Je crois que je n’ai jamais ressenti avec une plus douloureuse humiliation ce que mon parti le PCF était devenu qu’en lisant ce texte de Fidel Castro. C’était le 22 avril 2020, la journée se terminait sans que les nains qui sont depuis pas mal d’années à la tête du PCF et tous ceux qui se sont tus, ces enfants perdus d’un appareil détruit par leurs caprices, célèbrent ces 150 ans de la naissance de Lénine. Ils nous ont fait croire que c’était Staline qu’ils dénonçaient mais désormais éclate au grand jour leur réalité, ce qui leur manque c’est tout ce qui caractérise Lénine, le courage y compris moral, c’est le travail théorique autant que révolutionnaire, ils sont tout ce que Lénine n’a cessé de dénoncer la lâcheté, le crétinisme, la vanité, la corruption. J’ai ressenti une honte qui m’a amené les larmes aux yeux devant ce que ce parti était devenu aux mains de ces gens-là, comment ces nains en matière politique avaient honte de célébrer ce géant… Ils avaient raison de se taire, ils auraient sali Lénine en osant prononcer son nom (note et traduction de Danielle Bleitrach).
Il faut dire que Lénine n’a pas seulement été l’un des hommes les plus créatifs, les plus combattifs et les plus brillants, mais aussi l’un des hommes les plus courageux, moralement courageux. Courage qu’il a montré dans des épreuves très difficiles, dans des décisions très difficiles, tout au long de sa vie et tout au long du processus révolutionnaire
Auteur: Fidel Castro Ruz | internet@granma.cu
22 avril 2020 00:04:41
Rarement dans aucun processus – et peut-être jamais dans un processus politique – une pensée, un esprit, une intelligence n’a pu apporter une si grande contribution. Et c’est que Lénine était un chercheur infatigable, un travailleur infatigable. Et on peut dire que, puisqu’il était politiquement conscient, il n’a pas omis un seul instant tout au long de sa vie, il n’a pas omis un seul instant de chercher, d’étudier et de travailler sur le chemin de la révolution.
Aucun gladiateur n’a mené plus de combats idéologiques que Lénine. Le nombre de batailles qu’il a menées dans le domaine idéologique est étonnant. Et son histoire n’est pas dans ce cas comparable à l’histoire d’autres hommes qui ont fait des actes extraordinaires en matière de mérites personnels.
Lénine est l’un de ces cas humains vraiment exceptionnels. La simple lecture de sa vie, de son histoire et de son travail, l’analyse la plus objective de la manière dont sa pensée et son activité se sont déroulées tout au long de sa vie, font de lui aux yeux de tous les humains un homme vraiment exceptionnel – je le répète -.
Lénine a eu l’occasion non seulement de développer la théorie, mais a également trouvé le champ d’action concret et l’occasion de la mettre en pratique.
L’hommage à Lénine peut lui être rendu d’un point de vue sentimental. Mais lorsque on étudie réellement son travail et sa vie lorsque sa pensée et sa doctrine sont étudiées, les peuples acquièrent ce qui pourrait être appelé un véritable trésor du point de vue politique.
Lorsqu’une évaluation est faite des personnalités au plus haut niveau – je le répète – de l’histoire, Lénine, avec Marx, excellera parmi les hommes, dont les pensées, les intelligences, les comportements auront eu la plus grande importance dans l’histoire de l’humanité.
Nous nous souvenons quand, pendant les mois qui ont précédé le 26 juillet 1953, la plupart du petit groupe de compagnons qui se consacraient à ces tâches marchaient toujours avec les livres de Marx et de Lénine. Et nous nous souvenons que certains de ces livres de Lénine – parce qu’ils étaient de Lénine – sont tombés entre les mains de la police, dans les rafles qu’ils ont faites après la Moncada. Et nous nous souvenons comment, dans le procès de Moncada, un procureur, parmi ses accusations les plus graves, parmi ses questions les plus – disons – pièges, a demandé s’il était vrai que nous avions ces livres de Lénine et si ces livres de Lénine étaient les nôtres.
Lénine était dès le premier instant non seulement un théoricien de la politique, un philosophe de la politique, mais un homme d’action, un homme de pratique révolutionnaire constante et incessante, et il lui appartenait de développer cette doctrine et de l’appliquer dans des conditions si difficiles, qu’il est vraiment impossible d’imaginer des situations pires.
Des travaux de Lénine, nous tirons des conclusions décisives – bien sûr, quand je parle de léninisme, je parle de marxisme, des idées essentielles de Marx développées par Lénine – et une très spécifiquement de Lénine, qui était l’État et la Révolution, dans lequel il a clarifié tellement de concepts pour nous, qu’il nous a donné tellement de lumière quand il s’agissait d’élaborer la stratégie révolutionnaire, la lutte pour la conquête du pouvoir révolutionnaire, et combien il était décisif de pouvoir élaborer cette stratégie.
Lorsque les lumières de la pensée révolutionnaire en Europe ne tenaient aucun compte des révolutionnaires russes, quand ils regardaient avec un certain dédain même ces révolutionnaires, alors que beaucoup d’entre eux n’auraient même pas daigné s’intéresser à la pensée de Lénine, même la possibilité d’une révolution marxiste dans cette Russie des Tsars, Lénine a entrepris son long pèlerinage, son combat long et prolongé pour mener à bien la révolution marxiste dans les conditions de son pays.
Mais c’est qu’une étude vraiment objective de l’histoire n’admet pas de comparaison possible, elle n’admet pas de comparaison possible! Elle n’admet pas de mettre à côté de Lénine toute autre pensée, parce que la pensée de Lénine se détache du début à la fin et elle est l’épine dorsale, l’âme de ce processus.
Et c’est précisément au sein de ce pays, au sein de l’empire des tsars, que ce génie, véritablement génial, y naît et se développe et y applique, avec un sens extraordinairement créatif, la doctrine marxiste.
Il a défendu la doctrine de Marx contre toutes les mystifications, déformations. Il l’a défendue et a prouvé à quel point il avait raison. Les faits historiques ont montré comment tous ces courants contre lesquels Lénine luttait conduisaient, dans les différents pays d’Europe, à la crise du mouvement révolutionnaire, à l’échec du mouvement révolutionnaire, à la trahison du mouvement révolutionnaire.
Lénine a dit qu’une révolution valait la peine lorsqu’elle pouvait se défendre. A vrai dire, notre Révolution a montré qu’elle est capable de se défendre. Et elle se défend avec des instruments puissants.
Nous ne cesserons d’admirer Lénine et nous l’admirerons chaque jour davantage. Comme il nous manque!
Ils ne pouvaient jamais imaginer qu’un si petit pays ici, à côté du monstre et seul, sans la plus grande aide, pas un sou, pas une arme ou quoi que ce soit, mais par nos propres conclusions, aurait fait une révolution sociale aussi radicale et aussi profonde que celle que nous avons fait dans notre pays, inspiré par les idées patriotiques traditionnelles de notre peuple et de nos grands héros, Martí, mais aussi Marx, Lénine, Engels et les autres qui nous ont permis – moi pour le moins – d’avoir une idée de la société et du monde! »
Il faut dire que Lénine n’a pas seulement été l’un des hommes les plus créatifs, les plus combattants et les plus brillants, mais aussi l’un des hommes les plus courageux, moralement courageux. Courage qu’il a montré dans des épreuves très difficiles, dans des décisions très difficiles, tout au long de sa vie et tout au long du processus révolutionnaire.
Sources: Fragments de discours du commandant en chef Fidel Castro Ruz dans les années 1970, 1981, 1992 et 2001.
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Jean-Pierre
Oui, les choses ont bien changé au PCF…
J’ai lu en Russie des commentaires disant : s’il n’y avait pas le confinement, alors il y aurait beaucoup de célébrations publiques de Lénine, non pas de la part du pouvoir, mais des communistes ou des gens…bien au-delà du KPRF : Lénine est une fierté nationale pour ce qu’il a contribué à apporter au monde ! parce que tout de même, toutes les avancées sociales depuis 1917, hors de la Russie, sont aussi l’effet de la Révolution russe dans le rapport de forces idéologiques partout dans le monde ( même une tentative de révolution au Luxembourg : Juncker filerait dare-dare aux toilettes rien qu’à l’entendre évoquer – occupées !).
Je me rappelle qu’arrivant à la fac d’Orsay, j’avais apporté le livre d’Eftikos Bitsakis : Physique contemporaine et Matérialisme dialectique à un autre étudiant, intéressé ( cas rare).
Et il me dit, stupéfait, ensuite : ça alors, mais je ne voyais pas Lénine ainsi, je croyais qu’il était seulement un acteur et un penseur politique , mais je découvre qu’il connaissait de façon pointue toute la physique de son temps : c’est impressionnant !
Plus tard, en lisant des articles de Niels Bohr, moi, j’ai vu que leur conception de la matière était exactement la même – ils arrivaient à penser dialectiquement la matière alors que l’idéologie dominante est plutôt empiriocriticiste. Là, on est très très loin de l’image d’un comploteur opportuniste qui aurait voulu – on ne sait par quelle lubie- prendre le pouvoir de la Russie, pour y créer un Etat totalitaire …où bizarrement les droits des travailleurs (femmes y compris) s’étendent dès le premier jour.
Léonide Ponomarev, vulgarisateur scientifique, dans Au Pays des Quanta, raconte un épisode du voyage de Niels Bohr en URSS : et voilà que son nom est familier à un paysan rencontré par hasard et qui connaissait le “modèle de Bohr”.
Lénine, c’est aussi ça.
Mon père avait les oeuvres complètes ( il me semble que c’est plus 52 tomes – de 350 pages) mais en haut d’une des bibliothèques de notre 2 pièces, il y en avait 32. Mon père en avait annoté densément les 24 premiers, puis aussi les autres : ça c’est le PCF en 1950, 1960 …avec les scores en proportion.
Mais qui imagine le travail colossal que tout ça représente ? on voit des photos de Lénine haranguer les ouvriers … mais l’Histoire n’a pas connu tant que penseurs qui sortent et s’exposent ainsi ! Même si nous avons eu quelques présidents un peu lettrés je n’ose citer de noms, mais ça remonte à loin), c’est sans comparaison !
Je feuilletais ces livres, enfant, et le terme qui me frappait était gnoséologie : la théorie de la Connaissance, une des questions qui semblait cruciale pour Lénine. Et puis j’aimais son style : un penseur qui a de la verve, qui dépasse et démonte les textes de ses adversaires politiques. Oh ! pas pour devenir un despote éclairé : ceux-là naissent roi et se réservent pour eux les philosophes ( et même de bons – contrairement à aujourd’hui) … pour ça, pas besoin d’une telle puissance argumentative. Nul besoin non plus de traiter un thème à fond, avec une analyse théorique puis le retour au réel immédiat. Et quel plaisir de le lire !
Lénine était aussi mélomane et aimait beaucoup l’Appassionata : il y a une anecdote avec Gorki : cette musique donne envie d’embrasser tous les hommes sur la Terrz, mais on ne peut pas, car nos ennemis nous obligent à être durs. ( j’ai déjà la traduction précise du russe, mais je cite de mémoire). En fait, c’est toute une discussion entre eux. Et quand a lu Enfance de Gorki, on voit qui étaient les amis de Lénine et de la Révolution…
Le génie de Lénine éclate, mais son éclat fait pâlir les esprits médiocres…
L’extrait : https://www.youtube.com/watch?v=zE80aVH1YXw
Voici le film l’Appassionata : https://www.youtube.com/watch?v=BK689yS-AcU
( le brillant pianiste est Rudolf Kerer )