cette opposition est bien connue entre Grèce et Chine et a été développée en particulier par François Jullien, mais elle est ici excellemment résumée. Cela dit la Grèce antique n’est pas seulement le lieu de la naissance de l’individu, le collectif y est beaucoup plus prégnant que ce qu’il est affirmé dans cette opposition et il y a des courants contradictoires en Chine. Mais en lisant le livre de Xi Jinping cette référence au confucianisme m’avait frappée, mais elle m’inspire surtout une réflexion sur le respect des bases sur lesquelles s’édifie le socialisme pour mieux comprendre la manière dont peut se développer l’intervention populaire, la mobilisation des masses dont à besoin le socialisme. (note de danielle Bleitrach)
Il est reconnu que la société chinoise est plus orientée vers la collectivité alors qu’en Occident en général on donne plus d’importance à l’individu. Le Japon et la Corée, où le confucianisme a exercé une influence indéniable, présentent la même situation. Tenter de comprendre un pays demande de revenir aux sources qui ont donné des influences importantes à toute la culture et la civilisation. Leur compréhension permet d’éviter les incompréhensions et les dérapages, non seulement dans la vie quotidienne, mais dans de nombreux domaines, même économiques et politiques. La Grèce antique constitue un moule important pour la formation de la culture occidentale ; dans le même temps, la Chine, prenait une toute autre direction. Richard E. Nisbett, dans « The Geography of Thought, How Asians and Westeners Think Differently… and Why », résume bien leurs differences. Regardons comment il décrit les approches grecques et chinoises.
Grèce
Grèce
1. Capacité à agir personnellement sur le monde. Les Grecs avaient une conscience claire qu’ils étaient responsables de leur propres vies et libres des choix qu’ils faisaient. Une des définitions du bonheur tenait dans la capacité à poursuivre l’excellence en se débarrassant des contraintes extérieures. Ils avaient un sens fort de l’identité individuelle accompagnée d’un sens de la capacité à agir personnellement sur le monde et de l’influencer.
2. Les Grecs se considéraient comme des individus avec des attributs et des buts différents.
3. Le débat. Ce sens de la capacité à agir doit être relié à la tradition du débat. Dans sa définition de l’homme, Homère incluait la capacité à débattre. Le débat était très prisé à cette époque.
4. Curiosité. La curiosité est un trait important. Aristote pensait quelle est la nature de l’homme. Les Grecs ont spéculé sur la nature du monde tout en créant des modèles. Ils ont, autour de ces modèles, composé des lois en établissant des catégories pour les objets et les événements avec une précision qui permettait des descriptions et explications systématiques. D’autres civilisations anciennes ont procédé à des observations systématiques dans le domaine scientifique ; toutefois, seuls les Grecs ont tenté d’expliquer leurs observations à partir de principes sous-jacents.
Chine
1. Harmonie. Du côté chinois, le point dominant n’était pas la capacité à agir personnellement sur le monde mais l’harmonie, derrière les idées de collectivité, de respect et d’obligations mutuelles.
2. Collectivité. Chaque Chinois était avant tout membre d’une collectivité ou plusieurs collectivités, clan, village, et surtout famille. L’individu n’était pas une unité autonome qui gardait son identité, il s’intégrait dans une société et des relation sociales; son schéma unique et son rôle peuvent changer et devenir différent. Les Chinois étaient plus concentrés sur le contrôle de soi que sur le contrôle de l’environnement. L’idéal du bonheur n’était pas une vie de liberté avec l’exercice de ses talents, mais la satisfaction d’une vie partagée avec un réseau social harmonieux. Les vases et gobelets grecs sont illustrées de bacchanales, d’athlètes, de batailles alors que les porcelaines chinoises montrent les activités familiales et les plaisirs ruraux.
3. Tandis que les Grecs pour des occasions spéciales se réunissaient et participaient à des jeux ou des lectures de poésie, les Chinois se rendaient visite avec la pratique du 串门 chuàn mén (rendre visite) pour montrer du respect. Les premiers qui rendaient visite étaient mieux considérés que ceux qui venaient plus tard.
4. Obligations mutuelles. Le système moral, hérité du confucianisme, mettait l’emphase sur les obligations entre l’empereur et ses sujets, parents et enfants, mari et femme, aîné et cadet, amis dans un système hiérarchisé. La société permettait à l’individu de se sentir une partie de la société, où les obligations mutuelles servaient de guide de la conduite.
D’un côté, grec, individualité, débat et action sur le monde extérieur dominent, de l’autre bord, chinois, harmonie, collectivité, entretien des liens sociaux et obligations mutuelles. Dans la vie de tous les jours, des scènes nous font immanquablement penser à ces spécificités. Un enfant chinois, lors de la Fête de printemps n’entendra certainement pas le même discours que son cousin en Europe à Noël ; une partie des membres de la famille viendra lui rappeler qu’il faut étudier sérieusement à l’école. On peut avoir l’impression que les aînés agissent par devoir. Chaque fois, que je voyageais avec des collègues chinois, lors d’attentes dans les aéroports, j’étais surpris que si l’un avait soif, il n’allait pas chercher une bouteille pour lui-même mais il prenait plusieurs bouteilles pour tout le monde. Un directeur marketing m’expliquait avec un brin d’humour « Tu vois, pour nous la vie n’est pas un repos, il faut toujours penser aux autres en Chine ! ».
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Xavier
Ce n’est pas une opposition, j’évoque juste les influences très différentes, un pôle tend vers la collectivité, l’autre vers l’individualisme. Voir cet article sur la difficulté à parler des influences générales, https://forbiddencitynews.com/fr/2020/07/09/penser-en-general-et-a-la-chine-en-particulier/
Danielle Bleitrach
A propos d’influence: “chaque vague sait qu’elle est la mer, ce qui la défait ne la dérange pas car ce qui la brise la recrée” Lao Tseu
Xavier
Excellent!
Jean François DRON
c”est tout ce que j’aime chez les chinois. rien de comparable en occident maintenant Le capitalisme à détruit totalement les liens entre les individus entre les membres des familles même. je suis toujours dans la balance entre reter ici ou partir finir mes jours en Chine où ma femme a une superbe appartement.