Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

LE RAPPORT DU PARTI TRAVAILLISTE, QUI A FAIT L’OBJET D’UNE FUITE, FAIT ETAT D’UNE LUTTE DES CLASSES POUR LE CONTRÔLE DU PARTI

Stephen Chalkru2 tSponishotred

Cet article de l’Humanité en anglais, repris du Morning star, fait état d’un scandale qui prend de l’ampleur en Grande Bretagne. l’article décrit un parti travailliste dont la campagne a été sabotée par des fonctionnaires de droite du parti. Il fait malheureusement penser à ce qui se passe actuellement dans le PCF. Des fonctionnaires du PCF, autour de l’ancienne direction, n’ont pas caché ne pas avoir fait campagne aux Européennes et ils mènent toutes leurs actions uniquement en organisant la division des fédérations. Ils créent dès maintenant les conditions du sabotage d’une future campagne présidentielle, en utilisant sans doute pour cela leur position dans l’organisation fantôme qu’est le PGE. Tout cela en effet ne peut pas être isolé du Brexit et pour le PCF de l’allégeance de fait à l’UE. Comme le parti travailliste n’y survivra pas tant les militants sont écœurés de ces mœurs, tout est fait pour que le PCF ne survive pas, ce qui ne gène absolument pas ceux qui depuis des années ont tout fait pour liquider ce parti. Dans les deux cas, ce qui apparaît c’est l’impossible coexistence entre ceux qui ont de fait accepté le virus libéral, comme Tony Blair ou Robert Hue, et ceux qui ont voulu retrouver les racines de classe, l’affaire couvait depuis Thatcher et Tony Blair, chez nous depuis Mitterrand (note de Danielle Bleitrach, traduction de Stephen Chalk).

Image: Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste 2015-20, accompagné de son adjoint Tom Watson, qui est régulièrement cité dans un rapport interne récemment divulgué comme étant impliqué dans des complots visant à le miner

Morning Star, 13 avril 2020

Un grand nombre des adhérents du Parti travailliste soutiendront le leader du syndicat des pompiers Matt Wrack en exigeant des mesures suite à la fuite du rapport interne du Parti travailliste sur le traitement des plaintes antisémites.

La nouvelle direction a certes annoncé une enquête, mais avec les copies qui circulent maintenant librement, les adhérents et les partisans tirent leurs propres conclusions.

Des pages et des pages de courriels et de textes exposent avec force détails comment certains des plus hauts responsables du parti ont agi pour saboter la direction de Jeremy Corbyn, faire obstruction à tout ce qu’elle essayait de faire, diriger des vils abus contre le personnel et les militants perçus comme soutenant Corbyn et exprimer leur mépris pour les adhérents dont les honoraires payaient leurs salaires.

Le plus choquant pour ceux qui ont arpenté les rues, frappé aux portes et téléphoné pour le parti travailliste : le rapport expose le personnel de haut niveau qui travaillaient contre la victoire électorale, qui menaient une campagne secrète pour protéger les travaillistes de droite dans des sièges sûrs aux dépens des sièges disputés gagnables, qui exprimaient une consternation croissante alors que les travaillistes en 2017 ont rattrapé le parti conservateur et qui ont réagi avec fureur lorsque le parti a brisé la majorité de Theresa May.

Une grande partie de ce comportement était connue, ou du moins soupçonnée. L’hostilité de l’ancien secrétaire général Iain McNicol envers Corbyn est apparue clairement lors des grandes purges des adhérents du parti qui ont eu lieu lors des élections du leader du parti travailliste en 2015 et 2016.

Mais le détail des comportements de tendance, méchants et carrément traîtres est maintenant disponible pour être lu en noir sur blanc, dans les mots des coupables eux-mêmes.

La réponse de certains adhérents du parti travailliste sera d’exiger des comptes, d’insister pour que les personnes dénoncées dans ce rapport n’occupent plus jamais de poste au sein du parti travailliste.

Les prétentions de Keir Starmer à vouloir unifier le parti ne serviront certainement à rien si un tel comportement est ignoré ou même récompensé.

Beaucoup d’autres parlent de quitter complètement le Parti travailliste, atterrés par les sacrifices qu’ils ont faits pour soutenir un parti dont la machine des permanents s’employait à saper tous leurs efforts. La droite travailliste se réjouirait bien sûr d’un parti plus petit, des adhérents plus inactifs.

Ce qui devrait être clair pour tout le monde, cependant, c’est qu’à partir du moment où le nom de Corbyn a été mis sur le bulletin de vote, une lutte impitoyable a été menée.

Les fonctionnaires travaillistes, que le rapport montre en train de tourner en dérision les propositions visant à augmenter l’impôt sur les sociétés ou à renationaliser les chemins de fer, représentaient quelque chose d’entièrement différent que le leader, les syndicats affiliés ou même la grande majorité des adhérents.

Des campagnes telles que la Democracy Roadshow ont poussé à une plus grande démocratie interne au parti dans la sélection des candidats aux sièges aux conseils et au parlement, en partie pour combler ce fossé perçu entre les adhérents et les officiels élus.

Parfois, les questions relatives à la sélection des candidats ont été présentées comme opposant les adhérents contre le travail organisé (les syndicats) dans une lutte d’influence.

Mais cette ligne de démarcation peu utile ne sert qu’à obscurcir la véritable division de classe qui explique pourquoi les luttes internes du parti travailliste l’ont tellement endommagé, bien plus que les luttes intestines des conservateurs ne le font pour leur parti.

Le projet Corbyn visait à gagner un gouvernement socialiste, un gouvernement qui redistribuerait la richesse et le pouvoir aux gens ordinaires. Il constituait une menace sérieuse pour l’establishment britannique.

Pourtant, cet establishment, la classe dirigeante et ses institutions, ses dirigeants, ses propagandistes et ses pique-assiettes, disposaient de presque autant de loyauté dans les hautes sphères du parti travailliste que chez les conservateurs.

Les dossiers des fonctionnaires travaillistes exprimant leur préférence pour une victoire des conservateurs à celle de Corbyn montrent une trahison envers leur parti et ses adhérents, mais une loyauté envers un système capitaliste dans la gestion duquel ils ont l’habitude de participer.

L’indignation face à leurs actions ne suffit pas. La gauche doit tirer les leçons de la façon dont la droite a assuré la défaite de Corbyn : sa compréhension qu’il y avait un véritable conflit d’intérêts de classe et sa détermination à assurer la victoire de la classe dominante.

En comparaison, une grande partie de la gauche s’est engagée dans un effort futile pour enterrer les véritables différences et apaiser un ennemi irréconciliable.

Tant que nous continuerons à commettre de telles erreurs, nous continuerons à perdre.

http://humaniteinenglish.com/spip.php?article3338

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