Gaydar Aliyev, le père de l’actuel dirigeant azéri.
Tolérance d’Ankara
Les Loups gris défendent l’idée du panturquisme, dont l’objectif est de rassembler les peuples turcophones au sein d’un même Etat. Organisation devenue légale en Turquie, ils seraient présents au sein de la police, de l’armée et des services secrets turcs, le pouvoir étant plus que tolérant à leur égard. Comme leurs homologues Aube dorée en Grèce, pravy sektor en Ukraine, ce qui les caractérise n’est pas le religieux même s’ils sont très liés avec les appareils ecclesiastiques, comme avec la police, l’armée et s’emparent volontiers de causes dans lequel le religieux joue un rôle de façade.
Avant le déclenchement de la guerre du Haut-Karabakh le 27 septembre 2020, des militants des Loups gris avaient semé la panique cet été à Lyon en marge d’une manifestation pro arménienne. Un Franco-Turc de 23 ans, Ahmet Cetin, avait été jugé mi-septembre à Bourg-en-Bresse pour « incitation à la haine ». Il était apparu dans une vidéo dans laquelle il disait : « Que le gouvernement (turc) me donne une arme et 2000 euros et je ferai ce qu’il y a à faire où que ce soit en France », regrettant qu’à Marseille il y ait « trop d’Arméniens ».
La seconde question que l’on peut se poser est pourquoi la première interdiction concerne les loups gris? On arguera le fait qu’aujourd’hui dans le cadre du conflit entre Macron et Erdogan, l’intérêt prioritaire porte sur l’ennemi personnel du président. C’est un peu court, en fait il faut partir de l’idée que dans le contexte de la crise d’hégémonie nord-américaine, les affrontements se développent à l’intérieur du même camp, où chacun tente de se constituer une féodalité. Pourquoi le gouvernement s’est enfin décidé à les interdire alors que la description ci-dessus témoigne du fait qu’à été toléré depuis les années quatre-vingt l’installation sur notre sol de bandes fascistes organisées agissant en toute impunité y compris dans l’assassinat de militants kurdes et cette impunité existe dans toute l’Europe, parait constituitif de cette Europe qui se présente comme celle des droits de l’homme mais institue l’anticommunisme comme religion démocratique alors même que sont tolérés les milices d’extrême-droite. Nous devons également pousser plus loin la réflexion sur d’autres complaisances où il ne s’agit pas seulement de “réfugiés” mais bien de bandes organisées entre délinquance et services rendus au patronat et à la terreur contre militants de gauche.
En ce moment, on assiste en France et en Europe à la multiplication d’actions fascistes sous couvert d’Islamisme et il y a la coïncidence dans le temps d’actes d’extrême-droite menés par des “identitaires”, apparemment hostiles aux musulmans et aux immigrés. Les loups gris ne sont pas la seule organisation qui fasse depuis toujours la jonction entre ces forces apparemment opposées et avec lesquelles les divers gouvernements français de droite comme de gauche n’ont cessé de pactiser dans le cadre de leurs interventions contre la libye, laSyrie, etc.
Pourquoi dans le contexte d’une décapitation d’un enseignant par un Tchéchène, et celui d’un triple assassinat dans une église de Nice par un Tunisien, la première organisation dissoute est les “loups gris”. Les assassins sont des jeunes gens qui ont été préparé dès l’enfance à ce genre de meurtres, qui sont tout sauf des loups solitaires, quels sont les liens entre Ankara et l’implantation en Tchétchénie, en Tunisie de cette mouvance islamiste? Quand Fabius, puis aujourd’hui le Drian, l’actuel ministre des affaires étrangères soutiennent partout au Moyen Orient comme aux frontières de la Russie et même de la Chine ces bandes déstabilisatrices peuvent-ils n’avoir aucune relation avec ces exécuteurs professionnels? Partout dans les banlieues, à Marseille en particulier la main mise sur les trafics de drogue et d’armes voit de plus en plus s’affronter les bandes rivales liées à ces mafias et aux gouvernants jusque dans les cités avec la complicité de tous ceux qui prétendent acheter la paix sociale. La violence de ces groupes fascistes, ultranationalistes ou fanatiques religieux est d’autant plus exacerbée qu’elle se combine avec le contrôle des territoires en matière de trafics avec un petit jeu d’influence entre les pouvoirs institués entre clientélisme et discours sécuritaire au plan national ,européen et international. .L’extrême-droite n’est pas la dernière à user de leurs méfaits.
C’est pour cela que récemment je notais que la manière dont le gouvernement avait voulu faire porter à l’islamo-gauchisme la responsabilité de la manière dont sont accueillis sur le sol français des ennemis de la France était pour le moins inverser l’ordre des priorités. La gauche comprend des complices avérés de ces gens-là et des idiots utiles dans le cadre d’un affaiblissement du mouvement communiste en particulier sur les questions internationales. Mais il est vrai que la complaisance que peuvent manifester certains membres de l’extrême-gauche envers des associations qui peuvent servir de relais légal à ces organisations criminelles n’arrange rien.
Danielle Bleitrach
(1) Si l’on veut mesurer à quels voyous mercenaires on peut avoir affaire et qui en sont les commanditaires, l’attentat contre le pape et les délires de son assassin aujourd’hui en liberté et toujours aussi intrigant border line, peuvent être éclairants. Cet attentat sur fond de croyance papale en l’apocalypse prévu par la vierge de Fatimah a donné lieu à diverses interprétation. D’abord la filière bulgare donc le KGB ,mais comme l’ont montré Chomsky et d’autres analystes, cette filière est peu crédible et de plus en plus les faits ramènent vers Washington et les services secrets américains. Sans exclure la commandite d’un fascisme italien preneur d’ordre auprès de forces vaticanes type le gladio. Un mystère qui depuis plus de quarante ans, alimente la polémique et les controverses. Scoop, révélation, découvertes de nouvelles archives, confessions d’espions retraités, relancent à chaque fois questions et hypothèses. Le fait est que ce genre d’organisation maffieuse mercenaire a de multiples liens hier comme aujourd’hui.
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etoilerouge6
Mais ce n’est pas une organisation religieuse mais civile, panturke, fasciste donc anticommuniste, antisyndicaliste favorable aux secteurs les plus réactionnaires de l’armée et police . Le RN et BLANQUER vt ns parler d’islamo gauchisme.
Doghouse Reilly
J’ai souvenir qu’à une quinzaine d’années d’ici le patron de cette mafia avait privatisé toutes les terrasses des cafés de la places des Terreaux à Lyon pour célébrer le mariage de sa fille, interdisant de facto l’accès de la place à tous ceux qui n’éttaient pas dûment invités à la cérémonie.
Pour les loups gris c’est fait, reste à interdire les menées de frères musulmans peut être en s’inspirant de la Russie ?
drweski
Cette organisation des loups gris provient idéologiquement de la mouvance pantouraniste (panturkiste) qui a commencé à se développer chez les étudiants turcs en Allemagne à partir des pensées biologisantes et racialisantes qui se développaient dans les universités allemandes au XIXe siècle. Cette tendance a voulu remplacer la religion alors partout en phase d’affaiblissement par le culte de la race. Dans le cas de la Turquie, le mythe d’une race unique s’étendant de la Turquie jusqu’à la Mongolie et la Sibérie. De cette même école allemande d’ailleurs seront issus tous les nationalismes ethniques, plus ou moins extrêmistes, plus ou moins racistes d’Europe orientale et d’Asie occidentale, entre autre bien sûr le nazisme. En Turquie, cette mouvance a influencé les Jeunes Turcs avant d’influencer aussi Kemal Attatürk sous une forme plus modérée, au moment où, pour moderniser la Turquie, il fallait à la fois la « désacraliser » (et donc la désislamiser quelque peu) et trouver une idéologie moderne de remplacement. Les loups gris et son parti mère, le MHP, eux, représentent l’aile d’extrême droite du nationalisme raciste turc. Le MHP était au départ opposé à l’islam et laïco-fascisto-nationaliste, mais sa base de classe reste proche de la base sociale des « islamistes conservateurs » émergeant avec Erdogan. Et les deux courants ont donc trouvé un terrain d’entente quand le parti d’Erdogan, l’AKP, a eu besoin de trouver une majorité parlementaire. Mais n’avons nous pas connu cela avec tous les mouvements religieux conservateurs qui, finalement, arrivent toujours à s’entendre au final avec les fascistes les plus « purs » ? …Vichy en ayant été un exemple quand le catholicisme réactionnaire savait frayer avec le fascisme néo-païen. Le néo-paganisme turc reprend le mythe racialiste du « loup gris » et il a trouvé finalement le moyen de s’entendre avec la bigoterie conservatrice. L’histoire se répète …