Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le virus expose un modèle économique pourri qui doit changer

De notre “correspondante à londres”, Catherine Winch, voici la traduction de cet article sur Morning star qui expose la situation de dizaine de millions de travailleurs sans ressources, c’était aussi un des thèmes de la récente intervention de Fabien Roussel, qui parlait en France de huit millions de gens en dessous du seuil de pauvreté, chiffre qui risquait avec le chômage, les retenues sur salaire d’un nombre encore plus grand de gens confrontés à la hausse des prix de première nécessité. Notez que la nouvelle direction du parti travailliste qui est le produit d’un piège que nous avons décrit ici même de la droite du parti contre Corbyn, semble aller comme un vulgaire Laurent Berger chez nous en soutien du gouvernement. La colère gronde à la gauche du parti travailliste qui s’estime trahie. Il faudrait encore rappeler le caractère particulier des relations entre communistes et travaillistes hérité du choix de Lénine. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Catherine Winch)

Onze millions de travailleurs sont sans ressources à cause des lacunes de l’aide gouvernementale.

Cette sombre nouvelle arrive alors que le nombre de décès dus au Covid-19 continue d’augmenter. La Grande-Bretagne est en passe de devenir le pays le plus touché d’Europe, car le nombre de décès dus au virus augmente – et ceci est basé sur des statistiques officielles qui, selon les experts, sont probablement gravement sous-estimées.

La raison pour laquelle la Grande-Bretagne se défend si mal contre le coronavirus est directement liée au fait que 11 millions de travailleurs – plus d’un tiers de la population active – ne pourront pas profiter des programmes d’aide à l’emploi et au revenu annoncés par le chancelier Rishi Sunak.

Ces deux facteurs sont dus à l'”économie au rabais” poursuivie par les gouvernements conservateurs au cours de la dernière décennie – et à un programme de déréglementation et de commercialisation partagé par les deux principaux partis britanniques pendant des décennies auparavant.

Les bas salaires chroniques, le pseudo-emploi indépendant, les contrats à durée zéro et le sous-emploi signifient qu’environ neuf millions de personnes ne pourront pas bénéficier des allocations de maladie légales.

Il est paradoxal que des millions de personnes n’aient pas droit aux indemnités de maladie pendant une pandémie, mais ce chiffre montre combien de travailleurs se trouvaient dans cette situation extrêmement vulnérable avant que la pandémie ne frappe.

Les travailleurs ayant des contrats précaires sont beaucoup moins susceptibles de bénéficier du programme de maintien de l’emploi ou d’être gardés en disponibilité par leurs employeurs.

Ceux qui ne peuvent pas travailler parce qu’ils doivent s’occuper d’ enfants dont l’école ou la crèche a fermé peuvent également passer à travers les mailles du filet.

Le chancelier a – à juste titre – prévu des centaines de milliards pour aider les entreprises et les travailleurs, mais son approche reste partielle.

Elle ne tient pas compte de la nature fragmentée de la main-d’œuvre britannique, ni de la multitude déconcertante de modèles d’emploi qui existent (la plupart du temps conçus pour priver le personnel de ses moyens d’action ou pour permettre aux employeurs de se soustraire à leurs responsabilités – soit envers le trésor public par le biais des impôts et de la sécurité sociale, soit envers l’employé par le biais des allocations maladie et des congés payés).

La perte catastrophique de revenus est une tragédie pour toute famille.

Les faits montrent déjà que beaucoup sont obligés de choisir entre manger et payer le loyer.

L’interdiction à court terme des procédures d’expulsion n’a pas empêché les propriétaires d’exercer des pressions sur les locataires pour qu’ils quittent leur logement – même en pleine période de confinement ordonné par le gouvernement – et elle ne fait rien non plus pour améliorer le sort des personnes qui devront payer des arriérés de loyer une fois l’interdiction temporaire levée.

Dans les conditions actuelles, cela intensifie également le risque pour la santé publique. Malgré le fait que le Covid-19 continue de faire des ravages dans le pays, que le NHS est soumis à une pression sans précédent et que les travailleurs de la santé et de l’aide sociale meurent par manque de protection adéquate, le monde des affaires, soutenu par la presse de droite, fait pression pour accélérer la fin du confinement et donner la priorité à un retour au “business as usual”.

Bizarrement, cette position a reçu un soutien de la part du nouveau leader travailliste KeirStarmer, qui a demandé hier au gouvernement de présenter sa stratégie pour mettre un terme à la fermeture des écoles. Il a même insisté sur une reprise anticipée du trimestre scolaire, 24 heures seulement après que le syndicat de l’éducation nationale a écrit aux ministres pour leur demander de renoncer à cette initiative risquée, qui met en danger les élèves, les enseignants et leurs familles; Starmer a précisé néanmoins  qu’un tel projet nécessitait des tests en masse et la recherche de contacts.

Les grands patrons d’entreprises peuvent appeler de leurs voeux un “business as usual” – mais c’est la dernière chose que les travaillistes devraient exiger. Comme l’affirme Carolyn Jones, de l’Institut des droits de l’emploi, les bouleversements économiques causés par la pandémie ont mis en lumière l’extrême précarité de millions de travailleurs – ce qui signifie que “nous avons besoin d’un nouveau régime post-pandémique” pour les travailleurs.

Du NHS aux travailleurs des transports et des postes aux vendeurs, ce sont les travailleurs, et non le management, qui nous aident à traverser cette crise.

Ils méritent mieux et le parti travailliste devrait se battre aux côtés des syndicats pour leur obtenir un meilleur sort.

https://morningstaronline.co.uk/article/e/virus-exposing-rotten-economic-model-it-has-change

voici également l’interview de Fabien Roussel, secrétaire du PCF sur les mêmes sujets:

https://www.youtube.com/channel/UCSwPcnzaMTuDcTgjRiJvZnw

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3 Commentaires

  • MORINEAU Maurice
    MORINEAU Maurice

    Pour faire une parodie du grand Paul Eluard,je dirais ; “La Terre est bleue comme une orange pourrie.” Vive le socialisme libertaire et égalitaire.Vive l’Anarchisme.

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  • pedrito

    Je crois humblement que l’anarchisme débouchera sur une forme nouvelle de socialisme, puis sur l’anarchie, plus lointaine encore…..Mais aucun de nous ne pourra vivre ces jours très utopiques

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  • Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    On n’a guère d’informations en France sur la situation de la classe laborieuse, ni sur le reste.
    Les cours d’anglais de nos écoles se focalisent sur les “people”, souvent, ou quelques traits exotiques des Britanniques. Par ailleurs, on nous sort des films valorisant Churchill comme ‘homme qui tint tête au fascisme” ( ce fut plutôt “l’homme qui voulut sauver l’Empire”) ou Thatcher, “une femme de caracère”. Sans parler des histoires de famille royale…
    Mais le libéralisme y est poussé à son comble.
    Pour l’école, la situation est catastrophique : En moyenne, 25% des élèves d’une école britannique ont fait l’objet d’une mesure de renvoi disciplinaire ( et jusqu’à 45%). On y punit par isolement dans des cabines ( WC déséquipés). Les conditions de travail des enseignants sont déplorables : ils sont à disposition.
    Mais l’élite politique britannique, à plus de 80% , sort d’Eton, Cambridge, Oxford etc…réservés à de très hauts revenus. (Et puis franchement, le meilleur niveau universitaire est dispensé à l’Imperial College of London, gratuit,mais là il faut bosser, pas payer). On y reproduit donc une société de classe…sans brassage social.

    Le nombre de lits d’hôpital en GB est le plus bas d’Europe ( et ce n’est pas l’épisode de l’UE qui a pourvu un seul lit supplémentaire) : 2,6
    ( France, : 6,1. Italie, : 3 ; Espagne : 2,8 …Russie : 10 ( suivant les données). Corée du Nord : 13,4)
    Le personnel médical “en 1ére ligne” n’est pas protégé – par une pénurie doublée d’un défaut d’organisation : on n’est pas à Cuba, pourtant victime du blocus). 50 personnels déjà sont morts et on s’aperçoit que parmi eux, de nombreux Philippins et des immigrants qui sont un réservoir de main d’oeuvre à bas-prix et dans des conditions peu statutaires ( et bien sûr beaucoup de femmes).
    Des chefs de service du NHS ( leur service de santé) exigent du personnel soignant de … retirer les masques qu’elles se sont achetés, faute d’en avoir eu par l’employeur. Le médecin-chef ne veut pas que ces personnels contaminent les autres …par des idées revendicatives.
    Ceci dans une des premières puissances mondiales, les yeux rivés sur le “Stock-Exchange”, plus encore que sur les stats du coronavirus.

    Justement, Jeremy Corbyn, en connaissance de cause avait beaucoup promus comme priorité dans sa campagne électorale la mise en place d’un système de santé doté de tous les moyens, avec une santé publique de qualité, pour tous. Pour cela, sa campagne rencontrait un grand succès.

    Mais la droite du Labour,pour saboter la campagne de Corbyn, a menacé la classe ouvrière d’un nouveau vote pour annuler le vote LEAVE ( une trahison) en prétextant d’ailleurs que l’UE = défense des droits des travailleurs ( à se demander pourquoi les classes populaires ont voté pour le Brexit) et puis pour diaboliser plus encore et ad hominem Corbyn, l’a taxé d’antisémitisme (comme chacun l’a lu ici).
    Mais finalement, cette puissante aile droite du Labour a ipso facto privé les Britanniques d’un Droit à la Santé et dès le début, dans le Guardian, on lisait que les médecins prévoyaient que la GB battrait le record de décès dus au coronavirus…mais ça n’a pas pour autant mobilisé leurs industriels nationaux pour fabriquer des masques et des gants ( double pénurie).
    Ce qu’il faudrait, c’est un virus pour nous débarrasser de la classe dominante, mais comme ça n’existe pas, il ne reste que nos propres forces.

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