Un rapport de l’Oms, présenté ici, après inspection sur le terrain ne tarit pas de louanges sur la réussite chinoise en matière d’endiguement des épidémies. Mais le rapport note à quel point les sociétés que l’article dit “démocratiques” sont mal préparées à cet effort collectifs. Parler de “démocratie” est trop vague à propos de la société française encore sous le choc d’avoir vu bafouer ses droits représentatifs par un 49.3 sans fondement réel, ou qui découvre dans le contexte de l’épidémie à quel point ont été bradés ses services publics et détruite son industrie, délocalisée sans son accord. La démocratie se résume donc dans le culte de l’individualisme opposé à un modèle “policier”, tout l’accent est mis sur le contrôle des individus par les nouvelles technologies. En fin d’article est vanté le modèle de Hong Kong, mais l’article publié ici même montre comment la Chine a maintenu à flot une économie en état d’effondrement alors que les émeutiers eux tentaient de poursuivre leurs destructions. C’est pour cela que si on avait un parti communiste digne de ce nom, celui-ci pourrait comme vient de le faire le secteur santé du PCF, montrer l’extraordinaire réussite de la Chine sur bien des plans, la manière dont il ne s’agit pas seulement comme ils veulent le faire croire d’un contrôle policier (la France est mal placée pour dénoncer le rôle de la police et malgré les émeutes de Hongkong, cette ville est loin des performances françaises en matière de morts et de blessés), mais bien d’un effort collectif librement consenti dans lequel on voit le rôle du parti communiste revenir sur le devant du tableau comme dans la planification. Et ceci non pas pour proposer un modèle chinois mais pour dénoncer les mythes du “totalitarisme” (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
Si l’on a tous en tête l’images des quarantaines géantes à Wuhan, ce sont d’autres méthodes qui auraient permis à Pékin d’endiguer le nouveau virus. Mais elles ne sont pas faciles à appliquer ailleurs.
CHINE – En 2003, un nouveau coronavirus, le Sras, émergeait en Chine avant de contaminer le monde, puis d’être finalement endigué. Si seules 8000 personnes ont été touchées (avec environ 800 morts), la gestion chinoise avait été critiquée à l’époque par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 17 ans après, les choses ont bien changé.
Face au nouveau coronavirus Sars-Cov2, apparu fin 2019, “la Chine a certainement déployé l’effort d’endiguement d’une maladie le plus ambitieux, agile et offensif de l’histoire”. Ce n’est pas la propagande chinoise qui le dit, mais un rapport de l’OMS, publié le 28 février, après qu’une équipe d’une dizaine de scientifiques s’est déplacée sur site pour vérifier que l’épidémie avait bien été contenue dans le pays.
Des louanges qui interviennent alors que le reste du monde, dont la France, doit à son tour tenter d’enrayer l’épidémie de covid-19, la maladie provoquée par le nouveau coronavirus. Mais ici, le tableau de l’OMS est bien moins rose. “La majorité de la communauté internationale n’est pas prête, matériellement et dans l’état d’esprit, à mettre en place les mesures qui ont été déployées en Chine”, estiment les experts.
Après ce constat pas très rassurant, on pourrait se dire que ce n’est peut-être pas plus mal. L’État autoritaire chinois a imposé des quarantaines draconiennes, qui posent des questions en termes de respect des libertés et des droits de l’homme et qui n’ont peut-être pas leur place dans une démocratie. Mais, selon certains experts de l’OMS, ce n’est pas la seule raison pour laquelle le monde et la France ne sont pas prêts face au danger du nouveau coronavirus.
Les fermetures de villes, l’arbre qui cache la forêt
“La diminution du nombre de cas de Covid-19 en Chine est réelle”, affirme clairement l’OMS. Sur les 1300 nouveaux cas répertoriés par l’OMS le 4 mars, seuls 119 sont Chinois. Cette “réussite exceptionnelle” n’a été possible que grâce à “l’engagement profond du peuple chinois dans une action collective face à cette menace commune”, estiment les scientifiques de l’OMS.
Pour résumer les 20 pages du rapport, on peut dire que les mesures suivantes, notamment, auraient permis l’endiguement de la maladie:
- Consignes de santé publique (prise de température, lavage de mains, port du masque)
- Contrôle des déplacements et confinements
- Information du public sur la manière de se prémunir du virus
- Amélioration rapide du traitement (construction d’hôpitaux, envoi de médecins d’autres régions à Wuhan)
- Le contrôle des prix et de l’approvisionnement en matières premières
- Le traçage des contacts qu’ont eu les infectés, en partie via l’intelligence artificielle
Ainsi, l’énorme quarantaine imposée à des dizaines de millions de personnes à Wuhan et les villes proches a “effectivement empêché une exportation des cas infectés dans le reste du pays”. Mais c’est loin d’avoir été la mesure la plus efficace. “La principale réponse en Chine concerne la découverte de cas, le traçage des contacts et la suspension des rassemblements publics”, affirme Bruce Aylward, l’épidémiologiste qui a dirigé la mission en Chine, interrogé par Vox à son retour. Le verrouillage global s’est concentré sur les quelques villes où les cas de covid-19 explosaient, estime l’expert.
Preuve que ces mesures ont été efficaces: en Chine, la transmission du virus a avant tout eu lieu au sein des familles, qui représentent environ 80% des clusters. Conclusion: le virus a peu réussi à s’extraire du cocon familial.
Moyens gigantesques et surveillance de masse
Pour réussir ce tour de force, les moyens déployés ont été plus que conséquents. “À Wuhan, plus de 1800 équipes d’épidémiologistes, composées minimum de 5 personnes, ont tracé des dizaines de milliers de contacts par jour”, précise le rapport. Résultat: un maximum de personnes infectées (entre 1% et 5% des publics testés) a pu être identifié et isolé pour limiter la contagion.
L’OMS note que la Chine a réussi grâce à une surveillance proactive pour détecter les cas très vite, un traçage et des quarantaines rigoureuses et “le degré exceptionnel de compréhension et d’acceptation de ces mesures par la population”.
C’est notamment ce point que chaque pays touché, dont la France, va devoir appliquer pour endiguer l’épidémie. Mais le pourra-t-on? Car la Chine n’a pas juste mis énormément de moyens. Elle a aussi utilisé des “nouvelles technologies, comme l’utilisation des Big Data et de l’intelligence artificielle, pour renforcer le traçage des contacts et gérer les populations prioritaires”, précisent les experts.
Ainsi, certaines applications, comme WeChat et AliPay, ont permis aux autorités de suivre déplacements et achats. Un système de “feu vert” a même été mis en place pour encadrer le statut de chaque citoyen face au coronavirus, explique à Science Magazine Gabriel Leung, membre de la mission de l’OMS et professeur à l’université de Hong Kong.
“La quasi-totalité des Chinois utilise WeChat, on peut les suivre à la trace, voir leurs achats… En France, les techniques de traçage impliquent d’aller voir le patient à l’hôpital et de retracer leur histoire”, explique au HuffPost Frédéric Keck, anthropologue au CNRS et auteur des “Sentinelles des pandémies”.
Un peuple très “préparé”
Ce qu’on lit surtout, distillé tout au long du rapport de l’OMS, c’est une ode à cet “engagement profond du peuple chinois dans une action collective face à cette menace commune”. Pour Bruce Aylward, la clé du succès chinois tient dans la vitesse de réponse. “Et si vous voulez une réponse rapide, votre population doit connaître cette maladie”, affirme le directeur de la mission chinoise de l’OMS, pour qui, en Occident, les citoyens ne sont pas préparés. Voire ne sont pas au courant que les deux principaux symptômes sont la toux et la fièvre. Beaucoup penseraient, selon lui, que le nez bouché est un élément clé.
“Votre population, c’est votre système de surveillance. Tout le monde a un smartphone, tout le monde peut avoir un thermomètre”, estime-t-il. Autre point essentiel: la réactivité de la Chine dans le traitement des malades, parfaitement illustré par les deux hôpitaux géants construits en une semaine à Wuhan.
Il faut dire que c’est l’un des principaux objectifs de la Chine depuis des décennies. Depuis le Sras de 2003 notamment, mais en réalité depuis bien plus longtemps. “L’idée qu’un nouveau virus allait émerger et qu’il sera nécessaire de prendre des mesures sévères, les dirigeants chinois l’avaient tous en tête”, affirme Frédéric Keck, se rappelant d’un colloque de virologie en Chine, en 2012. “Les Chinois ont intégré le fait que la préparation implique des sacrifices, celui d’un groupe pour le bien commun”, précise le chercheur.
“C’est quelque chose de très fort en Chine historiquement, mais le maoïsme a encore plus mis en avant cette idée que la société est une grande famille et qu’une partie peut se sacrifier pour la continuité du reste de la famille”, analyse-t-il.
D’autres exemples à suivre ?
Cette idée, très forte dans la construction de l’État chinois moderne, est notamment due au fait que la Chine “a été perçue par l’Occident comme l’homme malade de l’Asie depuis 200 ans”, explique Frédéric Keck. “Maintenant que l’épidémie est contrôlée, le pays lance un défi au reste du monde: êtes-vous capables de faire pareil?”
Mais ce n’est pas parce qu’un traitement fonctionne qu’il n’y en a pas d’autres. “La Chine est un cas unique dans le sens où son système politique peut obtenir le respect public lors de mesures extrêmes. Mais son recours au contrôle social et à la surveillance intrusive n’est pas un bon modèle pour les autres pays”, estime ainsi Lawrence Gostin, expert en droit de la santé interrogé par Science Magazine.
La France pourrait peut-être plutôt prendre exemple sur Hong Kong. La région administrative, limitrophe de la Chine, a réussi à endiguer les nouveaux cas depuis le début de l’épidémie de coronavirus, grâce à des mesures de traçage et une bonne compréhension du public, rapporte la radio américaine NPR. Sans pour autant utiliser de méthodes de surveillance de masse. Et Frédéric Keck de rappeler qu’en 2003, face à l’épidémie de Sras, Hong Kong avait réussi également à endiguer la maladie, prouvant que “l’on peut avoir un contrôle fort sur une épidémie dans une démocratie libérale”.
Si le défi à relever est grand, la France et les autres pays occidentaux ont quelques cartes en main (maîtrise du territoire, services hospitaliers performants, expertise scientifique) pour répondre à l’épidémie de coronavirus. Des atouts qu’ils devront pleinement exploiter pour se prémunir et aussi “protéger les pays à faibles revenus qui ont un système de santé plus faible”, rappelle l’OMS dans son rapport.
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