Les deux pays plus peuplés, en 1940 la première et la seconde économie du monde. Coopération ou déjà rivalité, les deux. La nocivté des Etats-UNis qui partout attise les conflits interégionaux en utilisant les gouvernements d’extrême-droite, leur racisme,leur bellicisme contraste avec la volonté de paix de la Chine que pourtant les USA taxent d’impérialisme, l’hypothèse d’un élargissement mondial de l’OTAN dirigé à la fois contre la Russie et la CHine se heurte encore à la complexité de la situation. NOus avons ici la réalité du rôle pacifique de la Chine que partout l’impérialisme américain tente de détruire sans apporter d’alternaive (note et traduction de danielle Bleitrach)
| 23/05/2020 | MondeSources: El Viejo Topo
La Chine et l’Inde, les deux pays les plus peuplés, représentent près de 40% de la population totale de la planète, avec une puissance économique croissante.
En 2019, selon le FMI, la Chine avait un PIB (en PPA, parité de pouvoir d’achat) de 27 000 milliards de dollars, et l’Inde de 11 000 milliards. En valeur nominale, la Chine atteint 14 000 milliards de dollars et l’Inde, 3 000 milliards. L’Inde a également progressé à des taux proches de dix pour cent par an, qui, bien qu’elle soit tombée à 7% en 2018, est déjà la cinquième plus grande économie du monde en valeur nominale et la troisième si elle est mesurée en PPA. En 2017, compte tenu de son évolution, le cabinet de conseil international PricewaterhouseCoopers , PwC, a publié un rapport précisant qu’en 2040, l’Inde sera la deuxième puissance économique de la planète, après la Chine.
La Chine a une économie qui surpasse celle des États-Unis, en PPP, et qui est presque le triple de celle de l’Inde. Malgré que Pékin et Delhi entretiennent de sérieux différents , le dragon et l’éléphant sont condamnés à se comprendre, bien que l’Inde, qui défend également un monde multipolaire qui mette fin à l’hégémonie agonisante nord-américaine, redoute dans le même temps la montée en puissance chinoise, anticipant sur le fait qu’elle deviendra en peu de temps la principale puissance de la planète. L’Inde connaît de graves déséquilibres sociaux: près de quatre-vingt-dix pour cent des travailleurs sont dans l’informel et une économie irrégulière,. Ses infrastructures sont médiocres malgré les progrès accomplis. Elle compte trois cent millions d’analphabètes, un taux de chômage de près de 6% ce qui est bas en regard des chiffres espagnols, mais le plus élevé des cinquante dernières années). Des bas salaires, un secteur agricole dont dépend la majorité de la population mais dans lequel les paysans se débattent dans de graves problèmes, et une dette qui a fortement augmenté en cinq ans de Modi, un tableau auquel il faut ajouter les villes les plus polluées de la planète. Cette économie indienne entretient des liens commerciaux solides avec son grand voisin: sur le marché indien, les Chinois excellent dans la téléphonie mobile et la numérisation, dans les paiements via Internet et dans les réseaux sociaux. La société chinoise Tik Tok (anciennement Douyin, créée en 2016, qui est devenue l’application la plus téléchargée au monde deux ans plus tard, gagne rapidement du terrain et compte déjà un milliard d’utilisateurs: Facebook est déjà pour les personnes âgées, Tik Tok pour jeunes), comme Huawei, sont très présents en Inde. Le ministre indien des Télécommunications, Ravi Shankar Prasad, a finalement autorisé la participation de Huawei aux tests d’installation du réseau mobile 5G au cours des premiers mois de 2020, avec Samsung, Ericsson, Nokia et Cisco, bien qu’elle l’ait fait après avoir soumis la société de Shenzhen à l’examen d’une commission spéciale à cause des pressions et des accusations des États-Unis sur sa prétendue collaboration avec l’espionnage chinois. L’Inde a un énorme déficit commercial avec la Chine: près de 60000 millions de dollars par an, et veut le réduire et accéder au marché chinois, bien que le déficit indien ne soit pas à la hauteur du déficit des États-Unis avec la Chine, qui en 2018 était de 419000 millions de dollars.
Dans ses relations avec l’Inde, la Chine rappelle fréquemment que les deux pays, avec la Birmanie, ont été les promoteurs en 1954 des cinq principes de coexistence pacifique : respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté; aucune agression; renoncer à l’ingérence dans les affaires intérieures; égalité et bénéfice mutuel, et coexistence pacifique. Pékin soutient que ces principes incarnent l’esprit de la charte des Nations Unies et sont la base de la paix mondiale. Mais, malgré la relation historique, de Bandung, entre la Chine et l’Inde dans le mouvement des pays non alignés. Les deux pays ont des divergences sur Aksai Chin, un territoire du Ladakh que contrôle Pékin et que revendique Delhi, et qui vient s’ajouter au différend indo-pakistanais sur le Cachemire. Aussi, sur Arunachal Pradesh, une région située à l’est du Bhoutan, contrôlée par Delhi et revendiqué par Pékin. Ce désaccord a sa source dans les décisions britanniques pendant son règne colonial sur l’Inde (à la veille de la grande guerre , Londres a établie unilatéralement avec des délégués tibétains sans autorisation légale la soi-disant ligne McMahon, que la Chine n’a jamais reconnue), et qui a conduit aux affrontements sino-indiens de 1962. Sous l’autorité de Zhou En lai, Pékin avait suggéré sde se retirer à Arunachal Pradesh en échange de la cession indienne de Aksai Chin. Cette proposition n’a pas eu de suite. Le refus de Nehru: une grave erreur qui a maintenu la discorde jusqu’à ce jour. L’accord de 1954 entre Nehru et Zhou Enlai sur la souveraineté chinoise au Tibet a mis de côté la question d’Aksai Chin au Cachemire, et les relations se sont détériorées avec la décision indienne d’accorder l’asile politique au Dalaï Lama en 1959. La Chine considérant alors qu’il s’agissait d’une ingérence évidente dans ses affaires intérieures, n’a jamais accepté qu’un gouvernement comme Delhi, qui se prétendait socialiste, héberge le chef d’un régime esclavagiste comme celui imposé par les lamas au Tibet.
Les décisions britanniques pendant leur colonisation avaient empêché la délimitation précise de la frontière entre l’Inde et les régions chinoises du Xinjiang et du Tibet, et la conférence de Simla de 1914 qui s’est tenue entre la Grande-Bretagne et les délégués tibétains (qui n’avaient pas de souveraineté sur le territoire, qui appartenait légalement au gouvernement de Pékin) poursuivait l’objectif de Londres de partager le Tibet en deux entités, l’une avec une partie sous souveraineté chinoise et une autre “autonome” qu’elle espérait conserver sous son contrôle. C’était une partition que la Chine n’acceptait pas alors et qu’elle n’accepte pas maintenant : c’est l’origine du différend actuel. La ligne Mac-Mahon servait de frontière, même si la frontière n’était pas alors la principale préoccupation de la faible république chinoise de Yuan Shikai, coincée entre l’ambition britannique de s’emparer du Tibet, la pression de la Russie tsariste sur la Mongolie et les diktats du Japon. quis’étaient matérialisés dans les treize demandes adressées au Shandong (au large de la péninsule coréenne et au Japon), à la Mongolie et à la Mandchourie, et aux opérations minières, et que le Japon avait même tenté alors d’avoir des conseillers japonais au gouvernement de Pékin, demande qui a été refusée .
En 2003, le président chinois Hu Jintao et le Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee de la Bharatiya Janata ont convenu de nommer des ambassadeurs spéciaux pour trouver une solution aux différends frontaliers, et la Chine a reconnu le territoire du Sikkim (royaume indépendant jusqu’en 1975, situé entre le Népal et Bhoutan) comme étant dans la mouvance de l’Inde. Deux ans plus tard, la visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao à Delhi et sa rencontre avec le Premier ministre Manmohan Singh du Parti du Congrès ont servi à établir les critères qui devraient résoudre le problème des frontières entre les deux pays. Le Premier ministre chinois s’est déclaré favorable à l’inclusion de l’Inde au Conseil de sécurité de l’ONU et à un plus grand rôle de l’Inde dans les affaires internationales. En outre, Wen et Singh ont défini quatre questions clés pour leur relation mutuelle: Ni la Chine ni l’Inde ne constitueraient une menace l’une pour l’autre ; ils ont établi que le renforcement des deux pays est compatible en Asie et dans le monde; que les relations entre Pékin et Delhi ont une pertinence internationale et un caractère stratégique et que leur collaboration est essentielle pour faire face aux risques du changement climatique; enfin, ils ont déterminé qu’il était urgent de résoudre le différend frontalier pour faire face à l’avenir. Pour cette raison, la Chine continue de soutenir la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, permettant à l’Inde de devenir membre permanent, le fait que les relations entre Pékin et Delhi ont une incidence internationale et un caractère stratégique et que leur collaboration est essentielle pour faire face aux risques du changement climatique. Enfin, les deux pays ont déterminé qu’il était urgent de résoudre le différend frontalier pour faire face à l’avenir.
Cependant, la présence dans la région des États-Unis et sa nouvelle politique asiatique, ainsi que les relations toujours tendues de l’Inde avec le Pakistan, ont compliqué la situation. En mars 2006, George W. Bush et Manmohan Singh ont annoncé à New Delhi un accord de coopération entre les deux pays, qui concernait les programmes nucléaires civils et militaires de l’Inde, avec une supervision internationale. L’Inde n’a pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), pas plus que le Pakistan, et la solution est compliquée par l’action d’Islamabad: la région de Gilgit-Baltistan, vaste territoire de 73 000 kilomètres carrés, située entre le Xinjiang chinois et Jammu-et-Cachemire, est administré par le Pakistan ce qui est contesté par les trois pays. Islamabad, dans l’un des paradoxes multiples et diaboliques de la situation, rejette l’aspiration de ses habitants à s’intégrer légalement au Pakistan, car cela nuirait à leurs prétentions sur le Cachemire. De plus, la population de Gilgit-Baltistan est de confession chiite, ce qui la confronte au cachemire sunnite, bien que l’Inde ne soit pas disposée à renoncer ce territoire. Aux différends sur le glacier de Siachen (l’un des plus grands au monde et source d’eau permanente), dans le Karakórum, contrôlé par l’Inde, s’ajoute, pour une plus grande complexité stratégique, le fait que juste au nord de Gilgit-Baltistan passe Le couloir économique sino-pakistanais , l’un des bras de la nouvelle route de la soie que conduit Pékin à travers le monde. Dans ce contexte d’affrontements, la récente décision de Modi de mettre en cause les dispositions constitutionnelles sur le Jammu-et-Cachemire, en appliquant son dangereux programme nationaliste, a conduit au rejet de la gauche indienne et a créé de nouvelles tensions entre les trois pays: le coup de force de Modi a provoqué l’expulsion de l’ambassadeur indien du Pakistan, en plus de la suspension des flux commerciaux entre les deux pays. Modi avait présenté un projet de loi divisant la région du Jammu-et-Cachemire en deux entités, précisant qu’il comprenait le Cachemire administré par le Pakistan, que Delhi considère comme une “occupation”. Comme s’il y avait pas assez de désaccords, l’approbation, en décembre 2019, au Parlement indien, de l’amendement Bharatiya Janata de la loi sur la citoyenneté qui accordera la nationalité indienne à plusieurs millions de Bengalis du Bangladesh, de confession hindoue, mais pas à ceux de religion musulmane, une décision qui plonge dans les blessures de la partition du sous-continent entre l’Inde et le Pakistan en 1947, complique encore la situation, en plus d’ouvrir une grave crise interne. La répression policière brutale des manifestations, avec des centaines de détenus, a déjà fait des dizaines de morts. Cela et d’autres mesures de Modi, déterminé à continuer sur la voie du nationalisme le plus agressif (en tant que gouverneur du Gujarat, il ne savait pas ou ne voulait pas empêcher le pogrom de 2002 qui a coûté la vie à des centaines d’Indiens musulmans de la région) et à mettre en œuvre son programme économique de droite,
Malgré le fait que le Dalaï Lama et son “gouvernement en exil” ont leur siège en Inde, ce qui complique les relations avec Pékin, la Chine a favorisé le rapprochement entre les deux pays, cherchant à améliorer les relations mutuelles tant sous les gouvernements du Congrès qu’avec les la Bharatiya Janata. En mai 2017, lors de la visite du président indien à Pékin, Modi et Xi Jinping ont signé un accord conjoint par lequel les deux pays se sont engagés à rechercher une solution équitable à leurs différends sur les territoires frontaliers, et ont signé des accords sur la recherche scientifique et les infrastructures chemins de fer, où l’Inde espère recevoir de l’aide et de la collaboration de la Chine. Ils se sont à nouveau rencontrés dans la ville chinoise de Wuhan en 2018. En octobre 2019, Xi Jinping a visité le Népal et l’Inde, et a rencontré Modi à Mamallapuram, aux côtés de Madras, dans le but d’améliorer les relations, d’augmenter le volume des échanges entre les deux, et de coordonner les stratégies de développement, et d’examiner leurs propositions devant l’OCS, les BRICS et le G-20, et le mécanisme de coopération entre la Chine, l’Inde et la Russie , si pertinent pour l’Asie et le monde. Lors de cette tournée, Xi Jinping était accompagné du ministre des Affaires étrangères Wang Yi et des dirigeants communistes Ding Xuexiang et Yang Jiechi. Le président chinois a réussi à faire en sorte que la question du Jammu-et-Cachemire, et les tests militaires que l’Inde avait effectués dans l’Arunachal Pradesh, ne nuisent pas aux liens entre les deux pays, et Xi Jinping a proposé à Modi une solution aux différends frontaliers basée sur un accord équitable les deux pays. La Chine et l’Inde défendent le multilatéralisme et le rôle de l’ONU en tant que garant de la stabilité internationale. Les tensions entre l’Inde et le Pakistan, concernant la situation au Cachemire, ont également été abordées: la Chine cherche à maintenir de bonnes relations avec les deux. Avant son voyage, Xi Jinping avait rencontré le nouveau Premier ministre pakistanais, Imran Khan, dont le parti (Pakistan Tehreek-e-Insaf , PTI, Movement for Justice, modéré à droite) a déplacé les deux formations pakistanaises traditionnelles, la Ligue musulmane et le Parti populaire, et le contenu de la réunion a envoyé un message de calme et d’amitié en Inde. La négociation a été prolongée avec la réunion à Delhi, fin décembre 2019, du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, et du vice-président indien, Venkaiah Naidu, où le problème de la frontière a de nouveau été abordé.
Cependant, en novembre 2019 (alors même qu’un mois avant, Xi Jingping et Modi avaient convenu de conclure l’accord lors de leur réunion à Mamallapuram) Narendra Modi a retiré son pays du RCEP, la Regional Integral Economic Association (RCEP), une initiative de la plus haute importance pour la Chine. L’accord (que Pékin promeut comme alternative à l’accord de coopération économique transpacifique, TPP) est composé de quinze pays: les dix de l’ASEAN (Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Laos, Singapour, Philippines, Birmanie, Cambodge et Brunei), ainsi que le Japon, l’Australie, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, avec la Chine. Ce sera la plus grande zone de libre-échange de la planète, bien que le Japon ait lié son adhésion à celle de l’Inde pour la suite de l’accord.
La raison du départ de Modi a été sa crainte que le retrait des tarifs commerciaux entre les membres ne facilite l’entrée massive de produits chinois en Inde. Malgré ce retrait, les négociations se poursuivent: si l’Inde devait adhérer à court terme, le RCEP regrouperait près de la moitié de la population mondiale. La conclusion de cet accord repose encore sur un autre paradoxe, car c’est le gouvernement nord-américain qui a lancé l’initiative du TPP,
Dans une démarche calculée, le même mois, le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh, s’est rendu à Arunachal Pradesh, une tournée qui a déclenché une protestation du ministère chinois des Affaires étrangères, puisque on se souvient que son pays ne reconnaît pas la souveraineté indienne sur cette région. Il a dénoncé les visites des dirigeants indiens, tout en appelant le gouvernement de Delhi à respecter les intérêts chinois et à contribuer au maintien de la paix dans les territoires frontaliers. Ce n’était pas le seul geste hostile dans ces jours: en novembre 2019, le ministre d’État indien, Jitendra Singh, a présenté publiquement une nouvelle carte de son pays où, en plus de la récente division administrative du Jammu-et-Cachemire, il a présenté le Région du Ladakh avec le territoire Aksai Chin qu’il prétndait incorporer, malgré son administration actuelle par la Chine. Comme prévu, La présentation de la nouvelle carte indienne a motivé le rejet officiel du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, qce ui, à son tour, a été considéré par le porte-parole officiel indien, Raveesh Kumar, comme une ingérence dans les affaires intérieures de son pays. . En fait, rien ni personne n’échappe à l’annulation du statut du Cachemire par le gouvernement Modi et que ce fait engendre de grands conflits dans cette région où se font face la Chine, l’Inde et le Pakistan.
Pour sa part, la Russie préfère considérer la question du Cachemire comme une affaire intérieure et ne veut pas perdre sa relation historique privilégiée avec l’Inde. La société d’État russe Rosoboronexport a signé un contrat avec Delhi en octobre 2018 et lui livrera les systèmes antiaériens S-400 en septembre 2021. les États-Unis ont menacé d’imposer des sanctions à Delhi, lui demandant de cesser d’acheter des armes aux Russes. Lors de la réunion des BRICS à Brasilia, Poutine et Modi ont discuté des projets conjoints signés par les deux pays, à un moment où le commerce entre les deux augmente, et avec le KV indien Kamath qui préside la nouvelle banque de développement, créé par les BRICS, en tant que plateforme financière pour soutenir des projets communs auxquels la Chine est très intéressée, en plus de l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud, bien que le nouveau Brésil de Bolsonaro et même l’Inde de Modi puissent ralentir certaines initiatives. Moscou et Pékin savent que la décision de Modi d’annuler le statut juridique du Cachemire et de créer, pour le moment sur les cartes, le nouveau Jammu-et-Cachemire en ajoutant au territoire sous domination indienne à ceux contrôlé par le Pakistan (Azad Cachemire et Gilgit-Baltistan) et la conception du nouveau Ladakh, y compris le territoire d’Aksai Chin, qui est détenu par la Chine, peut compliquer et même déstabiliser la région. Modi a été audacieux, mais son pari est dangereux et empoisonne sa relation avec Pékin, qui n’acceptera pas le fait accompli.
La géostratégie asiatique complexe comprend également le Japon et le Népal. Les relations entre l’Inde et le Japon ont connu une nouvelle étape après la rencontre entre Modi et Shinzo Abe en 2014, à partir de laquelle ont émergé des accords économiques, des accords d’échanges militaires et une collaboration japonaise pour le développement d’une infrastructure indienne sous développée. En septembre 2019 (avant les décisions du gouvernement indien sur le Cachemire et le RCEP) Rajnath Singh, le ministre indien de la Défense, avait rencontré à T0kio Takeshi Iwaya, le ministre japonais de l’industrie, pour annoncer la signature d’un nouvel accord de la sécurité entre les deux pays, similaire à ceux que le Japon a noué avec les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne et la France.Une hypothèse qui entre pleinement dans la logique de la création du bloc contre la Chine parrainé par Washington. Le Pentagone et la diplomatie nord-américaine travaillent avec l’hypothèse de créer une alliance Asie-Pacifique entre les États-Unis et le Japon, l’Australie et l’Inde, à laquelle d’autres pays d’Asie du Sud-Est collaboreraient. Toutes les pièces de cette hypothèse ont été montées , à des milliers de kilomètres de là, en Europe, lors de la réunion de l’OTAN à Bruxelles le 20 novembre 2019. Là le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, sans perdre une occasion d’attaquer la Chine, a insisté devant ses alliés (et plus tard devant la presse, au siège de l’alliance) de la nécessité de s’unir contre la “menace chinoise”. IL tenait tenant Pékin pour responsable des difficultés à faire avancer les questions de désarmement avec la Russie, de l’augmentation des dépenses militaires dans le monde et même des différences au sein de l’OTAN. Pompeo mentait sciemment, car les problèmes de désarmement avec la Russie concernant l’INF, Ils ne sont pas dus au fait que la Chine ne soit pas partie au traité, mais à son abandon unilatéral par les États-Unis. Pour finir de compliquer les relations entre Delhi et Pékin, certains dirigeants extrémistes de Bharatiya Janata, comme Vineet Agarwal Sharda, se permettent des déclarations extrêmement agressives: début novembre 2019,India Today a fait écho à ses propos accusant le Pakistan et la Chine d’avoir libéré des gaz toxiques en Inde et d’être responsable de la contamination extrêmement grave de Delhi.
Le Népal, lui, joue un rôle charnière dans l’Himalaya, pris en sandwich entre ses deux gigantesques voisins. Avec le gouvernement communiste, il entretient d’excellentes relations avec la Chine, visant à développer la nouvelle route de la soie . Le président du pays, Bidhya Devi Bhandari, et le Premier ministre, Khadga Prasad Sharma Oli, sont tous deux membres du Parti communiste népalais, et cette coopération s’est matérialisée dans l’aide chinoise à la reconstruction après le terrible tremblement de terre d’avril 2015 au Népal et dans le projet de connecter les deux pays avec de nouveaux trains, ports, autoroutes et vols qui traversent l’Himalaya. Lors de son voyage, Xi Jinping a également rencontré le président du Parti communiste népalais, Pushpa Kamal Dahal, Prachanda, organisateur de la guérilla qui a renversé la monarchie en 2008 et a créé une Assemblée constituante qui a proclamé la république.
Les États-Unis sont un allié traditionnel du Pakistan, même si cela n’a pas empêché les différends entre les deux en raison de la situation en Afghanistan, des guérilleros talibans et des bombardements nord-américains sur le territoire pakistanais. Fin 2019, au Wilson Center Depuis Washington, l’ambassadrice Alice Wells, sous-secrétaire adjointe pour l’Asie du Sud au département d’État américain, a averti le Pakistan des dangers du couloir économique qui l’unira à la Chine, lui assurant qu’il endetterait le Pakistan, tout en suggérant que le modèle nord-américain est le plus approprié et avantageux pour les Pakistanais. L’alliance entre Islamabad et Washington a toujours inquiété Delhi, également incertaine des relations du Pakistan avec la Chine: le fait que les deux plus grandes puissances mondiales entretiennent de bonnes relations avec Islamabad entrave la politique étrangère de Delhi et jette des ombres sur l’avenir des différends entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires en dehors du TNP. Delhi refuse de négocier avec Islamabad sur le Cachemire et a rejeté avec dégoût la proposition de Trump de jouer les médiateurs entre les deux pays. Mettant en avant,Agni-2 , qui peut transporter des ogives nucléaires, une action à laquelle le Pakistan a répondu quelques jours plus tard avec le lancement du missile balistique Shaheen-I , capable de frapper des cibles jusqu’à une distance de 650 kilomètres. Quelques jours plus tard, le quotidien de Bombay The Economic Times , avec des sources du gouvernement Modi, a révélé que l’Inde préparait des essais dans le golfe du Bengale pour son missile balistique le plus puissant, le K-4, doté de capacités nucléaires.
Lors de la réunion de l’ANASE à Bangkok le 18 novembre 2019, le ministre indien de la Défense Rajnath Singh a appelé à s’abstenir de menaces de force et à ne pas militariser la mer de Chine méridionale. L’Inde veut garantir la stabilité de cette mer et faire avancer la dénucléarisation de la péninsule coréenne, pour lier le développement de l’Asie de l’Est (Japon et Corée du Sud, mais surtout la Chine) avec le sud du continent. La Chine, pour sa part, s’efforce de maintenir une grande cordialité avec l’Inde et de l’associer à ses plans de développement économique, pour la dissuader de la tentation d’approcher les États-Unis et son bloc anti-chinois. Lors de la réunion de Bangkok, Wei Fenghe, ministre chinois de la Défense, a exigé lors de sa rencontre avec Mark Esper, chef du Pentagone, que les États-Unis n’aggravent pas la situation en mer de Chine méridionale et qu’ils cessent d’utiliser Taïwan pour augmenter la tension dans la région. Le procès de Wei est survenu le lendemain de déclarations provocantes d’Esper accusant la Chine de recourir à “l’intimidation” pour atteindre ses objectifs. Quelques jours plus tard, les 20 et 21 novembre 2019, les États-Unis ont envoyé six navires de guerre dans les archipels de Nánshā et Xīshā (Spratly et Paracelsus), en mer de Chine méridionale, sans rapport préalable, une action qui a déclenché une forte protestation diplomatique de Pékin.
Bien que les États-Unis évaluent la possibilité que, dans la pratique, l’OTAN ait une portée mondiale, orientée contre la Chine (en plus de la Russie), ils savent que l’intégration du Japon, de l’Australie et de l’Inde est très compliquée car elle nécessiterait de transformer l’ensemble de la structure juridique et militaire de l’alliance à un moment où les tensions avec Moscou et, en son sein, avec la France et l’Allemagne s’intensifient malgré la timidité habituelle des alliés européens à rejeter les impositions nord-américaines. C’est pourquoi Washington travaille à développer ses alliances militaires asiatiques par le biais d’accords partiels avec ces pays, et bien que Delhi ne soit pas intéressée en ce moment, la pression sur son gouvernement est constante, les États-Unis lançant toutes sortes d’alarmes: la Chine, qui n’a jamais envahi aucun pays est taxée d’être impérialiste , assurant qu’il intimide les pays de l’Asie du Sud-Est en mer de Chine méridionale pour s’emparer des ressources naturelles de cette région.
En plus de ses accords avec le Japon et la Corée du Sud, Washington sonde l’Indonésie, les Philippines, la Birmanie, la Thaïlande et même le Vietnam. Dans ce scénario, l’objectif indien de renforcer sa marine pour consolider sa présence dans l’océan Indien (aujourd’hui supérieure à celle de la Chine) est vu comme une opportunité pour les États-Unis d’attirer à eux Delhi. L’Inde, malgré sa taille, sa population et son importance économique énormes, n’a pas une présence internationale équivalenteà celle de la Chine. Bien que l’inde ne renonce pas à ses revendications territoriales et à ses projets, elle promeut des accords, en particulier dans la région de l’océan Indien, elle cherche à contenir l’agressivité pakistanaise dans Le Cachemire, qui encourage le mouvement islamique, et elle veut bloquer l’action des services secrets d’Islamabad par le biais de groupes et d’actions terroristes, l’établissement et le nationalisme des postulats de Bharatiya Janata pour renforcer sa puissance mondiale pour éviter un nouvel ordre mondial dominé par la Chine. Le tout, même avec la conviction que le dragon et l’éléphant sont condamnés à se comprendre parce que les États-Unis n’offrent qu’un avenir d’armes, de guerres et des interventions militaires contre le seul projet pacifique de portée planétaire qui est celui de la Chine avec sa nouvelle route de la soie , basée sur la coopération internationale, le commerce mutuellement bénéfique, la stabilité, le développement et la paix.
Avertissement nord-américain sur le couloir sino-pakistanais:
https://www.wilsoncenter.org/article/afpak-file-whats-next-for-the-china-pakistan-economic-corridor
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