- | ÉDITION MARSEILLE
La France commence à être, avec l’Espagne, la mauvaise élève de l’épidémie et parmi les villes françaises, Marseille est en tête, non seulement des “positifs”, mais de ceux en centre de réanimation. On parle de saturation des capacités d’hospitalisation et de la possibilité d’envoyer les malades dans d’autres département. Cela n’a rien d’enthousiasmant, mais il reste au moins l’amer plaisir de voir que pour le fan club de Raoult la ferveur ne mollit pas puisque hier je constatais que sur les réseaux sociaux certaines groupies parlaient en cas de contamination de venir rejoindre Marseille et son gourou. En attendant, les santonniers surfent sur la vague et ont modelé le personnage à la mode assorti d’une infirmière mais aussi d’un apothicaire de la peste de Marseille de 1720. Comme Raoult aurait été plus convaincant s’il nous avait parlé des possibles risques de saturation des services hospitaliers et de tout ce que devait affronter le personnel autour de lui en cas de retour de l’épidémie… y compris lors de la conférence de presse de Rubirola, Vassal… (note de danielle Bleitrach)
Par S.Ma.
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111 malades du Covid-19 étaient hospitalisés ce matin l’AP-HM, dont 24 présentant des formes graves dans des services de réanimation. La vague épidémique continue donc de monter dans les hôpitaux marseillais, avec un doublement des cas de réanimation en huit jours. Pour mémoire, le 14 août dernier, l’AP-HM ne comptait que 21 patients Covid, dont 3 en réanimation.
Cet afflux lié au rebond épidémique est d’autant plus inquiétant que le CHU de Marseille connaît parallèlement une forte activité en ce moment. “95% des lits de réanimation ‘hors Covid’ sont occupés“, a indiqué la direction de l’AP-HM, qui met tout en oeuvre pour maintenir l’ensemble de ses activités afin de continuer à accueillir tous les patients.
Ainsi, “d’ici 15 jours, grâce à des recrutements réalisés pendant l’été, 17 nouveaux lits de soins critiques et 27 lits de médecine Covid vont être ouverts“. Cela suffira-t-il à absorber le surplus d’activité alors que les indicateurs épidémiques se dégradent de jour en jour à Marseille ? Une nouvelle fois, les médecins et la direction du CHU appellent la population à “contribuer à limiter la circulation du virus en respectant strictement les gestes barrières et le port du masque“.
Marseille est le cas le plus préoccupant dans une France que ses voisins montrent du doigt et parmi eux l’Allemagne .
Coronavirus : pour l’Allemagne, la France est un “contre-modèle”
L’alliance France-Allemagne ne semble pas vraiment briller dans ce contexte particulier. Nos voisins d’outre-Rhin, où le taux de mortalité est quatre fois inférieur à la France, ont la critique lourde. Paris et la Côte d’Azur ont d’ailleurs été placées en zone à risque par les autorités, fin août. Il est même recommandé aux ressortissants de ne pas s’y rendre. La presse allemande précise que ces préconisations pourraient être élargies à l’ensemble du territoire français.
“Pourquoi, malgré un confinement strict et une épidémie dans un premier temps bien maîtrisée, les chiffres augmentent-ils à nouveau de manière significative ?”, se demandait dimanche la radio publique allemande, Deutschlandfunk.
Selon les médias allemands, la responsabilité revient aux jeunes, aux personnes asymptomatiques, et aux voyageurs de retour de vacances. Ils estiment toutefois que la recrudescence des cas est aussi due à une certaine négligence des règles d’hygiène et de distanciation sociale (dont les rassemblements illégaux).
L’épidémiologiste et élu social-démocrate Karl Lauterbach va encore plus loin. Selon lui, la politique française est un “contre-modèle”. Le pays “dépasse désormais le seuil critique” et “la deuxième vague arrive massivement”, pense-t-il.
Et d’ajouter : “Les jeunes vont mécaniquement contaminer les plus âgés, et ce n’est qu’une question de temps avant que la mortalité augmente à nouveau”. C’est pourquoi il demande au gouvernement allemand de tout mettre en œuvre pour éviter de se retrouver dans la même situation. Il conseille “une meilleure ventilation des écoles, une limitation des rassemblements privés, et que les cabinets médicaux et Ehpad soient équipés de masques plus protecteurs”.
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