Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

PCF : les différentes étapes de l’évolution théorique du PCF (récapitulatif)

Gilles Questiaux a fait un bref récapitulatif des diverses étapes de l’abandon de certains concepts. Notons que c’est jusqu’en 1996 pour définir un socialisme à la française. Tout s’accélère à partir du moment où au congrès de 1994, Marchais laisse la place à Robert Hue. Au départ les “abandons” ne prétendent pas mettre en cause la filiation révolutionnaire mais ce sont à la fois des termes qui ont acquis un sens négatif, même si comme la dictature la référence est la terreur et la révolution française interprétant l’antiquité. Mais peu à peu au terme contesté correspond d’autres abandons, des soumssions, des alliances à n’importe quel prix et cela aboutit avec la remise e cause du socialisme lui même? la seule resistance étant autour du communisme, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé de la part en particulier de Pierre Laurent. Nous sommes à une nouvelle étape momentanément freinée par le 38 e congrsè mais qui a repris de plus belle et qui je le répète correspond à des pratiques, destruction de l’organisation, de la formation, plus de presse communiste,etc… (note de danielle Bleitrach)

21 Novembre 2008 , Rédigé par Réveil CommunistePublié dans #Congrès du PCF depuis 2008

Abandon de la «dictature du prolétariat »

Rapport du Comité central au 22ème congrès de 1976 :

« Si la dictature du prolétariat ne figure pas dans le projet de document pour désigner le pouvoir politique dans la France socialiste pour laquelle nous luttons, c’est parce qu’elle ne recouvre pas la réalité, de notre politique, la réalité de ce que nous proposons au pays. »

« Contrairement à tout ceci, la dictature évoque automatiquement les régimes fascistes de Hitler, Mussolini, Salazar et Franco, c’est à dire la négation même de la démocratie. Ce n’est pas ce que nous voulons. Quant au prolétariat, il évoque aujourd’hui le noyau ; le cœur de la classe ouvrière. Si son rôle est essentiel, il ne représente pas la totalité de celle ci, et à plus forte raison l’ensemble des travailleurs dont Ie pouvoir socialiste que nous envisageons sera I’émanation.

Il est donc évident que l’on ne pout qualifier de dictature du prolétariat ce que nous proposons aux travailleurs, à notre peuple. »

« En luttant aujourd’hui pour les transformations démocratiques prévues par le Programme commun, nous offrons la meilleure base au rassemblement des larges masses populaires, capable d’assurer le remplacement du pouvoir des monopoles par un pouvoir démocratique nouveau. »

« Dans notre pays, l’idée du Front populaire, qui devint réalité en 1936, ne se trouvait pas toute élaborée dans Marx ou dans Lénine. Elle se fondait sur les principes généraux du socialisme scientifique et sur une analyse concrète de la realité concrète.

De multiples autres exemples pourraient etre pris qui montrent que notre démarche d’aujourd’hui puise son inspiration à la source vivante de la théorie et de la pratique révolutionnaires de notre mouvement. Tels sont les fondements de notre position, les raisons qui nous conduisent à proposer la voie démocratique définie par le projet de document.

C’est aussi pourquoi la dictature du protétariat ne figure pas dans le projet de document.

En conséquence, et comme l’ont demandé toutes les conférences fédérales, nous proposons au Congrès de décider I’abandon de cette notion (applaudissements).

Nous proposons également au Congrès de charger le Comité central que nous allons élire de soumettre au prochain Congrès du Parti les modifications nécessaires à apporter au Préambule des Statuts. »

Rapport de la commission des amendements au 22ème congrès de 1976 :

« Elle est née de la décision soigneusement pesée du Comité central de ne pas avoir recours à cette notion parce qu’elle ne correspond pas à notre conception du pouvoir socialiste dans la France que nous voulons et elle est née simultanément de la réflexion des membres du Parti sur cette absence. Cette façon de faire à favorisé la réflexion individuelle et Ia recherche collective, la liberté de la discussion et Ie rassemblement des opinions. Et à partir d’un moment, l’intervention du secrétaire général du Parti a encore – comme l’ont dit les camarades – stimulé, impulsé, enrichi les discussions. Bien plus : elle a puissamment contribué à intéresser les masses, l’opinion publique la plus large à notre Congrès à notre politique.

Non, jamais débat fut moins organisé à la sauvette que celui la !

Le résultat de ce débat est la, clair, éloquent, impressionnant : sur 22 705 délégues à nos 98 conférences fédérales, 113 seulement ont voté contre l’abandon de la dictature du prolétariat et 216 se sont abstenus. »

Note de danielle Bleitrach: cette affaire du 22 e Congrès fut ficelée par kanapa, et avec l’aide de Fitterman ils créérent un leurre, un débat sur la “morale” qui était destiné à occuper les “pinailleurs” intellectuels qui risquaient de ne pas accepter la suppression de la dictature du prolétariat, ce leurre marcha au-delà des espérances… Toutes les conférences tournèrent autour du débat sur la “morale”. Il faut dire qu’au 21 e congrès, l’abolition de la dictature du prolétariat avait été repoussée et le texte entièrement transformé. mais c’était sous l’impulsion de Roland Leroy chargé de gérer le congrès. Il était en effet invraisemblable en ce temps là de ne pas voter une résolution, on votait pour ou contre tel amendement mais celui qui osait voter contre la Résolution ou s’abstenait se mettait en quelque sorte hors du parti. la résolution symbolisant l’unité finale après débats et expressions contradictoire à travers les amendements. Il le semble que pour saisir l’esprit du XXIIe Congrès il faudrait retrouver le nombre d’amendements ayant trait à la morale. Ce congrès marque un changement et encore plus au 23 e dans l’entrée massive des intellectuels, y compris au BP. L’abandon de la dictature du prolétariat est présentée dans la logique de l’innovation sur le rassemblement et la conception du socialisme à la française dans le prolongement du Manifeste de Champigny. Cette initiaitive est bien dans la logique de la stratégie qui d’après-moi part de la situation de la libération et de la fin du Comintern, c’est-à-dire que les rapports des forces permettraient un passage pacifique au socialisme avec en toile de fond l’espérance de la révolution portugaise et la signature du programme commun. Pourtant à aucun moment n’est remis en cause au contraire l’idée d’un parti d’avant garde, la résolution reste adoptée à l’unanimité. Pas plus que n’est remis en cause le rôle de l’uRSS, à tel point qu’il n’y a pas de délégation chinoise invitée tant le pCF prend position dans la querelle sino-soviétique.

Abandon du « marxisme-léninisme »

Rapport de la commission des statuts au 23ème congrès de 1979 :

« C’est vrai d’une vue plus évolutive et plus active sur les problèmes du socialisme scientifique qui a conduit, tout en soulignant l’apport premier, essentiel de Marx et Engels, les développements considérables de Lénine, à renoncer à la formule marxisme-léninisme.

Non pas pour atténuer le rôle immense des grands révolutionnaires qui ont élaboré les fondements de notre théorie, mais pour bien en souligner, comme l’a largement fait le rapport de Georges Marchais, le caractère vivant, en développement.

Une théorie qui s’enrichit des apports dus à l’avancement du savoir et à l’expérience sociale sous tous ses aspects. »

Danielle Bleitrach: L’idée d’abandonner e marxisme léninisme fut assortie de commentaires sur le fait que Marx lui-même se déclarait non marxiste. mais il n’était pas question de rompre ni avec Marx et Lénine. Des brochures sortaient sur Staline comme celle concernant les textes de Staline traduits par Françoise Sève et commenté par Francis Cohen.

C’est l’époque où il est laissé une large autonomie à la recherche y compris au sein des publications du parti. C’est de ce moment-là que personnellement je date la constitution d’un groupe de plus en plus proche des italiens et de leur alliance avec Mitterrand et proche également des Trotskistes,dans lequel Guy Hermier, député des Bouches du Rhône, responsable aux intellectuels et directeur de Révolution dont je suis rédactrice en chef adjointe, joue un rôle central. Je décris tout cela dans mes mémoires. Il faut dire que Georges Marchais, désireux de sortir du gouvernement de Mitterrand et de sa politique de “restructuration industrielle” est de plus en plus l’objet de la contestation de ces secteurs à qui il est obligé de laisser la bride sur le cou.

Mais incontestablement la fin de l’URSS, le désarroi qui s’en est suivi a déclenché un processus qui a accéléré toutes ces “innovations”, en reprenant celle inaugurée par Kanapa de l’abandon de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire l’eurocommunisme avec les résultat qu’il a donné en espagne, en italie. Il ne s’agit plus seulement d’accorder du lest idéologique aux intellectuels remuant en faveur de l’union de la gauche avec Mitterrand, mais bien de remettre en cause les fondements mêmes d’un parti révolutionaire.

Abandon du « centralisme démocratique »

Extraits du document « Le Manifeste » au 28ème congrès de 1994 :

« Les fondateurs du Parti communiste ont choisi pour principe de fonctionnement le centralisme démocratique. Ce principe a permis de se dégager de la pratique profondément antidémocratique des « tendances » à laquelle il ne peut etre question de revenir avec ses enjeux de pouvoir et ses compromis entre leaders qui cristallisent les positions et conduisent à ce que les adherents n’ont pas de prise réelle sur les choix de leur propre parti et à ce que les électeurs n’ont aucune assurance que les engagements qu’il prend seront tenus. Mais il correspond à une conception du combat révolutionnaire qui fut celle du Parti communiste, qui n’est plus la sienne, et qui dolt aujourd’hui être pleinement dépassée : celle qui attribuait à ce parti un role de direction de la transformation sociale et mesurait sa capacité de jouer ce role a son unité de pensée et d’action autour de la ligne politique décidée centralement. Cette conception conduisait à confondre unité et uniformité et donc à considérer comme des adversaires potentiels, à combattre, à mettre à I’écart des communistes sincères qui n’étaient pas d’accord avec cette ligne et le disaient. Le Parti communiste, ses militants le regrettent et ne veulent plus que de tels faits puissant se reproduire.

Certes, l’application concrète de ce principe à beaucoup varié selon les époques. II fut un temps ou la direction du Parti exerça sur celui ci un pouvoir outrepassant celui que le centralisme démocratique lui conférait. Inversement, son renouvellement à amené dans les faits le Parti communiste à s’éloigner de plus en plus de ce principe, notamment à partir du 25e Congrès en 1985, lorsque fut décidé de distinguer les positions prises dans la tenue et la conclusion des débats politiques et les critères d’élection des dirigeants. La volonté politique qui marqua le 27e Congrès en 1990 de « travailler ensemble » à tous les niveaux du Parti entre communistes tels qu’ils sont, donc de sensibilités et d’opinions différentes, à constitué un tournant irréversible. Cette volonté à impliqué que le respect d’autrui, la totale liberté de ton, I’écoute mutuelle président aux rapports entre les adhérents, et que ceux ci deviennent de mieux en mieux les maitres de leur parti. A son 28e Congrès, le Parti communiste décide de tirer toutes les implications de ces évolutions. Il appelle tous ceux qui ont été membres du Parti communiste français ou qui se considèrent communistes de coeur à prendre ou à reprendre leur place au sein du PCF pour contribuer à son activité et à son renouvellement. Parce qu’il considère que c’est dans la démocratie, c’est a dire l’intervention consciente du peuple, de chaque individu, que réside la solution aux problèmes posés, il adopte des regles de vie entièrement conçues pour libérer les capacités d’initiative et de créativité des communistes, pour dépasser la coupure omnipresente dans notre société entre ceux qui décident et ceux qui exécutent, dirigeants et dirigés. »

Abandon de « la lutte pour le socialisme » comme projet de société

Discussions sur les amendements au document « Sur le projet du Parti communiste » au 29ème congrès de 1996 :

« Le terme de socialisme renvoyait à plusieurs notions. Il renvoie à un courant de pensée, courant de contestations de la société capitaliste née du socialisme utopique prolongées par les luttes sociales du XIXe siècle, nourries de l’espérance sociale qu’a fait naître la Commune, l’aspiration sociale qu’incarne le socialisme de Jaurès.

Mais le socialisme exprime aussi une société de transition, une étape ou on changerait d’en haut les conditions économiques et matérielles de la société selon des critères prédéterminés, étape théorisée et modélisée à partir du stalinisme dans les pays de l’Est.

La commission n’a pas voulu retenir ce qui fait référence à une étape théorisée. »

Extraits du document adopté au 29ème congrès de 1996 :

« C’est en ce sens que nous parlons de « dépassement du capitalisme » pour caractériser cette conception neuve de la révolution.

Dépassement n’est pas adaptation : il ne s’agit en rien d’en rabattre sur l’objectif, qui est de passer à une autre organisation sociale. Mais il n’est pas non plus « abolition » brusque, par décret, dont l’histoire à montré qu’elle ne prémunit ni contre les tares de l’ordre ancien, ni meme contre sa restauration. Le terme de « dépassement » correspond à la conception d’un processus de transformation de la société dont le rythme, la durée dépendent du peuple qui permette de mettre en cause, jusqu’à les supprimer, l’exploitation, l’aliénation, les dominations, non pas en faisant table rase de la société actuelle, mais en s’appuyant, dans ce combat, sur le développement des acquis, besoins, potentiels de cette société. Nul ne peut prétendre définir à l’avance les constructions politiques et les ruptures par lesquelles cette transformation socialiste s’effectue, au rythme des luttes et des votes du peuple. »

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5 Commentaires

  • Jean-Pierre HELOIR
    Jean-Pierre HELOIR

    Le 22e congrès a été le premier virage.Le débat sur le fond a été complètement escamote, comme le souligne l’article. Mais même si dans de nombreuses conférences de sections l’opposition était importante, le filtrage au niveau des fédérations à fait le reste. Quant au centralisme démocratique, je me souviens de discussions avec des camarades du Pas de Calais qui s’étaient opposés au changement de statut mais avaient voté la résolution qui pourtant était en cohérence avec les nouveaux statuts. De la même façon le passage au niveau fédéral a fait le tri, même si dans la conférence fédérale du 94 le débat avait été vif.
    Merci pour ce rappel historique (cela fait bizarre de considérer que ce vécu est “historique”). Mais dans la situation où nous sommes j’ai du mal à trouver des perspectives sauf à mener un combat au jour le jour sur quelques revendications concrètes.

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  • Yannick H
    Yannick H

    Merci infiniment Danielle pour ces extraits très éclairants sur les “forces” responsables de ce désastre.
    Je me pose la question de savoir comment la pauvreté des arguments présentés à pu convaincre la quasi unanimité des camarades d’abandonner la dictature du prolétariat ? (Danielle tu ne nous dis pas quel fut ton vote)
    Merci Jean-Pierre pour ton complément qui montre qu’il y a bien eu des débats oraux pour la gloire mais que les fédérations étaient déjà gangrénées. Avez vous des écrits de l’époque , tribunes, pamphlets, … ?
    Cela ne les a pas gêné de remettre en cause les fondamentaux et des décennies de travaux de camarades, intellectuels, travailleurs engagés dans la cause prolétarienne ?
    Je note que les arguments jouaient sur l’ambiguïté de la sémantique permettant de procéder à des raccourcis malheureux. Cette pratique est désormais reprise quotidiennement par nos politiciens.

    Cela me fait penser à la manière dont Boris Elstine annonce la suppression du parti communiste d’URSS en interrompant Gorbatchev en pleine session parlementaire. Ce qui est toujours présenté comme la victoire de la Démocratie est en réalité un acte de la plus grande violence et d’une bêtise que même les régimes fascistes du début du XXe siècle n’avaient pas osé mettre en pratique.
    Un récent documentaire anglo-saxon sur le nazisme se posait même la question de savoir pourquoi le Parlemenent du Reich avait gardé une si grande importance jusqu’à la capitulation alors que dans nos démocraties présidentielles occidentales il n’a plus aucun pouvoir.

    Encore plus récemment la condamnation quasi unanime de quelques affiches de valeureux camarades d’info com CGT visant Laurent Berger, de Bézieux et Pénicaud m’inquiète également car il n’y a eu aucun débat ni soutien inconditionnel et fraternel envers des camarades du même syndicat qui affrontent en première ligne l’ennemi de classe.
    Toute la partie stratégique pour lutter contre l’ennemi de classe est balayé au nom du respect de valeurs anti discrimination caution démocratique de nos régimes.
    Plus étonnant les arguments présentés par les auteurs de l’affiche “sado maso” ont été balayé et fermement condamnés par les apparatchiks du syndicat qui se reconnaissent le droit de faire justice.
    Cela me rappel la façon dont Thierry Lepaon a pu devenir Secrétaire Général de la CGT par ces mêmes apparatchiks alors qu’au même moment il reconnaissait les arguments du patronat sur la nécessité de mettre fin aux 35h.

    Ces mêmes apparatchiks CGT soutenant actuellement que la présidence de Laurent Berger à la CES est en réalité une manière de mieux le contrôler, argument qui n’est pas s’en rappeler celui avancé en 1933 lors de l’accession a la chancellerie d’un caporal autrichien !

    Les discours pro Union Européenne sont du même niveau, si seulement ils avaient l’éclair de lucidité de remplacer ces termes par Solidarité Internationale …

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    • Danielle Bleitrach

      le 22e congrès ; mes votes, à l’époque je n’avais pas la moindre responsabilité dans le parti et donc je n’ai participé à la discussion qu’au niveau de ma cellule (je n’étais pas au COngrès ni même à la conférence fédérale). Dans ma cellule, les camarades étaient déchaînés;.. sur la morale… et nous avons envoyé le plus agité de nous tous sur la question qui était Michel Barak. Il a fait sur le sujet 25 interventions à la cOnférence fédérale ce qui a soulevé la colère des masses prolétariennes. Mais comme j’étais contre la suppression au 21 e congrès… Je m’étais ^particulièrement excitée sur une phrase (le CME abaisse l’Etat)… puisque la dictature du prolétariat certes renforces l’Etat mais c’est pour mieux le supprimer avec les classes sociales… bref j’étais aussi niaise que les autres… peut-être un peu moins en tant que chercheur puisque dans le livre que j’ai écris avec Alain Chenu sur l’Usine et la vie (Maspero) je notais quelque chose de tout à fait pertinent P.169 note 20: “on sait l’importance qu’ont prise ces questions dans la préparation du 22e Congrès du PCF. Le Monde a rendu compte des débats sur ce thème tels qu’ils se sont déroulés à la Conférence fédérale des Bouches du Rhône : les oppositions entre d’un côté direction et de l’autre côté les militants dit “intellectuels”avaient été particulièrement violentes. on attendait la bataille d’idées autour de la dictature du prolétariat; c’est autour de la morale q’elle s’est organisée. ne s’agissait-il pas dans la pratique de la même chose : l’hégémonie à l’inverse de la dictature, ne suppose-t-elle pas la capacité à dépasser les limites étroites de sa propre cohérence de classe ce qui est parfaitement difficile dans le cadre du mode de production capitaliste où cette cohérence est sans cesse remise par les formes mêmes de l’exploitation autant que par les luttes idéologiques et politiques dont la bourgeoisie en tant que classe doinante reste l’élément organisateur.”
      Bref cette citation du chercheur déjà reconnu et considéré comme un des meilleurs de la profession, avait dans ce travail fort apprécié de bourdieu perçu quelque chose que la militante ne voyait pas, la différence entre hégémonie et dictature du prolétariat avec l’interrogation si c’est la bourgeoisie qui organiser les débats par quel moyen briser le pouvoir de la bourgeoisie mais je ne pensais pas à Kanapa et à sa manipulation cynique. Alors que Lénine quelles que soit les circonstances poussait le débat.

      Quand je deviens membre du Comité central comme tu pourras le voir dans mon livre, je suis pendant 15 ans trés disciplinée et même si j’ai des doutes par exemple sur la participation gouvernementale je les garde pour moi et je répète les conclusions du comité central puisque telle est ma responsabilité. Je veille à la mise en oeuvre des décisions pour la part qui me concerne.

      C’est avec le grand mouvement de 1995 que je rue dans les brancards. Entre temps comme d’autres, J’ai refusé l’abandon du centralisme démocratique et je me suis prononcée contre plusieurs textes au Comité devenu national. Mais quand je suis en délégation à l’étranger je répète ce que dit mon parti. Je me souviens quand j’ai rencontré en Inde des camarades Portugais qui s’interrogeaient sur notre dérive ou Risquet délégué de Cuba qui m’a interrogé sur Hue, j’en pensais le plus grand mal mais je n’en ai pas dit un mot. J’ai été la seule à intervenir contre la participation au gouvernement qui se profilait en exigeant qu’au moins on prévienne les militants. Et c’est à la suite du refus de mettre la question en débat et alors même que le congrès se préparait sur la mutation et l’intervention citoyenne alors qu’on enlevait la liberté au militants de se prononcer sur l’essentiel que j’ai quitté le CN. A ce moment-là je me suis sentie libre de dire ce que je pensais. Il y avait un contrat moral pour moi à être membre du comité central,celui de représenter le collectif.

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  • Jean-Claude Delaunay
    Jean-Claude Delaunay

    Nous n’avons pas fini de réfléchir à ces aspects de notre histoire. Merci donc à Gilles Questiaux et à Danièle Bleitrach pour ce travail d’élaboration et de diffusion. Je crois cependant qu’il faut aller plus en profondeur que ce rappel des faits de surface. Je me permets de suggérer deux causes plus anciennes et plus profondes.

    La première est la pratique de la démocratie bourgeoise par le mouvement ouvrier français. Nous sommes englués dans la démocratie bourgeoise depuis qu’elle existe (disons le milieu du 19ème siècle). Et les succès remportés au sein de cette forme de gouvernement ont convaincu progressivement et sans que cela soit vraiment conscient, le mouvement ouvrier et populaire français, de ce que la démocratie bourgeoise était modifiable “de l’intérieur”. Le succès de la lutte contre les antidreyfusards, la conquête du suffrage universel, pour les hommes, puis pour les femmes, les victoires du Front populaire, etc., ont forgé l’idée que la démocratie bourgeoise était réformable “de l’intérieur”. Et puis nous relevons d’une culture méditerranénne particulière, celle de la démocratie des cités esclavagistes antiques. Enfin, nous sommes coiffés par la culture et l’idéologie propres à ce bassin maritime, à savoir le monothéisme. Toutes ces racines lointaines irriguent, à mon avis, la conscience populaire et notre conscience communiste. Il faudra porter le fer dans ces tréfonds de l’inconscient populaire, et donc d’abord dans le nôtre, pour acquérir la conviction intime, profonde, inébranlable, que la démocratie bourgeoise est un bloc et qu’elle ne se réforme pas.

    Le deuxième point de théorie et d’idéologie que je crois très important à considérer pour expliquer cette période et son aboutissement désastreux est la théorie du capitalisme monopoliste d’Etat telle qu’elle fut élaborée par Paul Boccara au milieu des années 1960 puis diffusée et reprise au sein du Parti communiste français. Je pense que cette théorie était éclairante, justifiée. Mais elle a fonctionné de manière idéologiquement perverse en créant l’illusion, dans l’encadrement du parti et dans la conscience populaire, que la révolution était irresistiblement en marche. En gros, les communistes ont cru qu’il était possible de réaliser “un keynésianisme de gauche” tout en laissant le Capital financier (cette invention conceptuelle fondamentale des débuts du 20ème siècle) en surplomb de cette réalisation.

    Au total, dans la profondeur inconsciente des consciences, si je puis dire, il y aurait eu la conjonction d’une théorisation économique idéologiquement vérolée et d’une pratique politique illusoire, servant de base nourricière à toutes les pratiques désastreuses, à tous les accidents historiques qui font la quotidienneté de la vie d’une organisation telle que le PCF.

    Ce que j’avance ici n’est qu’une hypothèse, qu’il faudrait d’ailleurs développer. Il faudrait voir comment elle peut être généralisée aux autres pays européens. Mais bon, nous en sommes tous là. Nous réfléchissons. Cela dit, le temps presse. JC Delaunay

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    • Danielle Bleitrach

      je suis d’accord certes d’une manière superficielle et plus instinctive que raisonnée avec tes deux propositions jean claude. je vais d’ailleurs reprendre ton texte, en faire un sujet de débat assorti de mes propres remarques.

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