Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Olympe de Gouges, une imposture historique

19/08/2016 22:51 CEST | Actualisé 05/10/2016 16:59 CEST

Femmes que d’âneries on dit à propos de votre juste combat…

Olympe de Gouges est présentée, à la fois, comme une révolutionnaire sociale et comme une féministe. Rien n’est plus faux, nous dit Jean-Marc Schiappa plus trotskiste et plus révolutionnaire que son “illustre” fille dont la conception du “féminisme” est plus proche de l’imposture d’Olympe de Gouges. J’ajouterai à ce texte que Olympe de Gouges est plus “feuillant” que girondine. Au titre de ses exploits il faut noter son action alors que le maire d’Etampes vient d’être lynché dans une manifestation de foule affamée qui l’accuse d’être un “accapareur”. Les jacobins ne peuvent désavouer un peuple affamé, même si l’exécution semble avoir été le fait de provocateurs. Elle se présente à l’Assemblée avec un cortège de ses semblables enveloppées dans des voiles noirs pour pleurer le maire d’Etampes. Et tout à l’avenant. Effectivement, non seulement elle dédie les droits de la femme à la reine en 1791, (Stéphane Bern et Roland Deutsch ou l’histoire telle qu’on nous la fabrique y compris à la mairie de Paris), mais elle rédige des libelles et les fait placarder en faveur du roi après Varennes. Le contexte ? les armées ennemies sont aux portes de la France, que le duc de Brunswick à leur tête menace et alors que les patriotes s’apprêtent à aller l’affronter à Valmy, la fuite du roi pour rejoindre les ennemis de la France dit le camp de la famille royale. Du côté des puissants et contre le peuple, au nom des droits des femmes qui sont nanties. C’est cette femme-là que les “féministes” qui depuis des années jouent le féminisme contre tous les révolutionnaires vantent et proclament comme leur icône (note d’histoire et société).

  • Jean-Marc Schiappa Historien, Président de l’IRELP (Institut de Recherches et d’Etudes de la Libre Pensée)

Olympe de Gouges est présentée, à la fois, comme une révolutionnaire sociale et comme une féministe. Rien n’est plus faux.

Avant la Révolution et dans les premières années de celle-ci, elle écrit beaucoup, notamment des pièces de théâtre qui fustigent l’esclavage, par exemple ; elle réclame le droit au divorce (qui ne fut pas “le premier et seul droit conféré aux femmes par la Révolution” comme l’écrit Wikipédia, mais nous risquons de sortir du cadre de cet article). Cela est incontestable et incontestablement important. Mais dans les premières années de la Révolution, Mirabeau et Lafayette ne combattirent-ils pas la monarchie absolue, ses pompes et ses oeuvres ?

Olympe de Gouges se défendit d’être membre de la société des Amis des Noirs (comme l’abbé Grégoire, par exemple) et elle condamna l’insurrection des esclaves de Saint-Domingue en 1792 : “C’est à vous, actuellement, esclaves, hommes de couleur, à qui je vais parler ; j’ai peut-être des droits incontestables pour blâmer votre férocité : cruels, en imitant les tyrans, vous les justifiez”. Donc une abolitionniste de l’esclavage à géométrie variable.

Féministe ? allons donc. Quelle féministe pourrait écrire : “Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse le leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. … Tout a été soumis à la cupidité et à l’ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé” (1791) ? Notons au passage qu’elle met sur le même plan “avant la révolution” et “depuis la révolution”… Curieuse révolutionnaire.

Après la chute de la monarchie (août 1792), elle écrit que Marat est un “avorton de l’humanité” et que Robespierre (qui entra au Comité de Salut public plusieurs mois après) est “l’opprobre et l’exécration de la Révolution” et elle se situe nettement du côté des Girondins, dernière chance de sauver une monarchie, même constitutionnelle, malgré leurs outrances (qui, pour une large part, servaient à cautionner leur politique modérée, socialement et politiquement). Elle se propose comme avocate officieuse de Louis XVI (qui avait des avocats officiels, talentueux et courageux), ce qui, par son acte et dans son principe, définit la Convention comme illégitime à trancher le problème et la pose, elle-même, comme une avocate de la monarchie…

Le délicieux article de Wikipédia, décidément source et réceptacle de tant d’âneries, affirme qu’elle s’inquiétait, comme les Girondins, du Comité de salut public qui “s’arrogeait le pouvoir d’envoyer les députés en prison”. Ô détail, ô mensonge : qui, le premier comme parti, a déféré le député Marat au Tribunal révolutionnaire ? Les Girondins ! Marat fut innocenté et les Girondins le suivirent. Quand tu engages une bataille, es-tu certain de ta victoire ? Quand tu engages une bataille, envisages-tu les conséquences de ta – possible – défaite ? Ces questions ne sont pas seulement de ce 1793 qu’évoquait Jaurès quand il affirmait s’assoir au côté de Robespierre aux Jacobins. Jaurès et Robespierre ou Olympe de Gouges ? Ajoutons, en essayant d’être bref, que “l’avorton” Marat fut assassiné traitreusement par une amie (Ch. Corday) fanatisée, comme de Gouges, par les Girondins. Pour que le tableau fût complet, Corday est maintenant l’objet d’éloges du médiatique et réactionnaire Onfray.

Pour rester dans les limites imposées à cet article, venons-en au principal compliment tressé pour Olympe de Gouges ; elle aurait été partisane du droit de vote des femmes. Si tel eut été le cas, il nous faudrait le dire et le reconnaître. Rien de tel, une fois de plus.

Le texte “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne” est entièrement disponible sur le site gallica de la Bibliothèque nationale de France et chacun s’y reportera à loisir.

Il est daté de septembre (ou octobre ?) 1791 ; pour ceux qui ne seraient pas familiers du calendrier révolutionnaire, il est postérieur à la fuite de Varennes (juin) révélant la trahison du roi et de sa famille et à la fusillade du Champ de Mars (14 juillet 1791) qui vit la garde nationale, bourgeoise et masculine, fusiller les manifestants, hommes et femmes, réunis.

C’est à ce moment qu’Olympe de Gouges écrit cette Déclaration. Elle le dédie “A la reine” ; ce sont les premiers mots du texte. Une dédicace anodine, certainement. Fin 1791 ? Quand le pays gronde d’une sourde réclamation anti-monarchique. Le reste est de la même eau : il s’agit d’un pastiche de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (n’écartons pas l’hypothèse qu’il s’agisse de déconsidérer la dite Déclaration). Partout où le mot “homme” apparaît dans ce texte, il est remplacé par le mot “femme”.

Ah ! Combien de stupidités a-t-on lu à ce propos ? Il s’agit, d’abord et tristement, d’une pauvreté de langage du français : “homme” vient de “humus” (la terre), l’humain est celui qui vit sur la terre. Le français ne connait pas la distinction latine : “vir” (le mâle) et “homo” (l’humain).

Le texte de 1789 écrit dans son article 6 : “Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation”, ce qui laisse la possibilité, avérée dans la constitution de 1790 du suffrage censitaire : seuls les plus riches votent. Olympe de Gouges ne remet pas en cause (insistons, elle écrit en 1791) cette question. Égalitaire ? Oui mais pour les plus riches seulement.

Quand elle écrit : “La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune”, se prononce-t-elle pour le droit de vote féminin ? En aucun cas. Ni ici, ni ailleurs…

Qu’il se trouve des avocats d’Olympe de Gouges (le risque et le talent littéraire en moins) est une chose. Il faut bien soit gagner sa croute, soit manger son pain blanc (ou les deux). Que l’on truque la vérité historique en est une autre.

Cet article aura des détracteurs. Nous les attendons. Avec une immense sérénité.

Ce texte a été publié dans le mensuel “La Raison” revue de la Libre Pensée.

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10 Commentaires

  • GENDRE DANIEL
    GENDRE DANIEL

    A l’aune de ces éclairages, il n’est pas étonnant qu’Olympe de Gouge ait été la première et unique femme à disposer de son buste à l’assemblée nationale en octobre 2016. Faut dire que Pauline Léon, c’est bien moins sexy dans un tel landernau. Les chiens ne font pas des chats.

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  • etoilerouge6
    etoilerouge6

    JAURES: A l’assemblée nationale je m’assois avec Robespierre. Comment peuvent-ils cohabiter au PANTHEON JAURES et O DE GOUGES, traitresse à la République, pro monarchie constitutionnelle et non populaire, favorable aux pouvoirs des riches et à l’exclusion des autres qui serait par la manipulation d’HOLLANDE et féministes de carton porteuse de l’égalité par la promotion de l’inégalité? Ils st devenus fous et la raison n’est pas leur moteur mais la haine, la haine de l’égalité. De même le discours indémontrable STALINE= HITLER même manipulation de masse, destruction de la raison et au bout le nihilisme, la destruction tout court.

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    • Danielle Bleitrach

      je pense que Corbière a raison qui a alerté plusieurs fois sur la conception de la social démocratie parisienne de l’histoire, la manière dont leur historien officiel était Lorient Deutsch.Ce n’était pas une erreur mais un choix , j’ai un texte de Hollande trés explicite sur le sujet et comme le PCF a été depuis des années soumis financiérement en particulier à une côterie et que la commission féminine du PCF c’est Laurent et ses boulet financiers, nous avons eu droit àla promotion de ce genre d’individu.

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  • LeLunaire
    LeLunaire

    “Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse le leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. … Tout a été soumis à la cupidité et à l’ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé”
    Vous citez ce passage pour remettre en cause le féminisme d’Olympe de Gouges. Mais vous oubliez (volontairement ?) la suite du texte, qui montre qu’il s’agit bien là de féminisme : en fait, Olympe de Gouges accuse les hommes d’avoir confisqué le pouvoir, et contraint les femmes à avoir recours à la ruse pour en obtenir une part. Tout ce dont elle accuse ici les femmes (“cupidité”, “ambition”…) ne s’est développé, dit Gouges, que parce que les femmes n’avaient pas les mêmes droits que les hommes.

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    • Danielle Bleitrach

      1) je ne mecontente pas de citer cemorceau de bravoure, ce diagnostic de ce que seraient les femmes qui illustre bien le positionnement de l’auteure à savoir elle-même une demi-mondaine en concurence avec d’autres dans la vente de ses charmes mais 2) bien le fait que cela soit dédicacé à la reine Marie Antoinette, au point que l’on s’est parfois demandé si ce texte n’était pas une parodie ironique des droits de l’homme pour les déconsidérer… 3) et il a toute son attitude son soutien à la famille royale alors qu’ils ont trahi à Varenne et son soutien au maire d’Etampes qui est un accapareur dont l’assassinata été attribué audéchaînement du peuple affamé etdont in fine on ne sait pas qui l’a tué… si ce n’est pas une provocation d’agentsroyalistes… etc… etc…

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      • Jean-Daniel Piquet
        Jean-Daniel Piquet

        Je relève le défi de Danielle Bleitrach et de Jean- Marc Schiappa
        “elle rédige des libelles et les fait placarder en faveur du roi après Varennes. Le contexte ? les armées ennemies sont aux portes de la France, que le duc de Brunswick à leur tête menace et alors que les patriotes s’apprêtent à aller l’affronter à Valmy”
        Danielle Bleitrach maitrise-t-elle l’histoire de la révolution ? La fuite du roi à Varenne c’est en juin 1791. Les armées ennemies aux portes de la France et le manifeste de Brunswick c’est l’année suivante en juillet et août 1792. A l’été 1791 la France était donc en paix. Olympe ne trahit donc pas lorsqu’elle lance alors cette campagne d’affichage. Elle entend d’ailleurs défendre la paix en mars et avril 1792 avec Robespierre et d’autres futurs montagnards, inscrite dans la même constitution, quand les girondins engagent leur campagne insensée pour la guerre contre l’Europe. Ce qui pourrait expliquer ses singuliers appels en mars 1792 à la non-violence chez les gens de couleur et les esclaves ; appels persiflés par un Brissotin Pierre Manuel : “Mme de Gouges a voulu aussi concourir à la rédemption des Noirs. Elle pourra trouver des esclaves qui ne veulent pas de leur liberté”. Et dans le même texte elle se montre caustique envers Brissot et son esprit de croisade. Aucun document archivé de première main (l’ouvrage de M Dorigny et B Gainot sur la société des amis des Noirs nefait état de son adhésion. Et elle-même dément en janvier 1790 ces allégations qui provenaient d”abord des colons esclavagistes. L’abolition de l’esclavage était en fait pour elle un choix personnel.
        La constitution de septembre 1791, Olympe de Gouges la critique pour des raisons tout à la fois d conservatisme et de progressisme. Elle accorderait trop peu de pouvoirs au roi. Mais en février 1792 elle reproche aux anciens constituants d’avoir ignoré le droit au divorce, qu’elle avait déjà réclamé et contrairement à ce qu’a affirmé Fl. Gauthier dans maints écrits littéraires ou politiques (dont le postambule de sa déclaration des droits de la femme). La question relative à Marie-Antoinette entend rappeler que de par la loi salique les femmes se sont toujours vu refuser le droit au pouvoir. Rappelons qu’au printemps 1792 Robespierre entend également défendre la constitution par la création en mai de son journal intitulé “le défenseur de la constitution”. Peut-être après la création de la république a-t-elle regretté son imprudence de l’année précédente quant au nom de Marie-Antoinette.Ainsi sa pièce de théâtre, écrite à l’automne 1792 et intitulée “la France sauvée ou le tyran détrôné”, se déroule la veille du 10 août et nous montre, avec férocité, Barnave rappeler à Mme Elizabeth, soeur de Louis XVI, qu’il avait violé les principes en France continentale et et coloniale pour obtenir sa main. Ce député parjure se ridiculise en insistant inutilement. Cette pièce figurait dans le recueil conçu par Benoit Groult en 1986, mais elle est curieusement absente de sa réédition de 2013. Olympe de Gouges était en fait un esprit très indépendant. Le 20 mars 1793 elle appelle tous les groupements politiques de la Convention à s’unir et à renoncer leurs “épithètes infâmes” : “Montagne, Plaine, Rolandins, Buzotins, Brissotins, Girondistes(dixit), Robespierrots (dixit), Maratistes”.

        Bien à vous.

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        • admin5319
          admin5319

          vous transformez l’histoire c’est stupéfiant… voir la France en paix à Varennes c’est énorme… il faut reprendre toute votre analyse qui illustre très bien l’opération qui a consisté à tronquer l’histoire pour mieux laisser penser que seule la bourgeoisie voir l’aristovratie est vecteur de progrès alors que le peuple n’est qu’abrutissante tyrannie. Vous semblez oublier que dans les campagnes et partout “à la base du tiers Etat les femmes avaient le droit de participer aux assemblées et ne s’en privaient pas. Et que c’est l’assemblée constituante qui introduisit le cens excluant les pauvres non propriétaires et les femmes. Mais je vais éviter de tout reprendre en publiant un travail d’historienne qui vous expliquera tout cela.

          Demain ou durant ce long week end je vais publier l’article de l’historienne, Florence Gauthier, qui en 2013 avait fait une étude complète des “engagements” d’Olympe de Gouges, c’est un texte passionnant et qui va beaucoup plus loin que celui de Schiaps; Sur la question des colonies et de la libération des noirs voici ce qu’elle dit. je vous conseille pour comparaison de ce qu’écrivait dr vraiment révolutionnaire Marat qui conseillait aux esclaves d’exécuter leurs maitres. mais sans doute soutenez vous charlotte corday comme une autre amie du genre humain?

          Liberté générale pour les esclaves des colonies ?
          Même constat en ce qui concerne les droits de l’homme et du citoyen dans les colonies esclavagistes : en 1791, Olympe prit la défense des droits des colons « libres de couleur », comme le parti des « colons blancs » les nommait. En mai 1791, il y eut un très important débat, qui aborda les trois questions suivantes : 1) faut-il conserver les colonies ? 2) Les colons « libres de couleur », discriminés par les colons « blancs », sont-ils susceptibles de l’égalité en droit ? 3) L’esclavage doit-il être maintenu ?
          Le parti colonial était lui-même divisé par le parti des « colons blancs », qui avait pris le pouvoir dans la grande colonie de Saint-Domingue, en 1789, et cherchait à discriminer les « colons de couleur », afin de leur prendre leurs biens et leur conférer un statut juridique de « libres subalternes », intermédiaire entre celui de libre et celui d’esclave. Il existait aussi un courant critique du système colonial, qui commençait à réfléchir à des formes de décolonisation, comme le fit la Société des Citoyens de couleur et ses alliés, et prépara l’indépendance d’Haïti. Il y avait encore un courant favorable à une forme de néo-colonialisme, avec « adoucissement » de l’esclavage, comme le proposa la Société des Amis des Noirs [9].

          Olympe de Gouges avait réussi à faire jouer sa pièce de théâtre Zamor et Milza en 1789 et fut calomniée par le parti colonial. À la suite du débat de mai 1791, elle prit la défense des droits des colons « libres de couleur ». Il faut toutefois noter qu’elle n’abordait ni la critique du système colonial, ni celle de l’esclavage des captifs africains déportés en Amérique.
          Un peu plus tard, en mars 1792, elle fit rééditer sa pièce sous un nouveau titre L’esclavage des Noirs ou l’heureux naufrage, avec une préface où elle défend le projet officiel de la Société des Amis des Noirs, c’est-à-dire un projet colonialiste, qui se limitait à « adoucir » les conditions de vie des esclaves, ce qui n’est pas abolir l’esclavage !
          Précisons qu’en mars 1792, cela faisait déjà plus de six mois que l’insurrection des esclaves avait commencé, à Saint-Domingue, et qu’elle se poursuivait, ce qui signifie qu’il n’avait pas été possible de la réprimer. En effet, l’Assemblée constituante avait suivi la politique du Club Massiac, le parti des colons, en constitutionnalisant l’esclavage dans les colonies et en suivant la politique ségrégationniste contre les « libres de couleur ».
          La guerre des épidermes, qui divisait la classe des colons, avait désintégré le système des milices paroissiales, chargées du maintien de l’ordre esclavagiste, car les « colons de couleur » ayant pris le maquis pour se protéger, les avaient désertées. Les esclaves avaient alors compris qu’une occasion particulièrement favorable se présentait à eux. Ils organisèrent une insurrection dans le Nord de l’île, qui débuta dans la nuit du 22-23 août 1791. Depuis, les maquis de « colons de couleur » négocièrent des traités avec les « colons blancs », comme avec des groupes d’esclaves insurgés. La situation de l’île échappa, alors, au Club Massiac et rendit caduque la législation de l’Assemblée constituante : le processus de la Révolution de Saint-Domingue était bien avancé.
          Il est clair qu’Olympe de Gouges n’a pas saisi cette nouvelle situation et, dans sa « Préface » de 1792, croit encore possible de tenir un discours de soumission aux esclaves et aux « colons de couleur », en leur conseillant de renoncer à leur combat et de retourner sagement chez leurs maîtres, que des gens éclairés sont en train de convaincre « d’adoucir » l’esclavage.
          Écoutons-la :
          « C’est à vous, actuellement, esclaves, hommes de couleur, à qui je vais parler ; j’ai peut-être des droits incontestables pour blâmer votre férocité : cruels, en imitant les tyrans, vous les justifiez (…) Ah ! combien vous faites gémir ceux qui voulaient vous préparer, par des moyens tempérés, un sort plus doux, un sort plus digne d’envie que tous ces avantages illusoires avec lesquels vous ont égarés les auteurs des calamités de la France et de l’Amérique. La tyrannie vous suivra, comme le crime s’est attaché à ces hommes pervers. Rien ne pourra vous accorder entre vous. Redoutez ma prédiction, vous savez si elle est fondée sur des bases vraies et solides. C’est d’après la raison, d’après la justice divine que je prononce mes oracles [10].

          Ces gens éclairés, sensés adoucir l’esclavage, étaient les Amis des Noirs, avec Brissot, et avaient déjà prudemment fermé la porte de leur société, au moment même où l’insurrection des esclaves avait commencé à Saint-Domingue, choisissant la plus grande discrétion… Les Brissotins se retrouvèrent diriger le parti de la Gironde, mais lorsqu’ils exercèrent le pouvoir, ils refusèrent de soutenir la Révolution des esclaves insurgés et de leurs alliés.
          Ce fut la Convention montagnarde, qui prépara l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises avec la Constitution de 1793, et la réalisa le 16 pluviôse an II-4 février 1794. Et il s’agissait bien de l’abolition de l’esclavage, non de quelque « adoucissement »…

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          • LAGIER

            lire 1 – Aimé Césaire : Toussaint Louverture : La Révolution française et le problème colonial
            2 – C.L.R James : Les Jacobins Noirs Toussaint Louverture et la révolution de Saint-Domingue

            En accédant à l’Indépendance les esclaves révoltés ont battu la première armée du monde à l’époque , celle de Napoléon et ils les ont contrés à reprendre le bateau pour la France

          • Jean-Daniel Piquet
            Jean-Daniel Piquet

            C’était inutile de me rappeler ce texte de mars 1792. Il figurait déjà dans Jean_Daniel Piquet,”Lémancipation des Noirs’ dans la révolution française”(1789-1795) , Paris, Karthala, 2002,( p.138-139). Livre issu de ma thèse NR intitulée “L’émancipation des Noirs dans la pensée et le processus révolutionnaire français (1789-1795)”.
            Fl. Gauthier a eu la prudence – peut-être pour raisons professionnelles – de ne pas le préciser. L’administrateur aurait pu lui-même s’apercevoir de la chose en lisant la notice Wikipédia “Olympe de Gouges”. D’autant plus dommage que mes propos permirent en 2003 l’esquisse d’un débat dans une note infrapaginale de la biographie d’Olivier Blanc et d’une communication de lui présentée la même année à un colloque sur les femmes. Travaux également ignorés par Florence Gauthier. Ce qui peut provoquer de mauvaises surprises s’agissant d’un historien qui travaillle sur cette révolutionnaire depuis 1981 et qui est plus susceptible que moi. Pourriez-vous à ce sujet publier la première des deux réponses d’Olivier Blanc à l’article “Olympe de Gouges, Histoire ou mystification ?” (la seconde étant une réaction à une réplique de Fl. Gauthier qui ne me paraissent pas l’une et l’autre apporter grand chose aux premières). Puis de Sylvia Duverger dan l’OBS qui lui répond sur cette question du droit des femmes émancipées avant 1789 et discriminées depuis. Je n’approvue pas tout ce qui y est écrit mais je souhaite que laquestion soit débattue. Si vous n’arrivez pas à les trouver, pour en avoir fait dans mes dossiers un copié-collé je peux vous les communiquer .
            Je tiens aussi à reproduire un passage auquel Fl. Gauthier fait vaguement allusion, sans citation ni renvoi à une source : ce que O.D.G. a dit de la question du droit des mulâtres en 1791 “les droits de la nature” c’est-à-dire le droit naturel cher à juste titre

            “Il était bien nécessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit‑on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos iles. C’est là où la nature frémit d’horreur ; c’est là où la raison et l’humanité n’ont pas encore touché les âmes endurcies ; c’est là surtout où la division et la discorde agitent leurs habitants. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incendiaires : il y en a dans le sein même de l’Assemblée nationale. Ils allument en Europe le feu qui doit embraser l’Amérique. Les colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et méconnaissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces colons inhumains disent : « Notre sang circule dans leurs veines, mais nous le répandrons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupidité ou notre aveugle ambition. » C’est dans ces lieux les plus près de la nature que le père méconnait le fils ; sourd aux cris du sang, il en étouffe tous les charmes. Que peut‑on espérer de la résistance qu’on lui oppose ? La contraindre avec violence, c’est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les calamités vers l’Amérique. Une main divine semble répandre partout l’apanage de l’homme, la liberté ; la loi seule a le droit de réprimer cette liberté, si elle dégénère en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c’est elle surtout qui doit renfermer l’Assemblée nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justice.” 

            PS. Il est inutile d’insuter les gens ni de leur faire de procès d’intention. De mauvaises haitudes ont perduré. Danielle Bleitrach (n’est-elle pas “l’aministrateur” ?) a travaillé dans les années 1980 à la rédaction de l’hebdomadaire communiste “Révolution” auquel j’étais abonné. A en croire l’auteur ou l’autrice de ces insultes, ils ont bien mal fait leur travail d’information puisqu’ils auraient formé un supporter de Charlotte Corday. Je me souviens qu’en 1985 ou 1986 qu’ils m’avaient écrit avec insistance. Je cite de mémoire : “un problème d’argent, un manque de temps, une interrogation ? Pardonnez nous d’insister mais nous tenons à garder notre lectorat”.

          • admin5319
            admin5319

            le procès ce n’est pas moi qui le fait monsieur mais bien vous en m’attribuant toute la politique de Révolution dirigé par Guy Hermier à l’époque alors que j’étais chargée de la direction de la seule rubtique societe.

            Moi au contraire j’ai pris la peine de vous répondre longuement, de rétablir les faits, et de situer notre dialogue dans un contexte historique. Vous n’ignorez peut-être pas, monsieur, qu’il est de bonne méthode de resituer les textes dans un contexte historique et la polémique auxquels ils donnent lieu… C’est ce que fait Claude Mazauric dont a été recemment publié les grandes ingerventions, en particulier celle où il démonte la pseudo nouveauté de Furet (dont vous me semblez être plus le disciple que de Soboul et de l’école de la Révolution française, j’espère ne pas vous avoir choqué? ). A propos de Furet et de l’assaut politicien auquel il se livre dans le contexte du bi-centenire mais aussi de la présidence de Mitterrand, Claude Mazauric analyse comment Furet, jadis “communiste”, a repris toute l’argumentation des historiens monarchistes et contre-révolutionnaire, avec le seul projet politique de démontrer l’inutilité voir la nocivité de la Révolution française.

            C’est d’ailleurs Claude Mazauric qui m’avait alerté sur la véritable figure d’Olympe de Gouges. Je vous conseille donc comme à tous les lecteurs de ce blog la lecture de ce livre consacré aux travaux et réflexions de Claude Mazauric (1) C’est passionnant en particulier sur la Révolution articulation de divers temps historiques.

            Je crois avoir témoigné une courtoisie et un respect dont vous le semblez incapable, cédant aux moeurs de l’époque qui rabaisse le débat intellectuel à un niveau regrettable, j’ai donc le regret de vous interdire dans ce blog où nous ne tolérons ni les faussaires, ni les gens qui confondent insultes avec démonstration le reste d’internet vous est largement ouvert…
            Moi en revanche,dont vous vous abaissez jusqu’à tenter un procès ad nominem, je ne connais que la censure et tout bien pesé je trouve cela rassurant, il y a des moments où la notoriété dit l’abaissement que l’on exiege de vous dans certaines époques.

            danielle Bleitrach

            (1) Je rappelle le titre de cet important livre : Claude Mazauric d’Histoire et d’historiens, préface de Pascal Dupuy et Isabelle Laboulais, hermann

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