Ce texte qui peut nous paraître outrancier reflète une opinion majoritaire chez les Russes face au prix nobel biélorusse. Ils estiment qu’elle n’a pas les qualités littéraires d’un prix nobel et l’accusent même comme on le voit ici de plagiat. Alors qu’elle en appelle au soutien de l’intelligentzia russe, ils lui rappellent tout ce qu’elle a fait pour plaire à l’occident… Il y a en même temps une certaine familiarité qui me rappelle celle que l’on trouve en Amérique latine où chacun sait exactement ce que vaut l’autre et la manière dont il accepte de se faire acheter par les gringos… ou la manière dont je pourrais m’adresser à ceux que j’ai vu dans le PCF aller en famille passer toutes les vacances en URSS, aux frais des peuples soviètiques, ou MGB, plume servile de Gisèle Moreau, nous raconter des fables horrifiques sur l’URSS pour mieux utiliser le parti pour leurs carrières médiocres… Tous ces gens-là se tiennent et l’attribution du Nobel à une telle gloire prouve simplement que l’histoire du maïdan biélorusse était préparée de longue date… (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
L’écrivaine biélorusse demande l’aide de personnes sur la tombe desquelles elle cracherait volontiers à l’occasion
Yuri Nersesov pour Svobodnaïa pressa
Sur la photo: l’écrivain Svetlana Aleksievich (au centre) (Photo: Natalia Fedosenko / TASS)
Si l’on en croit une anecdote populaire, le comble de l’impudence est de sortir sur le palier, de déféquer devant la porte du voisin, puis de sonner pour demander du papier toilette.
Membre du Conseil de coordination de l’opposition bélarussienne, lauréate du prix Nobel de littérature – l’écrivaine Svetlana Aleksievich a battu le record. Comparé à sa dernière proclamation, le plaisantin réclamant du PQ au voisin est un parangon de vertu.
«Je veux aussi faire appel à l’intelligentsia russe, appelons-la ainsi à l’ancienne. Pourquoi êtes-vous silencieux? Nous n’entendons que de rares voix de soutien. Pourquoi restez-vous silencieux quand vous voyez un petit peuple fier se faire piétiner? Nous sommes toujours vos frères.»
Deux semaines auparavant, Aleksievitch appelait à l‘aide Vladimir Poutine. Elle voulait qu’il oblige le président biélorusse à négocier avec ses ennemis.
Admirez: une menteuse qui vient de raconter des bobards sur les atrocités commises dans les rues de Minsk par l’OMON russe, qui n’était même pas sur place, se tourne vers les Russes pour obtenir de l’aide. Une hypocrite, que dérange l’étude de la langue russe en Biélorussie et appelle à la liquidation des écoles russes en Ukraine, parle de fraternité. La protection de Poutine contre Loukachenko est exigée par une sainte-nitouche qui n’a fait l’éloge de Loukachenko que pour sa résistance farouche à Poutine.
Doit-on être surpris de ce comportement? Pas le moins du monde! «”Felix de Fer” et “chevalier de la révolution” … Des concepts apparemment si différents. Le premier est la personnification de la constance, de l’inconciliabilité, de la fermeté d’esprit –”Je n’ai jamais dévié du bolchevisme”, dans le second on entend la poésie: il était pur et saint d’âme, comme un enfant.» – Étouffant ses sanglots, gribouillait le futur dénonciateur du totalitarisme rouge. “Quand mon fils grandira, nous viendrons certainement ensemble sur cette terre pour nous incliner devant l’esprit éternel de celui dont le nom est Félix Dzerjinsky -« l’épée et la flamme » de la révolution prolétarienne.”
Une adepte du communisme qui a été déçue? C’est peu probable. Il est peu probable qu’une personne qui admire sincèrement Dzerjinsky vole sa veuve. Mais Aleksievich a fait exactement cela. L’historien Igor Petrov a prouvé qu’une partie de l’essai “L’épée et la flamme de la révolution”, publié en 1977, avait été copiée du livre de Sofia Dzerjinskaya “Dans les années des grandes batailles”, publié deux ans plus tôt. Heureusement pour elle, Sofia Sigismundovna est décédée avant la publication de ses mémoires et n’a pas pu démasquer le plagiat.
Il y a là un calcul cru et cynique. Sous le régime soviétique, des honoraires et des médailles étaient donnés pour la propagande communiste, et la jeune Sveta citait avec attendrissement les lettres des «nombreux gardes léninistes». Puis le vent a soufflé de l’autre côté, et la vénérable Svetlana Aleksandrovna recueille des prix pour “La fin de l’homme rouge“, où déjà dans le premier paragraphe il est dit : “Le communisme avait un plan fou – transformer le vieil homme, l’Adam des temps anciens.” Suivent des citations féroces de la «garde léniniste» avec des commentaires larmoyants.
Et des mensonges constants, parfois dans l’intérêt de l’entreprise littéraire, parfois juste par habitude. «Quand je me suis retrouvée en Afghanistan, j’ai réalisé que celui qui prenait une mitrailleuse dans ses mains devenait une personne différente, pas celle que sa mère emmenait au cercle chorégraphique. – confie Alexievich avec un air inspiré au magazine Znamya. «Mais je n’ai jamais tiré. Et je n’ai pas pris de mitrailleuse, peu importe comment ils insistaient. Jamais”. Mais des blogueurs malveillants ont regardé le site Web de l’écrivain et y ont trouvé cette femme posant fièrement avec une kalachnikov.
Parfois, l’intrigante est prise en flagrant délit non seulement par les blogueurs, mais aussi par la justice. Après avoir examiné les plaintes du vétéran de la guerre d’Afghanistan Taras Ketsmur et de la mère d’un officier qui y est mort, Inna Galovneva, le tribunal du district Tsentralny de Minsk a reconnu qu’après les avoir interrogés, Aleksievich a déformé le matériel et l’a complété par ses propres inventions au nom des plaignants. Les miracles de la dictature bolchevique ou du tyran Loukachenko? Non, la décision a été prise à l’époque la plus libérale – le 8 décembre 1993, alors que les communistes étaient déjà partis et que Loukachenko n’était pas encore devenu président.
Même alors, c’était évident: la valeur des paroles de la littératrice était celle d’un sou cassé un jour de marché. Et les appels actuels à la fraternité ne valent pas davantage. Si quelqu’un qui croit aux gémissements de cette chère grand-mère est tué par ses compagnons d’armes actuels, comme les nazis ukrainiens l’ont fait avec l’écrivain Oles Buzina, elle crachera également sur sa tombe. Expliquant que l’on peut comprendre les tueurs.
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(1) Félix Edmoundovitch Dzerjinski, surnommé « Félix de fer », est un révolutionnaire communiste, membre des bolcheviks, qui devint l’un des dirigeants de la Russie soviétique puis de l’Union soviétique. Il fonda et dirigea la Tchéka, la police politique du tout nouvel État bolchévique. Né à Minsk dans une famille aristocratique, fervent catholique, il voulait se faire prêtre, mais sa famille l’en dissuada (la légende dit que c’était à cause de son amour pour les femmes), mais il fut exclu de l’école pour activité révolutionnaire et à Vilnus il adhéra à un groupement marxiste du Royaume de Pologne en 1893 (Pologne, Lituanie et une partie de la Biélorussie relevaient du grand royaume de Pologne). Il est enterré dans la nécropole des révolutionnaires sous les murs du Kremlin. C’est ce héros que la jeune Svetlana célèbre en plagiant totalement les mémoires de sa veuve.
(2) Oles Bouzina est un écrivain, journaliste ukrainien qui s’est opposé à la révolution orange de 2004, qualifiant régulièrement le président Viktor Iouchenko de “néonazi”. Depuis 2015, Bouzina était rédacteur-en-chef de Sevodnia. Mais il démissionne en mars 2015 comme marque d’opposition à la censure de la holding Media Gruppa Ukraina. Oles Bouzina considérait que les Russes, Ukrainiens et Biélorusses forment « un seul et unique peuple. ». Il accusait les Ukrainiens de l’Ouest de « vouloir détruire la culture russe », le russe n’étant plus langue d’enseignement à l’université et largement remplacé par l’ukrainien dans l’enseignement secondaire, sauf dans l’enseignement technique. Il a été victime d’un attentat le 16 avril 2015 dans le centre-ville de Kiev, près de son domicile, dans le quartier de la rue Degtariov au no 58. Les tirs selon les témoins ont été effectués à partir d’une Ford Focus de couleur bleu foncé qui l’atteignent dans le dos.
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