La chute de l’empire occidental, la Grèce et la Turquie, le sabre et le goupillon… Chez nous France laïque la situation dans laquelle coexistent le bellicisme, des difficultés de vie grandissantes pour la plupart et des politiques qui les aggravent et une épidémie que l’on veut croire mineure, mais qui exige des mesures dont les incidences sur l’économie mondialisée ne sont pas mineures, elles… semble faite pour révéler le pire de nos formes de pouvoir, nos représentations, nos idéologies, ce que Marx dénommait “les superstructures”, dans l’effondrement du capitalisme…
Le fond est sans doute l’écroulement d’une hégémonie dont la nocivité n’est pas tempérée mais au contraire exacerbée par son absence de prise sur un monde qui lui échappe. Et dans cet écroulement, des petites féodalités tentent de tailler un empire, la religion étant encore et toujours la bannière, chacun prétend enrôler ses troupes plus ou moins mercenaires cependant.
La situation en Grèce a des aspects caricaturaux: la Turquie poursuit sa tactique…
On sait qu’Erdogan, poussé en avant par son rêve de califat ottoman autant que par la fuite devant les effets de ses propres fautes a ouvert les portes aux migrants, moins de Syrie semble-t-il que d’autres pays dans lesquels il a coutume de recruter des soldats de fortune pour ses entreprises.
Comme les résultats ne sont pas tout à fait ceux qu’il escompte, il a choisi d’interpeller les Grecs:
Hé la Grèce! Je vous lance un appel… ouvrez également les portes et libérez-vous de ce fardeau. Laissez-les aller dans d’autres pays européens.
Le président turc a également confirmé qu’il se rendrait à Bruxelles lundi pour discuter de la situation des migrants avec le chef de l’UE, exprimant l’espoir qu’il reviendrait de la réunion “avec des résultats différents”.
Qu’est-ce qu’il espère, du fric ou l’entrée en guerre de l’OTAN en Syrie, chez nous Le Drian ne cache pas son enthousiasme et les médias aux ordres tentent de nous faire pleurer sur les malheureux habitants d’Ilib menacé par le méchant gouvernement syrien, on a ressorti les photos d’enfants décharnés implorant notre aide.
Donc, il invite les Grecs à faire comme lui, pression sur l’UE
Les idées d’Erdogan sur la façon de résoudre l’impasse des migrants – qu’il a lui-même créée – risque de poser problème à la Grèce, car elle a promis de garder la frontière fermée tout en suspendant la réception des demandes d’asile pendant un mois.
Le pays partage des frontières uniquement avec deux autres États de l’UE – l’Italie et la Bulgarie, ayant une frontière terrestre uniquement avec ce dernier. Tous deux ont une position assez ferme sur la migration et ne seront certainement pas très satisfaits si la Grèce décide en quelque sorte de suivre les conseils d’Erdogan. D’autres États membres de l’UE ont accusé Erdogan d’utiliser également les migrants comme une arme et un outil de chantage.
Mais la Grèce connaît des tensions sociales très grandes dans lesquelles chaque force politique en appelle aux traditions du peuple
Si le parti communiste grec a pris la tête d’une position anti-fasciste qui refuse de faire porter aux migrants le poids de la culpabilité de l’OTAN et de l’UE, et un changement de politique, le retour aux souverainetés nationales sans pour autant céder à la xénophobie, tous les mécanismes sur lesquels Erdogan joue pour entraîner le bassin méditerranéen dans ses folies, la droite au pouvoir atteint un certain sommet dans sa complaisance à la religion dans ce qu’elle a de plus rétrograde.
Si chez nous en France, nous avons une spécialité concernant les interdictions de rassemblements qui considère comme nocifs ceux où il pourrait y avoir expression populaire du mécontentement et autorisation pour les lieux où le fric coule à flot (les grandes surfaces, Disneyland, les matchs, etc…), en Grèce la distinction semble s’opérer en regard des vœux de la puissante église qui est aussi une grande puissance financière.
Je livre ici quelques remarques de communistes grecs sur le sujet
Ce matin les enfoirés du gouvernement grec, des ministres et des hauts responsables, ont dit dans les média que le nouveau coronavirus ne se propage pas à l’église et on peut prendre la communion sans problème, à condition que l’on croie vraiment en Dieu ! En plus le médecin responsable de l’information de la santé publique a remis aujourd’hui sa démission, parce qu’il ne pouvait plus supporter la pression qu’exerçaient sur lui à la fois l’église et le gouvernement. L’église n’était pas contente parce qu’il disait qu’on devrait éviter les lieux du culte et surtout ne pas prendre la communion. Le gouvernement de son côté, parce qu’il disait qu’on devrait financer les hôpitaux par les impôts, ce qui est à l’encontre de sa politique néolibérale élaborée en accord avec la troïka. Faisant cela le gouvernement instrumentalise l’agenda de l’extrême droite, en vue de parvenir à ses fins. Le programme de l’extrême droite est bien connu il repose sur un discours de la haine contre les réfugiés qu’on voit comme ennemi national, et sur l’église qu’il considère comme remède aux inquiétudes du public et même, en matière de nouveau coronavirus. En effet pour l’extrême-droite il suffit de vivre dans la peur du Dieu et de son représentant sur terre pour être en bonne santé. Face à un Etat résolument hostile à l’idée de gérer la situation de la seule manière qui lui conviendrait, à savoir de débloquer des ressources pour financer les services de santé, prévenir, guérir les malades et prendre toutes les mesures nécessaires y compris celles qui touchent à l’économie, qu’est-ce qu’il reste hélas aux citoyennes grecques, étouffées par le fascisme respirant et le messianisme médiéval encouragé par le gouvernement?.
CONCLUSION
Si l’on commence à entrevoir le danger réel de cette épidémie contre laquelle ne cessent de nous mettre en garde les Chinois, à savoir que pour l’essentiel il s’agit de formes bénignes, mais qu’il existe des cas graves qui autopsiés révèlent que ledit virus attaque à la fois sur le modèle du VIH (les défenses immunitaires) et le Sras (étouffement pulmonaire), imaginons que le virus mute en ce sens et à la vitesse de propagation qui est la sienne, nous risquons une épidémie mondiale dont les effets peuvent être ceux de la peste de la guerre de trente ans qui a décimé la moitié du continent européen, le tout alors que le contient en question se livrait aux joies des guerres de religion entre principautés. Il est clair que cette alliance entre le sabre et le goupillon, les rumeurs, la xénophobie et les ambitions déchaînées doivent être impérativement combattues.
Danielle Bleitrach
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