5 octobre 2011
Plusieurs phénomène témoignent de la montée de la colère face à une crise dont on nous a dit tout et n’importe quoi depuis 2007. La faillite de la Banque dexia illustre bien l’origine d’une crise dont on tente de nous faire croire qu’elle est due au fait que “nous” aurions vécu au-dessus de nos moyens. Parce que Dexia a déjà été sauvée par injections massives étatiques sans contrôle et que la Banque a poursuivi dans sa logique. parce que la faillite de fait de Dexia va peser sur la capacité des collectivités locales à assurer la vie quotidienne de tout un chancun. La référence au “Nous” est hypocrite mais elle dit aussi à quel point le problème est politique car il s’agit bien des peuples et de leur moyen de pression réel sur une situation dont l’injustice et l’asurdité paraît de plus en plus manifeste. Dans un tel contexte que penser de ces mouvements citoyens, de jeunes gens en colère comme celui qui se déroule à Wall Sreet ?
“Nous” de qui et de quoi s’agit-il ?
Je n’ai jamais entendu dénoncer le gouffre que représentent les dépenses militaires, les guerres aux Etats Unis et plus généralement les pays pris dans l’OTAN. Tous les budgets militaires y compris celui de la France continuent à croître alors même que l’on rogne sur celui des associations. Je n’ai jamais entendu décrire réellement le mécanisme qui ont favorisé les montages fianciers de plus en plus hasardeux et qui ont déjà créé en 2007-2008 des risques de thrombose financière auxquels il a été répondu par des injections massives de crédits publics sans contrôle, ce qui a fait que loin de se réformer le système a poursuivi ses spéculations hasardeuses tout en mettant le frein aux investissements productifs et la pression s’organisant de plus en plus sur la consommation populaire, d’où la récession. Et aujourd’hui, les choses sont claires, la croissance française par exemple est bloquée par l’absence de “liquidités” pour les entreprises et Bercy attend tout de l’Asie qui maintiendrait une croissance minimale. Ce qui n’a rien d’évident.
Un aspect de la crise est le fait qu’il part du coeur même du système: les Etats-Unis et que depuis 2007 tout a été fait pour le déplacer donc de l’étendre au reste de la planète. Le déficit budgétaire américain est insoutenable, et la hausse des taux d’intérêt semble ne plus pouvoir être contrôlé par la banque centrale : une prime de risque est de plus en plus exigé par les investisseurs pour souscrire à des obligations de l’Etat américain. Le fait de battre la monnaie mondiale ne présente plus de garantie suffisante même si cela offre encore la possibilité du report et de l’extension.
Dès 2007-2008 nous étions dans une crise systémique qui avec les choix pris pour y faire face et qui aggravaient les vices du dit système nous ne pouvions qu’atteindre rapidement le coeur des finances publiques. Nous y sommes.
C’est l’Europe la zone euro qui a subi le choc et on mesure que l’Eurozone ne peut pas faire face à ce qui est exigé de certains Etats et les Banques qui continuent spéculation et usure asphyxiante. Nous sommes là encore dans des solutions folle puisque la solution choisie celle d’un Fond de 750 milliards ne pourra pas être alimenté par les Etats qu’il est censé sauver, entraînant de fait dans sa chute ceux qui sont sensé assurer et qui se résignent mal à le faire. Tout les vices du système apparaissent et là encore ce vers quoi on tente de nous conduire est une intégration politique plus poussée qui n’aurait pas à tenir compte du mécontentement populaire.
“NOUS”, ou l’incapacité dite “démocratique”
Cette fois le discours demeure “Nous” avons vécu au-dessus de nos moyens et s’assortit d’une dénonciation du “système politique” parce qu’il se trouve dans l’incapacité de ce qu’on attend de lui. Premièrement continuer à nourrir la specualtion et pour cela poursuivre toujours plus dans la voie qui est la sienne: la pression sur les besoins populaires. le système politique sera-t-il apte à jugueler la colère populaire qui monte.
Là encore nous avons un discours sur le fait que la démocratie n’est pas à la hauteur des espérances. L’Europe tiendrait encore trop compte des intérêts nationaux, aux Etats-Unis le bras de fer entre Républicains et démocrates empêcherait toutes intitiatives. On lit même des odes à la dictature chinoise qui n’aurait pas à tenir compte du peuple chinois, ce qui est complètement faux.
Ce qui est frappant si l’on regarde ces apories du système occidental démocratique c’est que les fameux blocages ne sont pas directement liés à la protestation populaire, que tout est fait pour l’ignorer, pour en minimiser la portée au profit d’une traduction en terme de chamailleries au niveau d’institutions et de personnel politique de plus en plus déconsidérés. Les médias jouant un rôle spécifique puisqu’ils sont à la fois la caricature d’une opinion publique que l’on n’entend pas et le filtre cancanier qui sélectionne ce que les politiques sont invités à prendre en compte.
Un tel fonctionnement ne se comprend que quand on mesure ce qu’est ce système médiatique, le rôle joué par la propriété et les hiérachies dictatoriales à l’intérieur de la presse écrite autant que l’audiovisuel. Le tout aboutissant à un système de propagande. Tandis que l’information sur internet dénonce mais sous la forme de la rumeur et du zapping.
D’où la montée, et c’est là le phénomène le plus intéressant de tentatives d’intervention populaire directes.
Le printemps arabe a remis en selle un acteur que l’on croyait oublié le Peuple et sa capacité révolutionnaire. En Europe, l’Espagne, la Grèce, un mouvement entre l’émeute et la protestation en Angleterre et enfin la situation la plus originale parce qu’elle s’attaque au coeur même du système : celui des jeunes qui occupent Wall Street. Ce mouvement qui a été littéralement étouffé dans les médias alors qu’une publicité bruyante était accordée au mouvement réactionnaire du Tea party a trés vite reçu le soutien de personnalité “radicales” comme Michaël Moore, Suzanne Sarandon, Alec baldwin. Mais le meilleur soutien involontaire a été apporté par la police quand elle a prétendu bloquer les manifestants et arrêter brutalement un certain nombre d’entre eux. Résultat il y a un vent de révolte qui secoue les Etats-Unis, des sydicats et des associations américaines ont décidé de se joindre à la manifestation qui se tiendra ce mercredi entre la mairie de New York (City Hall) et Zuccotti Park (quelques centaines de mètres séparent les deux points).
Le mouvement s’étend aussi à d’autres villes aux États-Unis mais également au Canada. Boston , Chicagi, Denver, san Francisco, Los Angeles, Portland, Atlanta et le 6 octobre manifestation dans la capitale fédérale Washington. Le Canada semble touché à son tour sans que l’on sache si le phénomène a l’ampleur qu’il est en train de prendre aus Etats-Unis.
Nous sommes devant une situation qui peut provoquer de l’ enthousiasme mais qui présente aussi des dangers incontestables. Si je résume les faits que j’ai tenté d’énoncer:
1) une crise qui exigerait une refonte complète du système mais face auquel les expédients employés n’ont fait que renforcer et étendre la dite crise, celle-ci fait tâche d’huile depuis les institutions financières jusqu’aux finances publiques et les solutions de pression exercées sur les populations entraînent la récession. Cette crise partie des Etats-Unis a toute chance de gagner l’Asie qui ne va pouvoir continuer à pomper les obligations des Etats-Unis et de la zone euro. Il n’est pas question de changer de cap mais de poursuivre et il siffit pour s’en convaincre de considérer l’indicateur de la montée continue des dépenses militaires alors même que la préession s’eserce de plus en plus sur les dépenses en faveur des protections sociales.
2) l’enjeu pour poursuivre dans cette logique est de trouver des institutions politiques aptes à imposer aux peuples ces continuelles saignées du profit, permettant de poursuivre un cycle argent-marchandise-argent de plus en plus en plein dysfonctionnement et destructeur. On mesure bien à quel point la tentation fasciste est là… Un autre signe qu’il faut analyser est la pression en train de s’exercer sur le tissu associatif par lequel on a pourtout prétendu en Europe contenir la misère, la rendre sinon supportable à tout le moins l’assister en maintenant la bouche hors de l’eau. C’est non seulement l’injustice accrue mais tout un réseau de contrôle local auquel il est renoncé pour quel autre choix ? Nous avons dans le même temps des intégrations au sommet de plus en plus poussées et des réseaux sociaux locaux asphyxiés.
3) Des mouvements de jeunes gens en colère précarisés, sans organisation collective, dépolitisés depuis des années prennent conscience.
Et pourtant il n’y a pas d’autre solution… Il faut une intervention populaire parce que personne n’est actuellement en mesure de prévoir jusqu’où pourra aller ce mode de production sénile entré dans une crise profonde tandis que s’ébranlent toutes les institutions, les représentations qui lui sont attachées. Mais il faut aussi s’interroger jusqu’où cette bête malade est capable d’aller ne serait-ce qu’en utilisant la capacité de haine et d’avidité qu’il n’a cessé de générer.
Sur le site occupytogether.org, sous la rubrique “Events”, on peut accéder à la liste complète des manifestations en cours ou des manifestations à venir dans le monde.
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