5 juin 2020
The National interest est toujours passionnant à lire. Réactionnaire, militariste, convaincu du droit légitime des USA à dominer le monde, ce site nous offre de temps en temps des “perles”… Là nous avons un exemple parfait du glissement d’une pensée vers son contraire en s’habituant à des analogies complètement insensées. D’abord il s’agit de crier au communisme, ensuite de donner un contenu fantasmé au terme: le communisme est suivant cette démonstration un nationalisme-socialiste, une volonté de puissance qui cherche la guerre, la provoque comme Hitler. Alors que les Etats-Unis, puissance pacifique s’il en est selon l’auteur cherchent une entente, une passation pacifique des pouvoirs, la Chine qui en son sein martyrise ses dissidents (grand air de la calomnie) veut écraser les autres. C’est un prêt à penser qui est sans cesse répété et qui pare la Chine de tous les vices des USA, et le communisme de ceux du capitalisme quand il n’a pas d’autre issue que le fascisme…Ces gens sont des pitres mais ils ont engendré une tas de petits pitres capables de répéter leur inepties en tous temps et tous lieux… (note et traduction de Danielle Bleitrach)
La direction que prend la Chine vers la prééminence mondiale devait faire claironner toutes les sonnettes d’alarme. par Azeem Ibrahim
Il y a seulement quelques années, nous nous attendions à tout sauf ce que le XXe siècle soit le siècle où la Chine remonte au rang de pays le plus puissant du monde. Et à l’époque, cela ne semblait pas être une chose particulièrement inquiétante – nous avions encore beaucoup de doutes quant à l’hégémonie mondiale dirigée par un parti communiste, mais ce parti semblait suffisamment pragmatique pour rejoindre l’ordre mondial libéral dont il hériterait du siècle américain avant cela. Maintenant, l’avenir commence à se présenter sous un jour totalement différent.
La principale chose qui a changé depuis la première décennie des années 2000, c’est la direction du Parti communiste chinois. Quelles que soient les ambitions que Pékin nourrissait il y a deux décennies, la direction du parti ne semblait pas pressée de renverser un système mondial dont elle bénéficiait énormément, et qui, le moment venu, permettrait à la Chine d’émerger en tant que centre de gravité mondial à l’intérieur des règles fixées par l’empire américain. Mais depuis que Xi Jinping a pris le contrôle de la direction du parti en 2012, Pékin est animé d’une vision entièrement différente de l’avenir.
Xi est moins un «communiste» qu’un nationaliste Han. Et il s’avère que c’est plus problématique que les communistes que nous craignions. Xi n’a pas pour vocation de construire un nouvel avenir, mais il cherche à “restaurer” la prééminence chinoise et revenir à l’ordre mondial d’avant le «siècle de l’humiliation» (1839 – 1949). À titre d’exemple de l’importance d’un tel changement de ton apparemment insignifiant, les administrations chinoises précédentes étaient flexibles et pragmatiques lorsqu’il s’agissait d’arrangements comme «un pays, deux systèmes» à Hong Kong et Macao. Ces administrations y voyaient un moyen parfaitement sensé de progresser vers un objectif qu’elles souhaitaient, mais elles ont eu la patience d’attendre quelques décennies.
Pour l’administration actuelle, cependant, l’existence même de tels compromis est une capitulation sordide face à des intérêts étrangers que l’orgueil national demande à écraser, par la force si nécessaire. Et ce qui est pire, le fait que ce genre de rhétorique soit devenu une partie de l’idéologie légitimant la domination nationale du parti signifie qu’il y a maintenant une dynamique interne où les dirigeants doivent continuer à pousser de plus en plus à l’affirmation de la Chine dans les affaires internationales, que ce soit constructif ou non. Donc, pour comprendre comment la Chine se comportera alors qu’elle étend sa sphère d’influence et se rapproche du statut de superpuissance, il suffit d’examiner son incapacité accrue à tolérer toute dissidence dans les domaines sous son contrôle.
Pékin doit donc réprimer Hong Kong, plus les Hongkongais tentent de résister. Pékin doit renforcer la rhétorique avec Taiwan et promettre l’annexion. Il se sent obligé d’incarcérer des millions d’Ouïghours dans la province occidentale du Xinjiang et de leur laver le cerveau parce qu’ils ont une culture suffisamment distincte pour justifier un argument sécessionniste (rarement avancé). Et, ce qui est le plus dangereux, il ne peut s’empêcher de rechercher une confrontation directe avec le système actuel de puissance mondiale: qu’il s’agisse de la puissance économique des sociétés transnationales étrangères ou de la puissance militaire de l’hégémonie en place, les États-Unis.
Heureusement, les affrontements militaires se limitent pour l’instant au différend en mer de Chine méridionale. La nature de ce tir à la corde particulier (faute d’une meilleure expression) est telle qu’il est peu probable qu’il entraîne les États-Unis et la Chine dans un conflit militaire direct. Et le point de fusée le plus probable qui pourrait risquer que, Taiwan, soit encore suffisamment en bas de la liste des priorités de Pékin pour que le risque de guerre directe ne soit pas imminent actuellement.
Mais la direction que prend la Chine vers la prééminence mondiale fait sonner toutes les sonnettes d’alarme. Et, encore plus préoccupant à la fois pour nous en Occident et pour le peuple chinois lui-même, Pékin semble actuellement engagé sur une voie qui augmente le risque de confrontation militaire directe dans le scénario du «piège de Thucydide», plutôt que de le réduire. Fondamentalement, un pays peut accéder à la position d’hégémonie mondiale de deux manières: en contestant directement le pouvoir en place une fois qu’il a amassé suffisamment de potentiel militaire et économique; ou en prenant subrepticement le rôle central de l’hégémonie en place au sein de leur ordre impérial pré-construit. Les États-Unis ont succédé à l’Empire britannique en tant qu’hégémonie mondiale en venant à la rescousse de la patrie britannique pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale… et pour cela, les Britanniques ont cédé leur position de leader pacifiquement et gracieusement. Ce n’est pas la voie que Pékin emprunte. La direction actuelle à Pékin poursuit l’approche de l’Empire allemand / Troisième Reich pour contester la position hégémonique de la Grande-Bretagne: un “affrontementisme”(sic) robuste qui est presque certain de conduire à une guerre de portée mondiale potentielle. C’est un jeu extrêmement dangereux à jouer. Nous savons tous comment cette histoire se déroule. Et c’est un jeu particulièrement téméraire à jouer, étant donné que l’hégémonie en place est actuellement également dirigée par un nationaliste irréfléchi.
Le Dr Azeem Ibrahim est directeur au Center for Global Policy à Washington, DC.
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Michel BEYER
Qui craint le grand méchant loup….méchant loup?
Bien sûr qu’on ne peut être d’accord avec un tel article. Mais, vous avez raison Danielle, The National interest vaut son pesant de “cacahouètes”.
Pour ma part, je suis persuadé que le but des dirigeants du PCC n’est pas la 1ière place mondiale. Ce qui est en jeu c’est la construction du socialisme.
La lecture du livre de JC. DELAUNAY sur les “Trajectoires chinoises de modernisation et de développement”, nous livre les progrès réalisés, mais aussi les obstacles sur la route de cette construction. Le succès n’est pas garanti.
Selon certains “experts sinologues avertis”, la Chine aurait perdu beaucoup d’influence auprès des pays en sous-développement dans la dernière période. Ses dirigeants nous auraient menti et caché des choses sur leur façon de traiter le covid-19. De telles affirmations cachent plutôt leur inquiétude sur l’audience grandissante de la Chine.