Un site monarchiste russe en français vient de sortir ces photos témoignant selon eux de la “propagande” soviétique en faveur de Staline. Outre le fait qu’à partir des “révélations” de Khrouchtchev (1956), Staline non seulement ne donne lieu à aucun culte de la personnalité mais tend même à être effacé de la mémoire collective. Il faut lire à ce propos l’excellente histoire du PCUS de Ponomarev pour voir à quel point il n’est presque pas cité, tout les actes positifs étant attribués au Comité central. Le retour en grâce chez les Russes est récent mais est massif et quoi que croie l’Occident il n’est pas porté par Poutine et son parti. Au contraire. Donc ces photographies retrouvées ne sont pas des “preuves” pour les Russes , en revanche dans une Europe qui tente de créer un signe d’équivalence ignoble entre Union soviétique, communisme et Allemagne hitlérienne on peut faire dire aux images ce que l’on veut… Un des mythes supposés de mon “stalinisme” tient simplement à mon irritation devant ce genre de “propagande” qui prétend éliminer une analyse réelle des communistes sur leur propre histoire… (note de Danielle Bleitrach)
Passé de prisonnier
En tant que révolutionnaire, Joseph Staline a été envoyé cinq fois en exil en Sibérie. Au total, ce furent plus de dix années d’exil, au cours desquelles il est allé à plusieurs reprises en prison, a cohabité avec diverses femmes (il a y compris été persécuté pour avoir débauché une paysanne de 14 ans), a fait des enfants illégitimes et a fui dans d’autres villes après avoir promis de se marier – le tout en poursuivant ses activités révolutionnaires contre le régime tsariste.
Photos interdites de la carte d’enregistrement du détenu J.V. StalineArchives
Toutes ces arrestations et la déportation étaient accompagnées de preuves documentaires, et le dossier personnel du futur dirigeant comprenait des photographies. Mais après l’accession de Staline à des postes de direction au sommet de l’État, ces photos se sont transformées en contenu indésirable. Après tout, Staline, intouchable et idéalisé, y était représenté sous les traits d’un criminel, bien que combattant contre le régime.Archives
Néanmoins, certains fonctionnaires du parti ont essayé de collecter activement des documents sur cette période de sa vie. Leur sort était prévisible – ils furent condamnés à mort. Après cela, tous ces documents ont été systématiquement extraits des archives régionales du nord du pays, où ils étaient stockés, et transférés dans des archives sous la supervision du Kremlin. Le peuple soviétique n’a vu la photo de Staline exilé qu’après la mort du « petit père des peuples ».
Ce commentaire est un chef d’oeuvre dans son genre… Un véritable cocktail historique… Comment transformer un révolutionnaire envoyé au goulag tsariste en pervers polymorphe en lui attribuant de nombreuses paternités, une seule ayant été envisagée par les biographes. Ensuite comment faire de cette période de sa vie tout à fait positive pour l’hagiographie soviétique une stigmatisation telle que ceux qui révélaient le payaient de leur vie. Enfin comble du ridicule, à la mort de Staline, il y a eu un silence général et pas ce genre de “révélations”. Mais faire d’un révolutionnaire envoyé au bagne un secret honteux du régime soviétique peut “marcher” en Occident. (note DB)
Vie privée
La famille de Staline et ses enfants étaient un sujet extrêmement sensible. Les photographies tirées des archives personnelles étaient cachées des regards indiscrets, elles n’étaient pas publiées par les journaux et presque personne en dehors d’un cercle restreint ne pouvait les voir. Dans les années 30 et 40, la vie personnelle de Staline était classée secrète.
Joseph Staline et sa fille Svetlana en 1936 Getty Images
Iakov avait un long conflit avec son père (il a même un jour tenté de se tirer une balle dans la tête lors d’un conflit avec son père, mais a raté son coup ; par la suite, quand il le rencontrait, Staline se moquait depuis avec la phrase : « Ha, il a raté son coup ! »).
Incontestablement Iakov le fils ainé de Staline avait des relations difficiles avec son père qui lui reprochait son manque de caractère. ,Même relation avec son second fils Vassili, un ivrogne et unfêtard qui se croyait tout permis parce qu’il était son fils et à qui il a dit “tu n’es pas Staline, je ne suis même pas Staline, Staline c’est le pouvoir des soviets”. . On peut penser ce que l’on veut de la dureté d’un père mais elle témoigne de l’incorruptibilité du révolutionnaire, comme d’ailleurs l’anecdote qui suit.(note DB)Getty Images
Dans ses mémoires Vingt lettres à un ami, la seule fille de Staline, Svetlana Allilouïeva, on peut lire : « Au cours de l’hiver 1943-44, après Stalingrad, mon père m’a soudainement dit lors d’une de nos rares rencontres d’alors : “Les Allemands ont proposé d’échanger Iacha (diminutif de Iakov, ndlr) contre un des leurs… Je ne négocierai pas avec eux ! Non, à la guerre comme à la guerre ».
Oui Staline cet hiver là avait peu de contacts avec ses proches, il était tout entier occupé à organiser la Résistance des armées, ce que confirme y compris Joukov avec qui pourtant il eut de fréquents conflits. Quant à l’anecdote sur le refus d’échanger Iakov contre un maréchal allemand, en l’occurrence Von Paulus, on connait la phrase de Staline: “depuis quand on échange un simple soldat contre un maréchal”. Elle témoigne aussi de l’homme de fer, prêt à tout sacrifier sa vie et celle de ses propres enfants à la bataille que menait le pays et où chaque soviétique était obligé de se sacrifier et de sacrifier ses propres enfants. Son attitude est appréciée en tant que telle par les Russes qui ont tous eu un proche sacrifié dans la lutte contre le nazisme, comme en témoigne chaque année le défilé du “régiment immortel”.
Tous les autres témoignages convergent sur la tendresse que Staline éprouvait pour ses enfants, en particulier sa fille qu’il surveillait comme un père géorgien,. Qu’il aime mal enfant et épouse, c’est possible mais nul n’a jamais nié à quel point les drames domestiques l’atteignaient. Simplement Staline n’était pas un adepte de la story stelling. Non tout cela cherche à démontrer une seule chose à savoir que Staline, le pouvoir soviétique, était inhumain, sans mesurer les conditions d’inhumanité de cette marche forcée vers le développement alors que toutes les puissances occidentales se tournaient contre la jeune URSS. Il semble que le seul enfant qui ait pleinement satisfait Staline est celui qu’il a adopté à la mort de son père révolutionnaire, Artyom.
IL faut ne pas avoir vécu ce qu’a été être parents, militants, par rapport à nos propres enfants pour oser ces raccourcis sur le pouvoir soviétique et les drames familiaux de celui qui s’est totalement désincarné dans un moment historique terrible. Ni dans un sens , ni dans un autre cela ne peut être un argument. (note DB)
>>> Pourquoi le peuple soviétique ne voyait-il pas en Staline un meurtrier et un tyran?
Le visage de Staline sans retouche
La peau de Staline était criblée de cicatrices après la variole qu’il avait attrapée à l’âge de 7 ans. En même temps, chaque résident de l’Union soviétique était convaincu que Staline était très beau (surtout pour son âge) – sur les photographies, son visage était lisse, frais et ses cheveux soyeux et bien coiffés. En effet, ses photographies étaient sérieusement retouchées, cachant sa peau craquelée et inégale, et lui ôtant au passage une dizaine d’années.David King/Kontact-Kultura Press, 2012
Comme s’il s’agissait du seul chef d’Etat dont on retouche le portrait, d’aiilleurs au vu des résultats ici je dois dire que je préfère l’original mais tout est bon pour démontrer le caractère fallacieux de l’adhésion des masses au pouvoir soviétique. (note de DB)
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