Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Vénissieux et l’environnement local, Pierre-Alain Millet*

N° 26TERRITOIRES ET ECOLOGIE (N°26)

voici un des meilleurs textes de cette campagne des municipales, un de ceux les plus en accord avec ce que nous tentons de développer dans ce site, ce n’est pas un hasard s’il est publié dans l’excellente revue communiste et rationaliste “Progressistes” et s’il constitue une des réflexion de l’équipe de Vénissieux qui sait allier action locale et pensée internationale. Au passage tous mes voeux pour la maire de Vénissieux (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

L’environnement n’est pas une question isolée ni celle d’« écogestes » à la mode ou de choix techniques, mais l’enjeu du rapport entre l’homme et la nature, indissociable donc des questions sociales et économiques. Le bilan de la ville de Vénissieux est illustratif du fait de ses actions sur plusieurs axes.

*Pierre-Alain MILLET est adjoint au maire de Vénissieux.


Vénissieux est la ville de la métropole du Grand Lyon qui a le plus fort taux d’énergie renouvelable, notamment parce qu’elle a fait il y a longtemps le choix du réseau de chaleur urbain, qui couvre désormais plus de la moitié de la ville, abandonnant le fuel pour la biomasse dès 2005.

C’est aussi une des premières à avoir réalisé des installations photovoltaïques sur équipements publics pour couvrir leurs besoins en électricité, la première à tester des chaudières thermodynamiques innovantes qui doivent diviser par deux la consommation de gaz.

Malgré l’augmentation du nombre de points lumineux, le passage en LED, la réduction du niveau d’éclairage et l’extinction nocturne ont permis de réduire chaque année la consommation électrique de l’éclairage public.

La ville a obtenu en 2013 le label Citergie pour son plan climat-énergie. C est une ville verte, où la place de la biodiversité est reconnue. Les jardiniers de la ville sont passés au zéro phytosanitaire grâce au recours, dès les années 1990, à des auxiliaires de culture. La ville a contribué à la réussite des « grandes terres » avec les communes voisines de Corbas et Feyzin dans un syndicat intercommunal, malheureusement dissous par la création de la métropole de Lyon.

Cet espace agricole raisonné était géré avec les communes, les agriculteurs, chasseurs, promeneurs, ornithologues, associations. Des écoliers plantent chaque année une haie diversifiée, que les agriculteurs respectent en laissant des bandes enherbées non cultivées ; ces espaces ont connu une explosion de biodiversité, notamment d’oiseaux.

La ville développe des jardins collectifs et partagés. Elle vient de créer un jardin de la biodiversité. Elle installe des composteurs publics qui constituent une démonstration pédagogique et citoyenne d’une autre approche des déchets. Les nombreuses actions de son Agenda 21 en font une ville référence sur la place de la nature en milieu urbain, qu’elle a défendue auprès de la métropole dans la préparation du PLU-H en demandant une part de pleine terre significative.

À Vénissieux les mobilités se transforment rapidement. L’arrivée du métro puis du tram, qui ont transformé la ville, a été accompagnée par un développement volontariste des infrastructures de modes actifs. Le résultat est visible : le nombre de cyclistes a augmenté de manière significative ; malgré toutes les pressions, le stationnement est resté gratuit avec la création d’une zone bleue pour réduire le mésusage du stationnement public gratuit.

Tout cela dans une ville populaire, où le taux de pauvreté est élevé, où la bataille contre les précarités et pour l’emploi et le droit au logement est centrale. Un exemple révélateur : un des sites industriels de la ville était le plus grand pollueur du sud-est de la France pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques. La ville a fait pression pendant des années, jusqu’à obtenir une limitation préfectorale de l’autorisation de production, mais tout en travaillant avec l’entreprise pour éviter sa fermeture. Cela a conduit à un investissement de 25 millions d’euros pour une rénovation totale du système de filtration, qui a transformé le site en un exemple d’industrie à faible impact environnemental !

Une démarche à l’inverse des refus simples de l’écologie politique. Le débat médiatique actuel sur l’écologie est trop souvent un piège pour détourner les citoyens des enjeux environnementaux réels. Non, on ne répondra pas au défi climatique en oubliant la question du système économique et social. Il faut bousculer les pouvoirs dans l’entreprise, dans l’État, dans la finance pour imposer l’intérêt général, celui des salariés et des quartiers populaires.

REVELLI10 FÉV 2020

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