Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Suite du débat Théorique : qu’est devenu le PCF ?

Voici l’intervention de Jean Claude Delaunay qui permet d’aller plus au fond sur les questions théoriques de l’évolution du PCF et quelques tentatives de complément de réflexion de ma part. Mais je rappelle que cette discussion a été provoqué par une espèce de coup d’Etat de quelques membres de la direction publiant comme “personnalités” une tribune dont la vocation est de fait d’ opposer Ian Brossat, Pierre Laurent à la direction actuelle du PCF, issue du 38 e Congrès, en lui imposant sans la moindre concertation avec les militants, leur propre ligne d’union de la gauche plurielle, incluant y compris Jadot qui s’affirme ni de droite, ni de gauche. Ce comportement sans même juger du fond est en violation totale et ultime avec ce qui présida à la fondation du PCF, un parti communiste dont le but est la transformation révolutionnaire de la societé et le socialisme. Un débat s’est instauré, calme réfléchi et sans la mise en cause d’individus, en jugeant simplement de FAITS. Il est conçu de tel sorte que quelque soit le choix, rester au PCF, le quitter, adhérer à un groupe quelconque ou non, chacun puisse y participer et être entendu. Il ne cherche ni audience, ni publicité, simplement enfin la possibilité de se parler.Il existe par ailleurs d’autres lieux de débats parallèles, des possibilités d’apport, simplement chacun fait suivant l’utilité estimée. (danielle Bleitrach)

Nous n’avons pas fini de réfléchir à ces aspects de notre histoire. Merci donc à Gilles Questiaux et à Danièle Bleitrach pour ce travail d’élaboration et de diffusion. Je crois cependant qu’il faut aller plus en profondeur que ce rappel des faits de surface. Je me permets de suggérer deux causes plus anciennes et plus profondes.

La première est la pratique de la démocratie bourgeoise par le mouvement ouvrier français. Nous sommes englués dans la démocratie bourgeoise depuis qu’elle existe (disons le milieu du 19ème siècle). Et les succès remportés au sein de cette forme de gouvernement ont convaincu progressivement et sans que cela soit vraiment conscient, le mouvement ouvrier et populaire français, de ce que la démocratie bourgeoise était modifiable “de l’intérieur”. Le succès de la lutte contre les antidreyfusards, la conquête du suffrage universel, pour les hommes, puis pour les femmes, les victoires du Front populaire, etc., ont forgé l’idée que la démocratie bourgeoise était réformable “de l’intérieur”. Et puis nous relevons d’une culture méditerranénne particulière, celle de la démocratie des cités esclavagistes antiques. Enfin, nous sommes coiffés par la culture et l’idéologie propres à ce bassin maritime, à savoir le monothéisme. Toutes ces racines lointaines irriguent, à mon avis, la conscience populaire et notre conscience communiste. Il faudra porter le fer dans ces tréfonds de l’inconscient populaire, et donc d’abord dans le nôtre, pour acquérir la conviction intime, profonde, inébranlable, que la démocratie bourgeoise est un bloc et qu’elle ne se réforme pas.

Le deuxième point de théorie et d’idéologie que je crois très important à considérer pour expliquer cette période et son aboutissement désastreux est la théorie du capitalisme monopoliste d’Etat telle qu’elle fut élaborée par Paul Boccara au milieu des années 1960 puis diffusée et reprise au sein du Parti communiste français. Je pense que cette théorie était éclairante, justifiée. Mais elle a fonctionné de manière idéologiquement perverse en créant l’illusion, dans l’encadrement du parti et dans la conscience populaire, que la révolution était irresistiblement en marche. En gros, les communistes ont cru qu’il était possible de réaliser “un keynésianisme de gauche” tout en laissant le Capital financier (cette invention conceptuelle fondamentale des débuts du 20ème siècle) en surplomb de cette réalisation.

Au total, dans la profondeur inconsciente des consciences, si je puis dire, il y aurait eu la conjonction d’une théorisation économique idéologiquement vérolée et d’une pratique politique illusoire, servant de base nourricière à toutes les pratiques désastreuses, à tous les accidents historiques qui font la quotidienneté de la vie d’une organisation telle que le PCF.

Ce que j’avance ici n’est qu’une hypothèse, qu’il faudrait d’ailleurs développer. Il faudrait voir comment elle peut être généralisée aux autres pays européens. Mais bon, nous en sommes tous là. Nous réfléchissons. Cela dit, le temps presse. JC Delaunay

Quelques éléments de réflexion en réponse par Danielle Bleitrach

je suis d’accord certes d’une manière superficielle et plus instinctive que raisonnée avec tes deux propositions jean claude. Tout cela a besoin d’être approfondi.

  1. le Parlementarisme..

La première illusion que tu soulignes est celle du parlementarisme, ce que Marx (avec ce qu’il revendique lui-même comme ce mélange nécessaire de grossièreté et de subtilité de la polémique politique) appelle le crétinisme parlementaire. (1)

La tentative de substituer Jaurès à Lénine et Marx dit tout sur le niveau des exigences. Quand on lit les critiques argumentées de Rosa Luxembourg sur Jaurés on voit bien le rôle que l’on fait jouer au dit Jaurés dont la grande vertu est d’avoir été assassiné pour son refus de la guerre, mais qui sur le fond est tout sauf un révolutionnaire.

Si le socialisme à la Française du 22e Congrès articule luttes et élections, à partir du moment où de surcroît est entamée la destruction de l’avant–garde et du parti révolutionnaire, en le coupant de la classe ouvrière et des couches populaires, en faisant l’instrument privilégié des atermoements des couches moyennes, le socialisme lui-même peut être supprimé.

Ce parlementarisme en outre correspond bien aux choix opéré à la chute de l’URSS. Ne rien fouiller théoriquement, adopter les critiques démocratiques de la bourgeoisie et quand on sait à quel point le PCF français était la fille bien aimée et fidèle de l’uRSS, la suivant en tout, en particulier dans son analyse internationale, ce rejet du père dépouillait totalement le parti. Là-dessus le choix pratique de privilégier les élus, de tout faire pour en conserver qui demeure le seul et le plus fondamental aujourd’hui puisqu’il n’est toujours pas question du but, le socialisme a encore accentué la tendance au crétinisme parlementaire, quel que soit par ailleurs le courage et la volonté d’agir en communiste de la plupart de nos élus. Et il faut bien souligner cela ce qui est resté et s’est parfois même amplifié c’est la moralisation du choix d’être communiste, simplement comme disparaissait le but, les fondements théoriques ça a été un espèce de retour vers la charité… Charité envers les pauvres, charité envers les immigrés, envers les femmes, envers les homosexuels, le tout avec l’incapacité de fait d’attirer sur des bases révolutionnaire ceux que l’on prétend défendre et donc de forcer sur le communautarisme. Ce qui d’ailleurs périodiquement rentre en contradiction avec l’autre versant du parlementarisme à a française, le républicanisme jacobin… avec l’impossible “dépassement” quand manque l’abolition révolutionnaire, on est en plein “balancement”, la dialectique proudhonienne “à la française” selon Marx toujours moqueur.

Il serait intéressant de voir ce que cette dérive du pCF a produit dans la francophonie et chez les partis communistes de cette francophonie, et cela vient de loin.

2. Le rôle du Capitalisme monopoliste d’Etat


Le deuxième point que tu soulèves me paraît effectivement important. Paul Boccara a en fait emprunté le CME a Boukharine et il a pris tout le lot. Si ‘lon ajoute à cela que dans la dérive décrite plus haut, celle du crétinisme parlementaire et de l’adoption de la démocratie bourgeoise comme le test ultime des pratiques communistes, il y a eu deux références au marxisme qui toutes les deux niaient de fait le léninisme.

Celle de la section économique avec une méfiance toute boukharienienne face à la dictature du prolétariat et le rôle de l’Etat. Ce que paraissait vérifier la chute de l’URSS. Il y avait deux manières de s’échapper de cet enfermement dans l’Etat national s’appropriant la dictature du prolétariat, celle déjà de Boukharine privilégiant une intervention de la base cotre cet Etat que Lénine lui même décrivait comme à déformation bureaucratique. Incontestablement dans ce domaine la pensée de Paul est riche, la proposition des nouveaux critères de gestion est riche, le secteur économique est avec l’ancien de Le guen (science, ingénieur et cadre) le seul à défendre une relation avec l’entreprise et les “producteurs”, alors que le reste du parti dont on a détruit les cellules d’entreprise, coupé les liens avec la CGT, est devenu en bon parti social démocrate, un lieu de localité qui intervient au meilleur des cas en soutien des élus.

Le deuxième point de la boukharinienne section économique pour fuir l’Etat national est la défense éperdu d’un espace qui nie cet Etat-nation et qui est l’uE, quelle que sot ses tares. C’est comme pour les nouveaux critères de gestion, on croit pouvoir réformer, transformer de l’intérieur sans rupture. sans dictature du prolétariat, sans socialisme, par une transition douce, un dépassement… et bien sur cela n’arrive jamais au contraire, la rupture est de plus en plus aggravée avec la classe productrice, avec les couches populaire.

Les seuls qui maintiennent le lien avec les préoccupations populaires sont alors les élus, à leur manière. Notons brièvement que cette rupture du “politique” avec la défense basique des travailleurs a certainement des incidences sur le syndicalisme, dans lequel s’exaspèrent les oppositions entre syndicalisme révolutionnaire et pratique dans les institutions, ce qui théoriquement ne s’oppose pas devient opposé par le parlementarisme, autant que le refus de la rupture socialiste.

Cela dit, il ne faut pas identifier totalement les travaux théoriques de Paul et leur adoption par des politiques pragmatiques et cyniques. Si à partir du 22 e Congrès des politiques aussi pragmatiques et cyniques que Kanapa et Fitterman rejoint plus tard par Roland Leroy, adoptent les thèses boukhariniennes du CME, c’est qu’ils font une analyse qui peut paraître ne pas manquer de pertinence et qui est celle d’un Berlinguer. En gros ils pensent comme ce dernier que la parabole révolutionnaire de la révolution d’octobre s’est fermé et qu’il faut donc s’en détacher sans pour autant rejoindre la Chine de Mao, dans lequel subsiste le léninisme. Il faut adopter pour l’Europe la social démocratie et en occuper tout l’espace. Ces politiques se moquent en général du théorique et l’utilisent pour mener à bien leurs combats internes. Cela s’est reproduit au 38 e Congrès où Friot est devenu le drapeau théorique des refondateurs…

Il y a une autre conservation du marxisme anti-léniniste par excellence, c’est le trotskisme.

3;L’influence trotskiste

Celui-ci pour moi intervient sous une double forme. Comme je l’écris dans mes mémoires je suis convaincue qu’une bonne part des “contestataires de Georges marchais des années quatre-vingt le font sous l’influence d’une alliance Mitterrand Berlinguer, donc de l’eurocommunisme mais les plus formés d’entre eux sont trotskistes et souhaitent en finir avec ce parti. Ils vont systématiquement faire monter des trotskistes au plus haut niveau de l’appareil, ceux-ci adhèrent en groupe… Ils vont sans doute contribuer à l’opération melenchon, mais en bon trotskistes ils sont développer entre eux des luttes de fraction, d’où l’affrontement sans objet entre Pierre Laurent et Melenchon.


Qui sont les trotskistes certains voient en eux des flics qui ont toujours depuis Lénine oeuvré en fraction avec reconquête et destruction du centre, j’ai là-dessus ici publié pas mal de textes de Lénine dans lequel il note la manière dont Boukharine en quelque sorte constitue un groupe tampon puisque dans les deux cas c’est la haine de la dictature du prolétariat sur des bases différents mais il y a des convergences.

Ce qui est sur c’est que la manoeuvres pour déstabiliser la direction issue du 38 e congrès est totalement trotskiste, un cas d’école. Il y a eu occupation du centre pour créer l’inertie de “l’Etat-major” et lui substituer un travail purement fractionnel sur les responsabilité qui auraient dû être assumées pour le collectif: le travail ainsi conçu a été opéré sur la formation, sur la question feminine, sur la célébration des 100 ans du parti, sur la culture, sur l’international, sur la presse communiste, le tout mis au service de la fraction aux dépends du reste du parti. Après cela, il était aisé de montrer que les ambitions personnelles pouvaient mieux être satisfaites par eux. On voit bien la manoeuvre en ce qui concerne cette signature d’un manifeste, mais on ne voit pas que l’opération s’est accompagnée d’une autre, intégrer les économistes au PGE en vue de l’opération “internationale progressiste”…

Je crois personnellement que le trotskisme est une variante de la social démocratie totalement opposée au léninisme et qui de fait refuse la révolution, la transformation de la société, tout en rajoutant des exigences de pureté et de surenchère qui sont hors saison par rapport aux tâches concrètes, c’est du moins ce qu’il ressort de l’affrontement permanent entre Lénine et Trotski, ce sont des mencheviks avec lesquels il est possible parfois de mener des batailles comme avec toute social démocratie, comme cette social démocratie ils sont un des symptômes de l’état des couches moyennes.

C’est pourquoi il m’a semblé que la clé n’était pas seulement dans l’analyse du jeu des forces politiques mais dans la recomposition effective du capital et la manière dont il attire dans son orbite la social démocratie. La mitterrandisme étant une étape fondamentale de cette mutation capitaliste, c’est d’elle dont il faut partir.


Il faut donc aboutir sans haine ni passion à l’analyse de la décomposition d’un parti jadis révolutionnaire en parti social-démocrate mais qui est de surcroit tiré vers ce qu’est devenue la social démocratie dans les pays occidentaux, un des partis du capital. Le PCF, je pense ambitionne consciemment ou inconsciemment de devenir une social démocratie qui aurait conservé des aspects anti-capitaliste et pour cela rejoindre ceux qui aspirent à un tel projet. Mais le parlementarisme, le fractionnisme ont repris leur logique propre et l’élection comme on le voit avec cette tribune n’a même plus de rivage et les individus se conduisent comme de simples arrivistes cherchant à assurer leurs place y compris sur la photo people

Danielle Bleitrach

(1) Pour que nul n’y voir une insulte gratuite à l’égard d’élus communistes par ailleurs tout à fait méritant et représentant ce qui se fait de mieux dans la France d’aujourd’hui, c’est une expression de Marx à laquelle je me réfère et qui renvoie à la lettre circulaire de Marx et d’Engels à Bebel, Liebknecht, Bracke et autres, septembre 1879 (Augewählte Breife. Lettres choisies, édition de l’Institut Marx-Engels-Lénine, 1934, pp. 302 et s.),
« Fin 1878, Bismarck avait réussi à obtenir une « loi d’exception » contre les socialistes, qui réduisit pratiquement le parti social-démocrate allemand à l’impuissance. De nombreux ouvriers et membres dirigeants du parti quittèrent l’Allemagne pour se rendre en Suisse, aux États-Unis, etc. Parmi les membres influents du parti, il y avait outre Liebknecht et Bebel, le « trio » C.-H. Schramm, Carl Hochberg et Edouard Bernstein qui, dans divers organes fondés en Suisse, se firent les porte-parole d’une nouvelle politique socialiste se caractérisant par l’abandon des principes révolutionnaires du prolétariat, l’adoption d’une attitude de compromis et de conciliation avec la bourgeoisie, la surestimation du réformisme petit-bourgeois, – en un mot, le « trio » se mit à préconiser un socialisme de salon que Marx et Engels se refusèrent à endosser sans protestation. Engels se chargea alors de rédiger, en son nom et au nom de Marx, une lettre-circulaire qu’il donna aux chefs du parti social-démocrate allemand Marx caractérisa ainsi les dirigeants du parti allemand: « Ils sont atteints de crétinisme parlementaire au point de se figurer qu’ils sont au-dessus de toute critique et de condamner la critique comme un crime de lèse-majesté! » »

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 712

Suite de l'article

2 Commentaires

  • lemoine001

    Avant tout chose il faudrait voir comment la société française a changé dans sa composition de classe, comment le capitalisme international a évolué. Ensuite il faut voir comment le Parti, aveugle à ces changements car occupé ailleurs, a changé dans sa composition sociologique, surtout dans son encadrement, au niveau des sections et des fédérations – la cooptation fonctionnant pour écarter les simples militants maniant insuffisamment le verbe pour exprimer les “subtilités” et les méandres de la politique du parti (telles que les exprime si bien sur le plan théorique aujourd’hui quelqu’un comme Bernard Friot). Tout cela qui a abouti, non pas à un “crétinisme parlementaire” mais plutôt à une “virtuosité parlementaire”. Les forces réellement militantes ont ainsi fondues (ce à quoi certains ont contribué activement en chassant ceux qui pouvaient les gêner) ou elles se sont appliquées à finasser. Cela a abouti à ce parti intelligent mais aphone tel que l’incarne si bien Pierre Laurent.

    Répondre
  • Pierre-Alain MILLET

    Sans doute faut-il mieux mesurer, au-delà des personnalités et des événements, comment cette évolution traduit les transformations sociales et du capital. J’ai un souvenir personnel qui me semble illustratif, et en même temps, je l’espère, porteur d’espoir…
    Fils d’enseignants communistes, petit-fils d’un postier socialiste qui s’était fait sanctionner par Mitterrand pour refus de la guerre en Algérie, et en avait rompu avec le PS, je suivais avec passion l’avancée du vietcong sur la carte publiée par l’humanité… j’ai souvenir de la bataille de la “réactualisation” du programme commun et des ma première participation aux élections de 1978… une douloureuse déception
    mais, passant le BAC en 75, je sais que je vais faire des études, je me vois à l’époque comme “chercheur”.. donc je ne suis pas ouvrier, je le sais et je sais pourtant que c’est la classe ouvrière qui fait la révolution.. (peut-on dire qu’on commence toujours par l’idéalisme, et que c’est un travail que de découvrir le réel?… sauf bien sûr quand on est dans le process de production !) Mes premières expériences de travail en usine l’été ne font que me confirmer dans cette idée que je ne suis qu’un “allié” de la classe ouvrière…
    Résultat, en 1976, je comprends le 22ème congrès et l’abandon de la dictature du prolétariat comme une ouverture ! J’ai le droit de participer à la révolution, puisque tout le monde y a sa place…
    Et sur cette base idéaliste, j’adhère au PCF.. Heureusement, la JC est en pleine essor et je consolide une pratique politique militante, avec l’immense épopée des présidentielles de 1981 avec la JC, Ah le stade de Gerland! Ah le vélodrome ! … je ne comprends rien aux débats de l’UEC autour des althussériens, mais un solide anti-socialisme me pousse à chercher des repères communistes..
    Ce n’est pas un long fleuve tranquille… mais une chance, ma découverte de Vénissieux, d’une section ouvrière, d’un quartier populaire, de la vie de cellule… et du travail d’informaticien en gestion industrielle.

    30 ans plus tard, je relirai le 22eme congrès avec un tout autre point de vue…

    Bref, je suis représentatif des couches moyennes qui dans ces années là, même en recherchant une radicalité, notamment internationale, sont de fait porteuses d’un compromis avec le capital qui à l’époque développe fortement ces couches moyennes dans la fin des trente glorieuses… J’ai aussi le souvenir des premières années militantes à vénissieux et de la découverte des contradictions ouvrières… comme dans la chimie, entre les intérimaires, immigrés, manutentionnaires soumis à tous les risques, et les ouvriers qualifiés et techniciens, fortement syndiqués et organisés, qui travaillent dans la maintenance ou la supervision… C’est bien aussi ces contradictions dans l’organisation du travail, avec l’automatisation et l’externalisation, les cercles de qualité et la précarisation…

    De fait, une large part de la classe ouvrière fière de ses acquis est d’abord préoccupée par bien les gérer… ne voyant pas venir la contre-offensive du capital pour les détruire…

    Les communistes n’ont pas été inactifs ! Il y a la célèbre “nuit bleue” de la JC contre les négriers de l’intérim, les cahiers de la misère, mais au final, c’est la poussée de l’histoire et la place du communiste municipal qui doit répondre aux besoins de tous, donc aussi de ces couches moyennes très demandeuses de nouveaux services…

    Rien n’excuse les responsabilités individuelles de dirigeants, mais ce serait de l’idéalisme que de croire qu’il aurait suffit de remplacer dupond par durand pour résoudre le problème… Quand Robert Hue supprime la coordination des sections de grandes entreprises, beaucoup d’entre elles sont en difficulté, et à Vénissieux, la section de RVI vient de se saborder…

    Mais on peut porter une lecture d’espoir de cette histoire longue qui nous a conduit à la défaite, au recul, et dans certains pays, à la disparition… Car nous savons désormais ! et le réel bouscule tout et notamment ces couches moyennes qui croient de moins en moins être du bon coté ! Même si le capital fera attention à soigner une partie des fonctionnaires, notamment dans l’enseignement…

    Une habitant des minguettes rencontrées devant un point de distribution de paniers de légumes pendant le confinement, une habitante qui n’est pas une militante et que je ne connais pas, me dit “c’est quand même incroyable, on est devenu un pays sous-développé”… Cette conscience populaire et malgré la guerre idéologique, la perception du monde que portent notamment les populations immigrées est radicalement différente de celle des années 70/80…

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.