Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comment la France a livré la Tchécoslovaquie à la Pologne et à Hitler

21 mars 2020

Photo : Staline et le dirigeant tchèque Édouard Bénès (TASS Newsreel)

Texte: Evgeny Kroutikov

https://vz.ru/society/2020/3/21/1029285.html

Le journal VZGLYAD dans le cadre du projet “Diplomatie de la victoire” continue de publier les télégrammes chiffrés déclassifiés des diplomates soviétiques avant la guerre. Les documents que nous examinons aujourd’hui détaillent comment la France a empêché l’Union soviétique de défendre la Tchécoslovaquie contre l’agression d’Hitler.

La discussion sur le sort de la Tchécoslovaquie s’intensifia au printemps 1938 – et l’Union soviétique participa directement à ces négociations avec l’intention de protéger Prague contre Hitler. Le 12 mai, à Genève, lors d’une réunion avec le ministre français des Affaires étrangères Georges Bonnet, le chef du Commissariat populaire aux Affaires Etrangères de l’URSS Maxime Litvinov proposa d’entamer des négociations entre l’état-major soviétique et l’état-major français, notamment sur la question du passage des troupes soviétiques à travers la Pologne et la Roumanie. Bonnet s’abstint de répondre, et après son retour à Paris, d’étranges rumeurs commencèrent à se propager, ce qui irrita énormément les Tchèques.

Le vice-ministre Vladimir Potemkine, resté «à la maison», à Moscou, télégraphie à Litvinov à Genève le 15 septembre 1938:

“Fierlinger [Zdeněk Fierlinger a été de 1937 à 1945 (par intermittence) ambassadeur de la Tchécoslovaquie à Moscou. En 1943, il signa avec l’URSS le Traité d’amitié, de coopération et d’organisation d’après-guerre au nom du gouvernement en émigration. En 1945, il dirigea le gouvernement du Front populaire tchèque et slovaque à Kosice, et en 1948 il adhéra au Parti communiste ; jusqu’en 1966 il fut membre de son Présidium (Politburo) ; décédé en 1976 à Prague – Note VZGLYAD], qui m’a rendu visite aujourd’hui, a déclaré que l’ambassade de France l’avait informé de la déception, prétendument éprouvée par Bonnet après la conversation avec vous à Genève sur la question tchécoslovaque. Encore une fois, ils répèten la fausse version selon laquelle ils attendaient la confirmation de notre part de notre volonté d’aider la Tchécoslovaquie, mais n’avaient reçu qu’une offre d’actions diplomatiques.

J’ai répondu à Fierlinger que, selon vos rapports envoyés de Genève, Bonnet se retranchait toujours derrière la position évasive de l’Angleterre et qu’il n’avait lui-même fait aucune proposition. J’ai alors fermement rappelé à Fierlinger les éléments constructifs de notre réponse aux Français, y compris la promesse, dans le cas d’une intervention de la France pour aider la Tchécoslovaquie, de soutenir cette dernière par tous les moyens disponibles,ainsi que l’accord de principe pour des consultations des représentants des trois états-majors. D’après ce que Fierlinger m’a rapporté de ses conversations avec les Français, il est clair qu’ils continuent de faire les idiots, prétendant qu’ils ne comprennent pas notre réponse et la ramenant à la proposition d’agir par le biais de la Société des Nations ou de faire une déclaration au nom de l’URSS, de l’Angleterre et de la France. Fierlinger a supplié de ne pas le trahir et de ne pas raconter aux Français qu’ils l’avaient informé de votre conversation avec Bonnet. »

[Télégramme chiffré du commissaire populaire adjoint aux affaires étrangères de l’URSS Potemkineau ministre des Affaires étrangères de l’URSS Litvinov sur sa conversation avec Fierlinger, ambassadeur de Tchécoslovaquie en URSS au sujet des actions de la France et de l’Union soviétique en cas de début d’agression allemande contre la Tchécoslovaquie]

Le gouvernement de Daladier était extrêmement hétérogène et comprenait des gens incroyables. Comme ce Georges Bonnet. Radical de droite, ancien ministre des Finances, il a dévalué le franc par rapport à la livre sterling et réduit les dépenses sociales et militaires. Il est considéré comme l’un des principaux vecteurs de l’accord de Munich avec Chamberlain. Alors que les prédécesseurs de Bonnet étaient plus loyaux vis-à-vis de l’URSS et de la Tchécoslovaquie, Bonnet a fait faire à la politique de la France un virage à 180 degrés. Sapant, en fait, les négociations sur l’aide à la Tchécoslovaquie. Avant que Bonnet ne soit nommé ministre des Affaires étrangères, la position de la France laissait espérer une issue positive. Et dans l’urgence, il était très difficile de s’adapter à de telles métamorphoses. Comment mener des négociations cohérentes avec des partenaires qui changent d’avis comme de chemise? De plus, Bonnet n’a dit ni oui ni non à Litvinov, mais a simplement saboté tous les accords précédemment conclus.

En 1941, la trahison de Bonnet des intérêts de la France connaît une évolution logique: il entre au gouvernement de Vichy. En 1945, il s’enfuit en Suisse, où il rédige ses mémoires pendant dix ans, justifiant son comportement, y compris en 1938. En 1953, une amnistie fut déclarée en France pour ceux qui «avaient participé à la honte nationale», et Bonnet est retourné dans son pays natal. Il est décédé en 1973 à Paris.

La crédulité de Bénès

Y avait-il une chance de sauver la Tchécoslovaquie – y compris avec l’aide des troupes soviétiques?

Le 26 juillet 1938, le Conseil militaire général de l’Armée rouge a adopté une résolution pour transformer les districts militaires de Kiev et de Biélorussie (les plus proches de la Tchécoslovaquie) en districts militaires spéciaux. Conformément à l’ordre du commissaire du peuple à la défense Vorochilov, la formation urgente de quatre grands groupes d’armées a commencé dans le district militaire spécial de Kiev et de deux dans le district biélorusse.

Une grave aggravation de la situation s’est produite au cours de la dernière décade de septembre 1938. Le voyage de Litvinov à Genève était prévu; il a prononcé un discours à l’Assemblée de la Société des Nations. Mais là, en marge, il a tenu de nombreuses réunions, essayant une dernière fois sinon de pousser les Alliés à apporter une véritable assistance à la Tchécoslovaquie, ou tout au moins de clarifier leurs positions.

La situation en Tchécoslovaquie elle-même avait radicalement changé au cours des dernières semaines. Déjà non seulement l’opinion publique, mais aussi certains cercles influents avaient commencé à pencher en faveur de la conclusion d’un accord bilatéral avec l’URSS, contournant l’article notoire de la convention collective obligeant Moscou à réagir à la situation tchécoslovaque seulement après la France et seulement si une telle réaction de Paris se produisait.

Nous le répétons: la position de la France vis-à-vis de la Tchécoslovaquie était essentielle pour Prague, et son changement radical par le gouvernement Daladier est passé inaperçu pour les Tchèques. Au château de Prague, ils ont continué à considérer la France comme leur principal allié et «couverture» même lorsque Paris a changé sa position en sens inverse. C’est en partie cette crédulité du président de la Tchécoslovaquie, Edouard Bénès, qui a conduit à la tragédie du peuple tchécoslovaque en 1938.

Le plénipotentiaire de l’URSS à Prague, Sergei Alexandrovsky, rapporte le 15 septembre à Moscou: «La presse tchèque s’est complu à rapporter de l’étranger les rumeurs selon lesquelles Litvinov à Genève avait conclu avec le ministre roumain des Affaires étrangères, Komnen (Nicolae Petrescu-Komnen, ministre roumain des Affaires étrangères. Il a occupé ce poste pendant moins d’un an. Après l’arrivée au pouvoir de Ion Antonescu, il a été démis de ses fonctions et émigré en Italie ; décédé à Florence en 1958 – VZGLYAD) avec l’aide de Bonnet, un accord officiel sur le passage des troupes de l’Armée rouge à travers le territoire de la Roumanie pour aider la Tchécoslovaquie. Il existe une conviction inébranlable parmi les larges masses du peuple tchécoslovaque que l’URSS ne laissera pas la population à la merci de la brutalité du fascisme hitlérien et apportera son aide dans toutes les conditions et indépendamment des possibilités ou obstacles formels.<…> Dans les cercles les plus démocratiques proches du gouvernement, la conviction est également renforcée qu’il ne faut compter que sur l’URSS ou se rendre à la merci d’Hitler. Un état d’esprit particulièrement prêt au combat et une confiance dans l’aide de l’URSS règnent dans les rangs de l’armée, du simple soldat au haut commandement. <…> Je me trompais apparemment en supposant que le chef de l’aviation militaire, le général Fayfr [le général de division Yaroslav Fayfr, pendant la Première Guerre mondiale, était lieutenant en artillerie de l’armée austro-hongroise, s’étant rendu aux Russes, il avait été formé au pilotage dans une école russe à Borispol près de Kiev, puis en France. Pendant la guerre civile en Russie il combattait dans le corps tchécoslovaque. Il est arrivé à Moscou en 1938 pour coordonner les actions de l’aviation tchécoslovaque et soviétique, a visité le TsAGI. En 1945 – premier commandant de l’aviation du corps soviétique tchécoslovaque. .. Ressam a été arrêté en 1949 libéré et réhabilité en 1954. Il est mort à Prague en 1974. Dans ses mémoires, il a affirmé que, en 1938, « il avait mis au point un plan pour la défense de la Tchécoslovaquie avec l’aide de l’URSS » – ..VZGLYAD] avait fait preuve d’initiative personnelle, me disant le 12 qu’il était souhaitable d’envoyer à Prague le futur commandant des forces soviétiques en Tchécoslovaquie avec son quartier général.

[Télégramme chiffré du plénipotentiaire de l’URSS en Tchécoslovaquie S.S. Alexandrovsky au ministre des affaires étrangères de l’URSS Litvinov sur l’humeur de la population civile et des forces armées de la Tchécoslovaquie]

Aujourd’hui, le ministre de la Défense[le général Jan Syrovy, a servi dans l’armée russe pendant la Première Guerre mondiale, commandant de la légion tchèque en Russie pendant la guerre civile, a personnellement arrêté et livré l’amiral Koltchak aux bolcheviks, après l’occupation de la Tchécoslovaquie par les Allemands il a «déclaré la neutralité», en 1945, il a été arrêté pour collaboration avec les envahisseurs, condamné à 20 ans, libéré sous amnistie en 1960, décédé en 1970 à Prague – Note VZGLYAD]convoqua notre major Kachoub [Vladimir Nestorovitch Kachoub, plus tard lieutenant général des troupes de chars, héros de l’Union soviétique. Depuis 1941 chef de l’école de chars d’Oulianovsk, puis de l’école de Kharkov, décédé à Moscou en 1963 – Note VZGLYAD] et il a fait une proposition officielle d’envoyer une mission militaire soviétique à Prague dirigée par un général. C’est presque la même chose que ce qu’avait dit Fayfr. Le président des légionnaires Pateidl [Josef Pateidl, président de l’union des légionnaires, un Slovaque de la Russie des Carpates, socialiste et partisan d’une alliance avec l’URSS ; mort en 1940 au camp de concentration de Dachau – Note VZGLYAD] et a parlé de la possibilité d’une trahison en France et en Angleterre. Il a demandé ce qui se passerait si Chamberlain vendait la Tchécoslovaquie à Hitler. Il était clairement intéressé par la question de savoir si l’URSS apporterait son aide au cas où la Tchécoslovaquie commencerait seule à résister. Il s’était donc intéressé la dernière fois à la possibilité de biffer l’article de l’accord d’assistance liant la France.»

En mai 1938, le chef des communistes tchécoslovaques, Clément Gottwald, était venu à Moscou, où il a eu plusieurs réunions confidentielles avec Staline. Cela a fait de Gottwald (à l’époque député du Parlement tchécoslovaque) un autre canal de communication entre Moscou et Prague. Fin septembre 1938, le président de la Tchécoslovaquie, Bénès, rencontre à plusieurs reprises Gottwald, mais des instructions catégoriques furent données à l’ambassade de l’URSS à Prague de ne pas y participer. Des instructions similaires ont été transmises à d’autres missions soviétiques afin, d’une part, de ne pas discréditer les partis communistes légaux et, d’autre part, de ne pas interférer avec les actions du Komintern, auxquelles ces partis communistes étaient subordonnés. Le travail du Komintern, y compris son vaste réseau de renseignement, n’aurait dû être en aucune façon en contact avec les activités diplomatiques officielles du MAE.

Faux et bugs français

Dans le même temps, Aleksandrovsky témoigne une fois de plus qu’il doit aujourd’hui réfuter presque quotidiennement les nombreux« fakes », comme il est désormais de coutume de le dire, provenant de Paris.

Dans le même rapport, Aleksandrovsky rapporte: «Je suis assiégé par des questions d’attitude et d’évaluation des perspectives. Aujourd’hui, un message de Stéphanie de Berlin a fait sensation, réfutant catégoriquement la possibilité de tout consentement roumain pour que l’Armée rouge passe sur son territoire. Tôt le matin, toutes les rédactions ont reçu des messages de Genève de leurs propres correspondants et de l’étranger que Litvinov s’était prononcé pour un plébiscite dans les Sudètes, ce que j’ai catégoriquement nié. Pour le reste, je réponds à de nombreuses questions par des reproches de nervosité excessive puis j’explique calmement l’attitude de l’URSS sur la base de déclarations publiques bien connues de nos hommes d’État et des déclarations de notre presse. Cependant, dans cette situation, cela semble trop général et imprécis pour mes interlocuteurs, ce qui produit souvent une impression défavorable. »

C’est l’histoire classique, que nous avons maintenant aussi le malheur d’observer régulièrement: en marge de la session (alors appelée «Assemblée») de la Société des Nations, quelqu’un (très probablement une source dans la délégation française) jette une «info» dans la presse que le chef du ministère soviétique des Affaires étrangères se serait soi-disant solidarisé avec la politique de conciliation anglo-française dans les Sudètes (plébiscite dans les régions à population allemande). Et la presse tchèque déjà morte de trouille, reprend ce faux et le diffuse partout. Et le plénipotentiaire Aleksandrovsky est obligé de le réfuter en termes généraux, car il ne peut rien donner de concret en retour.

Ce tableau est complété par le message du chargé d’affaires soviétique à Berlin Astakhov de ce même 15 septembre: «J’ai eu le chargé d’affaires tchécoslovaque  Schubert qui n’a pas caché son excitation« la paix sera préservée, mais la Tchécoslovaquie sera vendue », essayant d’être sarcastique, il a décrit la situation dans la conversation avec un autre de mes collègues qui me le transmet. Selon lui, les Britanniques ont décidé de défendre le plébiscite, ce qui est totalement inacceptable pour Prague. Il est caractéristique que les Britanniques, pour leur défense, diffusent la version selon laquelle la position de l’URSS en cas de guerre n’est pas claire et encore moins décisive que la position de la France. Mastny de Prague a dit à Schubert qu’il n’allait pas retourner à Berlin. Schubert lui-même prétend que les Tchèques, même livrés à eux-mêmes, peuvent tenir au moins quatre mois. »

[Télégramme chiffré du chargé d’affaires de l’URSS en Allemagne Astakhovau MAE de l’URSS sur les intentions britanniques de maintenir la paix en Europe en trahissant les intérêts de la Tchécoslovaquie]

La situation a atteint son apogée le 20 septembre. Osip Yakovlevich Birioukov, 1er secrétaire de l’ambassade soviétique en France [grand-père du fondateur et propriétaire de la maison d’édition 7 Jours Dmitry Birioukov] rapporte à Moscou: «Comert du ministère des Affaires étrangères a déclaré que la proposition d’Hitler avait été correctement présentée dans la presse. Elle stipule l’adhésion des Sudètes à l’Allemagne, où plus de 50% de la population est allemande. Les Sudètes restants devraient bénéficier d’une pleine autonomie administrative dans le cadre d’une Tchécoslovaquie neutralisée. Au lieu d’un pacte d’assistance mutuelle avec la France et l’URSS, les nouvelles frontières de la Tchécoslovaquie devraient être garanties par ses pays frontaliers, ainsi que par l’Angleterre et la France. Le gouvernement français a approuvé aujourd’hui l’accord des ministres français et du cabinet britannique, conclu hier à Londres selon les conditions susmentionnées. Une réponse de Prague à la démarche franco-anglaise est attendue ce soir. Dans le cas d’une résistance de la Tchécoslovaquie et d’une action militaire directe de l’Allemagne, Comert considère personnellement que l’intervention de la France puis de l’Angleterre est inévitable. »

[Télégramme chiffré de l’employé de l’ambassade d’URSS en France Biryukovau MAE d’URSS sur les exigences du chancelier du Reich allemand A. Hitler pour arracher les Sudètes et changer les frontières de la Tchécoslovaquie]

Le chef du service de l’information et de la presse du ministère français des Affaires étrangères, Pierre Comert, a fait passer ses désirs pour des réalités, évoquant “l’inévitabilité de l’intervention française”. Antifasciste constant et adversaire de la «politique de confinement», il a tenté jusqu’au bout de corriger la politique étrangère de la France dans un esprit antihitlérien. Finalement, Bonnet le destituera du poste de chef de département.

Comment la Tchécoslovaquie a été écrasée

Prague était en prise à l’hystérie et la colère. Le 19 septembre, tard dans la soirée, le président Bénès a appelé d’urgence Alexandrovsky et lui a posé deux questions sacramentelles sur l’avenir de la Tchécoslovaquie.

Voici comment Aleksandrovsky le décrit lui-même: «Bénès m’a convoqué d’urgence et m’a dit qu’il avait reçu une proposition conjointe anglo-française pour résoudre la question allemande des Sudètes par concession directe à l’Allemagne des districts dans lesquels les Allemands représentent plus de 50% de la population. Les districts restants bénéficieront d’une autonomie partielle. Les frontières seront fixées par une commission internationale. Les nouvelles frontières seront garanties par tous les voisins, ainsi que la France et l’Angleterre, dans le cadre desquelles les traités internationaux actuels de la Tchécoslovaquie seront annulés. La proposition mettait aussi l’accent sur le fait qu’un simple retard dans la réponse pouvait entraîner des conséquences fatales.

[Télégramme chiffré du plénipotentiaire de l’URSS en Tchécoslovaquie S.S. Alexandrovsky au MAE de l’URSS à propos d’une conversation avec le président de la Tchécoslovaquie, E. Bénès, sur la disposition de la Tchécoslovaquie à défendre sa souveraineté et la capacité de l’URSS à aider la Tchécoslovaquie en cas d’agression allemande]

Bénès note qu’il n’a pas été dit directement que si la Tchécoslovaquie refusait d’accepter la décision, la France et l’Angleterre refuseraient d’aider la Tchécoslovaquie contre l’agresseur, cependant, Bénès admet également cette possibilité. Malgré cela, il déclare qu’il n’a pas d’autre choix mais la Tchécoslovaquie se défendra dans tous les cas. Le gouvernement a déjà décidé qu’une telle proposition était totalement inacceptable. Une question directe a été envoyée à la France : sa proposition signifie-t-elle qu’elle a l’intention de refuser de s’acquitter de ses devoirs d’alliée. Bénès demande au gouvernement de l’URSS de répondre le plus rapidement possible aux questions suivantes:

1. L’URSS fournira-t-elle une assistance efficace immédiate dans le cadre du traité si la France reste fidèle et apporte également son aide.

En cas d’attaque, Bénès appellera immédiatement par télégramme le Conseil de la Société des Nations pour lui demander de promulguer les paragraphes 16 et 17. Il attend le sabotage de la décision, mais pense que le sabotage ne peut qu’être de courte durée. À cet égard, Bénès demande de l’aide à la Société des Nations et demande la même réponse urgente sur la question de savoir si l’URSS aidera en tant que membre de la Société des Nations sur la base des paragraphes ci-dessus. »

Le lendemain, l’indication suivante est venue d’Aleksandrovsky de Moscou: «1. À la question de Bénès, si l’URSS fournira une assistance immédiate et effective à la Tchécoslovaquie en vertu du traité, si la France y reste fidèle et fournit également une assistance, vous pouvez donner une réponse affirmative au nom de l’Union soviétique. 2. Vous pouvez donner la même réponse affirmative à la deuxième question de Bénès … “.

Le 22 septembre, le commandant du district spécial de Kiev, Timochenko, a annoncé que les troupes soviétiques avaient commencé à se déplacer dans les zones de concentration près de la frontière ouest de l’URSS. Pour renforcer les rangs des divisions de tirailleurs et les mettre sur le pied de guerre, on été rappelés 8 000 hommes par division. Pour couvrir et soutenir les troupes de chaque groupe d’armées, des forces aériennes ont également été impliquées – trois régiments de chasse, un régiment de bombardiers et des bombardiers lourds. Les unités militaires de Biélorussie ont été mises en état d’alerte. Le 30 septembre, le commissaire du peuple à la défense, Vorochilov, a informé le Politburo du Comité central du Parti communiste des Bolcheviks de toute l’Union soviétique et le gouvernement soviétique qu’ils étaient prêts à envoyer 4 brigades d’aviation comprenant 548 avions de combat en Tchécoslovaquie. Au total, les éléments suivants ont été mis en alerte: un corps de chars, 30 divisions de carabiniers et 10 divisions de cavalerie, 7 divisions blindées, une division de fusiliers motorisés et 12 brigades d’aviation, 7 zones fortifiées du système de défense aérienne.

Une ONG a proposé à l’Attaché de l’armée de l’air de l’URSS en France Vasiltchenko d’informer le gouvernement français des éléments suivants:

“1. 30 divisions de tir sont déplacées vers des zones directement adjacentes à la frontière ouest. Il en a été de même pour les divisions de cavalerie.

2. Les unités ont été complétées respectivement par des réservistes.

3. Quant à nos troupes techniques – unités d’aviation et de chars, elles sont parfaitement préparées.

Communiquez immédiatement les résultats. »

Vassiltchikov a répondu: «Le 26 septembre à 11 heures, j’ai visité le ministère de la Guerre en France. Gamelin s’est envolé pour Londres tôt ce matin. Étant donné l’importance de votre message, je l’ai immédiatement remis au chef du bureau de Gamelin, le général Janelle, et demandé de transmettre ces informations à Gamelin à Londres. “

Mais c’était trop tard. Dès 5 heures du matin le 21 septembre, un cabinet de ministres s’est réuni au château de Prague et dans l’après-midi, le ministre Croft a remis le document aux ambassadeurs d’Angleterre et de France: la Tchécoslovaquie se rendra.

Après cela, dans l’après-midi, Aleksandrovsky rencontre à nouveau Bénès (Bénès a appelé l’envoyé soviétique de la villa Teresa à Vinohrady à 17 h 10 et à 17 h 30 Aleksandrovsky était déjà au château de Prague), qui ne se comportait déjà plus de manière tout à fait normale. Aleksandrovsky transmet verbalement les réponses du gouvernement soviétique à Bénès, mais il semble ne pas l’entendre et répète la même chose, bien qu’en fait la Tchécoslovaquie ait déjà accepté les demandes de l’Allemagne, de la France et de l’Angleterre.

Voici comment Aleksandrovsky le décrit: «Bénès dit que sous la menace d’un refus d’aide de la France et de l’Angleterre, le gouvernement (tchèque – VZGLYAD) a répondu qu’en principe il était d’accord pour céder à l’Allemagne la partie du territoire ayant une population allemande de plus de 50%, mais a averti:

1. Une commission internationale devrait déterminer et délimiter (les nouvelles frontières – VZGLYAD).

2. Avant la fin du processus de démarcation, la Tchécoslovaquie ne permettra pas l’entrée de troupes allemandes sur son territoire, et les grandes puissances doivent le garantir. Etant donné qu’il n’y a pour le moment aucun espoir de succès en s’adressant à la Société des Nations en référence aux 16e et 17e articles, Bénès pose ces questions directes au gouvernement de l’URSS:

1. L’URSS enverra-t-elle en cas d’attaque de l’Allemagne sans attendre la décision de la Société des Nations, des forces aériennes et des forces d’assaut aéroportées, dans quelle taille et pour combien de temps.

2. En cas d’attaque, la Tchécoslovaquie fera simultanément appel à la Roumanie pour lui demander de laisser passer l’Armée rouge. L’URSS enverra-t-elle des troupes au sol et que fera-t-elle si la Roumanie s’y oppose.

3. Bénès a reçu la demande de la Pologne de résoudre le problème des minorités polonaises. Il demande comment l’URSS va réagir à une attaque polonaise contre la Tchécoslovaquie. Pour organiser l’assistance de l’URSS, on peut immédiatement conclure un accord approprié. Bénès demande une réponse rapide car il doute que la mission de Chamberlain demain avec Hitler réussisse, car le consentement de la Tchécoslovaquie à des concessions internationales est conditionné par la commission internationale et l’exclusion des troupes allemandes de son territoire. “

[Télégramme chiffré du plénipotentiaire de l’URSS en Tchécoslovaquie Aleksandrovsky au MAE de l’URSS sur le consentement du gouvernement tchécoslovaque à des concessions territoriales en faveur de l’Allemagne et la possibilité de conclure un traité d’assistance militaire soviéto-tchécoslovaque en cas d’agression allemande et polonaise]

Or, en République tchèque, il y a des historiens qui nient le fait même de cette conversation entre Alexandrovsky et Bénès. Par exemple, I. Pfaff a publié un livre intitulé «Trahison soviétique en 1938» (Sovetska zrada). Cependant, il y a un enregistrement de la conversation faite par la partie soviétique et, de retour à la villa Teresa, Aleksandrovsky l’a personnellement chiffrée le soir du 19 septembre (après 22 heures, heure de Moscou). Le commissaire adjoint Potemkine, qui l’a reçu à Moscou, a immédiatement envoyé un rapport à Aleksandrovsky à Staline avec une note: “Je vous demande de discuter aujourd’hui même de ce à quoi Bénès devrait répondre avant le 21.” Une lettre à Staline a été écrite sur le papier à en-tête du premier commissaire adjoint aux affaires étrangères, et les pensées personnelles de Potemkine ont été écrites sur papier libre, mais correctement documentées. La décision de répondre aux questions de Bénès a été décidée par le Politburo, puis envoyée à Alexandrovsky à Prague. Dans le même temps, Potemkine a convoqué l’ambassadeur tchécoslovaque Fierlinger et lui a remis le texte correspondant. Fierlinger écrit son télégramme à Bénès, le chiffre et l’envoie à 17 h 38, heure de Moscou, au ministère des Affaires étrangères tchécoslovaque. Elle y arrive à 19h37 d’Europe centrale. Vers 20 heures, il sera déchiffré. Ils essaient également d’atteindre Bénès. Tout cela réfute les théories à la mode en République tchèque et parmi les pseudo-historiens russes très libéraux sur la «trahison de la Tchécoslovaquie par l’Union soviétique».

Il y a une mise en garde que l’envoyé d’Aleksandrovsky ne pouvait pas connaître. Berlin (le renseignement – Abwehr et personnellement Hitler) était parfaitement conscient de l’ordre et de la nature des négociations entre Prague (Bénès et Croft) avec leurs missions diplomatiques à Londres et à Paris et pouvait donc contrôler la situation. Le fait est que les lignes téléphoniques de l’Europe occidentale à Prague passaient par le territoire allemand et que les Allemands écoutaient tout bonnement toutes les négociations entre les ambassadeurs tchèques et Prague. Hitler savait à l’avance que Londres et Paris ne défendraient pas les Tchèques, et son seul problème était de déterminer le degré de pression pour ne pas aller trop loin. Tout cela a été découvert après la guerre, lorsque les archives du renseignement allemand ont été saisies à Berlin.

Les appétits polonais

Une question à part, comme toujours, est la position de la Pologne. Le changement de position de la France a provoqué un changement critique dans le sort de la Tchécoslovaquie, ce qui a entraîné l’effondrement de l’ensemble du système de sécurité. Mais en même temps, la Tchécoslovaquie était également confrontée à la menace d’une agression non provoquée du nord.

Voici ce que rapporte le premier secrétaire de l’envoyé soviétique Nikolay Ilyich Chebyshev de Varsovie [après 1939 –travaille au ministère des Affaires étrangères, après quoi ses traces sont perdues, apparemment il a été réprimé– VZGLYAD] 23 septembre: «Aujourd’hui Rybalko [Pavel Semenovich Rybalko, en 1938 – officier de l’armée renseignement, attaché militaire de l’URSS en Pologne, plus tard – le maréchal des forces blindées, commandant les forces blindées et mécanisées des forces armées de l’URSS, deux fois héros de l’Union soviétique –VZGLYAD] a rendu visite aux Tchèques. Les Tchèques l’ont informé de manière confidentielle que Troyanov était venu les voir avant son arrivée et ont dévoilé la conversation qu’il avait eue avec Kobylyansky. Kobylyansky a déclaré à Troyanov qu’ils étaient déterminés à parler[cette phrase est soulignée à Moscou au crayon rouge, apparemment par Potemkin–VZGLYAD]que la question ne concerne pas seulement Tesin, mais aussi la Russie des Carpates, la Slovaquie et la Bohême, qu’eux, les Polonais, mettront les Tchèques devant les faits. Cette décision a été prise après que Moltke [le comte Helmut James von Moltke, petit-neveu du feld-maréchal Moltke et fils de la fille du juge suprême d’Afrique du Sud, était un employé du service juridique de l’Abwehr, renseignement militaire allemand en 1938. Il s’est prononcé contre les traitements inhumains des prisonniers de guerre, il a personnellement sauvé un membre du Mouvement de résistance, après un attentat contre Hitler, a été arrêté pour haute trahison du fait de ne pas avoir dénoncé et exécuté en janvier 1945 –VZGLYAD]a eu une conversation avec Beck. Troyanov a ensuite sondé les Tchèques, avez-vous vraiment fait une déclaration à Yankovsky [Tadeusz Jankowski – à cette époque, chargé d’affaires par intérim de la Pologne à Moscou, après avoir travaillé en 1939 au «gouvernement en exil» à Londres et dans divers groupes scientifiques polonais, décédé à Londres en 1964 –VZGLYAD] au sujet de la dénonciation du pacte de non-agression[entre l’URSS et Pologne –VZGLYAD]. Les Tchèques lui ont répondu qu’ils venaient eux-mêmes d’apprendre cela par un message radio de Prague. À cette fin, Levinson m’a rendu visite aujourd’hui. Levinson a demandé à être informé si votre déclaration à Yankovsky avait réellement eu lieu. J’ai dit que jusqu’à présent je ne disposais pas de telles informations, mais au vu des demandes répétées, j’essaierai de demander à Moscou et je les informerai tout d’abord des résultats. Ensuite, j’ai demandé si Troyanov avait visité le ministère des Affaires étrangères aujourd’hui et s’il avait reçu des nouvelles là-bas. Levinson a dit non, aujourd’hui il ne l’était pas, c’était censé être il y a deux ou trois jours, puis il s’est levé et a commencé à me dire au revoir. Les Tchèques détruisent déjà des documents [cette phrase est également soulignée au crayon rougeVZGLYAD]. Les troupes polonaises continuent de se concentrer sur la frontière tchécoslovaque. »

[Télégramme chiffré du premier secrétaire de l’ambassade d’URSS en Pologne N.I. Chebyshev au MAE de l’URSS sur la décision des dirigeants polonais de s’opposer à la Tchécoslovaquie dans le but de déchirer une partie de son territoire]

Les appétits de la Pologne se sont étendus ces jours-là non seulement au pays de Tesin, mais bien plus encore. La Russie des Carpates est une région transcarpathique moderne de l’Ukraine qui, après la partition de la Tchécoslovaquie, s’est déplacée en Hongrie en raison de la présence d’une grande population hongroise et du désir d’Hitler d’attirer la Hongrie dans son orbite. Sous Hitler, la Slovaquie a reçu une “indépendance” formelle comme la Croatie et la Bohême est passée sous contrôle allemand direct.

Il convient de noter en particulier l’étrange figure de Tadeusz Kobylyansky, ancien attaché militaire à Moscou, puis officier de la «dwójka» (renseignement militaire polonais) et, en 1938, officier responsable du département oriental du ministère des Affaires étrangères de la Pologne. Il est prouvé que même pendant son travail à Moscou, Kobylyansky a été recruté par les services de renseignement soviétiques sur la base de spéculations sur le marché noir avec des préservatifs et des penchants homosexuels. Dans le même temps, alors qu’il servait dans l’armée polonaise, Kobylyansky a été jugé par une cour d’honneur d’officier pour une liaison avec la femme de son meilleur ami, également officier. Selon une autre version, Kobylyansky a travaillé comme agent double lors de l’opération “Trust”. Après la défaite de la Pologne, avec les restes du ministère polonais des Affaires étrangères, il s’enfuit en Roumanie, et de là en France et en Angleterre, où il travailla pendant quelque temps comme chef adjoint du département de propagande de l’armée de la Craiova. En 1942, il se matérialise à Lisbonne,à cette époque – l’une des “capitales” de l’espionnage mondial, d’où il partit pour le Brésil, où il vécut jusqu’à sa mort en 1967.

Certains anciens employés de la « dwójka » et de l’armée de terre décrivent dans leurs mémoires Kobylyansky comme un «aventurier» et un «saboteur». Mais dans la situation qui s’est développée en septembre 1938 en Pologne, de tels personnages étaient très demandés. Par exemple, le futur maréchal Rybalko en avril 1938, au plus fort de la crise frontalière entre la Pologne et la Lituanie, a écrit à Vorochilov à Moscou un rapport détaillé sur l’ambiance en Pologne, qui est maintenant conservé dans les archives militaires de l’État russe. Voici ce que Rybalko écrit dans ce rapport du 11 avril 1938: «La Ligue maritime coloniale, dirigée par les généraux Kwasniewski et Sonskowski, a annoncé une semaine coloniale. Rassemblements et manifestations à travers le pays exigeant des colonies pour la Pologne. S’il y a 6 mois, cette ligue avait besoin de colonies pour la réinstallation des Juifs (de Pologne – VZGLYAD),aujourd’hui, elle a déjà besoin de ses propres colonies avec ses propres matières premières. Partout, dans les théâtres, le cinéma, le cirque, les rassemblements se font des discours exigeant des colonies de matières premières. La ligue recueille des dons pour la construction d’une marine solide, à la fois militaire et commerciale. Des résolutions sont soumises au gouvernement pour exiger la découverte de colonies. »

Et il s’agit d’une échelle de revendications complètement différente de la terre de Teshin obtenue à la suite d’un vol, arraché à certaines parties de la Tchécoslovaquie. En Pologne, on préfère maintenant ne pas se souvenir de tout cela. Comme si les ingénieurs allemands n’avaient pas équipé les lignes de défense à Grodno et à Lviv, et que les généraux polonais n’avaient pas contourné la frontière tchécoslovaque au printemps 1938. À Varsovie, ils représentent cette période de leur histoire comme «romantique», bien qu’après l’Allemagne hitlérienne, c’est la Pologne qui ait été le principal agresseur de l’Europe de l’Est. Même la Hongrie, gravement offensée par le traité de Versailles, a tenté de résoudre ses problèmes par la voie diplomatique. À l’époque, la Pologne n’avait pas de revendications territoriales qu’elle préférait régler par la force des armes, sauf peut-être contre l’Argentine. Et même cela n’est pas sûr, car elle cherchait des colonies partout.

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Une analyse de tous ces documents montre qu’il était possible de sauver la Tchécoslovaquie avec un désir minimal de la France et de l’Angleterre d’organiser une expédition militaire avec l’URSS, ou même simplement une démonstration de forces. Les fabrications modernes sur la prétendue «trahison de l’Union soviétique de la Tchécoslovaquie», qui ont gagné une popularité particulière en République tchèque depuis l’année dernière, sont également sans fondement.

Le Conseil des jeunes diplomates du ministère russe des Affaires étrangères, dans le cadre du projet de diplomatie de la victoire et de la préparation du forum de diplomatie de la victoire des jeunes diplomates, lancé à l’occasion du 75e anniversaire de la victoire dans la Grande guerre patriotique, offre aux lecteurs du journal VZGLYAD des documents uniques des archives de la politique étrangère (AUE) de la Fédération de Russie, dédiés au travail actif de la diplomatie soviétique dans la période d’avant-guerre et pendant la Grande Guerre patriotique. Nous sommes convaincus que l’appel aux sources primaires, la véritable preuve de cette époque, élimine les tentatives de falsification et de manipulation des faits historiques, contribue à l’affirmation de la vérité historique et aide à recréer une image objective du passé.

Les archives de la politique étrangère russe sont une subdivision structurelle du département historique et documentaire (IDD) du ministère russe des Affaires étrangères. Une vaste gamme de documents (plus d’un million d’unités de stockage) couvre la période depuis 1917 et continue de se remplir de documents reflétant l’évolution de la politique étrangère intérieure depuis 1991. Les archives servent de dépositaire officiel des traités multilatéraux et bilatéraux conclus au nom de l’Union soviétique et de la Fédération de Russie.

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